Accueil » Dans l’œil de Pierre Popelin

Récemment sacré champion d’Europe, le Stade Rochelais s’est installé comme étant désormais une force non négligeable du rugby français. Malgré le fait que la ville de La Rochelle ne soit pas vraiment située sur une terre de rugby, la tradition a su se développer et le rugby est à présent presque religion en Charente-Maritime. Parmi ce club, un rugbyman plutôt polyvalent du nom de Pierre Popelin, que vous allez pouvoir apprendre à connaître.

C’est un visage connu qui fait son retour dans la Cité maritime en 2021. Pour donner suite à ses débuts à l’US Tours, Pierre Popelin avait rejoint le centre de formation du Stade Rochelais. Après plusieurs saisons avec les espoirs, il connait alors l’expérience du rugby à VII avec l’équipe de France. En deux saisons avec les Septistes, il participe ainsi à 49 rencontres, dont 43 dans le circuit mondial. C’est en 2018 qu’il retrouve le XV en signant à Vannes. Lors de ses trois saisons dans le club breton, il a disputé 66 matches dont 41 en tant que titulaire. Polyvalent, il peut aussi bien jouer à l’ouverture qu’à l’arrière et peut assumer la responsabilité du buteur. En 2020/2021, il a inscrit 172 points avec le maillot vannetais, dont 162 au pied. De retour à Marcel Deflandre, en pleine montée en puissance, Pierre Popelin enchaîne les matchs avec le Stade Rochelais en tant que titulaire et obtient, dès son deuxième match en Coupe d’Europe, le trophée d’homme du match. Il s’est confié sur son parcours et bien d’autres aspects.

Si tu devais te décrire en 3 mots…

Pierre Popelin : Opportuniste, joyeux et compétiteur.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de t’investir dans ce sport ?

P.P : C’est tout d’abord par mon père. Il y a une vraie culture familiale chez moi pour ce sport depuis mon plus jeune âge. Mon père faisait du rugby, mais je ne l’ai jamais vu jouer et il ne m’a pas forcément poussé vers le rugby. J’allais seulement voir les matchs de l’équipe première de Tours tous les dimanches. C’est aussi grâce aux grands rendez-vous du samedi comme France – Irlande ou France – All Blacks sur France 2. Ce sont ces choses qui m’ont été inculquées depuis que je suis petit qui font que je baignais clairement dans le ballon ovale. Les valeurs fortes et l’ambiance dans ce sport m’ont donné envie de continuer et de m’investir.

Qu’est-ce qui te rend le plus fier par rapport à ton parcours actuel ?

P.P : Être là où j’en suis et de voir le bonheur dans les yeux de ma famille et de mes proches quand ils viennent au stade me voir jouer.

Quelle est ta journée type de Top 14 ? As-tu des restrictions au niveau alimentaire par exemple ?

P.P : Au niveau de l’alimentation, je n’y fais pas forcément attention parce que je n’ai pas un physique à prendre du poids facilement. Au contraire j’ai du mal à en prendre. Une journée type ? Je dirais qu’elle commence par le petit-déjeuner vers 7 h 30/8 h. Ensuite, j’enchaîne par des réunions afin d’analyser l’adversaire de la semaine ou le résumé du match précédent en début de semaine pour évoquer les points positifs et négatifs. Par la suite, nous partons sur des entraînements séparés selon les postes. L’entraînement matinal se complète parfois par des séances de musculation et se termine par un repas ou une collation. L’après-midi rassemble le groupe autour d’une préparation collective avec du jeu pur et dur, 15 contre 15.

Ton parcours est aussi marqué par une carrière dans l’équipe de France de rugby à VII. Pourquoi avoir fait ce choix et que t’a-t-il apporté ?

P.P : D’abord, pour le choix, en finissant mes années espoirs à la Rochelle, j’avais l’opportunité de signer à Carcassonne en Pro D2, mais j’ai fait le choix d’aller vers le rugby à VII. Durant ma dernière année en espoir, j’ai été contacté et j’ai eu l’opportunité de faire des tournois de rugby à VII. Cela m’a plu donc le choix s’est fait naturellement de signer un contrat fédéral avec le rugby à VII. J’aimais le jeu et l’ambiance qu’il y avait autour de ce sport. Il a contribué à changer cette routine quotidienne du rugby à XV avec les entraînements structurés souvent de la même façon, les matchs le dimanche à 15 heures en « stéréo typant ». Finalement, ça change de tout ce que je connaissais depuis que j’étais gamin.
Cette volonté de changement m’a apporté pas mal de choses au niveau de la technicité et notamment du physique, car c’est un sport exigeant. De même dans la qualité des passes, du jeu au pied et des ballons aériens. Il y a un tas de détails hyper importants qui le deviennent encore plus quand ton match est de deux fois sept minutes et que tu es à sept sur le terrain. Les actions sont multipliées et il faut être efficace rapidement. Grâce à cette expérience, j’ai aussi découvert plein de choses comme plusieurs cultures à travers mes différents déplacements, ça m’a alors beaucoup apporté humainement.

À la suite de cette carrière de rugby à sept, tu signes en 2018 au RC Vannes. Ce club est-il à l’origine de ta montée en puissance actuelle ?

P.P : Oui. Suite à mon parcours de rugby à VII, je n’ai pas été conservé. Le seul club pro qui m’a ouvert les portes, c’est le RC Vannes. Je sais que mon ancien entraîneur Jean-Noël Spitzer me suivait sur mes années passées à la Rochelle, mais cela n’avait jamais abouti, jamais de contact vraiment établi. J’ai finalement saisi l’opportunité tardivement en juin 2018 alors que le recrutement était bouclé et que la préparation physique allait débuter quelques semaines après. Je suis alors un peu arrivé sur la pointe des pieds, et au fur et à mesure des mois et des semaines, j’ai pu enchaîner les matchs. J’ai commencé en tant qu’ailier parce que je revenais de mon expérience à VII. J’étais pourtant fixé à l’arrière lors de mon départ du rugby à VII. Mais les coachs n’avaient pas de certitudes sur moi puisque ça faisait longtemps que je n’avais pas joué à XV. Très vite, j’ai joué des matchs à l’arrière et sur mes dernières années, au poste de numéro 10. Donc ce sont ces opportunités qui m’ont fait monter en puissance.

“Le seul club pro qui m’a ouvert les portes, c’est le RC Vannes”

Tes postes, comme tu l’as évoqué, sont à l’arrière et en demi d’ouverture. Quelles sont leurs caractéristiques propres et lequel préfères-tu ?

P.P : Les caractéristiques sont un peu différentes. En demi d’ouverture (NDLR : numéro 10), tu gères un peu plus le jeu que sur le poste d’arrière. Tu as de plus grosses responsabilités comme manager l’équipe, annoncer les combinaisons ou encore gérer les temps forts et faibles. C’est alors ce qui diffère du poste d’arrière (numéro 15), où tu es un peu plus libre, tu as plus d’espace pour relancer et moins de responsabilités. Pour ma part, je préfère le poste de 10 pour sa responsabilité de buteur qui est intéressante et que j’aime beaucoup, ainsi que pour son management du jeu. Je suis compétiteur, je n’aime pas perdre, donc je préfère gérer les choses pour mettre toutes les chances de mon côté pour gagner.

Tu évoques une responsabilité du poste de demi-d’ouverture. La Rochelle connaît des soucis au niveau de ce poste de buteur, comment vis-tu la concurrence et la pression mentalement ?

P.P : Je la vis très bien, j’ai des concurrents que sont Ihaia West et Jules Plisson, qui sont des copains. La concurrence se passe bien, on est trois au poste et au vu du nombre de matches entre Coupe d’Europe et Top 14, il y a du temps de jeu pour tout le monde… En ce qui concerne la déficience du buteur à La Rochelle, c’est quelque chose qui est très controversé. Il ne faut pas juger et accabler quelqu’un qui loupe devant les poteaux. Malheureusement, c’est la responsabilité de ce poste qui fait ça, tu peux être le héros du soir ou alors celui que tout le monde va critiquer. Donc c’est quelque chose aussi qu’il faut savoir gérer. Comme dirait notre coach Ronan O’Gara, « sur les jours moins bien, il faut être minimum à six ou sept sur dix devant les poteaux ». Ce sont des choses qu’il faut apprendre à gérer et travailler pour qu’il n’y ait pas de raison que ça se passe mal lors de la réalisation.

Deux scénarios chaotiques se répètent pour toi contre Biarritz où tu vois ton équipe perdre sur le fil. Une première fois en demi-finale de Pro D2 avec Vannes et une deuxième en Top 14 avec le Stade Rochelais. Comment le vis-tu sur le plan psychologique ?

P.P : Cela ne m’impacte pas plus que ça… J’y ai brièvement pensé avant le match la deuxième fois. J’ai débuté remplaçant et je voyais les gars faire le job, je me suis dit : « j’espère qu’on ne va pas perdre encore à la dernière minute ». En effet, la première fois en demi-finale avec Vannes, j’étais sorti sur les coups de la 65eminute, donc je n’étais pas acteur de cette fin de match, ce qui était frustrant. Or, la deuxième fois, je l’étais, mais les erreurs enchaînées ainsi que les cartons nous ont mis en infériorité numérique et nous avons craqué…

Aujourd’hui, quel est ton principal objectif ?

P.P : Mes objectifs de cette année sont de continuer à découvrir le championnat du Top 14 et d’accumuler le maximum de temps de jeu possible, dont je suis satisfait pour l’instant. Le fait d’enchaîner et de pouvoir jouer permet d’être de plus en plus performant le week-end. C’est sûr que quand tu ne joues pas, c’est plus compliqué de montrer ce que tu es capable de faire. Actuellement, j’en suis capable et j’ai les opportunités de le montrer, alors garder ce temps de jeu et être le plus régulier possible est important pour moi.

Le XV de France, y penses-tu ?

P.P : Non. Pour l’instant, c’est quelque chose qui est encore assez loin, puisque je mets un premier pas déjà dans le Top 14 en essayant d’être le plus régulier possible pour l’équipe. Je suis donc focalisé là-dessus et non sur d’autres pensées qui viennent entacher mes principaux objectifs.

Crédits photos : La Nouvelle République, Rugbyrama, Le Télégramme et Sud Ouest

Théo De Sousa – 5 juin

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