Dès demain, les courts du Tennis Club Lillois Lille Métropole vont retrouver leur allure internationale puisque le Play In Challenger reprend ses droits pour sa quatrième édition. Du 21 au 27 mars, le haut-niveau tennistique va prendre place à Lille pour le plus grand plaisir du public, de retour après une mise au ban prolongée. Des plus jeunes aux plus expérimentés, il y en aura pour tous les goûts et surtout, le suspense s’annonce intense.
LE MODÈLE CHALLENGER PERDURE À LILLE

Avec une dotation de 79 680 dollars au compteur, sans compter la prise en charge de l’hébergement, le Play In est le plus gros tournoi français au Nord de Paris. Outre ce statut, son positionnement dans le calendrier permet d’attirer de nombreux joueurs, puisque la même semaine, seuls le Master 1000 de Miami et un Challenger à Biel en Suisse se jouent sur dur. Cette situation ouvre la possibilité d’avoir quelques joueurs du top 100 et un niveau a minima autour de la 250e place mondiale.
Par ailleurs, nouveauté cette année avec le retour de la Race, nommée désormais « Destination Roland Garros ». Son objectif ? Favoriser la participation des joueurs tricolores aux tournois qui se disputent dans l’Hexagone, en offrant une wild-card (invitation) tableau pour Roland-Garros 2022, ainsi qu’une wild-card qualifications. De par un classement établi sur 6 tournois, c’est actuellement Quentin Halys qui est en tête pour l’invitation dans le grand tableau et pourrait ainsi accroître son avance à Lille. « Ce circuit était déjà en place en 2019, il valorise ces tournois-là et développe une attractivité supplémentaire » se félicite Antoine Sueur, président du TC Lillois. Tout comme l’Italie qui a mené une énorme politique de développement des tournois Challengers, la France semble emboîter le pas, avec un seul objectif à la clé : « permettre aux joueurs français de prendre des points ATP sans aller trop loin » explique Antoine Sueur. À Lille, le vainqueur empochera 90 points, un beau capital qui permettra à un joueur de faire un bond au classement mondial.
Outre le sportif, c’est le public qui va faire son grand retour, avec la possibilité d’avoir un peu plus de 1000 spectateurs sur le court central, de quoi réanimer un tournoi qui avait subi le huis-clos l’an dernier et une ambiance bien terne par rapport à ce qui s’annonce pour l’édition 2022. « Le public a besoin de revenir sur des événements de sport et de voir du haut-niveau » confie le président du TC Lillois, optimiste à l’idée de revoir du monde dans son club pour le Play In Challenger.
QUI POUR SUCCÉDER À ZIZOU BERGS ?

Contrairement à l’édition 2021, de nombreux joueurs européens et au-delà seront présents avec pas moins de 11 nationalités représentées dans le tableau final, 19 avec les qualifications comprises. Parmi les favoris, la tête de série une qu’est Ricardas Berankis (LIT) semble être grandissime favori, lui qui est 84e mondial à l’heure actuelle. Il y a près d’un mois, il atteignait les ¼ de finale de l’ATP 500 de Dubaï en performant à Top 60, ce qui assoit son statut. L’ex-23e ATP qu’est Damir Dzumhur pourrait également jouer un rôle important, lui qui est désormais 137e mondial. Le Bosniaque n’est pas dans une grande forme malgré un ¼ de finale en ATP 250 à Montpellier, même si le symbole montre qu’il s’est offert le scalp de Zizou Bergs (BEL) à deux reprises en 2022, ce dernier qui est le tenant du titre ici à Lille. Issu des qualifications en 2021, Bergs sera cette fois-ci tête de série et aura la lourde tâche de défendre son titre durement acquis contre Grégoire Barrere (7-6 dans le troisième set de la finale).
Chez les Français, la tâche sera ardue, mais pas impossible, puisque Grégoire Barrere tentera la passe de trois après ses sacres en 2018 et 2019, sans oublier une finale perdue en 2021. Néanmoins, il ne semble pas encore au maximum de sa forme en ce début de saison, avec seulement une finale de Challenger à Quimper, et une défaite face à Quentin Halys du côté de Pau. En parlant de ce dernier, il sera la tête de série numéro 2 à Lille et sort d’une finale à Turin dans la même catégorie de tournoi. Un potentiel succès au Play In Challenger pourrait lui offrir une entrée dans le Top 100, un de ses objectifs majeurs depuis des années.
Côté invitations, place aux jeunes avec deux français et un belge conviés, en les personnes de Sascha Gueymard-Wayenburg (ATP 706), Sean Cuenin (ATP 913) et Simon Beaupain (ATP 856). Âgé seulement de 18 ans, Cuenin est légitimement récompensé de sa ½ finale au Future de Créteil le week-end dernier, avec des performances à Top 600. De son côté, Gueymard-Wayenburg multiplie les derniers carrés sur le circuit Future, sa chance lui est donc logiquement donnée de faire ses preuves à l’échelon supérieur, et parmi un plateau royal.
UN MASTER 1000 À PIERRE-MAUROY, ET POURQUOI PAS ?

En 2021, Andrea Gaudenzi, président de l’ATP, ainsi que le Board de cette association, ont validé l’idée d’augmenter les prize money dans les Masters 1000, ainsi que leur nombre dans le calendrier. Une opportunité pour Lille ? « Imaginez une finale de Master 1000 au Stade Pierre-Mauroy devant 27 000 personnes, c’est du jamais vu dans une finale de Grand Chelem ! » s’exclame Antoine Sueur. En effet, la Métropole Européenne de Lille, partenaire financier du Play In Challenger, a questionné le président du Tennis Club Lillois Lille Métropole au sujet d’une montée en gamme du tournoi. D’abord envisagé, le projet d’ATP 250 ne semble pas viable, tant le manque d’équipement type Palais des Sports est criant dans la Métropole lilloise. De plus, le modèle financier est très instable et pour attirer les meilleurs joueurs, « il faut compter plusieurs centaines de milliers d’euros pour un top 10 » comme nous l’explique le président du club, ce qui représente un coût important.
Or, la présence des meilleurs joueurs mondiaux est obligatoire dans un Master 1000, sans oublier un équipement qui s’y prête (Pierre-Mauroy, qui a déjà accueilli la Coupe Davis) et des recettes de billetterie et de droits TV conséquentes. Y croyant dur comme fer, Antoine Sueur espère fédérer tous les acteurs économiques, politiques ou encore associatifs du territoire pour y arriver, « après Paris 2024, ce serait bon pour la dynamique » espère-t-il. Tout le monde se souvient de la candidature avortée de Lille pour l’organisation des Jeux Olympiques d’Été de 2004, qui a été finalement décrochée par Athènes. Cette fois-ci, le rêve est permis et n’est pas éloigné de Lille et sa Métropole.
Dès ce dimanche, les qualifications vont ouvrir le bal avec la découverte de jeunes talents du tennis français et européen, et de précieuses places sont à gagner pour le tableau final, qui débutera quant à lui lundi après-midi.
Crédits photos : Laurent Sanson / Play In Challenger Lille