Après un tournoi des Six Nations qui laissait un goût amer avec sa seconde place et une tournée en Australie encourageante, mais frustrante par ses défaites de dernières minutes, le XV de France se devait de confirmer sa bonne dynamique. Pour ce premier des trois test-matchs de novembre, le public français retrouvait enfin ses Bleus après une attente de 21 mois pour cause de pandémie. En face, les redoutables Argentins sortant tout juste d’un Rugby Championship, où ils ont essuyé 6 défaites contre les trois grandes nations du Sud.
Le condensé du match

Dès l’entame du match, l’équipe de France obtient une pénalité convertie directement par l’arrière perpignanais Melvyn Jaminet (3e). Les Argentins offrant alors un défi féroce avec des plaquages durs, empêchent le jeu offensif des arrières français, pourtant d’habitude si emballant. Grâce à une bonne mêlée près de la ligne médiane, Jaminet donne 6 points d’avance sur une pénalité lointaine de 45 m (19e). Tout allait pour le mieux, sans pour autant que la France ne prenne le dessus sur son adversaire, lorsque sur un renvoi aux 22 m, Matthieu Jalibert se fait contrer par le troisième ligne Pablo Matera. Le demi de mêlée argentin Tomas Cubelli suivant son compatriote, n’a plus qu’à aplatir en dessous des poteaux. La tension monte entre les équipes, et après une échauffourée, l’arbitre sévit et distribue un carton jaune à Julien Marchand et à Marcos Kremer (27e).
Suite à cela, les Tricolores repartent à l’attaque et inscrivent une pénalité juste avant la mi-temps. Score à la pause : 9-7, le plus dur reste à faire. Les Pumas reprennent l’avantage à la 45e minute (9-10) avant qu’intervienne cinq minutes plus tard le néophyte Thibaud Flament. Le deuxième ligne, après une passe de Jalibert, prend l’intervalle et crochète avec une aisance rare pour son poste le dernier défenseur, afin d’inscrire le premier essai français (16-10). Un second essai pourtant magnifique dans sa réalisation se verra refusé à Antoine Dupont pour un en-avant dans un ruck. À l’heure de jeu, les buteurs se répondent mutuellement en transformant chacun une pénalité (19-13). À la réception d’une passe après-contact, le talonneur toulousain Peato Mauvaka inscrit le second essai pour son équipe et creuse l’écart à dix minutes du terme (26-13). Sur un ballon aérien, Jaminet se loupe au contrôle, celui-ci revient sur l’ailier Mateo Carreras qui réduit le score (26-20). Finalement, après que la sirène ait retenti, Jaminet passe encore une pénalité, victoire 29 à 20.
Le tournant de la rencontre

À la 63e minute, Peato Mauvaka et Jean-Baptiste Gros entrent sur le terrain. Accompagnés par Demba Bamba, la nouvelle 1ère ligne est en place et a une mêlée à quelques mètres de l’en-but argentin à jouer. Le pack bleu transperce celui sud-américain qui est mis à la faute. La mêlée a récompensé un gros travail dans la conquête du terrain et la solidarité française dans les nombreuses phases de jeu préalables. Grâce à cet effort des « gros », Melvyn Jaminet est dans un fauteuil pour inscrire la pénalité et laisser les Argentins à six points.
Qui sont les protagonistes ?

Pour sa première au Stade de France, le jeune arrière Melvyn Jaminet a pris ses responsabilités tout au long de ce rude combat. Dix-neuf points inscrits au pied ou encore de nombreux ballons récupérés sur les chandelles argentines. Grâce à sa performance, il obtient le titre d’homme du match, récompense qui l’a fortement émue lors du coup de sifflet final. Seule petite défaillance : son duel aérien perdu qui conduit à l’essai argentin en fin de match (78e). Thibaud Flament, il faisait partie de la liste des jeunes « ovnis » de Fabien Galthié. Appelé pour la première fois dans le groupe France, le deuxième ligne toulousain a connu samedi sa première titularisation. Présent défensivement avec plusieurs plaquages importants, il propose une course tranchante à Matthieu Jalibert et inscrit son premier essai plein de détermination (50e). Un bel avenir s’ouvre à lui chez les Bleus, à confirmer.
Si la France n’a pas su enflammer la rencontre comme souhaité, la combativité argentine en est une des causes principales. Des plaquages, une présence intensive dans les rucks, et des trois-quarts agressifs sur le porteur de balle. La défense et le courage argentins sont à louer sur la rencontre, les avants ayant répondu présent dans le défi physique, tout en défendant vaillamment. Enfin, le succès ne serait probablement pas arrivé sans le coaching. Fabien Galthié a pu le souligner en annonçant la liste des joueurs retenus : « On a construit notre groupe en commençant par les fins de matchs. » Samedi dernier, 10 points furent inscrits en autant de minutes. Composées de six avants et de deux trois-quarts, les solutions pour le staff français étaient nombreuses. La première ligne remplaçante a joué pleine d’envie et de combativité et finalement, le talonneur Peato Mauvaka inscrit un essai libérateur suite à un off-load de Matthieu Jalibert. Une fin de match à reproduire. Mais alors d’où vient le problème d’animation offensive ?
On en attendait davantage de l’exceptionnelle paire Jalibert – Ntamack. Remplacé très tôt (54e) par Jonathan Danty, un Romain Ntamack crispé a dû se rendre sur le banc. Même impression pour le monde du rugby en fin de rencontre, l’animation proposée par Jalibert en ouvreur et Ntamack en 1er centre est tombée sur des Argentins pleins d’envie qui n’ont laissé que très peu d’espaces pour les attaques françaises. Pour la première fois associés, les demis d’ouverture respectifs de Bordeaux et du Stade Toulousain ont laissé sur leur faim de nombreux spectateurs. Si Jalibert est l’auteur des deux passes décisives pour les essais français, rares ont été ses combinaisons avec son premier centre.
Les Bleus, certes brouillons, sont dans l’ensemble récompensés pour leur combativité dans un match particulièrement âpre. Ils devront cependant résoudre les imprécisions qui ont terni leurs volontés offensives tout au long de la partie. Rendez-vous dimanche prochain face à la Géorgie, pour un match qui semble a priori à la portée des hommes de Fabien Galthié.
Crédits photos : Ville de Redon, Le Parisien, RTL et France Info