Les différents protagonistes de la Ligue 1 ont apporté leur lot de surprises, puisque les deux premiers et éternels rivaux que sont Paris et Marseille, ont tous deux chuté. La journée avait auparavant débuté sur des chapeaux de roue, avec une fin de match en eau de boudin entre Lille et le relégable messin. D’ailleurs, la lutte en bas de tableau s’annonce aussi indécise que passionnante, car les quatre derniers sont tous à 21 unités et des Verts (qui se donnent certes de l’air) une petite unité devant…
LE TOP : LES CANARIS TERRASSENT L’OGRE PARISIEN

Après le rêve européen, le retour à la réalité du championnat s’avère parfois accablant. Le Paris Saint-Germain en a été le parfait exemple samedi dernier. De retour d’une partition maitrisée face aux Merengues, même si la différence au tableau d’affichage a tardé à se concrétiser, un stade de la Beaujoire bondé avec plus de 35 000 spectateurs, aurait pourtant dû plaire à Kylian Mbappé et ses coéquipiers pour prolonger l’ambiance du 15 février. Métamorphosés par la tribune Loire, les Nantais entament cependant la rencontre tambour battant, bien loin de la partition certes victorieuse, mais on ne peut plus poussive face à Reims la journée précédente. Si Juan Bernat teste Alban Lafont, Nantes va prendre l’ascendant juste après par Randal Kolo Muani, à la suite d’un ballon perdu par le sauveur du milieu de semaine qu’est Mbappé, et récupéré par Andrei Girotto. De quoi réveiller le rouleur compresseur parisien ? Pas vraiment. Juste après le quart d’heure de jeu, les Nantais font le break avec la première réalisation de Quentin Merlin. D’une magnifique reprise pied gauche sans contrôle, le pur produit du centre de formation vient trouver la lucarne opposée de Keylor Navas.
Piqués au vif, les Parisiens tentent cette fois de réagir, mais tombent face à des Canaris répondants et même quand la solide charnière du soir est percée, le club de la Capitale fait face au mur Alban Lafont. Les locaux tiennent et vont même obtenir un penalty à la suite d’une main de Georginio Wijnaldum, transformé par l’inévitable Ludovic Blas. 3-0 à la pause : jamais sous l’ère QSI le Paris Saint-Germain n’avait encaissé autant de buts en première mi-temps. Sans doute sévèrement repris dans les vestiaires, les leaders du championnat réduisent rapidement la marque à la 47e par Neymar. Bernat sauve les siens dix minutes plus tard, qui obtiennent dans la foulée et à leur tour un penalty. Face à Alban Lafont, ce n’est cependant pas la frappe molle de Neymar qui relancera le suspens tout de suite. Avec ce nouvel arrêt, c’est désormais 3 des 4 derniers penalties arrêtés en Ligue 1 qui sont l’œuvre du portier canari. On peut se dire alors que rien ne pourra arriver aux Nantais avec ce dernier en état de grâce.
Dans un stade en ébullition, les Jaune et Vert vont tenir leur avantage jusqu’au bout. Si cet « accident » n’a rien de dramatique pour les Parisiens, à l’avance déjà inatteignable en championnat, il ne faudrait pas que celui-ci plonge le PSG dans le coma pour le match retour face au Real Madrid, véritable objectif de l’armada parisienne. Nantes a impressionné et confirme sa bonne forme du moment. Avec 38 points, le FCN n’est plus qu’à deux points du Top 5, notamment à égalité avec Monaco, qu’il rencontrera en demi-finale de la Coupe de France, dans un stade de la Beaujoire au moins aussi chaud. Ce dernier attend les joies des soirées européennes depuis deux décennies maintenant…
LE FLOP : MARSEILLE RÉDUIT SON AVANCE

Avec les bons résultats de leurs poursuivants (victoire pour Nice et Rennes, match nul pour Strasbourg), les Olympiens n’avaient pas vraiment le droit à l’erreur au moment de recevoir Clermont. Pourtant, les hommes de Jorge Sampaoli vont rapidement déchanter. Dès la 13e minute, Akim Zedadka adresse une passe en retrait à Mohamed Bayo à l’entrée de la surface. Sa lucarne opposée sans contrôle vient refroidir le Vélodrome et permet au Guinéen de passer le cap des 10 buts cette saison. Bien que dominateurs en termes de possession (70 % de possession à la pause), les Marseillais tardent à réagir avec des occasions franches, butant sur le bloc bas auvergnat ou sur Ouparine Djoco, lorsque celui-ci est sollicité.
Au retour des vestiaires, si Zedadka tente sa chance, les Marseillais se montrent plus entreprenant dans le jeu. Néanmoins, Djoco brille et à la 84e, Jim Allevinah va cette fois-ci glacer définitivement le Vélodrome en doublant la mise. Clermont respire un peu avec désormais six points d’avance sur la zone rouge. Sur 3 victoires en cinq matchs contre des adversaires de grande qualité (Rennes et Nice auparavant), les visiteurs effacent un peu la défaite face à Saint-Etienne du week-end dernier, un adversaire évident dans la lutte pour le maintien. Marseille voit de son côté son statut de dauphin menacé par son voisin niçois, qui n’est plus qu’à une unité. Surtout, cette défaite pourrait avoir des conséquences pas seulement néfastes sur le plan comptable, un Dimitri Payet frustré parlant de « têtes à dégonfler » après la rencontre…
LE FAIT MARQUANT : RENNES MAÎTRE À DOMICILE

S’il est un mauvais voyageur, le Stade Rennais est intraitable chez lui. Enchaînant défaite à l’extérieur et victoire à domicile depuis la 20e journée, les Rennais ont poursuivi la série face au promu troyen, ce qui lui permet de reprendre sa cinquième place. Ce succès est avant tout l’œuvre d’un homme : Serhou Guirassy. Plus titularisé en Ligue 1 depuis septembre, l’attaquant est d’abord à l’affût d’un ballon relâché par le portier troyen (14e), puis de la tête sur un centre de Birger Meling (20e). L’ancien Amiénois en est à son quatrième doublé avec Rennes en championnat, seul le légendaire Alexandre Frei en ayant réalisé plus dans l’élite avec le club breton au 21e siècle (neuf doublés). Pourtant, les Rennais vont se faire peur avant la pause, avec la réduction du score de la recrue hivernale Ike Ugbo. Désireux d’effacer leur frustrante défaite de la semaine dernière à Paris, les Rennais vont néanmoins cette fois-ci passer « sans encombre leur petit temps faible habituel » selon l’entraineur Bruno Génésio.
En fin de match, Martin Terrier sur penalty (75e) puis Gaëtan Laborde (86e) vont définitivement entériner le succès des leurs. Avec 12 buts chacun, ils rejoignent Kylian Mbappé et Jonathan David, n’étant plus devancés que par Wissam Ben Yedder (14 buts). Terrier est aussi le meilleur buteur du championnat sans penalty (12 buts) devant Laborde (11 buts). En parlant de penalty, c’est un petit événement qui s’est produit au Roazhon Park, puisque après ceux obtenus en Ligue Europa Conférence (à Arnhem et Mura), puis en Coupe de France (à Nancy), c’est le premier de la saison en Ligue 1. Il ne reste désormais plus qu’un club sans penalty qui n’est autre que… Troyes.
Malgré ses trois défaites à domicile cette saison (Reims, Lille et Nice), le Stade Rennais confirme sa bonne forme chez lui. Il en est désormais à neuf victoires et 28 points en 13 rencontres, soit le deuxième meilleur total du championnat derrière le PSG (31 points). Les Rouge et Noir sont aussi meilleure attaque à domicile avec 31 réalisations et ont une différence de buts identique à celle de Paris (+22). Pour rester européen, Rennes devra maintenant aller briser son hémorragie en déplacement à Montpellier le week-end qui arrive, alors qu’avec cette défaite, les Troyens, certes encore 17es à la faveur d’une meilleure différence de buts, totalisent pourtant le même nombre d’unités que Bordeaux, vingtième.
LE CHIFFRE : 12
Comme le nombre de buts sur lesquels le latéral du Racing Club de Lens Jonathan Clauss est impliqué depuis le début de la saison. Auteur de l’ouverture rapide du score (13e) face à Lyon, le Lensois est le défenseur le plus décisif offensivement en Europe, à égalité avec Trent Alexander-Arnold. Il n’a pourtant permis aux siens de l’emporter face à des Lyonnais revenus au score, juste avant la pause, ce qui leur permet de conserver une longueur d’avance sur leur adversaire du jour.
LA PHRASE

« Je ne suis pas BCBG et je ne le serai jamais. Vous n’aimez pas les gens qui ont un peu de tempérament en France. Je le sais, je ne suis pas aimé, ce n’est pas grave ! » – Fréderic Antonetti
Le technicien Corse au caractère bien trempé a été exclu dans le temps additionnel entre Lille et son équipe Metz, en ouverture de cette 25e journée. Après un match relativement insipide en dépit de quelques fulgurances des deux côtés en seconde période, l’entraineur Lorrain a eu une très vive altercation avec le coordinateur sportif des Dogues, Sylvain Armand. Avec son inimitable franc-parler, il a ainsi déclaré, très agacé en conférence de presse : « Est-ce que vous croyez que le président de Lille et son coordinateur sportif doivent être à deux mètres de moi dans la surface pour mettre la pression sur le quatrième arbitre ? » Côté terrain, Metz décroche un point important à l’extérieur dans sa lutte pour le maintien, alors que les locaux ne se rassurent pas avant de se déplacer à Chelsea mercredi.
LES HOMMES DU WEEK-END

Il n’y a aucune contestation possible pour le titre de joueur de la journée. Avec 9 arrêts décisifs, Alban Lafont devient le 13e joueur et le troisième gardien à obtenir la note de 10 de la part du quotidien L’Equipe. Clin d’œil du destin, le dernier portier à l’avoir obtenu est le danois Lars Winfield en 1997, pour le compte des 32e de finale de la C3. Alors sous les couleurs d’Aarhus, son match exceptionnel avait cette fois-ci rendu fou les attaquants… nantais ! D’une manière générale, les Nantais ont évidemment fait une razzia de l’équipe type de cette 25e journée avec en plus de Lafont la présence de Quentin Merlin, Moses Simon, Nicolas Pallois, Andrei Girotto et même de l’entraineur Antoine Kombouaré.
Les Clermontois ont également brillé avec outre les buteurs, la prestation intéressante du jeune défenseur Alidu Seidu, dont la couverture et les relances ont parfaitement justifié le choix de l’entraîneur de laisser Florent Ogier sur le banc. Le plus expérimenté Johan Gastien aussi, dont l’abattage dans l’entrejeu a rassuré les siens en plus de sauver une balle de but devant Mattéo Guendouzi.
Un mot enfin pour Justin Kluivert. Parfois brillant, mais souvent inconstant, le joyau néerlandais prêté par la Roma a cette fois-ci coché la première case. Pensant d’abord être passeur décisif pour Khéphren Thuram puis Andy Delort, ces réalisations respectives ayant finalement été annulées par la VAR, il a finalement inscrit l’unique, mais précieux but de la rencontre face à Angers, qui permet à Nice de n’être plus qu’à un point de Marseille.
Crédits photos : France Info, But ! Football Club, Coeur Marseillais, Ligue 1, Le Parisien et Tribune Nantaise