Deux fois champions de France d’Elite masculine, un passé en tant qu’équipe professionnelle, un esprit familial ou encore une formation efficace. Voici le cocktail gagnant du Harnes VB, et ce, depuis 1949. Dans la salle Maréchal, les Harnésiens régalent et cherchent à monter un projet pour retrouver le haut du volley-ball français. Présentation d’un des nombreux clubs de volley du Nord de la France.
Un club phare de la région

Au cœur des terrils de la banlieue nord de Lens, à quelques encablures de Courrières, tristement célèbre pour sa catastrophe minière de 1906, dans laquelle 1100 miniers perdent la vie, Harnes se démarque comme une ville dynamique. Elle le doit en grande partie aux entreprises de mines et de chimie qui, via la création d’associations de sports pour leurs ouvriers, créent des lieux de rencontre, d’abord et de performances ensuite. C’est l’histoire du CEKA Harnes, pour lequel tout a commencé grâce à une société minière, Courrières-Kuhlmann. Le 5 mai 1949, Léon Karczewski fonde la section volley-ball du C.K. Harnes et c’est ainsi que l’histoire débute.
Les premières années du club sont couronnées de succès, avec une domination régionale des “chimistes”, comme ils sont appelés à l’époque. Après une décennie compliquée dans les années 60, le CK Harnes découvre le niveau national en 1973, en accédant pour la première fois de son histoire en N2. Après des mouvements d’ascenseur dans les années suivantes, non sans titre, le club remporte à trois reprises le championnat de N3 (1973, 1978, 1987). À noter l’installation dans une nouvelle salle de 700 places, le complexe André Bigotte, sans oublier que club est renommé en 1990. Le Harnes Volley Ball est né et une ère de prospérité au niveau national s’ouvre.
Alors que Marc Maréchal prend l’équipe en main en 1990, le Harnes VB remporte une nouvelle fois la N3 en 1993 et accède donc de nouveau à la deuxième division nationale. Lors de leur accession consécutive au titre, ils finissent à une impressionnante deuxième place et atteignent la Pro B, ouvrant l’ère du professionnalisme dans le club. Harnes remporte son premier titre de N1 en 2000, avec Stefan Dorel à la tête de l’équipe. Les trois saisons suivantes, le club joue en Pro B le milieu de tableau ou le maintien.
Après de brefs passages en troisième division où le club est couronné de succès, puisqu’il est titré par deux fois (2005 et 2008), les Cigognes d’Harnes réalisent de belles performances en Pro B. Pour l’anecdote, l’équipe de 2008 est entraînée par Laurent Capet, père de l’actuel réceptionneur-attaquant du HVB, arrivé cette année et qui cherche à suivre les traces de son père. En réalisant l’ascenseur pendant quelques années, le club obtient son meilleur niveau en Pro B avec une troisième place en 2012, après un nouveau titre de N1.
Malgré de très bons résultats, les finances ne suivent plus et le club est rétrogradé en N2. Ainsi, il abandonne tout espoir de continuer au niveau professionnel à cet instant. L’équipe se reconstruit peu à peu, tant sur le terrain que dans les bureaux. Tant et si bien que les protégés de Loïc Bouanda, entraîneur depuis 2016, sont doubles champions de France en Élite et continuent d’impressionner au troisième niveau national. La particularité en Élite nationale est que les clubs décident au début de chaque saison s’ils souhaitent être promus à l’issue de l’exercice. Or, les finances de la Team Obus ne le permettent pas pour le moment. C’est pour cela que le HVB continue de jouer en Élite nationale, mais d’enchanter les spectateurs de la salle Maréchal.
Objectif play-offs

Loïc Bouanda mesure le défi qui se dresse face à lui et ses hommes. Le club a dû gérer la démission soudaine de son président en poste depuis 2015, Claude Clément, le 1er juillet dernier. Il est remplacé par Bertrand Snoeck au pied levé. À savoir que l’ancien volleyeur est l’entraîneur adjoint de Bouanda depuis 3 ans. Il porte donc une double casquette, c’est assez rare pour être souligné. Avec un effectif grandement remanié et des ambitions réalistes, l’entraîneur va chercher à travailler dans la continuité des deux saisons couronnées de succès. Avec trois arrivées et la montée en puissance des jeunes du club, Harnes s’avance avec une équipe solide, mais qui ne sera pas forcément aussi dominante que les années passées. Lors des saisons précédentes, la qualité des joueurs était telle que, lors de tous les matchs, le Harnes VB était favori.
Cette saison, Harnes va faire face à de belles équipes que Bouanda distingue. Parmi elles, on trouve Calais, Conflans ou encore Caudry. Jouer dans la même division depuis de nombreuses années peut installer une routine que l’entraîneur cherche à briser et selon lui, “les saisons se suivent, mais ne se ressemblent pas”. Pour le club, l’objectif est déjà de se qualifier pour la poule haute du championnat en terminant dans les quatre premiers de la première phase. Ensuite, ils prendront match par match, point par point pour pourquoi pas réaliser le triplé. Loïc Bouanda comptera aussi bien sur son effectif à proprement parler, que sur les jeunes des équipes réserves qui poussent et toquent à la porte du plus haut niveau harnésien.
La plupart des joueurs de l’effectif sont au club depuis leurs plus jeunes années. Parmi eux, Noah Rulkin, sélectionné en équipe de France jeunes, Adrien Clément, Edouard Louchart ou encore Baptiste Delaroque. En parallèle des seniors, la Team Obus est ambitieuse à travers ses autres équipes, en Coupe de France notamment, véritable objectif de la saison pour les différentes catégories de jeunes. En tête, les moins de 21 ans, équipe dans laquelle on peut retrouver de nombreux joueurs du collectif principal, comme Alexandre Capet, ainsi que ses partenaires nommés précédemment.
Un écrin de taille

La salle Maréchal d’Harnes est impressionnante. Elle porte le nom de Marc Maréchal, qui avait emmené le HVB vers le titre en N1, en 1993. Il est ancien volleyeur et père du joueur aux près de 200 sélections en Équipe de France, Nicolas Maréchal, formé à Harnes pendant ses années juniors et qui a débuté sa carrière au club en 2005. Complexe sportif impressionnant d’une capacité de 2000 places, composé d’une tribune permanente et d’une autre rétractable, il accueille de nombreux événements. Que ce soient de clubs harnésiens, comme le handball ou le volley féminin, que d’événements nationaux, voire internationaux. En 2015, Harnes a eu l’honneur de recevoir l’Équipe de France dans sa salle, à l’occasion d’un match de préparation pour le Tournoi de Qualification Olympique de Rio 2016, qui opposait les Bleus à l’Iran.
Salle comble, Marseillaise a capella et spectacle assuré, les Tricolores s’imposent 3 sets à 0. L’hymne français résonne à d’autres occasions dans la salle Maréchal lors de matchs de l’Équipe de France de volley féminin qui ont aussi lieu dans la maison du HVB. Cette salle sera un élément du dispositif des Jeux Olympiques de Paris 2024, grande fierté pour le Pas-de-Calais.
De plus, le complexe Léo Lagrange étant en travaux, le Tourcoing Lille Métropole Volley jouera quelques rencontres à Harnes au cours de l’année. Le 15 octobre dernier, le TLM a reçu Chaumont dans un match de Ligue A accroché, mais remporté par les Nordistes au tie-break devant une salle conquise (3-2). Cette stratégie s’inscrit dans la démarche de la recherche de visibilité et de solidité financière pour le HVB. Joachim Guffroy est vice-président et se charge de développer cet aspect avec bientôt l’objectif de retrouver le niveau professionnel dans les prochaines années. En tout cas, les infrastructures ainsi que la passion des personnes s’investissant dans le club le permettraient.