C’est dans une ambiance beaucoup plus détendue et avec un champion déjà établi que la Formule 1 a retrouvé Abu Dhabi. Seulement, la charge émotionnelle n’en était pas moindre. Entre les adieux de légendes et certaines places au championnat qui ne demandaient qu’à être attitrées, Abu Dhabi a bel et bien eu son lot d’émotions. Les batailles dans la nuit émiratie n’auront pas eu raison de Verstappen, qui s’est de nouveau imposé.
VERSTAPPEN VICTORIEUX À ABU DHABI

Que cela a dû être étrange pour Lewis Hamilton et Max Verstappen de revenir à Abu Dhabi, un an après ce qui a été pour l’un, un traumatisme, et pour l’autre, le plus beau jour de sa vie. Seulement, cette fois, la concurrence entre ces deux-là n’est plus au cœur du week-end, pas plus qu’elle n’a été au cœur de la saison. En tête de la deuxième séance d’essais libres, deuxième de la troisième, la porte était grande ouverte à Max Verstappen pour la pole position. C’est par un temps de 1”23’824 que ce dernier s’est assuré les meilleures dispositions en vue de la course. Cependant, une question se pose : quel sera le rôle du champion du monde pendant la course, surtout après un Grand Prix du Brésil tendu et des reproches virulents de la part de son coéquipier ?
S’il est vrai qu’il exprimait aux médias la possibilité de travailler à deux pour aider Sergio Perez dans sa quête de la deuxième place au championnat des pilotes, après que Verstappen a conservé la tête au premier virage, plus aucun signe de stratégie commune. À l’instar de sa saison, le Néerlandais fait course en tête. À aucun moment, il n’est inquiété. Partant de la pole, c’est donc un nouveau week-end maîtrisé et contrôlé, du vendredi au dimanche soir, par l’écurie Red Bull et son pilote numéro un.
C’est ainsi qu’il s’impose avec près de 9 secondes d’avance sur Charles Leclerc, deuxième. À l’arrivée, les deux championnats étant déjà en poche, pas de grande scène de liesse comme ce fût le cas l’an passé. Les retrouvailles ont été réussies entre Max Verstappen et la Yas Marina.
FERRARI RELÈVE AVEC SUCCÈS DEUX DERNIERS DÉFIS

Avant de partir en vacances, le clan Ferrari devait encore assurer la deuxième place de Charles Leclerc au classement pilotes face à Perez. Sans oublier la deuxième place de l’écurie au championnat constructeurs, cette fois contre Mercedes. La première partie de course est à l’avantage de Sergio Perez. Néanmoins, les choses se gâtent quand le muret Red Bull décide d’appeler le Mexicain aux stands pour un deuxième arrêt. Ferrari saisit alors l’opportunité et laisse Leclerc en piste.
Au travers d’une stratégie décalée, il monte à la deuxième place et repasse devant au championnat pilotes. L’un a des gommes neuves, mais doit s’affairer à doubler les monoplaces devant lui. L’autre a des gommes très usées, mais fait course seul. Tout se décidera dans le dernier tour. Perez remonte, mais passe néanmoins un tour à dépasser Lewis Hamilton. Le Mexicain échoue à moins de deux secondes de son rival, laissant à Charles Leclerc le titre honorifique de vice-champion du monde.
Concernant la bataille Ferrari vs Mercedes, le premier tour est musclé. Sainz force le passage à Hamilton, qui reprend finalement l’avantage au cinquième tour. Deux tours plus tard, l’Espagnol grappille la 4e place. Hamilton, qui perd en rythme, voit Russell le dépasser dans la foulée. La bataille qui se profile est donc une bataille opposant Sainz et Russell. Seulement, dans ce duel, le pilote Mercedes est d’abord ralenti par un arrêt aux stands particulièrement lent. Le tout suivi d’une sortie de son box trop virulente, coupant la route à une McLaren. S’ensuit une pénalité de 5 secondes. À trois tours de la fin, Lewis Hamilton est contraint d’abandonner, trahi par sa boite de vitesse. Les jeux semblent faits en faveur de Ferrari.
Au drapeau à damiers, cela ne fait plus aucun doute : une 2e et 4e place des pilotes Ferrari, contre une 5eplace de George Russell, permettent à la Scuderia de finir deuxième au classement des constructeurs. Double pari réussi pour les sociétaires de Maranello.
DANKE SEB : UN WEEK-END AUX MULTIPLES ADIEUX

Pas de larmes, pas de grands adieux en fanfares, seulement un week-end à la Sebastian Vettel… Un week-end dans la simplicité. C’est par un grand repas où l’Allemand a convié tous les pilotes qu’a commencé ce grand week-end d’adieu. À l’issue du repas, dont tous les pilotes sont sortis ravis, chacun d’entre eux a reçu une petite lettre que le quadruple champion du monde avait écrite à leur égard. Puis, c’est son père qui a poursuivi ce week-end si spécial en lui apportant dans son garage son premier casque et sa première combinaison. Après les qualifications, Sebastian Vettel a convié tout le paddock, aussi bien pilotes, chefs d’écurie, ingénieurs et même journalistes. Pourquoi ? Pour une course à pied autour du tracé de Yas Marina. Bien sûr, avant la course, c’est au tour des pilotes, par une haie d’honneur, de rendre hommage à celui qui est pour beaucoup leur idole.
Dimanche, à l’issue d’une qualification réussie, Sebastian Vettel part neuvième sur la grille. Bien que la stratégie en course aura eu le don de faire pestiférer l’Allemand à la radio, qui ne comprend pas pourquoi l’équipe s’obstine à retarder son arrêt au stand, c’est finalement une belle dixième place qui solde sa carrière. Puis, les traditionnels « donuts » inaugurent son discours d’adieux. Au total, 299 GP, 4 titres mondiaux, 53 victoires, 57 poles positions et 122 podiums. Danke Seb.
Le Grand Prix d’Abu Dhabi était également la dernière danse de Daniel Ricciardo. Le pilote McLaren, parti treizième et arrivé neuvième, ne sera plus titulaire l’an prochain. Cependant, il sera bien réserviste dans l’écurie où il aura vécu ses plus belles heures : Red Bull. Enfin, autre grand perdant de la silly season : Mick Schumacher. L’année prochaine, son baquet reviendra à Nico Hulkenberg, qui signe ainsi son grand retour en F1. Douzième sur la grille, il termine son dernier GP en 16e position après s’être accroché à la mi-course avec Nicholas Latifi, autre absent des paddocks l’an prochain.
ULTIMES BATAILLES EN FOND DE GRILLE

En 2020, Renault, Racing Point et McLaren s’étaient disputés la quatrième place au championnat constructeurs, soulignant le rôle de « place decider » d’Abu Dhabi. Cette année, pas de triple confrontation, mais des batailles à deux, comme celle opposant Alfa Romeo et Aston Martin pour la sixième place. Sebastian Vettel, dixième, et Lance Stroll, huitième, ramènent 5 points à Aston Martin. Seulement, face à Alfa Romeo, ces cinq unités ne permettent que d’égaliser. De ce fait, 55 points partout, Alfa Romeo finit 6e, Aston Martin 7e.
À l’arrivée, le soulagement est présent côté Alfa Romeo. « On garde notre place, l’équipe a eu ce qu’elle méritait », déclare Guanyu Zhou. « Je crois bien que c’est tout ce qui importe aujourd’hui, garder la sixième place. C’est pour cela que notre stratégie était aussi défensive : retarder le plus possible nos arrêts au stand et espérer qu’une safety-car sorte. Ça n’a pas été le cas, les nerfs étaient tendus, mais la sixième place est tout de même assurée malgré l’égalité de points », ajoute Valtteri Bottas.
Pour la huitième place au championnat, les deux prétendants étaient Haas et AlphaTauri. Avant d’atterrir aux Émirats Arabes Unis, Haas compte 37 points, deux de moins pour l’écurie de Faenza. Aucun pilote n’ayant marqué de point, c’est Haas qui conforte sa huitième position. « On avait tous l’espoir de marquer des points, mais on n’a pas réussi. Malgré tout, j’ai tout donné », concède Yuki Tsunoda. Du côté de Haas, Magnussen ne cache pas sa joie. « Huitième place ! C’est deux places de plus que l’an dernier, ces deux places-là sont très importantes pour nous ».
Une fois de plus, Abu Dhabi a eu le don de décider des quelques places incertaines que comptait le championnat constructeurs. S’il s’agit souvent du fond de la grille, l’importance de ces places n’est nullement à négliger. Pour rappel, chaque place est synonyme de millions de dollars, permettant aux écuries de développer leur voiture plus sereinement.
LE POINT FRENCHIES

Pas question pour Alpine de se relâcher lors de ce dernier meeting de la saison. En lutte avec McLaren pour la quatrième place au championnat, ne disposant que d’une petite vingtaine de points d’avance, l’heure d’assurer est arrivée pour les Bleus. Qualifié onzième, Fernando Alonso profite de la pénalité de Daniel Ricciardo pour s’élancer 10e sur la grille de départ. Néanmoins, à l’image de sa saison, c’est un nouvel abandon qui marque la fin de la collaboration entre Fernando Alonso et Alpine. Son coéquipier Esteban Ocon s’élance en huitième position. Bataillant avec Lando Norris durant l’entièreté du Grand-Prix, il termine septième sans réussir à le dépasser.
C’est bien Alpine qui finit quatrième de la saison 2022 de Formule 1 au championnat constructeurs, avec 173 points contre 159. Mission réussie pour l’écurie française. « Très bon travail de toute l’équipe, très fier de la manière dont on s’est amélioré durant toute la saison. On espère s’améliorer encore plus l’an prochain », confie Esteban Ocon. Parti 17e et arrivé 14e, ce fût un nouveau week-end difficile pour Pierre Gasly. Pour sa dernière danse avec AlphaTauri, l’envie de bien faire était pourtant présente. Cependant, la monoplace n’a pas permis au pilote français d’espérer mieux que cette quatorzième place. « On a tout essayé, pas grand chose à dire sur ce qui s’est passé ce soir. En réfléchissant à la saison, ce fut difficile, mais on n’a jamais cessé de se battre », constate-t-il.
Crédits photos : Top Gear, Eurosport, L’Avenir, Planet F1, Stellantis et Les Alpinistes