Accueil » Au cœur du Tour : Vadic l’emporte, Loudéac passe tout proche

Les choses sérieuses ont débuté ce vendredi avec la première étape du Tour de la Mirabelle. Au programme de l’étape du jour, 175,4 kilomètres à parcourir. Un parcours accidenté entre Pont-à-Mousson et Pagny-sur-Moselle et une arrivée en côte, gage de tension et de spectacle au sein du peloton.

AU VCP LOUDEAC, DE JEUNES TALENTS PRESSÉS DE GAGNER

10 h 03, le dernier coureur du VCP Loudéac entre dans la chambre d’hôtel pour le briefing de l’étape du jour. Pour débuter, un retour sur le prologue de la veille, l’équipe est satisfaite du résultat de ses coureurs qui ne sont pas des spécialistes de ce type d’effort. Le briefing se poursuit avec la reconnaissance du profil de l’étape et de la tactique de course : tout est prêt pour la bataille du jour. Ilan Larmet et Guerand Le Pennec, 16e du prologue, ambitionnent tous deux de figurer dans l’échappée du jour. Pour les deux grimpeurs de l’équipe, Mathys Rondel et Kilian Verschuren, l’objectif est simple : ne pas concéder de temps avant l’étape montagneuse du samedi. Le VCP Loudéac possède aussi deux autres excellentes cartes pour jouer le podium et pourquoi pas la victoire, en la personne de Nolann Mahoudo et Florian Dauphin.
La formation bretonne de Nationale 1, implantée à Loudéac, est l’équipe réserve de la formation professionnelle B&B Hotels-KTM. En 2022, deux recrues du VCP Loudéac ont intégré l’équipe professionnelle : Axel Laurance (21 ans) et Adrien Lagrée (25 ans). Cette année encore, l’équipe continentale professionnelle recrutera au moins un stagiaire afin de le tester, avant de le signer et de le faire entrer dans le peloton professionnel. Les six jeunes du VCP Loudéac présents en Lorraine sont amateurs et ne vivront du cyclisme qu’une fois passés professionnels, « pour l’instant, ils vivent d’amour et d’eau fraîche » confie Christophe Gouyon, directeur sportif de l’équipe. Le déplacement et le matériel sont pris en charge par le club, mais pour vivre, les coureurs sont étudiants, salariés ou sans-emploi.

Le départ est donné. La bataille pour l’échappée est lancée et va durer pendant près de 40 kilomètres. La bonne échappée se forme juste avant le premier grand prix de la montagne, les coureurs du VCP Loudéac ratent le coche, mais ils devront rester bien au chaud dans le peloton. Ils viennent se ravitailler à tour de rôle auprès de la voiture du directeur sportif qui en profite pour leur glisser quelques consignes, les oreillettes n’existant pas sur ce type de course. L’échappée tient bon malgré l’allure rapide du peloton. Dans la dernière côte, à un peu plus de 10 kilomètres de l’arrivée, la différence ne se crée pas comme l’espérait le directeur sportif de la formation bretonne. Les six coureurs de l’équipe sont présents, aucun problème à signaler, on se dirige vers un sprint massif dans la ville de Pagny-sur-Moselle. Le DS semble confiant, il y a quelque chose à faire avec des coureurs dotés d’une belle pointe de vitesse dans l’équipe.

À l’arrivée, les Bretons réalisent une très belle performance en se classant 2e et 4e de l’étape. Malgré un résultat alléchant sur le papier, les coureurs du VCP Loudéac et son directeur sportif sont frustrés d’avoir loupé la victoire. « On est satisfait que quand on gagne » glisse ce dernier. Pour Florian Dauphin qui termine deuxième, la déception est grande. Après une erreur de reconnaissance, pensant l’arrivée plate, il lance son effort pour Nolann Mahoudo à 300 mètres, avant de se faire remonter et de finir second. Sans cette erreur, le résultat aurait pu être différent pour le vice-champion de France espoir 2020, « je pense que pour une fois, j’étais le plus fort » concède-t-il. Son coéquipier, Nolann Mahoudo, termine au pied du podium. Dans le dernier virage, il perd la roue de Florian Dauphin qui devait le lancer. « Je manque d’agressivité, je perds la roue et ça nous coûte la victoire ».
Du côté des grimpeurs Mathys Rondel et Killian Verschuren, le contrat est rempli. Pas de temps perdu avant l’étape reine dans les Vosges ce samedi. Pour les autres, il reste encore une carte à jouer sur le parcours accidenté de dimanche. Il est certain que l’on retrouvera très vite et on l’espère dès le départ à Breuches, le VCP Loudéac aux avant-postes de ce Tour de la Mirabelle.

LE DÉBRIEF DE LA COURSE

Avec trois côtes à son actif, cette étape aurait pu sembler accidentée, mais le profil demeure propice aux sprinteurs et aux baroudeurs. La dernière ascension de la Côte du Chemin d’Onville culminait à près de 13 kilomètres de l’arrivée, pas suffisamment compliqué pour les sprinteurs afin qu’ils soient mis en difficulté. D’entrée, les tentatives d’échappée sont nombreuses, entre autres à l’initiative du Team Macadam’s Cowboys. Aucune n’aboutit, surtout quand on regarde le profil des instigateurs, comme le second du général, le britannique Robert Scott, dangereux au classement général.
Il faudra finalement attendre environ 35 kilomètres pour voir la « bonne échappée » se dessiner avec trois hommes : Eddy Le Huitouze (France Espoirs), Benjamin Perry (WiV Sungod) et Charles Quarterman (Philippe Wagner Cycling). Ces coureurs sont réputés pour avoir des profils de rouleurs, le peloton ne devra pas les lâcher. Après une moyenne de 46,6 km/h lors de la première heure de course, le rythme général s’allège fortement, ce qui permet à l’échappée de prendre le large et de compter près de 3 minutes 45 d’avance sur le peloton du maillot jaune. Le canadien Benjamin Perry empoche les points du maillot à pois de meilleur grimpeur et s’assure le leadership de ce classement. Derrière, Emiliano Vila de l’équipe nationale de Grèce tente de partir en chasse-patate, mais il sera rejoint plus tard dans la course.

Progressivement, l’écart diminue et les hommes de têtes vont craquer, à l’image de Charles Quarterman qui perd le fil à la suite de la Côte de Vigneulles, ce qui va fragiliser l’échappée. Eddy Le Huitouze et Benjamin Perry possèdent encore 1 minute 15 à 25 km du terme, mais le jeune français de 19 ans va perdre pied, avec un peloton lancé à vive allure derrière. Juste avant le dernier GPM de la journée, le sociétaire de WiV Sungod se fait rejoindre. Peloton groupé pour un sprint qui s’annonce houleux avec 500 mètres en montée avec des passages à 11 %. Les coureurs arrivent rapidement dans cette ligne droite, ce sont les mieux placés qui vont pouvoir se disputer la victoire d’étape. À ce jeu-là, c’est Baptiste Vadic qui a tiré son épingle du jeu, afin de décrocher sa première victoire chez les professionnels. Pour avoir été positionné devant, Vadic salue « le travail collectif et le superbe boulot effectué par l’équipe de France ». Pensionnaire de Vendée U chez les espoirs, il débloque son compteur parmi les « grands » sur un parcours qui lui correspond plutôt bien. « J’aime bien ce type d’arrivées où il faut avoir une petite giclette » confie-t-il.
Corentin Ermenault conserve le maillot jaune de leader, car il n’y a pas de bonifications aux arrivées d’étapes du Tour de la Mirabelle. Toujours bien placé toute la journée, le rouleur de l’AVC Aix ne perd pas de temps et conserve sa tunique. Ce sera une tout autre histoire ce samedi avec l’étape reine de cette 20e édition entre Breuches et Saint-Amarin. Avec près de 3000 m de dénivelé positif, la journée sera marquée par la présence de 4 cols répertoriés en 2e ou 1e catégorie, de quoi prévoir du spectacle. Néanmoins, la descente derrière le Col de Bramont devrait voir arriver dans le Haut-Rhin un petit groupe de coureurs, à moins qu’un homme fort ait pris les devants seul.

Le profil de l’étape du vendredi : 

Crédits photos : David Jaunet, Arnaud Fischer et Emile Pawlik

Arnaud Fischer & Pavel Clauzard – 28 mai

Laisser un commentaire

En savoir plus sur Les Reporters Incrédules

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading