Il existe des saisons où le dénouement ne s’opère qu’au dernier round, où l’on voit enfin qui mettra KO l’autre pour s’adjuger la ceinture mondiale. Après nous avoir tenu en haleine toute une saison, Abu Dhabi a encore joué ce rôle de « title decider » qui a déjà été le sien à quelques reprises. Dernier week-end de course au calendrier, c’est là-bas que Max Verstappen et Lewis Hamilton ont dû se départager comme d’autres l’ont fait avant. Retour sur les titres mondiaux qui se sont joués à Abu Dhabi.
L’ÉDITION 2010 FAIT LES AFFAIRES DE VETTEL

Sur la grille de départ, ils sont quatre à pouvoir prétendre à être sacrés champion du monde. Seulement, au drapeau à damiers, un seul sera sacré. Pour Fernando Alonso qui compte 246 points, Mark Webber qui en a 238, Sebastian Vettel avec 231 et Lewis Hamilton qui en compte 222, tout va donc se décider, pour la première fois dans l’histoire de la Formule 1, sur le tracé de Yas Marina. Sebastian Vettel s’octroie la pole position avec un temps de 1.39.394, tandis qu’Hamilton et Alonso se sont qualifiés juste derrière lui et que Webber est cinquième. Le départ de l’allemand est bon et malgré une intervention dès le premier tour de la Safety Car, après un incident spectaculaire entre Schumacher et Liuzzi, il domine l’entièreté du grand-prix. Derrière lui, Vitaly Petrov et sa Renault s’occupent de lui simplifier la chose au championnat. Pour Petrov, qui s’est arrêté dès l’intervention de la Safety Car, il contient derrière lui les prétendants au titre que sont Alonso et Webber. Ferrari aura tout essayé avec Massa, mais perd au jeu des arrêts aux stands, laissant des signes de frustration apparaître. Webber aurait dû rentrer aux stands prématurément après avoir tapé le mur. Bloqués tous deux derrière les Renault de Kubica et Petrov, ils ne peuvent rien. Quand Vettel passe sous le drapeau à damiers, Hamilton finit second, mais ne peut mathématiquement pas détrôner l’allemand. Alonso termine septième devant Webber.
Tous calculs faits, Vettel est champion du monde. Pour une course record qui voyait pour la première fois dans l’histoire de la Formule 1 quatre pilotes pouvant prétendre au titre au dernier meeting, un autre record fait place : à 23 ans, il est le plus jeune champion de l’histoire. Les radios lui annonçant, elles, resteront légendaires à jamais. Son ingénieur, dans un premier temps, lui énumère toutes les voitures passant sous le drapeau à damiers et lui annonce son titre, avant que Christian Horner s’empresse de le féliciter à la radio, pour celui qui est le premier champion du monde Red Bull sous son égide : « Sebastian Vettel, you are the world champion, the world champion ! Congratulations, enjoy it ! »
2014 EST POUR HAMILTON FACE À ROSBERG, 2016 EST POUR ROSBERG FACE À HAMILTON

Pour ce qui est le dernier meeting de la saison 2014, les deux pilotes Mercedes et amis d’enfance que sont Lewis Hamilton et Nico Rosberg posent leurs bagages à Abu Dhabi, en étant les deux seuls à pouvoir aspirer au titre pilote, marquant ainsi la fin de la domination Red Bull et de son pilote Vettel, qui étaient sacrés depuis 2010. Hamilton fait figure de favori : avec 334 points, il en compte 17 de plus que Rosberg.
Si Nico Rosberg part en pole position, il se fait dépasser avant même le premier virage suivant le départ par son coéquipier et rival. Avant même la moitié de la course, un problème de puissance moteur touche la monoplace de Nico Rosberg qui ne tarde pas à se faire dépasser par une bonne partie du peloton. Parti en pôle, il termine 14e après avoir refusé d’abandonner lorsque son équipe, constatant davantage de problèmes sur sa monoplace, lui a demandé de rentrer dans les stands. Lewis Hamilton franchit donc la ligne d’arrivée en vainqueur et passe du statut de champion du monde à celui de double-champion du monde.
Deux ans plus tard, au terme de la saison 2016, les protagonistes et le circuit n’ont pas changé, mais le scénario, lui, est inversé. Avant de prendre le départ, Rosberg est en tête du championnat avec 367 points et Hamilton, en pole position, en compte 355. Rosberg, parti second, doit figurer sur le podium en cas de victoire du britannique, afin de s’adjuger la couronne mondiale. Bloqué derrière Verstappen à la sortie des stands, il doit ensuite se confronter à Hamilton qui ralentit le rythme pour laisser l’opportunité à une ou plusieurs voitures de doubler son coéquipier et ainsi l’éjecter du podium. Il n’en sera rien, Hamilton gagne la course. Second, Rosberg remporte sa première couronne mondiale, alors que Vettel complète le podium.
2021 : VERSTAPPEN VAINQUEUR DANS LE DERNIER TOUR

La saison aura été folle, son dénouement l’aura été encore plus. C’est dans un contexte de parfaite égalité de 369,5 points entre Max Verstappen, pilote Red Bull, et Lewis Hamilton, pilote Mercedes, que le circuit de Yas Marina sera chargé de départager les deux protagonistes. Ce week-end s’annonçant déjà historique, il ne faut pas attendre longtemps avant un premier coup de tonnerre. Par un magnifique jeu d’aspiration parfaitement opéré par Verstappen et son coéquipier Perez, c’est le pilote hollandais qui s’empare de la pole position, alors que la Mercedes avait démontré toute sa vitesse de pointe sur ce tracé quelque peu modifié, où les virages lents ont été remplacés par des virages plus longs en appuis. Seulement, Verstappen a fait un « flat » sur son train de pneus médiums en fin de Q2, l’obligeant à passer en Q3 en pneus soft, alors qu’Hamilton partira en médiums, assurant une stratégie décalée avant même le début du grand-prix.
Le départ donné, Hamilton prend un meilleur envol, avant que Verstappen ne tente de reprendre la tête de la course au virage numéro 6. Sa Red Bull semble en tête, alors que la Mercedes de son rival court-circuite le virage et conserve, de cette manière, la tête de la course. Le septuple champion du monde s’envole alors, aidé par la longévité de ses pneus, alors que Verstappen souffre et ne tarde pas à rentrer aux stands. L’ordre est donné sur le pit-wall Mercedes d’en faire de même et voilà que l’on couvre la stratégie Red Bull. Après que Perez ait contenu dans ses rétroviseurs pendant quelques encablures Hamilton, sa précieuse aide permet à son coéquipier de refaire une partie considérable de son retard. « Checo is a legend » s’empresse-t-il de remercier à la radio. L’écart, cependant, se stabilise, jusqu’à un incident qui figera le sort de cette saison 2021.
À cinq tours de la fin, Nicholas Latifi vient encastrer sa Williams dans la partie sinueuse du circuit, obligeant la Safety Car à sortir. Verstappen se précipite dans les stands pour chausser des pneus softs neufs. Après une décision contradictoire de la FIA en interdisant aux voitures de rattraper leur retard en dépassant la Safety Car, l’ordre est finalement donné aux quatre monoplaces entre Hamilton et Verstappen de la dépasser. Pour un tour, le dernier que compte le grand-prix, la course va donc être relancée. Hamilton, en pneus médiums usés, ne peut rien face à Verstappen qui le dépasse dès le virage numéro 5. Il devient ainsi, à Abu Dhabi, le premier pilote néerlandais champion du monde en Formule 1 et rapporte à Red Bull son cinquième titre pilote, après le quadruplé initié par Vettel et le premier sous l’égide Verstappen.
Crédits photos : News 24, Balle Courbe, Motorsport et La Gazette de Monaco