Beaucoup de personnes revoient la pénalité de la gagne de Caroline Drouin qui passe à côté. Quelques approximations ballons en main et finalement, tout un groupe qui se décompose suite au coup de sifflet. Samedi passé, la demi-finale a pris une tournure cruelle pour les Bleues (24-25), mais une distinction était encore à portée de main. Une médaille de bronze pour récompenser un groupe qui a fait vibrer bon nombre de Français.
UNE FINALE PAS SI PETITE QUE ÇA

Quatre défaites de rang face au Canada, qui, par ailleurs, complète le podium des meilleures nations mondiales (3e). Cette petite finale s’annonçait délicate pour les protégées de Thomas Darracq. Toutefois, lorsque la médaille de bronze est en jeu, les Bleues ont pris l’habitude de régaler. Six petites finales remportées en huit éditions pour les Tricolores, voilà de quoi rassurer les Français passionnés d’ovalie.
Les Bleues ont de la ressource et vont faire preuve de caractère pour négocier à la perfection cette rencontre. Des individualités rayonnantes, à l’image de Pauline Bourdon, ainsi qu’un collectif qui a maîtrisé son sujet. Que ce soit défensivement ou ballon en main. Du positif à profusion, des points rapidement inscrits, une occupation du terrain largement favorable et une défense impénétrable : pas l’ombre d’un doute ne plane dans les têtes bleues. Suite à des courses tranchantes de Gabrielle Vernier et de Madoussou Fall, des espaces se libèrent et la défense canadienne est aux abois. Finalement, les Tricolores rentrent au vestiaire avec un avantage net (22-0).
De retour sur le pré, le récital se poursuit. C’est Anaëlle Deshaye qui perfore la défense Nord-Américaine (43′). À l’image de sa sœur le week-end dernier, Marine Ménager s’est offert un superbe doublé. Après avoir fait parler sa puissance juste avant la pause (40′), elle franchit une seconde fois l’en but après une très belle passe de Drouin et un gros travail de Maëlle Filopon (63′). Lors du coup de sifflet final, du soulagement, mais surtout beaucoup de fierté et de satisfaction. “C’était une très belle performance pour arriver à mettre 40 points à l’équipe du Canada, troisième au classement mondial et qui a failli battre l’Angleterre la semaine dernière. On est très, très heureux pour ce match”, confie le sélectionneur français. Suite à la victoire 36-0 de ses joueuses, difficile de trouver du négatif du côté de Thomas Darracq.
Après plus d’un mois de compétition, “on est très fières de rentrer en France avec cette médaille”, confie Gaëlle Hermet suite à cette superbe rencontre.
LE CHIFFRE : 46

Ce nombre représente les 46 points encaissés en six rencontres, soit une moyenne de sept points par match. De fait, le XV de France féminin est la meilleure défense de la compétition. Après l’ultime coup de sifflet final, Céline Férer, deuxième ligne essentielle de l’armature tricolore, n’a pas manqué de souligner cette prouesse. “Quand je vois les plaquages qu’il y a eu, comment on les a fait reculer avec notre défense et notre corps… Je suis trop heureuse, trop heureuse du groupe, trop fière”, explique-t-elle. Une statistique qui met en lumière deux excellents aspects de ce groupe bleu. Du sérieux et une application au plaquage qui frôle la perfection, mais également une vraie force de caractère et de solidarité qui l’a poussé à se relever après la demie perdue, afin de repartir d’Auckland avec une médaille autour du cou.
UNE PHASE DE GROUPE INTÉRESSANTE

Les Bleues entament la compétition face à l’Afrique du Sud. Largement favorites sur le papier, la rencontre sera cependant celle qui fut le moins bien négociée par les joueuses de Thomas Darracq. Crispées et indisciplinées pour leur entrée en matière, les Bleues n’ont pas montré le visage rassurant qui leur était destiné. Cependant, malgré les imperfections et les trop nombreuses pénalités concédées, le bonus offensif est en poche et les têtes sont désormais tournées vers le Crunch.
Une intensité folle, du plaquage et un état d’esprit irréprochable : le France-Angleterre ne fut pas le match le plus spectaculaire. Pourtant, il fut révélateur pour le groupe tricolore. En accrochant la première nation mondiale avec le bonus défensif (7-13), les Bleues se sont prouvées individuellement et collectivement qu’elles étaient capables de grandes choses. Toutefois, la place en phase finale n’est pas encore attribuée. Il faut pour cela l’emporter face aux Fidji. Une consigne qui est respectée à la lettre par les Françaises, qui s’imposent sans trembler (44-0). En route pour les quarts.
LES BLEUES PRÉSENTES DANS LES GRANDS RENDEZ-VOUS

En ayant montré un très beau visage face aux Anglaises, les Bleues ont envoyé un signe fort à toutes les prétendantes à la victoire. Alors que dire de la gestion de leur quart de finale ? La plus grosse affiche de ce premier tour de phases finales n’a pas déçu. Fraîchement battues à Biella face aux Italiennes le 9 septembre (26-19), le doute aurait pu s’installer dans les têtes tricolores.
Pourtant, à Auckland, la démonstration fut totale. Une écrasante victoire 39 à 3 qui s’est construite méticuleusement. Une multitude de charges dévastatrices des avants, de surpuissantes mêlées et finalement l’Italie qui craque dans les vingt dernières minutes. Johanna Grisez s’est d’ailleurs offerte un triplé face à la cinquième nation mondiale. Rien que ça.
La prochaine étape a lieu sur la même pelouse, mais cette fois-ci, ce sont les hôtes de la compétition qui accueillent les Bleues. Championnes du monde en titre, les Black Ferns sont en mission pour préserver la couronne sur leurs terres.
Un point, un seul petit point départagera les deux nations au coup de sifflet final. Au grand dam des nombreux Français qui ont vu leurs espoirs de titre s’envoler. “Ça n’a pas été toujours simple, mais aujourd’hui, on fait une Coupe du monde avec quatre bonus, un bonus défensif, on perd à la dernière seconde, on aurait pu gagner contre la Nouvelle-Zélande”, souligne Thomas Darracq. Ce dernier en est conscient : sur des échéances avec un tel niveau, les rencontres peuvent basculer d’un côté comme de l’autre. Les Bleues n’ont jamais lâché, mais le pragmatisme et l’efficacité des finalistes leur ont coûté la place.
UNE NOUVELLE MÉDAILLE QUI ANNONCE LA COULEUR

“Aujourd’hui, on a surtout voulu évacuer la frustration du match du week-end dernier. Cette troisième place nous permet de sortir avec quelque chose et ça, c’est hyper positif. C’était le minimum que l’on voulait chercher avec ce groupe, parce qu’il méritait vraiment de sortir avec quelque chose”, tels sont les mots de la capitaine Gaëlle Hermet. Ils ne peuvent occulter la déception de la demi-finale, mais après le festival face au Canada, la troisième ligne tricolore reste plus que satisfaite.
En ayant surclassé la troisième nation mondiale et avec un tel parcours, Thomas Darracq va devoir se tourner vers des points bien précis afin de perfectionner ce groupe qui côtoie les sommets. “Il faut continuer à bosser, maintenir cet état d’esprit, augmenter encore notre capacité de leadership et de maîtrise. (…) Ça ne se joue à pas grand-chose de pouvoir participer au match à 19 h 30 (en référence à la finale). Donc je suis très heureux et très satisfait du travail accompli par le staff et par les joueuses”, explique le sélectionneur.
Nul doute que les Bleues auront à cœur de prendre leur revanche face aux Anglaises, et ce, dès les prochains mois avec le VI Nations.