Le week-end dernier, la 12ᵉ journée du championnat de France nous a offert un menu bien chargé. Des victoires pleines de suspens, de nombreux buts décisifs dans les arrêts de jeu ou encore les favoris et outsiders au titre qui se sont fait peur. Toutes les équipes veulent à tout prix éviter la fameuse zone rouge et sont donc prêtes à tout pour engranger le plus de points. Dans ce championnat, le niveau est tel que les dynamiques sont difficiles à conserver, chaque week-end est un nouveau combat dans la quête du Graal. Intensité, qualité, folie : voici les maîtres mots de ce week-end spectaculaire qui a encore réjoui de nombreux amateurs de football.
Le top : Strasbourg souverain à la Meinau

À la maison, les Alsaciens affichent un football séduisant et ils en sont récompensés. Seulement deux défaites à la Meinau depuis le début de saison : en ouverture du championnat face à Angers, et contre le LOSC il y a maintenant plus d’un mois. Après avoir infligé un lourd 5 à 1 il y a 15 jours aux hommes de Claude Puel, ce sont les Lorientais qui ont pris la foudre Strasbourgeoise. Si la possession du ballon est plutôt équilibrée, l’utilisation, elle, en était tout autre. Le football proposé par Julien Stéphan a rayonné, entre projection rapide vers le but et pressing très haut pour empêcher la construction adverse. Enfin, une défense à trois sereine dans toutes ses interventions, ce qui a permis de réaliser un cleen-sheet sans véritable inquiétude. Pourtant, le match débute par 20 minutes très intéressantes de la part des Merlus. Ils parviennent à se créer deux très grosses opportunités dans le premier quart d’heure. Mais arrive ensuite Ludovic Ajorque. Peu avant la demi-heure de jeu, le réunionnais ouvre le score par une belle tête piquée. Ce but lui permet de devenir le meilleur buteur de la tête sur l’année civile en Ligue 1. À cette période de la rencontre, les Lorientais vont perdre Stéphane Diarra dans le secteur offensif, ce qui va grandement impacter leur animation balle au pied. En 90 minutes, ils ne vont pas parvenir à mettre à contribution le portier belge Matz Sels.
En fin de 1ère période, Habib Diallo inscrit un doublé (39e et 45e+2). Un premier but qui fait suite à une première intervention de Paul Nardi qui repousse le ballon dans les pieds du buteur sénégalais. Il sera suivi d’une superbe reprise de volée à l’entrée de la surface de réparation qui laissera pour la 3e fois de la rencontre le portier lorientais impuissant. Les Strasbourgeois sont libérés et forment un collectif bien en place, tourné vers l’attaque qui enchante les 24 000 supporters. En 12 rencontres, Ajorque et Diallo ont déjà tous deux inscrit cinq buts. Le festival strasbourgeois sera conclu par une réalisation signée Adrien Thomasson. Il trompe Nardi à bout portant à la 64e minute suite à un très bon contrôle orienté. Neuf buts marqués dans les deux dernières rencontres à la Meinau. Julien Stéphan et ses hommes se positionnent à la 7ᵉ place du championnat, à deux petits points de Rennes et de l’OL. Pour Lorient, cette rencontre confirme les difficultés qu’ils ont à l’extérieur. Après avoir encaissé quatre fois au Vélodrome, ils réitèrent cette statistique à Strasbourg. Les Merlus stagnent donc à 15 points, dans le ventre mou du championnat et enchaînent une 5ᵉ rencontre sans victoire. Ils recevront les Brestois la semaine prochaine, fraîchement vainqueurs de l’AS Monaco.
Le flop : Des buts, du spectacle, mais un seul point pris

Statu quo pour les Verts, lanterne rouge du championnat. Samedi à 17 heures, le stade Saint-Symphorien et ses 16 000 supporters a pu assister à deux superbes buts. Il aura fallu moins de 10 minutes de jeu pour que Farid Boulaya inscrive un magnifique coup franc qu’Étienne Green n’a pu qu’effleurer. C’était sans compter sur la réponse de l’autre numéro 10, Wahbi Khazri, qui nous a offert un but d’anthologie. Une frappe surpuissante de sa moitié de terrain qui trompe Alexandre Oukidja, placé très (ou trop) haut sur la pelouse. Il ne pourra intervenir qu’en ramassant le ballon déjà entré dans son but. Les deux équipes auront combattu et essayé d’arracher les 3 points pendant les 90 minutes. Malheureusement, même si l’envie était présente, les 22 acteurs de la rencontre auront manqué de précision et d’efficacité. Seulement 73 % de passes réussies pour des Messins sans doute trop crispés dans la création. À l’inverse, ils ont montré un beau visage défensivement avec 15 interceptions, 22 tacles et des interventions autoritaires qui ont permis de concéder peu d’occasions.
Après 12 journées, les Stéphanois n’ont toujours pas de victoire et les hommes de Frédéric Antonetti n’en comptent qu’une seule. Sur le plan comptable, l’issue de cette rencontre enfonce Claude Puel et l’ASSE dans la crise, tandis que le FC Metz de Frédéric Antonetti perd sa place de barragiste et descend à la 19e place. Si on remarque que les joueurs ont beaucoup donné sur le terrain, cette envie est souvent désorganisée et accompagnée d’un manque de justesse et de précision. À la 70e, un ballon qui pourtant aurait pu être anodin, s’est transformé en une énorme occasion pour les Messins suite à une incompréhension entre Green et Kolodziejczak. Les deux équipes ont pris conscience de la nécessité d’engranger le plus de points et rapidement. Leur esprit combatif ne peut être mis de côté, mais il en faudra davantage pour espérer se maintenir dans l’élite.
Le fait marquant : Le Tonnerre de Brest a frappé le Rocher

Dix-neuvièmes au départ et dix-huitièmes à l’issue de la journée, les Brestois sont enfin parvenus à s’imposer en championnat. Après avoir enchaîné deux matchs nuls face à Lille et Reims, le Stade Brestois s’impose à Francis-Le-Blé. Steve Mounié ouvre le score suite à un coup franc de Romain Faivre (18e). Après ce but, le scénario du match restera inchangé. Un collectif monégasque qui se heurte à une défense solidaire et respectant en tout point les consignes de Michel Der Zakarian. Si à l’arrivée, l’ASM termine avec 67 % de possession de balle, Marco Bizot n’a pourtant pas été inquiété du match. Les deux « serials buteurs » monégasques n’ont touché que très peu de ballons et furent maladroits dans leurs timides prises de balles. 14 % de duels gagnés pour Kevin Volland et 29 % pour Wissam Ben Yedder. La défense brestoise a littéralement éteint les offensives monégasques.
À l’inverse, Brest, même en défendant assez bas, s’est procuré plusieurs occasions que Mounié et Honorat en fin de match (79e) ont transformé en but. Des transitions offensives très rapides dans leurs exécutions, ont permis aux Brestois de ne pas subir les assauts de l’ASM, mais plutôt de les contrôler. Le jeune Romain Faivre a encore régalé. Des dribbles, des passes précises, une très bonne implication défensive : il est un des grands acteurs du succès brestois. Tout comme l’arrière droit Ronaël Pierre-Gabriel que l’on peut louer pour sa prestation très solide au niveau défensif, ponctuée d’une projection vers l’avant efficace. La patte Michel der Zakarian serait-elle en train de s’installer ? Rendez-vous dimanche à 15 heures au Moustoir face à des Lorientais dans une dynamique inverse.
Le chiffre : 68
Ce nombre représente la distance en mètres séparant Wahbi Khazri et le but d’Alexandre Oukidja, lorsque le buteur tunisien a tenté sa chance ce week-end. Un coup de canon qui vient récompenser la prise d’initiative monumentale du numéro 10 stéphanois. Après avoir récupéré le ballon dans sa surface de réparation, il va rapidement écarter le danger avec une conduite de balle rapide, il prend ensuite l’information et frappe finalement à 68 m du but adverse. Cette distance est tout simplement la plus lointaine de l’histoire du championnat de France depuis que la statistique est analysée (2006-2007).
La phrase

« Il y a des matchs où on ne mérite pas de perdre, peut être qu’aujourd’hui on ne mérite pas de gagner parce qu’ils ont vraiment très bien joué » – Peter Bosz au micro de Canal +.
C’était un des chocs de cette journée, l’OL recevait le RC Lens au Groupama Stadium. La prestation sérieuse des Lyonnais leur a permis de prendre les 3 points. Néanmoins, Peter Bosz n’a pas attendu longtemps pour louer la performance de son adversaire du week-end. Les hommes de Franck Haise repartent bredouille de leur voyage en terre lyonnaise. Pourtant, la performance qu’ils ont délivrée est loin d’être insuffisante. Le coach lyonnais a d’ailleurs poursuivi ses propos en disant avoir affronté « le meilleur adversaire depuis le début de saison. » Dans l’intensité, l’animation offensive et la solidarité défensive, les deux équipes ont fait jeu égal. De nombreuses occasions des deux côtés, des gardiens auteurs, eux-aussi, d’une performance à souligner. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre cette déclaration du tacticien néerlandais qui nous a fait part d’un bel esprit sportif.
Les hommes du week-end

Trois hommes à pointer du doigt et autant de doublés inscrits. Ce week-end, Andy Delort a d’abord égalisé face au SCO d’Angers à l’heure de jeu. Puis, d’une somptueuse reprise de volée, a offert la victoire à son équipe. Le buteur algérien à déjà inscrit cinq buts dans son nouveau club et s’est installé à la pointe de l’attaque niçoise. Dans tous les bons coups depuis plusieurs matchs, il est un des hommes forts du 11 de Christophe Galtier.
Le géant sénégalais Habib Diallo a, lui-aussi, trompé par deux fois le portier adverse. Une première réalisation pleine d’opportunisme puis, comme Delort, une lourde frappe depuis l’entrée de la surface de réparation. Il est également décisif sur l’ouverture du score. Grâce à sa vitesse, son sens du but et son physique impressionnant, il est un des grands artisans du carton plein strasbourgeois à la Meinau. S’il a mis du temps à s’acclimater au jeu strasbourgeois, il semble bien décidé à rayonner aux côtés de son partenaire Ludovic Ajorque cette saison.
Enfin, Monsieur Jimmy Briand, l’attaquant de 36 ans, est entré à 25 minutes du terme de la rencontre. Il a offert un dernier quart d’heure de folie aux supporters du Matmut Atlantique. Menés 2-0 par le Stade de Reims, les Girondins ont renversé la rencontre et s’imposent 3 buts à 2. Grâce à une réalisation de Yacine Adli et un doublé de Briand, dont un penalty à la 95e minute. Comme l’a dit son partenaire Adli en fin de rencontre : « Briand, il a répondu présent comme un homme, un grand, avec une paire de baloches énorme. » À méditer !
Crédits photos : So Foot, Homme du match, Le Républicain Lorrain, Onze Mondial, Foot National et Top Mercato