Accueil » Carnet bleu masculin #8 : un record mitigé pour les Bleus contre l’Australie

Samedi soir, au Stade de France, les Bleus s’attaquaient à un record vieux de 85 ans. Il s’agit du nombre de victoires consécutives du XV de France. Pour son premier match de l’Autumn Nation Series, l’Équipe de France était opposée à l’Australie. Une équipe qui souhaite continuer sur sa lancée du match précédent après la victoire face à l’Ecosse (15-16).

LE FIL DU MATCH

Antoine Dupont, capitaine du XV de France

Pour les Bleus, c’est un match de reprise. Il a pour but de retrouver les automatismes, et commencer à se lancer à moins d’un an de la coupe du Monde. Au terme d’un match cadenassé par des grosses défenses, de part et d’autre, la France s’impose 30 à 29. Tout au long du match, la pression exercée par la défense australienne met à mal l’équipe de France et surtout sa charnière. Dès la première minute, Antoine Dupont prépare son jeu au pied derrière le ruck. Il est immédiatement chassé par Nic White, ce qui permet une récupération de balle australienne.
Le meilleur joueur de 2022 est suivi de très près par la défense des Wallabies, ce qui l’empêche de s’illustrer comme il en a l’habitude. Malgré une défense agressive, le revenant, Charles Olivon, semble inscrire le premier essai de la rencontre. Après avoir franchi la ligne en force, le troisième ligne aile français s’écroule sur la ligne. Accordé dans un premier temps par Monsieur Pepper, l’essai est refusé après un appel à la vidéo. Ce refus est dû à un essai marqué en deux temps. L’arbitre invalide l’essai et l’ancien capitaine ne marque pas.

La pression française est, elle aussi, un facteur important du gain de ce match. À l’image d’un jeu au pied d’Antoine Dupont qui pousse Bernard Foley à cinq petits mètres de son en-but. Malgré une défense agressive, c’est à la suite de ce jeu au pied que le premier essai de la rencontre est marqué par le centre australien. Tom Wright réceptionne une excellente relance et poursuit un gros travail sur son aile. C’est le trois-quarts centre, Lalakai Foketi, qui est à la conclusion de l’action pour les Wallabies.
Ainsi cet essai permet à l’Australie de compter sept points d’avance à la 18e minute, après la transformation de Foley. Des deux côtés, de nombreuses approximations laissent apparaître un nouveau duel dans ce match : celui du but. De nombreuses pénalités donnent l’occasion à Thomas Ramos et Bernard Foley de s’illustrer au pied.
Le numéro 15 des Bleus, avec un 7/9, prouve qu’il peut combler l’absence de Melvin Jaminet, titulaire indiscutable à ce poste. Néanmoins, Thomas Ramos affiche une fébrilité dans le jeu aérien. Bernard Foley, demi d’ouverture d’expérience, a mené son équipe et a concrétisé les efforts australiens avec un 6/7. Juste avant la mi-temps, la France tient le ballon, domine les impacts et s’avère dangereuse, et ce, malgré l’excellente défense australienne.  Cette possession française paye, puisque Julien Marchand inscrit au pied des poteaux le premier essai tricolore. Ce qui leur permet de virer en tête de ce match à la pause.

En seconde période, l’Australie fait plus que tenir tête aux hommes de Fabien Galthié. Celle-ci mène presque toute la seconde mi-temps grâce à son ouvreur, mais aussi grâce à un pack qui met en difficulté les avants français. Des fautes en mêlée, des pertes de balles en touche et des mauls mal négociés par le XV de France sèment le doute dans les rangs bleus. Si bien que les Wallabies inscrivent à la 56e minute un essai par l’intermédiaire de l’arrière australien Campbell. La France est derrière, à un point (22-23).
Après une seconde mi-temps tout aussi disputée que la première, il faut attendre la 75e et l’essai de Damian Penaud. Celui-ci, bien servi par Jalibert, déborde du côté droit la défense australienne et permet à la France de mener 30 à 29 après la transformation en coin manquée par Thomas Ramos.
Les Bleus sont devant, mais il reste encore quatre minutes de jeu et l’Australie n’est qu’à un petit point. Après une bonne défense, sans fautes, c’est Jonathan Danty qui s’illustre et offre à la France sa onzième victoire consécutive. Par ce succès, les Bleus battent le record de 1937.

LE TOURNANT DU MATCH

Damian Penaud inscrit l'essai de la victoire

À la fin de la première période, l’essai de Julien Marchand paraît être un tournant dans ce match. L’Australie ayant été irréprochable en défense tout le long des quarante premières minutes, encaisse un essai juste avant de rentrer aux vestiaires. Les Australiens semblent assommés, déçus que leurs efforts défensifs n’aient pas payé. Mais ce n’est pas le cas. Les Wallabies reviennent avec la même envie qu’en première mi-temps : gagner face à l’un des favoris de la prochaine Coupe du Monde. Après une bonne rentrée des remplaçants, la France domine cette fin de rencontre. De bons impacts, de bons déblayages et un jeu rapide provoquent l’essai de la victoire. Pour voir le tournant de ce match, il faut attendre l’éclair de Damian Penaud. 
À la 75e minute, les Bleus sont dans un temps fort. Après une bonne percussion d’Anthony Jelonch dans le camp australien, Antoine Dupont sert Romain Taofifenua. Celui-ci passe la balle dans sa course à l’ouvreur remplaçant, Mathieu Jalibert. Ce dernier envoie une très longue passe à Damian Penaud. L’ailier français efface Wright d’un crochet intérieur avant de raffuter Campbell et d’inscrire, d’un magnifique plongeon, l’essai de la victoire du XV de France. Cet essai non-transformé met un terme aux espoirs de victoire des Wallabies qui s’inclinent, crucifiés par un Damian Penaud auteur, comme à son habitude, d’un excellent rugby.

LES PROTAGONISTES

Grégory Alldritt dans l'étau australien

De ce match, il faut retenir une équipe de France en demi-teinte. Même si Damian Penaud a brillé, ce n’est pas le cas de tous ses partenaires. Mise en difficulté par les Australiens, la charnière aurait bien pu coûter la victoire au XV de France. En effet, Romain Ntamack, de retour de blessure, a manqué au rendez-vous avec des renvois trop longs ou encore un jeu au pied peu efficace. Son partenaire de club, Antoine Dupont, n’est pas parvenu à sortir proprement de son camp. De fait, il a donc laissé l’opportunité aux Wallabies de développer leurs lancements de jeu dans le camp tricolore. Cependant, les difficultés du demi de mêlée français sont aussi dues à un pack dominé par leurs adversaires du jour.
De son côté, Cameron Woki s’avère décevant et trop peu impactant sur la rencontre, avec des pertes de balle en touche, alors que celui-ci en est le capitaine. Les Australiens ont secoué la première ligne française, notamment en mêlée. Dès le début de match, l’arbitre sanctionne Uini Atonio après qu’il ait perdu ses appuis, face à celui que l’on appelle le Thor tongien, Taniela Tupou. Néanmoins, malgré ces défaillances, le talonneur Julien Marchand s’illustre avec plusieurs grattages, dont un à la 37e minute, qui permet à Thomas Ramos d’ajouter trois points supplémentaires. Marchand est aussi l’auteur du premier essai français, qui permet de mener 19 à 13 à la pause. Le tout, au cours d’une mi-temps très serrée.
Un des atouts majeurs de ce pack français impressionne encore durant le match. Et pour cause, le numéro 8, Gregory Alldritt, s’illustre encore par sa régularité. Notamment après un bon grattage à la neuvième minute, qui offre l’avantage aux Français grâce au pied de Ramos. Dans le jeu, celui-ci domine aussi les débats. De bonnes percussions, des passes après contact et des grattages indispensables pour signer cette victoire historique.
Ce samedi, le banc a aussi fait du bien. L’entrée de Sipili Falatea, pilier remplaçant d’Atonio, a apporté du punch et de la détermination dans les impacts. Mathieu Jalibert, son coéquipier de l’UBB, a, lui, permis d’amener l’essai de Damian Penaud. Mais il a aussi été décisif dans ses courses. Grâce à l’apport du banc et à un bon grattage final, la France s’impose dans la douleur face à l’Australie. Les Wallabies cherchent à confirmer une évolution après avoir fini cet été avant-dernier du Rugby Championship, en vain après le match au stade de France.

Crédits photos : France Info, Midi Libre, Le Parisien et Ouest-France

Nils Boireau

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