Dimanche, les spectateurs venus par dizaines pour assister à la finale du Cristal Laser Open ont pu se délecter de l’une des plus belles finales du tournoi Future de Villers-lès-Nancy. Au terme d’un match de tous les suspens, Amaury Raynel, 756ᵉ mondial, s’est imposé face à Alexis Gautier, 419ᵉ à l’ATP. Entre spectacle et rebondissements, cette opposition franco-française aura tenu toutes ses promesses.
Une finale renversante
À l’image du match, la première manche est très disputée. Alexis Gautier fait le break d’entrée sur le premier jeu du match. Plus régulier dans l’échange, Amaury Raynel débreake dans le sixième jeu de ce match pour recoller à 3-3. Les deux hommes remportent ensuite tous deux leurs jeux de service. Arrive le tie-break pour décider de l’issue du premier set. Gautier remporte ce jeu décisif ponctué notamment par deux doubles fautes préjudiciables de Raynel. La seconde manche reste encore une fois équilibrée, avec cette fois-ci un break d’entrée réalisé par le plus jeune des deux. Ce dernier concède le débreak, une fois de plus dans le sixième jeu du set. Néanmoins, Raynel est désormais plus tranchant sur les points importants et remporte le deuxième set (7-5).
Le troisième et dernier set est celui de l’irrationnel. Alexis Gautier prend rapidement les commandes et mène 4 jeux à 1. Pourtant, dans le jeu suivant, le Levalloisien commet certaines fautes directes évitables permettant à Amaury Raynel de conserver un espoir. Il réalise ensuite le break sur le service de son adversaire, ce qui est probablement son jeu le plus impressionnant du match, avec des retours splendides et des zones trouvées presque parfaites. Lancé dans son élan et avec un bras pleinement libéré, il remporte tous les jeux restants de ce match et l’emporte 6-4 après avoir été mené (1-4). Un comeback remarquable. Une poignée de main respectueuse entre les deux joueurs et quelques regards complices lors de la remise du trophée viennent entériner cette édition 2023 du Cristal Laser Open. Dominique Lupinski, PDG de l’entreprise partenaire, salue notamment “une sportivité et un état d’esprit exemplaire pour les deux finalistes, à l’image d’un Federer.“
Amaury Raynel, un outsider bluffant
Le joueur de l’ASPTT Nice, vainqueur de l’édition 2023 du Future villarois, n’est pas prêt d’oublier la semaine qu’il vient de vivre. Classé 764ᵉ mondial avant ce tournoi, Amaury Raynel réalise un parcours sensationnel marqué par plusieurs victoires références de rang. Tête de série n°11, il entame sa semaine de la meilleure des façons en effaçant son compatriote Maxence Beauge puis en terrassant le suédois Max Dahlin, 28e junior mondial. Le lendemain, il affronte en quart de finale Alexey Vatutin, tête de série n°3 et ancien 136ᵉ ATP, qu’il élimine sans encombre. En demi-finale, il vient à bout de Sascha Gueymard Wayenburg, tête de série n°2, en seulement 1 h 19. Enfin, sa victoire face à la tête de série n°1 : Alexis Gautier. Son parcours devrait lui permettre de gagner une centaine de places au classement ATP. Il revient sur ce premier titre pour lui à ce niveau.
Tu as réalisé un parcours marquant dans la compétition, mais on ne t’attendait pas forcément aussi loin. Est-ce qu’on peut dire que tu es la surprise de ce tournoi ?
Amaury Raynel : Oui, je suis un peu la surprise sur le papier. Je suis venu ici avec de l’envie et surtout la volonté d’aller au bout. J’ai joué match par match et j’ai eu un super niveau de jeu toute la semaine. Je ne me suis pas pris la tête sur le score. J’ai joué set par set et si j’en perdais un, je me remobilisais sur le suivant.
Dans cette finale, tu as vécu un début de troisième set compliqué en étant mené 4-1, puis tu as remporté les cinq jeux suivants pour t’imposer. Quelles ressources as-tu trouvé pour revenir dans ce match ?
A.R : En effet, j’étais mené 4-1, mais je me suis concentré pour jouer point par point, jeu par jeu. Je ne voulais surtout pas me focaliser sur le score. Aussi, j’ai commencé à me lâcher notamment au service, car je commençais un peu à avoir le petit bras. Ce qui m’a aidé, c’est d’y croire jusqu’au bout.
Lors de votre dernière confrontation à Rodez, Alexis s’est imposé. Quelles clés as-tu trouvé pour faire la différence cette fois ?
A.R : À Rodez, la surface était beaucoup plus rapide, donc les conditions étaient différentes. Je savais que le match serait différent. Je dirais aussi qu’une finale, c’est toujours différent. À titre personnel, je ne me suis surtout pas focalisé sur le match de Rodez. C’était un nouveau match que j’ai préparé la veille avec mes coachs. Bien sûr, je connaissais son jeu, mais je ne voulais pas faire de comparaison entre les deux matchs.
Un tournoi toujours aussi populaire
Les années passent et les plateaux de qualité deviennent une constante pour le tournoi ITF villarois. Cette septième édition ne fait pas exception à la règle. Depuis 2016, date de création du tournoi, de nombreux joueurs passés par ce dernier ont intégré le top 200, voire le top 100 pour certains, à l’image de Quentin Halys, Corentin Moutet ou encore Oscar Otte.
Est-ce que sur cette édition 2023, certains joueurs sont susceptibles d’atteindre ce type de classement ? Éléments de réponse avec Philippe Bardot, directeur du Cristal Laser Open. “C’est difficile à dire. Quentin Halys avait évidemment des qualités, mais je n’aurais pas forcément imaginé qu’il intègre un jour les 100 premiers joueurs mondiaux. Sur cette édition, on a eu Alexis Gautier qui vient de remporter un 15000 $ ou encore Amaury Raynel qui est également un très bon joueur. Aujourd’hui, sur les 15000 $, on a trois places réservées à des juniors qui sont dans les 100 meilleurs. On a de très bons joueurs, mais je ne préfère pas m’avancer sur l’un d’entre eux. Le top 100, c’est quand même très compliqué“, avoue Philippe Bardot.
Un tableau de qualifications élargi de 32 à 48 joueurs
“Ce choix est venu le lundi précédant le début du tournoi. J’ai reçu un coup de fil de l’ITF via la FFT pour nous proposer un passage de 32 à 48 joueurs engagés. Au regard du conflit en Israël et ses alentours, trois tournois prévus dans cette région ont été annulés et 150 joueurs rapatriés en Europe ont dû trouver des tournois de substitution. Je me suis entretenu avec le président du Comité Départemental du 54 et on a accepté tout de suite. Derrière, certaines contraintes financières sont arrivées, à savoir les véhicules pour transporter les joueurs, les arbitres, l’hôtel. On a mis notre petite pierre à l’édifice pour aider ces joueurs qui étaient revenus en Europe. À l’avenir, on aimerait rester à 32 joueurs engagés. Pour nous, c’est plus facile à gérer, notamment par rapport au nombre de cours qu’on a sur le site.“
Super reportage 👍