Le Centre de Ressources, d’Expertise et de Performance Sportive (CREPS) de Wattignies et la région Hauts-de-France ont scellé un partenariat le lundi 28 novembre 2022. Dans le même temps, deux inaugurations ont eu lieu pour mieux accompagner les sportifs de haut niveau à l’aube de Paris 2024.
Le CREPS au service des sportifs

Unique en son genre dans la Région, derrière l’acronyme CREPS, se cache un établissement aux ambitions sportives débordantes pour ses athlètes. Cela fait 60 ans que le CREPS de Wattignies a vu le jour. Dès ses débuts en 1962, l’établissement se distingue par son public féminin. Depuis, il n’a pas cessé d’accompagner jeunes espoirs et sportifs de haut niveau dans leur rêve de réussite. Parmi les 17 CREPS en France, celui de Wattignies est le seul de la Région. Alors, le conseil régional peut se permettre de se concentrer sur ce centre-ci.
L’établissement est chargé de trois grandes missions. La première est d’organiser des formations professionnelles dans les filières sport et animation en initial, en apprentissage ou en continu. Ce qui consiste à former des entraîneurs, des éducateurs, et plus généralement à tous les métiers du sport. Ensuite, le CREPS se doit d’accueillir les équipes de France et étrangères dans le cadre de leur préparation sportive aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Les équipes de France de hockey sur gazon sont particulièrement adeptes des lieux, puisque le pôle France y a posé ses bagages. Elles s’y confrontent avec d’autres sélections, comme les équipes jeunes néerlandaises présentes la semaine de l’inauguration. Décrites par Philippe Lamblin, président du conseil d’administration du CREPS Wattignies, comme “les meilleurs du monde”.
Un signe d’ouverture et de compétence aux yeux du monde. Toutefois, la priorité reste les athlètes locaux, dont le CREPS Wattignies a la mission d’assurer la formation et la préparation des sportifs de haut niveau autour de leur double projet sport/études, en lien avec les fédérations sportives. Pour cela, la région des Hauts-de-France et le CREPS ont souhaité s’unir au travers d’un partenariat.
Un partenariat de performance

En même temps que les deux inaugurations, la région Hauts-de-France et le CREPS Wattignies ont signé une convention inédite. Florence Bariseau, vice-présidente de la région Hauts-de-France en charge des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative, tenait le stylo pour la Région. Patrice Gergès, directeur général du CREPS de Wattignies, était signataire pour ce dernier. La Région et le CREPS sont les premiers en France à contracter un tel partenariat. Les deux organisations souhaitent rassembler leurs moyens afin d’élargir leurs compétences.
De fait, la Région avait déjà mis en place pour les Jeux de Tokyo 2020 le dispositif « Team Hauts-de-France ». Il a le but d’accompagner les sportifs dans leurs projets. Un système visant à soutenir financièrement, matériellement ou en compétences les sportifs dans leurs achats de matériel par exemple. Le tout, par le biais des entreprises régionales. En s’investissant, les entreprises permettent aux athlètes de poursuivre leurs projets sportifs et extra-sportifs plus sereinement. En revanche, ce n’est pas sans contrepartie. Florence Bariseau, qui parle de “mécénat”, indique qu’en échange, les entreprises bénéficient de déductions fiscales. Philippe Lamblin précise qu’un sportif qui aurait besoin de 20 000 euros pour acheter du matériel va être aidé par l’entreprise à cette hauteur, mais pourtant, ça ne coûtera à celle-ci que 8 000 euros.
À se demander pourquoi la Région n’aide pas directement les athlètes. D’autant plus que ces entreprises peuvent bénéficier de mise à disposition de lieux, de personnalités et d’avantages dans leur visibilité, et ainsi de suite. Il faut cependant souligner les bienfaisants. Jimmy Gressier, spécialiste des épreuves d’endurance, reçoit aux alentours de 10 000 euros par un organisme HLM du Pas-de-Calais. En échange, celui-ci va dans les quartiers, fait des interventions et emmène les locataires courir. Ce système permet de bonnes actions et surtout d’attirer les sportifs. Ou tout du moins de les faire rester, puisqu’ils ont la fâcheuse tendance de quitter le territoire. Reconduit pour les Jeux de Paris en 2024, ce dispositif est dorénavant coordonné par la toute nouvelle Maison Régionale de la Performance.
Accompagner pour mieux se développer, le défi de la Maison Régionale de la Performance

Cette Maison Régionale de la Performance (MRP) s’est progressivement mise en place dès 2021. En vue des Jeux de Paris, l’Agence nationale du Sport (ANS) et le Ministère des Sports ont souhaité décentraliser le suivi des athlètes pour un meilleur accompagnement, dans une logique d’efficacité. Ils ont ainsi éparpillé dans les différentes régions ce nouvel outil au service des athlètes. C’est concrètement le lundi 28 novembre 2022, que la Maison Régionale de Performance Hauts-de-France rentre en exercice suite à son inauguration. Mais à quoi sert-elle concrètement ? Le but est de réunir les moyens de la Région et du CREPS. Sans oublier surtout de permettre une coordination entre les services notamment avec le dispositif la “Team Hauts-de-France”. Le tout, afin que les athlètes se préparent le plus sereinement possible aux échéances internationales avec des partenaires économiques.
Sur une centaines de sportifs sélectionnables aux Jeux, 62 sont déjà accompagnés par une entreprise. Mais la MRP ne compte pas s’arrêter là. Sachant que l’organe vise plus loin que 2024, elle a des objectifs à long terme. Philippe Lamblin constate que “la pire des choses, c’est l’athlète qui va finir les Jeux de Paris avec une belle médaille autour du cou qui l’aura fait tout seul et qui, après, sera laissé à l’abandon”. Alors, les institutions tiennent à accompagner le plus tôt possible ces athlètes. Notamment dans leur projet professionnel ou scolaire. Car bien souvent, ces champions doivent conjuguer carrière sportive, études ou travail quand la vie de famille ne s’y immisce pas. Sans accompagnement, l’un de ces aspects est régulièrement délaissé. C’est alors le défi de cette nouvelle entité, la MRP, qui doit permettre un après-Jeux sans brouillard.
La Maison Régionale de la Performance, c’est aussi un suivi sportif des athlètes (statistique, médical, nutritionniste). Une mission qui s’ancre dans les objectifs de meilleur développement des sportifs de haut niveau.
Au milieu de bâtiments vieillissants, une nouvelle résidence sort de terre

L’inauguration de la résidence Alice Milliat fut le dernier rendez-vous de la journée. Après discours, coupé de ruban, tout le monde a visité le bâtiment composé de 32 chambres individuelles, dont quatre accessibles pour les personnes à mobilité réduite. À cela s’ajoute une salle de réunion appelée “Paris 2024”, un salon d’accueil et un espace kiné. En allant sur le plan technique, la résidence se démarque par son éco-responsabilité. Contrairement aux autres résidences du complexe, celle-ci dispose d’un niveau d’isolation très élevé, limitant les besoins de chauffage. La Région et le CREPS n’en sont pas peu fiers. Philippe Lamblin va jusqu’à parler du fait qu’un “hôtel 3 étoiles dans un CREPS, ça n’existe pas”. Mais à Wattignies, si.
Les équipes de France de hockey sur gazon seront les premières à tester les locaux. Malheureusement, le CREPS ne pourra pas accueillir autant de monde qu’il le souhaiterait. En effet, il a même dû refuser une demande des Chinois. Et comme “il n’y a pas d’athlètes à deux niveaux ici”, précise Florence Bariseau, alors la Région aide également à la rénovation des autres bâtiments. Mais elle prévient que cela prendra du temps.
Qui est Alice Milliat, celle qui a donné son nom à la nouvelle résidence ?
Elle est au sport féminin, ce que Pierre de Coubertin est aux Jeux Olympiques. Figure emblématique de la lutte féministe dans le sport, elle a œuvré tout au long de sa vie pour que les femmes intègrent le plus grand évènement sportif du monde. Devant le refus du CIO dans les années 20, elle organisa la première édition des Jeux mondiaux Féminins à Paris en 1922. En 2024, les JO de Paris seront les premiers de l’histoire à parité parfaite. Alors, c’est tout un symbole que d’appeler cette résidence par son nom, un siècle après ces Jeux mondiaux. Alice Milliat obtiendra gain de cause en 1928, puisque les femmes participeront pour la première fois aux Jeux Olympiques.