Accueil » Carnet Bleu n°6 : La ferveur tricolore a envahi Murrayfield

Pour le troisième match du tournoi, le XV de France se rendait dans l’antre du XV de Chardon, Murrayfield, là où il n’avait pas gagné depuis huit ans. Ce match marquait la 100e rencontre opposant les deux pays, la première remontant en 1910 pour les débuts de l’équipe de France sur la scène internationale. Ce samedi-là, il s’agissait de « chasser ses démons », opération effectuée avec brio pour des Bleus qui ne cessent d’impressionner outre-manche et semblent tracer leur chemin vers le Grand Chelem. Dans un stade où les supporters français ont donné de la voix, les hommes de Fabien Galthié repartent avec le bonus offensif et les cinq points qui vont avec.

LE FIL DU MATCH

Un ballon directement en touche pour entamer la partie, doublé d’une pénalité manquée par Melvyn Jaminet : l’entame de match ne paraissait pas idéale. Mais encore une fois, ces Bleus ont surpris, car suite à une merveilleuse relance du capitaine Antoine Dupont qui traverse tout le terrain, s’ensuit un enchaînement rapide de passes et Paul Willemse qui aplatit (0-7). Finn Russell convertit une pénalité avant de voir l’équipe adverse revenir à la charge. On écarte au large dans les 22 mètres et Damien Penaud sur son aile, fixe pour Cyril Baille qui redonne à Yoram Moefana et qui plonge dans l’en-but (3-12). Le compteur affiche 13 minutes. Vient ensuite le retour de bâton avec une domination constante des Écossais qui parviennent à passer la défense française par l’intermédiaire du flanker Rory Darge (10-12). Les jeunes coqs sont en difficulté et par chance, évitent de concéder un essai à la 37e, suite à un en-avant malheureux de Stuart Hogg, alors que l’essai semblait inévitable.
Après le gong, Gaël Fickou permet à son équipe de prendre un écart opportun. Il effectue un « travers » à ne pas forcément montrer dans les écoles de rugby, mais parvient à inscrire un essai en bout de ligne. 10 à 19 à la mi-temps. Retour des vestiaires : en moins de deux minutes, l’écart se creuse. En effet, Damian Penaud joue au pied, le rebond est favorable aux Français, le centre Jonathan Danty n’a plus qu’à courir en direction de la terre promise (10-26). La deuxième période va surtout permettre aux Bleus de montrer les progrès effectués en défense avec de nombreux grattages et une discipline retrouvée. Les Écossais sont écœurés par une efficacité offensive à toute épreuve. À l’heure de jeu, après un turnover dans le camp écossais, l’ailier clermontois Penaud s’en va marquer le cinquième essai du jour (10-31). Il récidive quinze minutes plus tard à la réception d’une superbe passe au pied de Romain Ntamack (10-36).

Le XV du Chardon réduit l’écart en inscrivant à la dernière minute un essai par l’intermédiaire de l’ailier Duhan Van der Merwe. Score final : 17-36. Une victoire bonifiée pour l’équipe de France qui caracole en tête du classement. Les Bleus s’adjugent ainsi le trophée Auld Alliance, instauré en 2018 lors des matchs entre les deux nations, en espérant soulever un autre trophée dans deux rencontres.

LE TOURNANT DE LA RENCONTRE

Il se situe à l’intervalle entre les deux essais inscrits par les deux centres Gaël Fickou et Jonathan Danty. En effet, en fin de première période, les Bleus sont en difficulté, mais tiennent bon. L’essai en bout de course de Fickou donne un avantage juste avant de rentrer aux vestiaires. En y ressortant, l’équipe de France perfore la ligne écossaise et revient dans l’en-but, certes avec un peu de réussite sur le coup de pied de Penaud, maissurtout un bel effort du centre rochelais Danty. L’écart est passé de 2 à 16 points d’avance, de quoi aborder la seconde mi-temps plus sereinement.

LES PROTAGONISTES

Encore plus que face à la Nouvelle-Zélande en novembre dernier, on retiendra ici la prestation collective et l’unité de cette équipe de France. Dans la période la plus difficile de ce match, après le premier quart d’heure, Antoine Dupont et consorts ont su faire le dos rond en n’encaissant qu’un seul essai. Le signe d’une défense soudée et d’une maitrise digne des plus grandes nations du rugby mondial. Évidemment, des individualités ressortent, mais les Bleus semblent avoir atteint un niveau rarement vu depuis une décennie. Côté adverse, il faut tout de même souligner la prestation de Rory Darge, le seul Écossais à avoir surnagé ce samedi. Âgé de 22 ans et remplaçant du troisième ligne habituel Hamish Watson, le jeune Darge a inscrit un essai et obtenu une pénalité grâce à un grattage de ballon. Il a été d’une grande aide pour ses coéquipiers.
Côté français, les observateurs ont encore été bluffés par le match d’Antoine Dupont. L’actuel meilleur joueur du monde a d’ailleurs été élu homme de la rencontre. Son inspiration sur sa relance sortie de nulle part montre à quel point il est dangereux pour les défenses adverses. Il plaque à tour de bras et peut parfois être considéré comme le neuvième avant, tellement son abattage défensif est important.

Son coéquipier en club Cyril Baille impressionne lui aussi par sa mobilité lors des phases offensives ainsi que son aisance dans les passes après contact. En mêlée puis en défense, il est intransigeant et apparaît comme l’un des meilleurs joueurs à son poste de pilier gauche. Les autres avants influents ne sont autres que Julien Marchand, Cameron Woki, mais surtout François Cros, auteur de 16 plaquages réussis et aucun raté.
On peut aussi relever le talent offensif de Damian Penaud, redoutable finisseur de cette équipe de France qui concrétise chaque incursion dans les 22 mètres adverses. Yoram Moefana replacé à l’aile, a lui livré une prestation aboutie, ponctuée d’un essai et notamment d’une activité sans épreuve. Une alternative plus que crédible pour remplacer Gabin Villière, blessé au visage face à l’Irlande.

Trois matchs, trois victoires, avec plus de 30 points inscrits à chaque fois, le festival offensif des Bleus continue tous les week-ends. Avec ce succès à Murrayfield, le XV de France remporte sa 6e victoire d’affilée, une série qui n’avait plus été réalisée depuis 16 ans. La troupe de Fabien Galthié est dans une forme olympique, un an et demi avant une Coupe du monde sur le sol français. Attention cependant à ne pas trop en faire et à garder la tête sur les épaules. Face à des Gallois frustrés et avant-dernier, les Bleus devront faire preuve de sérieux pour refroidir le bouillant Principality Stadium.

Crédits photos : L’Internaute, Le Parisien, France Info et Actu.fr

Germain Davila-Cristin – 11 mars

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