Le Cristal Laser Open, anciennement tournoi ITF de Villers-lès-Nancy, vient d’achever ce dimanche sa première édition sous sa nouvelle appellation. À l’heure où les évènements sportifs de renom sont de plus en plus associés à des sponsors, cette pratique se fait plus rare dans les Futures au tennis. Les enjeux, pas des moindres, permettent de comprendre pourquoi certaines organisations optent pour du naming.
Le naming : un financement idoine pour le tournoi

Généralement, qu’est-ce que le naming ? Dans le sport, cela se traduit par l’apposition du nom d’une entreprise marraine sur un évènement sportif. En l’occurrence, le tournoi ITF de Villers-lès-Nancy s’est associé à l’entreprise Cristal Laser. Cette dernière est, selon Dominique Lupinski, PDG de la société, “une PME/PMI basée à Nancy qui fabrique des cristaux synthétiques ayant des propriétés optiques permettant de faire des lasers de toutes les couleurs“. Cristal Laser s’est engagé avec le tournoi avec une somme de 15 000 €. Cette aide financière correspond à la contribution totale sur la durée de l’engagement, à savoir trois ans. Et pour cause, cet accord sur plusieurs années “permet d’avoir de la visibilité pour le tournoi, mais également d’éviter de retrouver des financements tous les ans, ce qui est toujours un pari pour les organisateurs“, ajoute le chef d’entreprise.
À l’instar des grands tournois du circuit ATP, le naming se présente comme une solution de financement idéale. En revanche, les tournois ITF ne bénéficient pas des mêmes revenus que les grands chelems ou les Masters 1000 en termes de billetterie et de droits TV. C’est pourquoi cette aide n’est pas négligeable à ce niveau. Néanmoins, trouver des subventions comme l’a fait le tournoi ITF villarois avec Cristal Laser n’est pas chose aisée. Les tournois de ce circuit sont surtout connus localement et ne permettent pas d’améliorer outre mesure la visibilité de l’entreprise.
Une opportunité pour l’entreprise marraine

Philippe Bardot, directeur du tournoi, évoque une entreprise “à la pointe qui ne peut pas espérer qu’on la fasse connaître de façon importante“. En revanche, elle peut espérer étendre sa notoriété et sa visibilité locale. Si l’entreprise s’exporte majoritairement à l’étranger, elle peut renforcer son image de marque en s’associant au tournoi. Dominique Lupinski souligne l’importance “des valeurs partagées entre son entreprise et le comité départemental, ainsi que d’une meilleure reconnaissance de Nancy et du tennis“. En l’occurence, l’expérience du naming est aussi une aventure humaine.
Plusieurs thématiques du 21e siècle, surtout après l’épidémie de Covid-19, sont au coeur des préoccupations. C’est le cas de la responsabilité sociale, qu’elle soit individuelle ou à l’échelle de l’entreprise. “Les sociétés s’impliquent davantage au niveau du RSE. Les salariés s’intéressent à l’aspect social et environnemental”, explique Lupinski. “Sur ce dernier point, on contribue mais je pense que le tennis et le sport de façon générale participent à l’intégration des gens ainsi qu’à l’amélioration des liens sociaux.” Pour rappel, avec un peu plus d’un million de licenciés, la Fédération Française de Tennis est la deuxième fédération sportive la plus massive en France. De quoi confirmer son apport dans les liens sociaux.
Passer un cap aux côtés de Cristal Laser ?

Le Cristal Laser Open vient d’entériner sa 5e édition en tant que tournoi Future 15000 $, la septième toutes dotations confondues. Quel serait l’intérêt de passer un cap en devenant de façon pérenne un tournoi 25000 $ ? À noter que cette somme représente un total réparti graduellement aux différents joueurs. De fait, une plus grande dotation draine une meilleure attractivité pour les joueurs mieux classés à l’ATP. “Mon idée, c’est qu’on a un peu de mal en 15 000 $. On y arrive ,mais on a un gros budget comprenant l’arbitrage, l’hôtel, la restauration. On a fait un 25000 $ en 2021, financé par l’ITF donc aucun coût au niveau de l’augmentation du prize money“, raconte Philippe Bardot.
Si le directeur du tournoi semble avoir un avis tranché, les voix divergent un peu plus autour. “En tant que suiveur de tennis on ne verra pas la différence entre un joueur classé 250 et un autre classé 350. Il faut trouver 10000 $ de plus. En revanche, les bénévoles qui m’entourent aimeraient passer en 25000 $“, admet-il.
Si augmentation des dotations il y a, les joueurs moins bien classés luttant pour leur survie sur le circuit y seront sensibles. À titre d’exemple, le vainqueur du Cristal Laser Open, Amaury Raynel, a empoché la somme de 1 944 €. Évidemment, le joueur ne touche pas l’entièreté de cette somme en raison des frais à sa charge. En ce sens, Philippe Bardot trouverait “pertinent un passage en 25 000 $ (+ H)“. Dans cette configuration, l’organisation prend en charge l’hébergement. L’accompagnement de Cristal Laser pourrait contribuer à faire passer l’ITF villarois dans une nouvelle dimension. Néanmoins, son PDG prévient : si le tournoi passe de Future à Challenger, l’entreprise “n’est pas sûre de pouvoir suivre le développement du tournoi“. Un sujet qui n’est pas encore d’actualité. En attendant, rendez-vous la saison prochaine pour un deuxième volet du Cristal Laser Open.