Accueil » Dans l’œil de Constance Sibille

Une carrière dans le monde du tennis n’est pas simple, peu de joueuses et de joueurs arrivent à en vivre pleinement et beaucoup d’aléas aussi bien financiers que physiques peuvent se glisser dans ce mic-mac. Pour illustrer cela, quoi de mieux que de faire appel à une ancienne joueuse du circuit professionnel qui s’est depuis reconvertie ? En effet, Constance Sibille a subi de nombreuses blessures et a eu une carrière en dents de scie, elle revient avec nous sur tout cela, l’occasion pour vous de la découvrir.

En 2 mots : Constance Sibille est née le 9 novembre 1990 à Sarreguemines, elle est âgée de 29 ans. Elle n’a jamais atteint les sommets du classement mondial et pourtant, elle a pu disputer Roland Garros en 2014 en simple ce qui n’est pas donné à tout le monde. Malheureusement ce jour-là, elle bute sur l’estonienne Anett Kontaveit (18 ans seulement) qui fut finaliste de l’US Open junior et 188e mondiale à l’époque. Constance est une joueuse polyvalente qui fut aussi bien classée en simple qu’en double avec pour ce dernier un meilleur classement s’élevant à la 244e place. Après des années de galère et de blessures, elle a décidé de mettre un terme à sa carrière pour se reconvertir en tant qu’hypnothérapeute avec son propre cabinet à Montigny-lès-Metz.

Pour encore mieux apprendre à la connaître, découvrez l’interview de Constance qui nous parle de sa carrière, sa reconversion ou encore le domaine dans lequel elle exerce

Quels sont les 3 adjectifs qui te décrivent le mieux ?

Constance Sibille : Positive, passionnée et travailleuse.

Parmi tous les matchs que tu as disputés, lequel restera dans tes mémoires à jamais et pourquoi ?

C.S : Il s’agit de mon match à Roland Garros en 2014 lorsque j’ai affronté Anett Kontaveit car c’était ma première en simple à Paris donc j’en garde un super souvenir. Ce fut un match très accroché même si je n’ai pas réussi à l’emporter, un accomplissement de jouer enfin ce grand chelem devant le public, ma famille et mes amis. J’en garde un super souvenir, c’était magique !

Tu as décidé à 29 ans de mettre un terme à ta carrière après de nombreuses années d’activité, cette décision a-t-elle été un crèvecœur pour toi ?

C.S : Pas vraiment car c’était une décision mûrement réfléchie et avant d’arrêter, j’ai tout de même essayé de rejouer suite à mes nombreuses blessures mais mon corps n’a pas tenu et mon épaule a de nouveau lâché. C’était le meilleur choix pour moi, j’étais réaliste sur le fait que ce n’est pas à 29 ans que l’on va réussir si on a plus de classement et des empêchements physiques. De plus, j’avais préparé ma reconversion donc j’étais prête à passer à autre chose.

2 (Républicain Lorrain)

Durant toute ta carrière, tu as subi de nombreuses blessures plus ou moins longues, est-ce ce facteur qui t’a amené à arrêter ?

C.S : Oui car j’en ai connu énormément et au bout d’un moment, ça use mentalement et tu as beau essayer de revenir à chaque fois mais tu n’y crois plus à force. La dernière en lice à l’épaule m’aurait stoppé plusieurs années donc ça n’en valait pas la peine.

Ces blessures ont-elles été dues à « la faute à pas de chance » ou une carence dans la préparation physique selon toi et qu’est-ce qui te laisse penser cela ?

C.S : Plusieurs facteurs sont en ligne de compte, un corps fragile comme une préparation pas forcément adaptée et une envie trop forte de jouer et de progresser. Le tout au péril de mon corps, aller trop dans l’effort n’est pas toujours bénéfique bien au contraire.

Que retiendras-tu de ta carrière dans la globalité et es-tu fière de ton parcours ?

C.S : Ce que je retiendrais, c’est que j’ai vécu énormément de bons moments et eu la chance de voyager tout au long de ma carrière avec ma meilleure amie. J’ai pu faire Roland Garros et pas mal de WTA, j’ai atteint la 260e place mondiale, c’est déjà intéressant même si j’aurais aimé aller plus haut. J’aurais vraiment aimé plus tenter ma chance mais une saison pleine avec mes blessures ce fut impossible, néanmoins je garde un super feeling et j’ai pu vivre de ma passion tout en étant heureuse.

3 (Smash Marketing)

“C’était le meilleur choix pour moi”

Le coronavirus a mis à bas le tennis qui a été très touché par le confinement. Penses-tu que ton sport peut ressortir grandi de cette période ?

C.S : Ce virus a fait du mal à beaucoup de gens et je connais quelques joueurs qui ont décidé d’arrêter à cause de cela, le tennis en lui-même survivra toujours de toute manière puisqu’il va même reprendre très bientôt.

En règle générale, le circuit secondaire est peu mis en valeur et souvent oublié. Comment vit-on au sein de ce type de tournois et est-ce difficile de subsister ?

C.S : C’est vrai qu’il est peu mis en valeur et assez délaissé, le prize-money est beaucoup plus bas que sur le WTA. La seule façon de s’en sortir sur ce circuit-là, c’est de combiner le circuit ITF, les matchs par équipes dans plusieurs pays et les CNGT. On peut bien gagner sa vie en menant ce rythme, savoir faire l’impasse sur des ITF pour privilégier d’autres matchs ce qui permet de se financer sur une saison.

Tu t’es reconvertie en hypnothérapeute avec notamment un diplôme en ta possession. En quoi ce domaine t’intéresse et quelle est son influence sur l’humain ?

C.S : Je me suis reconvertie en tant qu’hypnothérapeute, j’ai découvert ce domaine un peu par hasard car je l’ai utilisé au cours de ma carrière et il m’a bien aidé. En effet, j’avais un souci sur mon 2e service et je faisais des fautes car j’étais stressée. J’ai tout essayé, du mental à entraîneur en passant par la vidéo, finalement j’ai essayé l’hypnose et en une séance j’ai réglé le problème. J’ai trouvé ça exceptionnel donc j’ai continué puis j’ai entamé des études pour me lancer dedans et aider d’autres personnes. Cela consiste à mettre quelqu’un dans un état de conscience modifié et de ce fait, on va s’adresser à l’inconscient de cette personne. Quand on sait que celle-ci agit au quotidien avec 20 % de son conscient et 80 % du reste, il est nécessaire de traiter ce dernier pour changer les choses comme combattre des addictions telles que le tabac ou l’alcool. C’est une science incroyable notamment utilisée pour remplacer les anesthésies, c’est de la thérapie brève entre 1 et 5 séances pour guérir n’importe quoi. Tout le monde est réceptif car c’est de l’hypnose thérapeutique et non de spectacle, les gens viennent pour se faire soigner et cette envie les rend réceptifs. De plus en plus de monde s’en sert.

4

Trouves-tu que le travail psychique et psychologique chez les joueurs et joueuses de tennis est trop souvent sous-estimé et pourquoi ?

C.S : Il est trop peu travaillé chez les joueuses de tennis car c’est assez nouveau, avant on avait tendance à travailler uniquement le physique et la technique et pas le mental ou alors une partie infime. Cependant, il y a un énorme décalage mais l’entraînement évolue et petit à petit, on se rend compte de l’impact de la tête sur un joueur.

Si tu as encore un rêve, quel serait-il ?

C.S : Ce serait de continuer à faire ce que je fais actuellement, de promouvoir l’hypnose et que ça prenne encore plus d’ampleur, c’est en bonne marche.

Quels conseils donnerais-tu à une jeune joueuse qui veut se lancer sur le circuit professionnel ?

C.S : Il faut d’abord le faire si tu es vraiment passionnée par le tennis, l’entraînement et l’adversité, c’est exceptionnel de vivre ça mais ce n’est pas facile. Les chances de réussite ne sont pas forcément très élevées comparé à d’autres métiers mais que ça vaut le coup et que quoi qu’il arrive, c’est un voyage magnifique. Il faut y aller à fond et prendre du plaisir !

Crédits photos : Constance Sibille, Le Républicain Lorrain et Smash Marketing

 

Pavel Clauzard – 10 juillet

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :