Accueil » Barcelone, terre de masterclass stratégique chez Mercedes

Le week-end de course espagnol n’a jamais eu la réputation d’être le plus fascinant, en témoigne la dernière édition. Seulement, après un samedi où la vitesse a primé, délivrant ainsi sa 100e pôle position à Lewis Hamilton, c’est bien la stratégie qui importait dans la course du dimanche. Et dans ce domaine-là, Mercedes excelle et s’offre une nouvelle masterclass en la matière.

Le film de la course

Le samedi après-midi, Lewis Hamilton signe la pôle position, la centième de sa carrière. Un nouveau record de battu, un record inimaginable. En seconde position se trouve Max Verstappen, suivi de Valtteri Bottas, Charles Leclerc, Esteban Ocon, Carlos Sainz et Daniel Ricciardo. Pierre Gasly, lui, s’élance de la 12e position.
Une fois les feux éteints, Max prend le meilleur sur Lewis au premier virage et Leclerc en fait de même sur Bottas, alors que Sainz et les deux Alpine prennent un moins bon départ. La course était lancée, la bataille faisait déjà rage, quand l’AlphaTauri de Tsunoda a rendu l’âme. Engin coupé, la Safety Car est déployée et quelques pilotes s’arrêtent aux stands. À la relance, les positions restent inchangées à l’avant, hormis Sergio Perez qui double Ocon pour la sixième place. Il faudra attendre le 25e tour pour voir la course changer de leader. Verstappen rentre aux stands et Hamilton reste en piste, prenant ainsi les commandes à Barcelone pendant quatre tours. Néanmoins, il voit le hollandais lui repasser devant à la sortie des stands.

La bataille fait rage au milieu avec Gasly, Vettel et Alonso comme principaux protagonistes. Cependant, la bataille a aussi lieu dans les stands et rapidement, le dilemme entre un ou deux arrêts se pose chez Red Bull et Mercedes. C’est bien l’écurie de Toto Wolff qui prendra les devants et fera s’arrêter Hamilton. Un coup de génie des stratèges Mercedes, une écurie Red Bull et son pilote Verstappen pris au dépourvu permettront à Hamilton de se lancer dans une remontée folle. Dans ce rôle de chasseur qu’il affectionne tant, le septuple champion du monde ira même jusqu’à prendre deux secondes au tour à Verstappen.
Alors que l’on informe le meneur du grand prix qu’il pourrait bien s’agir du même scénario que le GP de Hongrie 2019, son coéquipier trouve enfin la faille sur Daniel Ricciardo, sur qui il butait depuis le début.

À 14 tours de la fin, Hamilton se retrouve derrière Bottas, second et dernier obstacle à sa remontée frénétique. Le finlandais ne semble pas vouloir laisser passer Hamilton comme le sous-entendaient les consignes d’équipe et Toto Wolff a sûrement dû avoir des sueurs froides quand le britannique s’est vu obligé de doubler son coéquipier, quasiment roue contre roue. Pendant l’espace d’un instant, nous nous sommes demandé si l’épisode de 2016 où les deux Mercedes de Rosberg et Hamilton s’étaient rentré dedans sur ce même circuit barcelonais, n’allait pas renaître de ses cendres.
À sept tours du terme, le britannique prend le meilleur sur Verstappen, sans difficulté et avec l’aide de pneus plus frais et du si précieux DRS. Alors que quatre dépassements de Pierre Gasly sont effectués dans les derniers tours et que les pilotes tentent de signer le meilleur temps en course, le drapeau à damiers est présenté à Lewis Hamilton qui finit premier. Max Verstappen est deuxième devant Valtteri Bottas qui complète le podium. Charles Leclerc est 4e et devance Sergio Perez, Daniel Ricciardo et Carlos Sainz. Les derniers points sont adjugés respectivement par Norris, Ocon et Gasly.

Les tops et flops

Deux écuries, deux pilotes qui la poussent au devant. D’un côté, Mercedes et Hamilton pour le titre, de l’autre, Ferrari et Leclerc pour le podium constructeur. Cette fin de semaine, Mercedes a élaboré un plan parfaitement mis en place avec deux arrêts aux stands et des calculs tout à fait justes quant à l’écart qui séparait le britannique du hollandais en fin de course, mais aussi en la teneur des gommes. Pour son pilote qui venait de signer sa 100e pôle position, il ne restait plus qu’à faire le job, et comme bien souvent, il l’a fait avec brio. Une stratégie et une conduite impeccable ont donc permis à Mercedes et Hamilton de signer une masterclass qui, sans aucun doute, fait son effet dans le clan Red Bull.
Du côté des monoplaces rouges de Ferrari, le leader semble de plus en plus s’affirmer. Après une saison bien compliquée en 2020, Charles Leclerc confirme cette saison qu’il est un pilote d’exception. Même si sa monoplace n’est pas revenue au beau fixe, il en tire le meilleur et fait preuve d’une constance exemplaire. En Espagne, il signe le 4e temps de qualifications, place qu’il semble s’adjuger dorénavant et termine à la même hauteur, tout en ayant été troisième du départ à la mi-course devant la Mercedes de Bottas.

Ce fut un week-end bien compliqué pour AlphaTauri qui n’a engrangé qu’un seul point. D’un côté, un Yuki Tsunoda sur les nerfs qui ne cesse de pester à la radio, a été calmé par son ingénieur et a présenté publiquement ses excuses pour son tempérament sanguin. Une 16e place en qualifications et un abandon en course, le japonais achève un week-end vierge. De l’autre côté, Pierre Gasly n’a pas réussi à accéder à la Q3 et a dû se contenter d’une douzième place sur la grille. Après avoir reçu une pénalité de cinq secondes pour avoir mal positionné sa monoplace sur son emplacement de départ, il termine 10e et ne marque qu’un seul point. C’est un début de saison bien compliqué pour la franchise de Tost qui faisait pourtant bonne figure en début de saison avec une voiture impressionnante à Bahreïn. Il va falloir commencer à tout mettre bout à bout pour AlphaTauri si l’équipe veut se hisser en haut du classement des constructeurs.

Cap sur le rocher monégasque

En 2020, les monoplaces n’avaient pas pu longer les rails étroits et serrés de Monaco, dû à la situation sanitaire. Cette année, la Formule 1 revient en principauté pour son fameux et si historique grand prix. L’avantage devrait être aux monoplaces de l’écurie Red Bull qui sont à l’aise depuis de nombreuses années sur ce tracé. À Monaco, la vitesse de pointe n’étant pas requise (avantage à Mercedes sur ce domaine-là lors des dernières courses), Verstappen et Perez devront utiliser tous les atouts de leurs monoplaces pour ne pas laisser filer Hamilton et Mercedes dans leurs championnats respectifs. Il s’agira également d’un week-end particulier pour Williams. L’équipe britannique va en effet fêter son 750e week-end de course sur le Rocher et devrait présenter une nouvelle livrée pour l’occasion.
La dernière fois que la Formule 1 avait couru dans les rues de la Principauté, la discipline était en deuil après le décès de Niki Lauda. Un halo rouge pour les Mercedes portait son nom et la fameuse casquette de la même couleur était portée par la grande majorité. Une légende de la discipline, mais aussi un homme apprécié dans le paddock venait de rejoindre le Panthéon des Pilotes. Lewis Hamilton s’était chargé de lui rendre le plus beau des hommages en concrétisant sa pôle position du samedi. Malgré ses réprimandes à son ingénieur sur ses pneumatiques et le fameux « Bono! The tyres are dead », il n’en sera rien et le britannique, alors en quête de sa 6e couronne mondiale, est passé le premier sous le drapeau à damiers. Même le dépassement plus qu’osé de Max Verstappen à la sortie du tunnel ne l’empêchera pas de s’imposer. Le natif du coin, Charles Leclerc, avait dû abandonner, alors que les français Romain Grosjean et Pierre Gasly terminaient respectivement dixième et cinquième avec le meilleur tour en course.

Au-delà de l’aspect historique du week-end monégasque, la cinquième manche du championnat sera à suivre de près, pour voir si oui ou non les écarts au championnat vont se resserrer.

Crédits photos : Motorsport Magazine, Red Bull, Planet F1 et Frégate des Îles

Solal Pestana – 15 mai

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