Du 15 au 21 août se déroulait la 25e édition des Championnats d’Europe d’athlétisme, dans le cadre des championnats européens 2022. En simultané, des disciplines telles que le cyclisme, l’aviron, le triathlon ou encore le tennis de table étaient au programme. Deux ans après l’annulation de ces championnats à Paris en raison de la pandémie, les meilleurs athlètes du continent se sont donné rendez-vous au Stade Olympique de Munich. Alors que l’exclusion des Russes et Biélorusses est toujours d’actualité, plus de 1 500 sportifs issus de 48 nations étaient engagées dans 43 épreuves différentes.
Avec neuf médailles dont 4 en argent et 5 en bronze, l’équipe de France affiche un bilan moyen, trois semaines après des Mondiaux à Eugene déjà mitigés. Pire encore, les Français n’ont jamais fait résonner la Marseillaise, puisqu’aucun titre ne figure dans le palmarès tricolore, ce qui n’était plus arrivé depuis l’Euro d’Athènes de 1982.
Lamote, PML, relais : la force de l’habitude

Après sa quatrième place du côté d’Eugene, Wilfried Happio était déterminé à s’inviter sur le podium. Cette fois-ci, il n’a pas manqué l’objectif en raflant l’argent sur le 400 m haies avec un temps de 48”56, derrière le grandissime favori Karsten Warholm (47”12, record des championnats). De son côté, Rénelle Lamote est devenue vice-championne d’Europe pour la troisième fois de sa carrière après Amsterdam 2016 et Berlin 2018. Elle décroche une nouvelle médaille d’argent sur le 800 m en plein air avec un temps de 1’59”49, derrière la Britannique Keely Hodgkinson.
Que ce soit sur le 4 x 100 ou 4 x 400m, le relais masculin n’a pas déçu. Les sprinteurs tricolores (Méba-Mickael Zézé, Pablo Matéo, Ryan Zézé et Jimmy Vicaut) se sont offert une belle médaille d’argent en 37”94. Soit le meilleur temps de leur saison, à trois dixièmes des Britanniques. Sur le 4 x 400, les relayeurs français (Gilles Biron, Loic Prévot, Téo Andant et Thomas Jordier) ont également établi leur record de l’année en 2’59”64 pour s’adjuger le bronze derrière les Britanniques et les Belges. Sur les haies, Pascal-Martinot Lagarde n’est pas passé loin de conserver sa médaille d’or sur le 110 m, sa distance fétiche. Celui qui avait remporté le titre à Berlin pour quatre millièmes de seconde a dû concéder la médaille d’or pour un petit millième. Le Français s’est contenté de l’argent derrière l’Espagnol Asier Martinez (13”14).
Schrub, Pommery, Kwaou-Mathey : les bonnes surprises

Toujours sur l’épreuve du 110 m haies, le hurdler Just Kwaou-Mathey complète un magnifique podium, synonyme de doublé français. À 22 ans, l’athlète conforte les attentes qui reposent sur lui et signe un temps de 13”33 pour décrocher la médaille de bronze. En termes de résultats inattendus, Yann Schrub a arraché le bronze sur l’épreuve du 10 000 m. Une médaille à la saveur particulière pour l’étudiant en huitième année de médecine, puisqu’il s’entraîne deux fois moins par semaine que ses concurrents. Grâce à un superbe finish, il se hisse sur la boîte en 27’47”13 et termine devant Jimmy Gressier, qui avait pourtant animé les 25 tours de piste, mais bute à la quatrième place.
Initialement quatrième au saut en longueur, Jules Pommery a finalement hérité du bronze, après le déclassement de Jacob Fincham-Dukes. Celui qui représente parfaitement la génération 2024 est passé par toutes les émotions, puisque le sauteur a vu sa réclamation être acceptée deux heures après la fin du concours. Le Français a sauté à 8,06 m, soit aussi loin que Thobias Montler, mais le deuxième meilleur bond a été pris en compte pour les départager, ce qui a joué à l’avantage du Suédois (7,95 m contre 7,85 m). Miltiadis Tentoglou, lui, s’est largement hissé à la première marche grâce à un saut à 8,52 m.
Côté triple saut, Jean-Marc Pontvianne a remporté sa première médaille lors d’un championnat majeur. Avec une marque à 16,94 m, il se classe troisième de la finale derrière le champion olympique Pedro Pichardo (17,50 m) et l’Italien Andrea Dallavalle (17,04 m).
Lavillenie, Bigot, Mayer : déception des leaders

Il représentait probablement l’une des plus grandes chances de médailles du clan tricolore. Celui qui avait ramené la seule médaille française d’Eugene s’était lancé un challenge très ambitieux : réaliser le doublé Mondiaux – Europes à un mois d’intervalle. En arrivant à Munich, Kevin Mayer était venu chercher une couronne qui faisait toujours défaut à son palmarès. Néanmoins, les espoirs de titre continental ont tourné court dès la première épreuve du décathlon. Sentant une gêne au grand adducteur, le double champion du monde a préféré stopper son effort sur le 100 m et ne pas prendre de risques. Une décision forcément frustrante, mais raisonnable, dans l’optique de prochaines échéances comme les championnats du Monde de Budapest et, bien sûr, les Jeux Olympiques de Paris 2024.
Autre déception pour la délégation tricolore : la septième place au lancer de marteau de Quentin Bigot. Le vice-champion du monde 2019 n’a réalisé qu’un jet à 77,48 m, loin de ses 80,24 m d’Eugene, qui lui auraient permis de grimper à la troisième marche du podium. Le Polonais Wojciech Nowicki réalise le meilleur lancer de l’année grâce à un jet de 82 m et s’empare de l’or.
La dernière performance décevante de ces championnats fut le concours de saut à la perche de Renaud Lavillenie. Dans une finale survolée par Armand Duplantis avec une barre à 6,06 m, le reste du podium était pourtant atteignable. L’ancien recordman du monde avait fait l’impasse à 5,75 m, mais a échoué à trois reprises à 5,85 m. Une hauteur normalement dans ses standards. Il en est ainsi resté à 5,65 m et termine à la septième place.
L’équipe de France repart donc avec un bilan contrasté de ces championnats d’Europe. Les Bleus récoltent neuf médailles, mais sans le moindre titre. Un palmarès global inférieur à celui de Berlin quatre ans auparavant, où 10 médailles avaient été rapportées, dont trois titres. Malgré des statistiques décevantes, le directeur technique national Patrick Ranvier se veut rassurant. « Nous sommes lucides sur notre niveau, mais nous avons vu des signaux positifs sur le plan de l’état d’esprit, de l’engagement et de la solidarité. C’est un point de départ essentiel », confie-t-il. Romain Barras, le directeur de la haute performance, a lui ressenti « de la fierté quant à l’image qu’ont montré les athlètes lors de la compétition » et estime « qu’il y a beaucoup de lueur d’espoir pour la suite ». Le chantier s’annonce considérable afin d’espérer briller sur la scène internationale, avec en perspective les Jeux de Paris en 2024.
Crédits photos : Daniel Kopatsch, Axel Heimken et Karl-Josef Hildenbrand / Munich 2022
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