Considéré comme le plus gros tournoi international du Nord de la France, le Play In avait vu son édition 2020 annulée pour cause de Covid-19 et se devait d’avoir lieu cette année pour survivre. C’est chose faite malgré les restrictions et le huis clos imposés, avec un plateau au rendez-vous, surtout côté tricolore. Tandis que Grégoire Barrere va s’atteler à réaliser le triplé (2018, 2019, 2021 ?), certaines pépites peuvent éclore comme Arthur Cazaux, alors qu’un Quentin Halys tentera de concrétiser pleinement son rôle d’outsider.
Non sans mal, Benjamin Bonzi s’impose

Opposé au jeune breton titulaire d’une wild card Evan Furness, le 124e mondial a eu bien du mal à imposer son jeu. En effet, Benjamin Bonzi a eu peine à installer son jeu, pris en tenaille par son adversaire, très solide du fond de court. En confiance sur le circuit ITF avec de nombreux titres, Furness poursuit sur sa lancée et s’adjuge le premier set (7-5). La concession de la 1e manche réveille Bonzi qui provoque son adversaire et lui fait faire de plus en plus la faute, tout en étant plus agressif et avec une meilleure réactivité.
Finalement, « l’expérience » l’emporte et Benjamin Bonzi s’extirpe de ce premier tour piégeux en 3 sets (5-7/6-4/6-3) et rejoint ainsi son compatriote Tristan Lamasine au second tour. « Je suis content d’avoir gagné, car Evan est très fort en indoor avec beaucoup de victoires, il n’est pas facile à manœuvrer du fond. Ça reste un premier match, pas évident pour tout le monde, il faut s’habituer aux balles et au terrain. J’ai sûrement gagné un mètre sur mes frappes ce qui m’a permis de mieux jouer. » nous explique-t-il. Son entrée en lice a été certes mouvementée, mais réussie, d’autres tricolores comme Alexandre Muller ne pourraient pas en dire autant, lui qui a été surpris d’entrée par le roumain Filip Jianu. Quand on l’interroge sur l’effet que provoque l’absence de public il évoque « la chance de gagner sa vie avec le sport » et le fait « qu’il faut réussir à se concentrer sur l’essentiel, public ou non. » Rendez-vous contre son « pote » Tristan Lamasine pour une place en ¼ de finale.
Quentin Halys, entre détermination et solidité

Il ne s’agissait pas là sur le papier du duel de la journée bien au contraire, opposant un habitué du circuit Challenger qui n’est autre que Quentin Halys (24 ans, 214e mondial) à Arthur Cazaux (18 ans, 684e mondial). Contrairement à ce que l’on peut penser, ce n’est pas le favori qui a dominé son sujet, mais plutôt la jeunesse qui a joué des tours à Cazaux. Ce dernier n’a jamais réellement pris ses marques et s’est laissé dépasser par la justesse technique et le gros service de son adversaire du jour. À l’arrivée, la tête de série 8 du tournoi s’impose 6-3/6-2, en patron. « J’ai bien commencé ce match, il m’a donné un break d’entrée et j’ai bien servi tout au long de la rencontre, c’est plutôt lui qui a raté son match plutôt que moi qui l’ait réussi » explique-t-il.
Pour la petite anecdote, Quentin Halys avait effectué ses premiers pas en grand chelem à seulement 16 ans, du côté de la Porte d’Auteuil, à l’occasion des qualifications. Même s’il n’a jamais eu l’occasion de pénétrer dans le top 100 (102e au mieux en 2018), il continue de croire en son étoile, bon gré ou mal gré ? « Je ne roule pas sur l’or donc je suis obligé de jouer toutes les semaines pour entretenir mon rêve de monter au classement », prochaine étape contre Lilian Marmousez, un autre jeune français.
Une organisation en permanence dans l’adaptation

Derrière le tournoi, toute une équipe travaille d’arrache-pied pour permettre à l’événement d’avoir lieu. Antoine Sueur en sait quelque chose, lui qui n’est autre que le président du comité d’organisation du Play In Challenger. « Comme je l’avais dit il y a quelque temps, l’annulation n’est pas une option. Il fallait faire perdurer ce tournoi au calendrier, tout le Tennis Club Lillois en vit, nos territoires ont bien besoin de ce dynamisme. On le fait aussi pour les joueurs pour qu’ils puissent exercer leur métier » nous confie-t-il. Beaucoup d’autres tournois du même rang que le Play In souffrent en France, par exemple l’Open d’Orléans, créé par Didier Gérard en 2005, qui a un besoin vital de s’appuyer sur la présence du public mais aussi des prestations VIP.
Quant à Lille, c’est une situation totalement différente. « On a un modèle économique qui ne repose pas tellement sur la billetterie, on peut se permettre une édition à huis clos sans perdre d’argent. » Si dans ce domaine il n’y a aucun inconvénient, le sentiment demeure partagé concernant le plateau sportif. « On est très contents d’accueillir des Français comme Bonzi ou Rinderknech qui sont très bons depuis le début de la saison. La présence de joueurs étrangers est moindre, car il y a une mesure propre à la France qui est la septaine. Un joueur qui voulait venir à Lille devait rester les 14 jours précédents dans l’UE, auquel cas il aurait dû venir en France effectuer cette septaine. Des joueurs comme Jack Sock ou autre n’ont pu venir, ce qui ne nous place pas sur un pied d’égalité » regrette le président. Une chose est certaine, les bases posées en 2021 seront grandement utiles pour « l’après-Covid » et 2022.
Crédits photos : © Laurent Sanson / Play In Challenger Lille