Six jours séparent l’ouverture du tournoi contre la Squadra Azzurra et la réception du XV du Trèfle. Si les observateurs ne semblaient pas être totalement convaincus par la performance contre l’Italie, le choc victorieux face l’Irlande a satisfait et a comblé le Stade de France. Prétendants à la victoire finale, les hommes d’Andy Farrell étaient invaincus depuis près d’un an, avec un succès notable lors de la tournée d’automne face aux Néo-Zélandais. Sans oublier l’humiliation qu’ils ont fait subir à leurs voisins Gallois la semaine passée (29-7). La rencontre a pris l’odeur d’une finale avant l’heure, challenge que les Bleus sont parvenus à surmonter.
LE FIL DU MATCH

La charnière toulousaine pointée du doigt lors de l’ouverture du tournoi n’a pas trainé pour faire taire les critiques. L’entame de match est parfaite, avec des duels remportés, une conservation propre et des espaces qui se créent. Romain Ntamack l’a très vite compris, il feinte la passe et s’engouffre dans la zone de vérité bien accompagné de l’incontournable « Ministre de l’Intérieur » présent pour récupérer le cadeau de son numéro dix. En l’espace de deux minutes, Antoine Dupont franchit l’en-but et Melvyn Jaminet transforme le premier temps fort tricolore (7-0). L’arrière français poursuit en inscrivant trois points supplémentaires, mais les Bleus se font surprendre dès la remise en jeu. Le virevoltant Mack Hansen récupère le coup d’envoi et relance ses partenaires en inscrivant son premier essai international (10-7). Suite à cette entame rocambolesque, les débats vont s’équilibrer. Les collisions sont rudes, mais les défenses semblent impénétrables. Les Bleus veillent au grain, disciplinés, ils ne sont pas mis en danger et profitent de l’impeccable jeu au pied de Jaminet pour rentrer au vestiaire avec une confortable avance (19-7).
Le XV du Trèfle n’a pourtant pas dit son dernier mot et revient avec la ferme intention de l’emporter. Ils inscrivent rapidement deux essais, tous deux transformés par Joey Carbury. Le remplaçant de Jonathan Sexton est parfait face aux perches et permet à ses partenaires de recoller au score (22-21). Fabien Galthié décide alors de sortir sa deuxième ligne qui a livré un gros combat, que ce soit en mêlée, au sein des rucks ou dans le jeu courant. La réaction est immédiate, puisque Cyril Baille inscrit un nouvel essai peu avant l’heure de jeu suite à un gros travail des avants. Les Bleus se donnent de l’air, le coaching apporte beaucoup de fraicheur et d’envie, mais les Irlandais sont encore à moins d’un essai transformé (27-21). La lutte acharnée va se poursuivre, l’atmosphère est à la fois extraordinaire et insoutenable. Il ne reste désormais que sept minutes, les avants tricolores sont pénalisés autour d’un ruck et les Irlandais font le choix de prendre trois points supplémentaires (27-24). Les Bleus lancent leurs dernières ressources dans la bataille et Jaminet franchit l’en-but au terme d’une superbe action. Aucun plan ne parvient à montrer que l’arrière de l’USAP n’aplatit le ballon. L’essai est annulé, mais un avantage étant en cours, face aux poteaux, Jaminet ne tremble pas et scelle la victoire de la France (30-24).
LE TOURNANT DE LA RENCONTRE

Peu avant l’heure de jeu, les Irlandais ont comblé leur retard. 22 à 21 sur le tableau d’affichage, mais les Bleus sont plus déterminés que jamais. Une énorme percussion de Gabin Villière, un superbe cadrage débordement de Damian Penaud, ou encore Romain Taofifenua fraichement entré en jeu qui renverse un ruck à lui seul. L’action est poursuivie d’une charge ravageuse de Uini Atonio. C’est finalement Cyril Baille qui transforme le temps fort tricolore en un superbe essai qui fait chavirer le Stade de France. Les Bleus se donnent de l’air et reprennent six points d’avance sur leur adversaire du jour.
LES PROTAGONISTES

La performance est tant notable qu’il paraît difficile de mettre en valeur des individualités sans parler d’autres hommes également influents. Chacun des joueurs est parvenu à élever son niveau de jeu, et cela s’est ressenti sur la performance collective. C’est pourquoi le choix des protagonistes principaux s’avère extrêmement délicat. Évoquons tout d’abord les flankeurs toulousains. Remplaçant la semaine passée, François Cros a réalisé une performance stratosphérique, les réceptions de coup d’envoi constamment sécurisées dans ses mains, des plaquages à tour de bras. De l’autre côté de la mêlée, Anthony Jelonch a, lui aussi, fait parler sa puissance. Meilleur plaqueur Bleu, des lignes d’avantage franchies et un état d’esprit irréprochable.
Il faut par ailleurs souligner la performance de Melvin Jaminet, arrosé de ballons en première période. Il lui a fallu quelques minutes pour se régler, mais il est ensuite devenu irréprochable. Vingt nouveaux points inscrits au pied, et il est passé tout proche de son premier essai dans le tournoi en fin de rencontre. Sa régularité déconcertante au pied et son implication, tant offensivement que défensivement, confirme qu’il est bien le numéro un dans la hiérarchie, malgré les récentes interrogations à son sujet.
Enfin, bien que Damian Penaud ait réalisé un match plein avec des courses toujours plus tranchantes et de nombreux duels remportés, Gabin Villière a une nouvelle fois surpris les amateurs de rugby. Une énorme percussion offensive sur Andrew Conway, une implication parfaite sur le plan offensif. Il faut par ailleurs souligner son activité défensive, des récupérations primordiales dans les rucks, des plaquages offensifs, et ce, constamment avec son grand sourire. « Hier, à la remise des maillots, il a dit : “Je vais être là. La guerre, je vais l’animer”. Il fait des promesses à ses potes et il les tient ». Le sélectionneur de l’équipe de France est revenu sur cette anecdote amusante au sujet de son ailier, qui représente toute la combativité dont il fait preuve.
Superbe victoire pour les Bleus face à une belle équipe irlandaise. À noter que le sélectionneur français n’a jamais perdu face au XV du Trèfle en trois tournois des VI nations. Il ne faut cependant pas s’enflammer et se projeter trop rapidement, ces deux beaux succès ne sont pas une finalité, car s’annoncent désormais deux déplacements très dangereux. Tout d’abord en Écosse le 26 février, puis dans un second temps à Cardiff. Deux sélections qui vont certainement tout faire pour qu’aucune équipe ne réalise le Grand Chelem cette année.
Crédits photos : Le Parisien, Pro Rugby, Actu.fr et France Info
Très bonne analyse !!
Merci pour cet excellent résumé.
Hâte de vivre avec vous la suite du tournoi.
Toujours un réel plaisir de lire ces articles. Un grand merci pour ça.
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