Accueil » Baromètre L1 n°24 : Lille freiné, les poursuivants affamés

Le football européen traverse actuellement une période difficile dont l’avenir reste encore flou. Pour se rassurer, les fans peuvent encore trouver leur bonheur dans l’épopée européenne parisienne de cette année. Autre moyen possible : suivre la fin toujours passionnante de la Ligue 1, où les quatre premières places sont séparées d’un point chacune. Alors que la 5e place et les places de barragiste et de premier relégable sont toujours aussi indécises, le spectateur averti attendra avec impatience le nouvel épisode de cette série sans fin. Il ne devrait pas être déçu dès la prochaine journée avec un alléchant Lyon-Lille au programme.

Le top : Monaco, c’est costaud

À cinq journées de la fin, bien malin serait celui qui pourrait pronostiquer correctement les 4 premiers du championnat en fin de saison. Si, hormis un relatif faux-pas lillois, le rythme imprimé par le quatuor de tête est toujours aussi régulier et convaincant, l’une de ces équipes semble davantage impressionner par ses performances ces derniers temps. Le club de la Principauté vient en effet de boucler un 4e succès de rang avec au moins trois buts d’écart. Surtout, si elle fut longtemps décriée, la charnière défensive trouvée par Niko Kovac semble définitivement avoir convaincu ses derniers détracteurs, elle dont le dernier but encaissé date d’un déplacement à Strasbourg lors de la 28e journée. Les Monégasques n’ont ainsi encaissé qu’un but lors de leurs dix dernières rencontres toutes compétitions confondues. Une statistique à faire pâlir tous les plus grands d’Europe !
Opposé à Bordeaux, il est vrai que Monaco affrontait une équipe en pleine crise. Cependant, quand il affiche ce visage, rien ne semble vraiment arrêter le 9e de la saison dernière. Les Girondins en ont rapidement fait les frais. Juste avant la demi-heure de jeu, Badiashile élimine deux lignes avec une passe pour Ben Yedder qui trouve Volland, lequel après avoir feinté du gauche enroule subtilement du droit pour tromper Benoît Costil. Une réalisation sublime où le collectif est encore à souligner. Impérial en défense, Badiashile a impressionné, tout comme Tchouaméni, dont l’omniprésence a permis de casser bien des possessions de son club formateur. En seconde période, Gelson Martins puis Jovetic permettent à Monaco de donner un peu plus d’ampleur au tableau d’affichage. De quoi recevoir les louanges de l’entraîneur adverse qui salue la combativité de son équipe, mais beau joueur, reconnaissait également avoir affronté une équipe très forte en osant une flatteuse comparaison avec l’hégémonie parisienne d’il y a quelques années. Dans ces conditions, il est aisé de penser qu’il faudra compter sur Monaco jusqu’au bout.

Le flop : Lille de nouveau freiné

Ce n’était décidément pas la journée du Nord. Alors que Lens a laissé filer deux précieux points avec une fin de match gargantuesque marquée par quatre exclusions, qui pourrait lui coûter cher dans la course à l’Europe avec les succès marseillais et rennais, son voisin lillois n’a été guère mieux inspiré en ouverture de cette 33e journée. Le leader savait pourtant à quoi en se tenir face à une équipe invaincue depuis la 22e journée et une défaite à Lens et qui avait pris le goût des matchs nuls, cinq sur les dernières journées. Ce déplacement à Lille lui a permis de consolider cette « série ». Pendant longtemps, les Héraultais ont même cru arraché les trois points, un « hold-up qui n’aurait pas dérangé » l’entraîneur Michel der Zakarian.
Les visiteurs ouvrent en effet la marque à la suite d’une belle action collective conclue par Andy Delort. Auparavant, Yilmaz puis Ikoné ont manqué de réussite face à Omlin. Au retour des vestiaires, Lille se montre encore plus pressant, mais le poteau sauve Montpellier d’un but d’André, alors que David vendange une belle occasion. Les Nordistes trouvent finalement leur salut grâce au rentrant Luiz Araujo. A 5 minutes de la fin du temps réglementaire, sur un centre de Celik, sa reprise extérieure trompe enfin Omlin, figé sur place. Lille sauve un point qui lui permet de conserver sa première place. Celle-ci ne tient désormais plus qu’à un fil et pourrait être perdue dès le week-end prochain, avec un périlleux déplacement à Lyon.

Le fait marquant : Une fin de match d’anthologie à Paris

Les lendemains d’exploits sont souvent difficiles, le PSG a failli en faire à nouveau la douloureuse expérience. Pour ce retour à la réalité après l’exploit munichois, la réception de Saint-Étienne, sur deux victoires consécutives, faisait moins rêver. L’enjeu était pourtant très important et l’occasion de revenir à un point du leader lillois trop belle pour être gâchée. Paris a cependant longtemps cru être la victime idéale du piège concocté par Claude Puel. Alors que les occasions étaient nombreuses d’ouvrir la marque en première mi-temps, avec un poteau de Sarabia auquel avait répondu Khazri par un but finalement refusé pour hors-jeu, on se dirigeait tranquillement vers un match nul et vierge à l’entrée du money time. C’est à ce moment que Bouanga a surgi pour ouvrir la marque. Les Stéphanois étaient en passe de réaliser le coup parfait, mais ce n’était en fait que le début des hostilités. Dès la minute d’après, Paris revient à la marque par l’intermédiaire de l’inévitable Mbappé, qui obtient ensuite un penalty à la 85e et se fait justice lui-même. Fin du débat ? Pas vraiment, puisque l’abnégation stéphanoise est récompensée par Romain Hamouma au début du temps additionnel.
Ce match du début de dimanche après-midi, fidèle à son horaire avec les trois quarts du match globalement décevant à l’heure de la sieste, bascule définitivement dans l’irréel quelques minutes plus tard. Au bout du temps additionnel, une ultime réalisation d’Icardi permet aux locaux d’arracher la victoire juste après un poteau de Di Maria. Cinq buts dans les quinze dernières minutes ! Une performance suffisamment rare pour être soulignée. Paris a joué à se faire peur face aux Verts qui ont joué crânement leur chance. Tant mieux pour le spectacle et surtout, si la manière n’était pas au rendez-vous, cet état d’esprit parisien, en plus de l’opération purement comptable, pourrait valoir très cher lors du décompte final. Avec un calendrier plus simple que ses concurrents, et si ce week-end n’avait pas marqué un tournant dans la course au titre ?

Le chiffre : 13

Comme le nombre de points pris par Rennes sur les cinq dernières journées de championnat. Insipides et avec un style de jeu devenu bien trop facilement identifiable avec Julien Stéphan, les Rouge et Noir semblent avoir trouvé un souffle nouveau sous l’égide de Bruno Génésio. Sur la pelouse d’Angers, ses joueurs ont déroulé en s’imposant 3 buts à 0. Symboles de cette métamorphose, les buteurs sont les recrues de cette année, dans l’ordre : Doku, Terrier et Guirassy. Après une découverte difficile de la Ligue des Champions, où ce recrutement avait été particulièrement critiqué des observateurs, ces derniers semblent enfin se révéler et contribuer à la bonne dynamique actuelle. Plus qu’à deux unités de la cinquième place, Rennes peut plus que jamais rêver d’Europe, chose encore impensable il y a tout juste un mois.

La phrase

« C’est passionnant, exaltant. Quatre équipes en aussi peu de points après 33 journées, et surtout avec autant de points, c’est inédit. » – Rudi Garcia
L’entraîneur lyonnais a parfaitement résumé ce qui doit animer l’ensemble des observateurs de la Ligue 1 à l’aube du sprint final. Dernier à jouer ce week-end, Lyon avait la pression après le quasi sans faute du trio de tête. Les Lyonnais ont réussi leur mission en disposant de Nantes, 2 à 1. Malgré un calendrier difficile, Lille et Monaco sont au programme des deux prochaines journées. Si cela sera forcément compliqué, deux statistiques peuvent inciter à un peu d’optimisme : les Gones sont invaincus lors de leurs 15 derniers déplacements en Ligue 1, la meilleure série en cours de l’élite. Surtout, ils n’avaient plus dépassé les 67 points après 33 journées depuis 2007-2008, soit l’année du dernier sacre national…

Les hommes du week-end

Le grand gagnant de la journée est espagnol et se nomme Pol Lirola. Le latéral droit, prêté par la Fiorentina en janvier, a livré une performance de haut-vol marquée par deux réalisations, permettant à son équipe d’arracher les trois points face à une équipe de Lorient pourtant accrocheuse (3-2). Ce fait de jeu a permis d’éclipser un autre doublé dans la rencontre, celui du Nigérian Terem Moffi.
Les performances défensives d’Ecuele Manga et Chafik ont joué un rôle prépondérant dans la victoire dijonnaise. Face à Nice, un adversaire qui réussit définitivement bien à la lanterne rouge (deux victoires cette saison), les Bourguignons ont mis fin à une terrible série de douze défaites d’affilée en s’imposant 2 à 0.
Enfin, Omlin a été solide dans ses buts pour que Montpellier accroche Lille quand Depay (doublé qui lui permet de ravir la 2e place des buteurs à Ben Yedder, bien aidé par la créativité de Paqueta) et Volland (une magnifique réalisation en plus de ne pas ménager ses efforts défensivement) ont largement contribué aux victoires respectives de Lyon et Monaco.

Crédits photos : Onze Mondial, Eurosport, Le Monde, France Bleu, But! Football Club et Cœur Marseillais

Mathias de Vernejoul – 22 avril

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