Pour cette 13e journée, les spectateurs ont connu des fortunes diverses. Alors que le Vélodrome et Auguste-Delaune ont accueilli des matchs vierges face à Metz et Monaco, les spectateurs du Roazhon Park étaient bien plus vernis par un carton 4 à 1 face à Lyon, tout comme Bollaert et un 4-0 aux dépens de Troyes. Avec la défaite surprise du troisième niçois contre Montpellier, conjugué au mauvais résultat du voisin marseillais, Lens reprend la deuxième place et Rennes n’est plus qu’à une unité d’un podium toujours outrageusement gardé par Paris et ses 10 points d’avance.
Le top : Rennes a mangé du Lyon

D’un côté, des Rennais en forme montante, mais relativement poussifs lors des dernières rencontres avec un nul à Troyes (2-2) et un succès long à se dessiner, malgré une outrageuse domination face aux slovènes de Mura en Europa Conférence League. En face, des Lyonnais irrésistibles en Europa League avec 4 victoires en autant de rencontres, dont la dernière solide contre le Sparta Prague (3-0), mais encore irrégulier en Ligue 1. Sa diffusion le dimanche soir en tant que rencontre phare de la journée s’annonçait donc parfaitement justifiée pour une affiche indécise à première vue. Le bras de fer annoncé n’a pourtant jamais eu lieu. En première mi-temps, le seul fait d’armes lyonnais est d’avoir fait longtemps illusion au tableau d’affichage en n’encaissant son premier but qu’à la 45e pour la huitième réalisation de Gaëtan Laborde, qui a mis fin à une disette de trois matchs. Dans le jeu pourtant, difficile de cerner la moindre éclaircie tant Lyon s’est montré amorphe. Aucun tir tenté en première période (contre 12 côté rennais), les Lyonnais n’avaient plus connu pareille mésaventure depuis novembre 2012.
Rennes s’est amusé et le capitaine Hamari Traoré a montré la voie (50e), avant qu’Adrien Truffert, rentré pour leur dernier quart d’heure, ne vienne un peu plus alourdir la marque (76e puis 83e) en profitant des errements de Léo Dubois. Le meneur de jeu Lovre Majer, recrue importante du mercato, a fait admirer toute l’étendue de sa palette technique en plus d’être à l’origine des trois derniers buts. Après Josip Skoblar et Alen Boksic, la Croatie est en passe de fournir un nouveau joyau à la Ligue 1. Lucas Paqueta réduit la marque en toute fin de match sur penalty, après s’être pourtant durement accroché avec Houssem Aouar pour le tirer. Si l’attitude lyonnaise est à déplorer, elle ne doit pas remettre en cause la performance rennaise. Dorénavant sur 10 matchs sans défaite (et pour seulement 2 nuls) toutes compétitions confondues, les Bretons ont livré un véritable récital qui a régalé Bruno Génésio, qui ne pouvait qu’avoir une pensée pour ceux qui l’avaient « bien asticoté à l’OL. » Souvent décrié en début de saison, Rennes a montré qu’il pouvait jouer sur tous les fronts et qu’il faudrait tout simplement compter sur lui cette saison.
Le flop : Marseille frustré

Invaincu depuis six rencontres toutes compétitions confondues, mais restant sur un énième nul en Europa League ô combien frustrant au vu de la prestation réalisée face à la Lazio (2-2), Marseille avait rendez-vous avec le relégable messin pour repartir du bon pied. Le match s’annonçait piège et les locaux se sont parfaitement pris les pieds dans le tapis face aux hommes de Fréderic Antonetti. En première mi-temps, Marseille se montre entreprenant, mais s’expose aussi dangereusement aux contre-attaques des Grenats. Thomas Delaine fait ainsi trembler le poteau de Steve Mandanda dès la 6e minute, rapidement effacé par l’équerre gauche trouvée par Dimitri Payet d’une frappe du droit (23e). Cependant, le même Delaine vient encore trouver le poteau phocéen après la demi-heure de jeu qui vient rappeler que le relégable n’a pas l’intention de repartir bredouille de son déplacement. L’expulsion de Jemerson à la 56e va pourtant compliquer la tâche des visiteurs. Avec le but de Gerson qui suit quasiment, on se dit que la rencontre a choisi son camp, mais il est finalement refusé pour une faute sur Dylan Bronn.
Malgré de nombreuses occasions, les locaux se montrent beaucoup trop approximatifs, à l’image d’Arkadiusz Milik. Lorsque les frappes sont enfin cadrées, Alexandre Oukidja est là pour veiller au grain. Le match en reste là et Marseille rate une belle occasion, car une victoire aurait permis aux Marseillais, au pied du podium, de passer devant Lens et Nice. La réaction à chaud de Matteo Guendouzi (« ils sont venus que pour gagner du temps, pas pour jouer au foot »), illustre bien la frustration du côté olympien. L’anti-sportivité adverse ne semble pourtant pas être la seule cause des malheurs olympiens. Avec 20 buts en 13 matchs, Marseille est la pire attaque du top 8. Sur les cinq matchs nuls « 0-0 » en Ligue 1 cette saison, trois concernent ainsi des rencontres de l’OM. Marseille piétine et l’Olympico prévu après la trêve s’annonce déjà crucial. Entre deux formations revanchardes qui devraient par conséquent être gonflées à bloc, malheur au vaincu !
Le fait marquant : Des Verts renversants, Clermont déconcertant

Les derniers de la classe se révoltent ! Vainqueur pour la première fois la semaine passée, Brest a récidivé en renversant Lorient chez lui (qui ne cesse de dégringoler au classement après une sixième rencontre sans victoire) 2 buts à 1, après avoir pourtant été mené. Avec Metz et son précieux point glané à Marseille, Saint-Étienne se devait donc d’en faire de même pour ne pas se retrouver totalement décroché. Seule équipe sans victoire à l’aube de cette 13e journée, les Verts sont sortis de ce triste statut. Le scénario de la rencontre, longtemps dramatique, pourrait être le véritable catalyseur de la saison stéphanoise. En effet, le club du Forez domine la première mi-temps, mais c’est Jason Berthomier qui se crée la plus grosse occasion à la fin de celle-ci. À la 57e, l’auvergnat pur-jus se montre à nouveau menaçant en étant à deux doigts d’obtenir un penalty. Le simple avertissement va se transformer en sanction dans la minute qui suit avec le 12e but de Mohamed Bayo en Ligue 1 (59e). Cinq minutes plus tard, Berthomier croit assommer définitivement les Verts. Malgré le huis clos et une technique insipide, Saint-Étienne va pourtant montrer que même sonné, son mental n’est pour autant pas définitivement coulé.
Après avoir frappé la barre (73e), Arnaud Nordin remet les siens dans le sens de la marche (78e). Sur corner, il va ensuite trouver un autre entrant en la personne de Jean-Philippe Krasso (90+2e) pour égaliser. Saint-Étienne continue le tout pour le tout et est récompensé par la tête de Saïdou Sow (90+5e) sur un nouveau corner de Nordin. Les Stéphanois remportent un match de Ligue 1 après avoir été menés de 2 buts à la 77e minute, pour la première fois depuis 1975 et la glorieuse épopée des Verts avec une victoire face à Bastia. Devant l’urgence actuelle de résultats, l’essentiel est pourtant ailleurs grâce à un coaching de Claude Puel qui s’est avéré parfaitement efficace avec le rôle prépondérant des rentrants Nordin et Krasso dans cette première victoire. Les Verts quittent leur statut de lanterne rouge. Ils ne sont plus qu’à quatre points de leur adversaire du jour, qui enchaîne une troisième défaite d’affilée et pour qui l’enthousiasme de début de saison ne semble déjà plus qu’un lointain souvenir.
Le chiffre : 2
Dure série pour Monaco. Après avoir offert à Brest sa première victoire de la saison, le club de la Principauté a enchaîné un troisième match sans marquer à Reims (0-0), après un score identique face à Eindhoven en Europa League en milieu de semaine. Symbole de ce blocage offensif avec l’attaquant vedette monégasque Wissam Ben Yedder, qui n’a pas tenté le moindre tir lors de ses 2 titularisations consécutives en Ligue 1, pour la première fois de sa carrière en 199 matchs.
La phrase

« Ce soir, on a pris énormément de plaisir collectivement, avec de nombreux buteurs. Il y a eu un très bel état d’esprit. » – Seko Fofana
L’inusable milieu de terrain lensois a parfaitement résumé ce qui doit animer les siens au sortir d’une probante victoire face à Troyes 4 à 0. Jonathan Clauss a livré une nouvelle performance XXL, marquée de deux passes décisives et d’un but. Battu par Lyon lors de la dernière journée, après pourtant avoir montré un beau visage, les Artésiens n’ont pas tergiversé et repris leur marche en avant. Menant déjà 3 à 0 à la 35e avec une efficacité clinique, Lens s’est ainsi mis dans les meilleures dispositions avant une fin de mois plutôt clémente qui réservera un déplacement à Brest et la réception d’Angers. Comble du bonheur, les mauvaises performances conjuguées de Nice et Marseille, permettent à Lens de reprendre seul sa deuxième place.
Les hommes du week-end

Si les Rennais, emmenés par Majer, Laborde, Truffert et Lensois par Clauss et Doucouré, ont logiquement trusté l’équipe-type, d’autres joueurs se sont mis en avant. Titulaire à la place de Paul Bernardoni, malade, le gardien monténégrin Danijel Petkovic a été précieux dans le nul accroché par Angers à Lille (1-1), qui est le premier tenant du titre à connaître une série de 4 matches sans victoire en Ligue 1 depuis Marseille en décembre 2010.
Le jeune défenseur central Maxime Estève (19 ans) s’est montré à son avantage avec 8 duels sur 10 remportés et a permis à Montpellier de conserver sa victoire à Nice jusqu’au bout. Adrien Thomasson a joué un bien vilain coup à ses anciens coéquipiers nantais. Malgré la réduction à 10 de son équipe dès le début de la seconde période, le Savoyard est parvenu à égaliser (2-2) sans célébrer sa réalisation. Enfin, Neymar, auteur d’un doublé à Bordeaux samedi (2-3), a inscrit ses premiers buts en Ligue 1 depuis janvier. Déjà appliqué face à Leipzig, sa complicité avec Kylian Mbappé fut frappante et les efforts défensifs de l’Auriverde sont également à souligner.
Crédits photos : Ouest France, Ville de Rennes, Eurosport, But ! Football Club, Onze Mondial et Le Parisien