Une page va se tourner et un nouveau chapitre apparaîtra à son dos. Alors que la Ligue 1 Conforama ne reprendra pas, le PSG a décidé de faire un ménage de printemps. Voulant se diriger vers une nouvelle ère, Leonardo a du se débarrasser des plus anciens. Une salve d’informations est tombée au moment où les joueurs pouvaient enfin se réunir au Camp les Loges. Dans un premier temps, via un appel téléphonique, Leonardo a annoncé à Thiago Silva, capitaine emblématique du club parisien, qu’il ne sera pas prolongé. Ainsi sonne la première cloche, mais la deuxième est arrivée peu après. Sauf que celle-ci était programmée : lors d’un entretient pour le JDD, le directeur sportif du PSG annonce le départ d’Edinson Cavani. Bien que son départ ne soit plus vraiment une surprise étant donné qu’il ne figurait plus dans les plans de Thomas Tuchel, cet entretient connait un écho considérable. De nombreux remerciements inondent la toile, les journaux préparent leur plus bel article et les clubs étrangers viennent déjà aux nouvelles.
Aujourd’hui, nous avons voulu rendre hommage au joueur qu’est Edinson Cavani. D’une empreinte humble et jusqu’au-boutiste, le buteur uruguayen a laissé une trace indélébile dans l’histoire du club. De son arrivée en coulisses à son départ sur la plus grande estrade, nous vous dressons le récit de son passage mémorable au PSG.
Au service d’un “Roi”
À son arrivée en terre parisienne durant l’été 2013, Cavani était de ceux qui ne voulaient pas bousculer l’ordre établi. Avec la méga-star Zlatan Ibrahimovic à la pointe de l’attaque, Cavani devait d’abord se faire une place. Mais le PSG n’a pas dépensé 64 millions d’euros pour voir un joueur aussi prolifique à Naples s’installer durablement sur le banc, il fallait faire un choix. Mais comment peut-on aligner un buteur avec un autre sans troubler celui étant déjà installé ? En plaçant le tout nouveau arrivant sur le côté gauche. En clair, tout en répondant à la fameuse idée d’un 4-3-3 émise par Laurent Blanc, Zlatan pouvait continuer son règne seul à la pointe de l’attaque et Edinson Cavani, un serial buteur en Série A, devait se contenter d’une aile. Mais ceci allait-il apporter des résultats fructueux ? Lors de la deuxième journée de Ligue 1, Cavani était titulaire pour la première fois. À la fin de ce match dans lequel le PSG affrontait l’AC Ajaccio, El Matador inscrit le but de l’égalisation devant son tout nouveau public. Les journées passent et se ressemblent, le duo Zlatan-Cavani fonctionne finalement bien et le PSG termine paisiblement sa saison 2013-2014. Malgré un nouvel échec en ¼ de finale de Champions League, le bilan de fin d’année est plutôt positif.
Lors de la saison 2014-2015, Cavani s’installe de mieux en mieux sur le côté gauche de l’attaque. Parfois, le troisième homme change. Bien que la pointe et l’aile gauche soient des postes assez bien gardés, le côté droit reste ouvert aux candidatures. Un tour de passe-passe infini s’exerce entre Lucas et Lavezzi, Pastore vient même troubler la danse parfois. La saison 2014-2015 est néanmoins plus compliquée puisque le PSG est à la troisième place de Ligue 1 à l’intersaison. Alors que Cavani s’était montré précieux lors de cette première partie de saison, il va accuser sa première faute. Manquant avec Lavezzi la reprise à Marrakech alors que Laurent Blanc, dépité par un bilan d’intersaison en dent de scies, annonçant que son management sera « un peu moins souple et plus dur », Cavani écope d’une mise au ban durant les deux prochains matchs. Le PSG chute de nouveau au stade des ¼ de finale en Ligue des Champions mais se console avec le triplé national championnat/coupes. En patron de la compétition, Edinson Cavani inscrit un doublé lors de la finale de la Coupe de Ligue face à Bastia. Grâce à cette belle saison mais toujours moins impressionnante que celle de Zlatan, Cavani entre dans le classement des 10 meilleurs buteurs de l’histoire du Paris Saint Germain. Il déloge ainsi Georges Weah du top 10.
Le contrat de Zlatan arrive à terme dès l’été 2016. La saison 2015-2016 sera donc le dernier baroud d’honneur de la star suédoise. Avec l’arrivée de Di Maria, le côté droit ne subit plus d’interrogations et un véritable génie technique a pris le dessus. Avec tout ceci, Cavani présente plus de difficultés à s’affirmer. Zlatan dépasse enfin Pauleta et devient le meilleur buteur de l’histoire du club. Au sortir d’une saison européenne compliquée qui s’est soldée par une énième désillusion en ¼ de finale, Laurent Blanc est en sursis. Mais au-delà de ça, une question règne : qui pour remplacer Zlatan ? Et pourquoi pas Cavani ? Trop dangereux. L’uruguayen montre certaines difficultés de finition, il est difficile pour lui de s’installer pleinement à la pointe de l’attaque. Pourtant, ceci a été fait. Zlatan part en maître, en légende et Cavani se prépare au sacre. Le roi abdique, le PSG attend son héritier.
El Matador Goleador
Zlatan n’est pas le seul à partir. Laurent Blanc est contraint de quitter de banc parisien en raison d’une non-progression en Ligue des Champions. Le PSG de Blanc n’est jamais allé au-delà des ¼ de finales. Les dirigeants parisiens ont donc recruté un certain expérimenté des événements d’Europa League : Unai Emery. Allait-il vraiment changer la donne ? Comment allait-il gérer le cas Edinson Cavani alors qu’une place à la pointe de l’attaque se libère ? Tout simplement, et il a été d’une clarté inconstatable, Emery a fait le choix de ne pas recruter à ce poste. Cavani fait l’affaire à son sens. A-t-il raison ? La saison 2016-2017 le dira.
Le début de saison est inquiétant, Cavani ne parvient pas à conclure. Ses performances face à Metz et à Arsenal où il manque cruellement d’efficacité devant le but laissent fortement à désirer. Néanmoins, Cavani n’abdique jamais. Face à Caen, il inscrit un quadruplé, de quoi rassurer son entraîneur et les supporters. La suite de la saison est beaucoup plus fructueuse mais le PSG n’est plus le même, il émet des difficultés face à une terrible équipe monégasque. Le PSG de Cavani ne sera pas sacré champion de France. Le choc retentissant du match retour de Champions League face au Barça agrandit la séquelle. La saison est à oublier, l’été doit amorcer un nouveau départ. Cavani termine meilleur buteur de la saison de Ligue 1 et montre totalement sa capacité à devenir le nouveau grand attaquant du PSG. Néanmoins, le mercato estival le fera trembler, une grande concurrence arrive. Le PSG tape un grand coup sur la table en enrôlant de par des sommes astronomiques Neymar et Mbappé. Le projet est simple : redonner de la couleur à un PSG qui a tant souffert l’an passé. Composé de Cavani, de Neymar et de Mbappé, le trio offensif peut être une véritable révolution.
Mais l’histoire du « penaltygate », survenu en début de saison, dégrade fortement ce lien. La tension entre Cavani et Neymar est montée d’un cran. Mais qui est le gagnant à l’arrivée ? Neymar se charge désormais des penalties. Cavani sera-t-il lésé ? Durant les deux saisons qui suivront cet affront, El Matador saura garder son calme et continuera d’affoler les statistiques. Il dépassera Zlatan au classement des buteurs de l’histoire du club. Alors que les PSG est sous les ordres de Thomas Tuchel, la fin de saison 2018-2019 va ouvrir une première brèche. Le terrible épisode de la blessure survient. Blessé durant la quasi-totalité de la deuxième moitié de saison, Cavani va voir sa situation au PSG en prendre un coup. Son contrat arrive à échéance à l’été 2020. Faut-il laisser couler ou s’en débarrasser au plus vite ? Cavani est le funambule, une erreur et c’est fini…
Decrescendo instantané
L’arrivée d’un autre attaquant n’a pas arrangé la situation. Nous sommes à la fin de l’été 2019 et Mauro Icardi, buteur prolifique de l’Inter Milan, est prêté un an au PSG. Ce prêt comporte même une option d’achat, de quoi ébranler le clan Cavani. Comme attendu, Thomas Tuchel relègue Cavani sur le banc. Icardi brille avec le PSG et semble en parfaite cohésion avec le groupe, le coup de Leonardo a marché. Durant le mercato hivernal et en toute légitimité, Cavani a des envies de départ. L’Atletico Madrid est en passe de signer El Matador mais le PSG fait barrage. En cas de blessure de Mauro Icardi, le club parisien pourrait manquer de remplaçants. En tout cas, il aura vu juste. Icardi est beaucoup moins prolifique durant le début de l’autre moitié de saison. Alors que le PSG doit affronter Dortmund en 1/8 de finale de Champions League, de nombreuses questions surviennent. Cavani ou Icardi ? Aucun des deux, ou du moins pour le match aller. Pour le match retour, dans un Parc des Princes vide en raison de l’épidémie de coronavirus, Tuchel décide d’aligner Cavani. L’apport défensif de Cavani a fortement dérangé le développement offensif de Dortmund.
Finalement, le PSG se qualifie en ¼ de finale. Un Cavani torse nu devant les milliers de supporters venus saluer et supporter, devant le stade, l’exploit des Parisiens est la dernière belle image que l’on aura de lui. Crise sanitaire oblige, tout est figé. La situation de Cavani s’effrite, le départ est proche étant donné que la proposition de prolongement se fait attendre. En juin 2020, Leonardo sonne donc la deuxième cloche. Cavani ne sera pas prolongé et quittera ainsi son club de cœur sans même jouer le Final 8 de C1. La décision serait avant tout économique. Le PSG perd un guerrier, un amoureux du club. Arrivé en 2013, Cavani n’a cessé de grimper les échelons. Tel un prince devenu roi par succession, Edinson Cavani quitte le royaume comme une légende. Il est un exemple d’abnégation et de courage. « Il a toujours mouillé la maillot, c’est un guerrier » sont les différents propos des supporters parisiens. Cavani est au PSG ce que Louis de Funès est au cinéma français, quelqu’un que nous n’oublierons jamais.
Crédits photos : Charente Libre, Culture PSG, Les Inrockuptibles et Le Parisien