À trois journées de la fin désormais, le classement final tant attendu et si indécis commence enfin à se dessiner gentiment. On sait maintenant que le duel pour le titre ne concernera que Lille et Paris, alors qu’il y avait deux autres concurrents, il y a encore deux matchs de cela. Pour autant, si la lutte pour la 5e et, pour le moment, dernière place européenne a avancé au ralenti ce week-end, elle reste aussi passionnante que celle pour le maintien, dont les concurrents ne cessent de surprendre. Du fait de ces enjeux, la Ligue 1 a connu un week-end mouvementé avec du spectacle (33 buts tout de même) mais également des tensions, avec pas moins de 10 expulsions dont cinq pour le seul Monaco-Lyon.
Le top : Lille y va tout droit

Mis sous pression le samedi après-midi après la victoire parisienne face à Lens, Lille n’avait pas de calcul à faire avant de recevoir Nice. Seuls les trois points pouvaient permettre aux Nordistes de reprendre les commandes du championnat. Ils ont parfaitement réussi leur mission. Avant le quart d’heure de jeu, le tableau d’affichage affiche déjà un à zéro, grâce à un nouveau but de l’incontournable Burak Yilmaz. Héros face à Lyon, l’ancien joueur du Besiktas a de nouveau montré son talent dès sa première occasion. En pleine maîtrise, les Dogues ont contrôlé totalement les Aiglons qui ne se sont absolument jamais montrés dangereux. Avec en supplément l’expulsion de Lotomba au retour des vestiaires, Lille en a profité pour s’envoler définitivement grâce à Celik. Intenable, Yilmaz aurait même pu s’offrir un doublé, mais le poteau l’en prive.
Avec un unique point d’avance sur Paris, il serait risqué de miser sur un faux-pas de son dauphin. Si la prudence est donc de mise, le LOSC a ainsi un avantage sur les trois dernières affiches, puisque mis-à-part un déplacement piégeux dès la prochaine journée chez le voisin lensois, qui a une place en Coupe d’Europe à conforter, Saint-Étienne et Angers, qui n’ont plus rien à jouer, clôtureront la saison. Encore une fois, Lille n’a pas de calculs à faire et seul le fait de remporter ces trois rencontres pourrait lui assurer le sacre. Au vu de la forme de Yilmaz, les raisons d’y croire ne paraissent pas utopistes…
Le flop : Monaco dit adieu au titre

Si le mano à mano durera sans doute jusqu’au bout entre Parisiens et Lillois, un nouveau concurrent a été rayé de la course au titre après les Lyonnais la semaine passée. Opposé justement à Lyon pour le choc de cette 35e journée, Monaco se devait de conserver sa magnifique forme et n’avait de toute manière pas le choix, après les victoires de Lille et Paris. Le club de la Principauté va réussir à ouvrir le score contre le cours du jeu grâce à Kevin Volland à la 25e. Sonnés alors qu’ils étaient plutôt convaincants, les Gones voient les démons du match de Coupe de France resurgir, lorsqu’ils s’étaient inclinés contre ces mêmes Monégasques, en dominant pourtant la rencontre. En effet, Jason Denayer sort tout d’abord sur blessure, on est ensuite plus proche du 2-0 que du 1-1. C’est alors que Memphis Depay surgit. Jusque-là actif, mais peu dangereux, il permet aux siens d’égaliser après l’heure de jeu, sur un exploit individuel. Néanmoins, Maxence Caqueret est exclu cinq minutes après pour un deuxième carton jaune. À dix, les Lyonnais vont pourtant s’accrocher et même prendre l’avantage à la surprise générale, grâce à Marcelo. Monaco revient au score par l’intermédiaire de Ben Yedder, qui franchit la barre honorifique des 100 buts en Ligue 1. Cela ne va pas suffire, puisque juste avant le temps additionnel, les visiteurs vont arracher la victoire grâce à Rayan Cherki, tout juste rentré en jeu.
Cependant, la victoire est au goût amer pour les Gones, une bagarre générale éclatant à la fin du match. Celle-ci va causer deux nouvelles expulsions côté lyonnais, Marcelo et Mattia De Sciglio, ainsi que deux côté monégasque, pour les jeunes Geubbels et Pellegri. Lyon se présentera ainsi face à Lorient, dans une rencontre bien moins facile qu’elle n’y paraît, face à un adversaire en forme et qui lutte pour le maintien et avec une défense décimée, alors que le podium n’est qu’à une unité. Du côté de la Principauté, c’est encore moins reluisant. Alors que le club était encore espéré pour jouer les trouble-fêtes en cette fin de championnat, ce faux-pas les met maintenant à mal, puisque même la Ligue des Champions n’est pas assurée, avec une unique cartouche d’avance sur son adversaire du jour. La dure loi du championnat, mais tant mieux pour le suspense !
Le fait marquant : Rennes rate une belle occasion

Qui aurait pu imaginer que le piteux match nul réalisé par les Phocéens en ouverture de cette 35e journée, serait en fait l’une des meilleures opérations ? En effet, les deux concurrents directs que sont Lens et Rennes ont par la suite connu la défaite. Si celle du premier nommé à Paris était prévisible, il était moins aisé de parier contre les Bretons. Restant sur 3 victoires consécutives, Rennes se rendait à Bordeaux, qui avait une dynamique exactement opposée, avec cinq défaites de rang. Surtout, la dernière prestation du club au scapulaire à Lorient, en plus de la situation extra-sportive que l’on connaît, n’incitait pas à l’optimisme. Un coup du sort va pourtant aider Bordeaux. Au bout de 8 minutes de jeu, Steven Nzonzi se retrouve en effet exclu pour une semelle sur Mara. Ce même Mara, 19 ans, trouve ensuite le chemin des filets pour sa première titularisation.
Dans un contexte trouble, ce but est une bouffée d’oxygène pour les Marine et Blanc. Il endosse de plus une valeur symbolique, car c’est la 3700eréalisation de l’histoire bordelaise, ce qui rappelle son l’importance dans le football français. Seuls Marseille et Saint-Etienne pouvant se vanter de mieux. En supériorité numérique, les Girondins sont d’abord proches du break, mais les Rennais se montrent finalement menaçants en fin de première mi-temps. Au retour des vestiaires, Doku tire même sur le poteau du but de l’ancien rennais Costil. Malgré plusieurs frayeurs, Bordeaux tient bon et assure quasiment son maintien. Rennes reste à deux points de Lens, qui tient toujours sa 5e place grâce une meilleure différence de buts que Marseille. Alors que le calendrier marseillais est plus favorable que ses poursuivants lensois (Lille au programme) et rennais (Paris et Monaco lors des deux prochaines journées), cette égalisation tardive de Benedetto face à Strasbourg pourrait finalement s’avérer être salvatrice à la fin du championnat.
Le chiffre : 0
Comme le nombre de tirs niçois. Après un semblant de renaissance ces dernières semaines, Nice semble retombé dans ses travers en cette fin de championnat. Face au leader lillois, les protégés d’Adrien Ursea se sont inclinés 2 à 0. Plus que la défaite, c’est la prestation globale qui a consterné puisque Nice n’a pas tenté le moindre tir. Depuis le début des analyses statistiques de l’OPTA en Ligue 1 lors de la saison 2006-2007, cet événement ne s’était produit qu’une seule fois, le 23 octobre 2016, au terme d’un triste Classico. Même si les Aiglons ont évolué à 10 contre 11 pendant presque toute la seconde période, face à un adversaire de grande qualité, une telle prestation est indigne, surtout quand l’on sait que l’attaque aiglonne est notamment composée d’Amine Gouiri (certes absent pour ce match) ou de Kasper Dolberg…
La phrase

« On se quitte après quatre belles années, j’espère toutes dans les dix premiers, après avoir repris l’équipe 17e. » – Michel Der Zakarian.
Montpellier s’est incliné face à Saint-Étienne, ce qui semble sceller définitivement le maintien du club forézien. À la Mosson, l’essentiel était bien ailleurs, puisque le club local a annoncé la fin de sa collaboration avec Michel Der Zakarian à l’issue de la saison. Parfois critiqué des observateurs pour son style jugé trop défensif (ce qui ne vérifie pas cette saison puisque Montpellier partage avec Lens le statut de 5e attaque du championnat avec 55 buts inscrits), l’entraîneur franco-arménien a pourtant réussi de belles saisons avec le club héraultais, qu’il a toujours maintenu dans le top 10 (10e en 2018, 6e en 2019 et 8e en 2020) malgré des moyens limités. Avant de terminer symboliquement sa saison avec l’actuel 8e du championnat et sur un dernier déplacement à Nantes, l’autre club de sa vie, le technicien a encore une belle carte à jouer : une demi-finale de Coupe de France l’attend face à l’armada parisienne. Voilà un excellent moyen de pouvoir finir son mandat en beauté et rêver d’une qualification pour l’Europe d’une autre manière, alors que le championnat a sonné le glas de cet objectif.
Les hommes du week-end

Si les cadres habituels ont une nouvelle fois répondu présent à l’image de Burak Yilmaz et Memphis Depay, le grand gagnant du week-end se trouve à l’Ouest. Souvent en-dedans ces dernières semaines, à l’image de l’effectif nantais, Imran Louza avait subi insultes racistes et menaces de mort sur les réseaux sociaux. À Francis-le-Blé, il a pris une éclatante revanche où son match fut réussi dans tous les secteurs du jeu, entre qualité de passe, altruisme sur la 9e réalisation de Blas et pour couronner le tout, un joli numéro technique pour marquer son 6e but de la saison. Sa débauche d’activité a permis à Nantes de faire exploser le verrou brestois (1-4) dans sa course effrénée pour le maintien, qui enchaîne ainsi une deuxième victoire d’affilée, ce qui n’était plus arrivé depuis décembre 2019.
Critiqué après la désillusion européenne de mercredi, Neymar a répondu de la meilleure des manières en livrant un match plein face à Lens (2-1). Buteur puis passeur pour son compatriote Marquinhos, à nouveau décisif, il aurait pu s’offrir un doublé après l’heure de jeu, mais sa frappe heurte le poteau. En tous les cas, l’Auriverde a montré toute l’étendue de son talent.
Enfin, le carton de Metz à Dijon (1-5) a été rendu possible de par les bonnes performances de Dylan Bronn et Pape Sarr, tous deux buteurs et respectivement solides derrière et dans l’entrejeu.
Crédits photos : RMC Sport, But ! Football Club, La Dépêche, Sud Ouest, France Bleu et 20 minutes