Accueil » À Toulouse, la perche sort du stade et s’invite au cœur de la ville

Les 17 et 18 septembre dernier, la place du Capitole de Toulouse voyait dans son ciel s’élever des gradins, des perches et bien sûr les perchistes. Pour cause, il s’agissait de la première édition du Toulouse Capitole Perche. D’habitude dans un stade, la perche se retrouvait au cœur de la ville et un plateau international venait s’élancer sur la place toulousaine. Malgré la pluie, le spectacle et les spectateurs étaient au rendez-vous, pour ce qui était bien plus qu’une simple compétition sportive. Retour sur un dimanche de sport pluvieux, mais heureux.

Bien plus que du sport, un vecteur social

Faire sortir le sport des stades pour le mettre en ville, voilà le concept du « street-meeting » auquel le Toulouse Capitole Perche adhère. Et quoi de plus emblématique que la place du Capitole de la ville rose pour assurer un show de haute voltige ? Ainsi pour l’occasion, des perchoirs avaient été montés et disposés sur les 12 000 m² que compte la place. Impossible donc de manquer l’événement sur le passage-même de tous les riverains. Cette idée-là, Henry Maître, président de l’association Toulouse Perche Événement, l’a eu en 2012, et voyait son projet prendre forme en mi-septembre dernier, après avoir obtenu l’appui et le feu vert de la mairie de Toulouse, du département de la Haute-Garonne, mais aussi de la région Occitanie et de l’aide de la « patte sportive » de Valentin Lavillenie, membre d’honneur de l’événement.
Si le clou du spectacle prenait place le samedi après-midi avec l’entrée en lice du plateau international, l’événement ne se limitait pas seulement à divertir les riverains. Il débutait dès le vendredi avec l’initiation pour les plus jeunes au saut à la perche. Ainsi, des classes de collège et de lycée ont pu se familiariser avec la discipline, avant que les ateliers d’initiation ne soient ouverts à tous les curieux durant la seconde partie du week-end. L’initiation et le partage, ici, ne sont pas les seules valeurs défendues par l’événement, car selon les mots de son président Henry Maître : « Toulouse Capitole Perche est, en plus d’être une compétition sportive et un show, car les sportifs sautent en musique, aussi un vecteur de sociabilisation. » C’est pour cela que le partage avec les bénévoles, mais aussi la parité hommes-femmes ont été de mise. La journée du samedi, elle, sera plus sportive avec l’entrée en lice du concours régional le matin, national à la mi-journée puis du plateau international durant l’après-midi.

La pluie dérange, le sport s’arrange !

Du côté du plateau international, il fallait compter chez les cinq Français présents, à savoir Stanley Joseph, Jules Cyprès, Thibault Collet, Anthony Ammirati et Valentin Lavillenie. L’australien Kurtis Marschall et le hollandais Menno Vloon étaient également de la partie, alors que l’américain Christopher Nilsen, vice-champion olympique derrière Armand Duplantis, faisait office de favori. Albane Dordain, Marion Lotout, Jade Vigneron, Aksana Gataullina, Olga Lina, Maryna Kylypko, Margot Chevrier et Iryna Zhuk complétaient le plateau féminin.
Les sportifs prennent leurs marques et débutent leurs échauffements, quand le ciel s’assombrit sérieusement. Une mise en garde de ce qui allait suivre : des trombes d’eau tombèrent sur la place du Capitole, obligeant à sortir précipitamment les raclettes pour évacuer les centimètres d’eau de la piste. Le sol et les installations détrempées, la décision fût prise de ne pas sauter pour la compétition, mais plutôt pour la démonstration. Une fois les ventres-y-glisse sur les perchoirs effectués, afin de prendre la température de l’eau stagnante sur le matelas, les perchistes s’élancèrent dans les airs toulousains.
Nilsen, sans soucis pour lui, Lavillenie et Collet ouvrirent la voie, bientôt rejoints par l’ensemble du plateau, alors que Lotout et Vigneron montraient la voie aux athlètes féminines. La pluie est tombée, l’air s’est rafraîchi, mais l’ambiance, elle, était au beau fixe, avec un dispositif musical permettant aux perchistes de sauter avec les titres sélectionnés dans leurs playlists. Les spectateurs n’eurent pas de mal à se réchauffer et encore moins à profiter du moment. S’agirait-il d’un avant-goût de Paris 2024 ? Tout à fait, même si la ville du Sud est à plusieurs heures de route de la capitale, l’événement répond tout à fait à la « démarche de Paris 2024 sur de nombreux points comme la parité hommes – femmes » et permet une certaine démocratisation de l’athlétisme.

Les réactions

Une fois la démonstration terminée, nous avons pu échanger avec Valentin Lavillenie, membre d’honneur de l’organisation et Henry Maître, président du Toulouse Perche Événement.

Valentin, en tant que membre d’honneur de l’événement, quel a été ton rôle dans l’organisation ?

Valentin Lavillenie : Avec toute mon expérience de la perche, j’ai essayé de mettre en place un certain nombre de choses. Mon plus gros rôle a été de motiver les athlètes internationaux. J’ai donc assuré la liaison entre la compétition et les athlètes pour essayer de donner mon expertise de la compétition à haut niveau et ma « patte sportive. »

D’un point de vue sportif, quand on saute à la perche sous la pluie, quelles en sont les conséquences ?

V.L : Tout dépend de l’intensité. Aujourd’hui, la pluie était très forte, ce qui dérangeait les appuis. La perche est mouillée donc la main glisse très rapidement et c’est très dangereux. C’est pour cela qu’on a pris des perches plus petites pour la démonstration : cela restait facile pour nous sans pour autant forcer et en étant dans le contrôle, le confort et surtout la maîtrise totale.

Depuis que vous avez eu l’idée d’un tel événement en 2012, quelles ont été les grandes échéances jusqu’à sa tenue aujourd’hui ?

Henry Maître : De 2012 à 2020, il ne s’est rien passé, le temps de digérer quelques déceptions de l’époque qui ont fait que ça a marché ce week-end. À partir de 2020, il a fallu un an pour créer l’événement. Concrètement, les grandes échéances ont été d’abord de convaincre la municipalité, qui nous a très rapidement suivie, et nous a permis d’avoir cette place du Capitole difficilement accessible. Il a fallu ensuite trouver une date dans le calendrier. Nous nous sommes arrêtés au week-end du 18 septembre qui est en fin de saison et sans compétition le même week-end. Les autres étapes ont été d’aller chercher du financement. Nous sommes donc allés voir les deux autres collectivités, à savoir le département et la région, qui nous ont suivi. Sans eux, rien n’aurait été possible. Arrivé à ce point-là, la moitié du chemin était faite. L’autre moitié consistait aux dons des partenaires privés et des mécènes à notre association pour financer le projet.

Cette année, il y a eu de la pluie, mais on se donne déjà rendez-vous en 2022. On imagine que l’idée est de s’inscrire dans la longévité ?

H.M : Tout à fait. On s’inscrit dans une démarche des JO 2024, donc l’idée est de faire au moins 4 éditions pour montrer qu’on fait de l’athlétisme à Toulouse et qu’on n’a pas peur de faire sortir le saut à la perche des stades avec de grands athlètes. Aussi, on montre aux collégiens, lycéens et aux jeunes générations que Toulouse fait des concours de tous niveaux, pour tout le monde. C’est gratuit et accessible et il est possible de s’initier. C’est important de rendre accessible le sport, car le saut à la perche n’est pas la plus accessible des disciplines. Elle nécessite du matériel, donc je pense que cet objectif est rempli. Et puis, quand on voit ce qu’il s’est passé aujourd’hui, on est très contents, car même s’il pleut, le public reste et oblige en quelque sorte les athlètes à sauter, donc c’est super sympa.

Crédits photos : La Dépêche, Victor Denouvion, France Bleu et Henry Maître

Solal Pestana – 18 octobre

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