Son tracé est iconique et son passé chargé d’histoire. Le circuit d’Interlagos a toujours été le théâtre de grandes batailles en piste, sacrant les plus grands noms de la F1. Pour cela, il n’y a qu’à voir les premiers virages qui portent le nom de l’illustre Ayrton Senna. Cette année encore, l’étape brésilienne du calendrier aura fait parler en long en large et aura baptisé un tout nouveau vainqueur de Grand Prix. Entre Magnussen époustouflant et l’honneur à la jeunesse.
MAGNUSSEN OU LE RAYON DE SOLEIL DANS LA PLUIE BRÉSILIENNE

Depuis son entrée en 2016 dans le championnat, Haas n’a jamais créé l’exploit. Ni podium ni pôle position. Malgré son faible budget, l’équipe américaine a redressé la barre cette saison. Ce week-end au Brésil en est le parfait exemple.
Un Grand Prix qui restera marqué à jamais dans les esprits de l’écurie. Kevin Magnussen découvre que sa voiture est performante à Interlagos, sans se douter à quel point. Septième lors de la Q1 et de la Q2, il est le premier à s’élancer dans la Q3. Avec un chrono en 1:11.674, il se place premier devant Max Verstappen. Tout d’un coup, drapeau rouge… George Russell s’est enlisé dans les graviers. Tout le monde doit rentrer au stand et voilà que Magnussen apprend qu’il est premier. Il n’en croit pas ses yeux et pense à une blague de son ingénieur. Mais non, ce rêve est bien devenu réalité. La pluie tombe, la piste s’humidifie. À la reprise, personne ne réalise de chrono. Kevin Magnussen est en pole position, la première de sa carrière, la première pour Haas.
Malgré un départ impeccable du Danois durant la course sprint, l’écart avec les grosses écuries est trop grand. Pourtant, il arrive à prendre la huitième position et ainsi décrocher un petit point. Un point, très important pour les Américains qui se battent pour la 8e place du championnat constructeur avec Alpha Tauri. Désormais deux points derrière eux avant la dernière échéance.
De l’exploit au crash, l’heureux pensionnaire d’Haas s’est trompé de jour pour la course sprint. En même pas un tour, un accrochage avec Daniel Ricciardo le pousse à l’abandon.
DU SPRINT AU DRAPEAU À DAMIERS : LA MAIN DE MAÎTRE DE RUSSELL

Troisièmes lors des qualifications, c’est indéniable, les Mercedes performent à Interlagos. Débarrassé de Magnussen tôt dans la course sprint, George Russell se déploie tel un guépard guettant sa proie… Max Verstappen. Du 12e au 15e tour, les deux auront offert une bataille digne de ce nom aux millions de fans. Finalement, le jeune pilote britannique décroche la première position sur la grille du dimanche.
Derrière le chaos des premiers tours, il y en a un qui se promène : Russell. En tête du premier virage au dernier (virtuellement après son 1er arrêt), aucun autre pilote n’arrive à le suivre. La rupture mécanique de Norris au 52e tour aurait pu rebattre les cartes. D’autant plus que Mercedes ne donne pas de consigne à ses deux Britanniques aux avant-postes. Hamilton est en quête de sa 104e victoire, Russell de sa première. Finalement, ce dernier maintient l’écart à plus d’une seconde pour s’offrir la première victoire d’une longue série qui l’attend sûrement.
Il devient le 113e vainqueur de Grand Prix de Formule 1, le tout en 83 courses disputées. Une consécration qui a bien failli ne jamais arriver. Victime d’une fuite d’eau, sa flèche d’argent aurait pu ne pas rallier la ligne d’arrivée. Heureusement pour lui, il offre tout de même la première victoire de la saison à Mercedes et le premier doublé depuis Imola 2020.
LE GRABUGE DE LA PREMIÈRE PARTIE DE COURSE

La course fût mouvementée… Très mouvementée. Bien avant que les radios ne chauffent, les duels faisaient déjà rage.
Au départ, George Russell conserve sa première place et les “S” de Senna qui font office de premiers virages, sont passés sans encombre. Il ne faut néanmoins pas attendre bien longtemps dans ce premier tour pour assister au premier accrochage. Daniel Ricciardo se porte à hauteur de Kevin Magnussen, mais harponne de son aileron avant la roue arrière droite du pilote danois. Surprenante tentative de dépassement, mais encore plus surprenante réaction du pilote Haas, qui n’arrive visiblement pas à tenir les freins et vient, tel un boomerang, terminer son tête à queue dans la même McLaren qui l’avait touchée. Les deux pilotes abandonnent, Magnussen passe du rêve au cauchemar.
Lorsque la Safety Car s’efface, George Russell attend le tout dernier moment pour relancer la course. De ce fait, les voitures sont on ne peut plus près les unes des autres. Dès le premier virage, les hantises de la saison passée ressurgissent et Verstappen ainsi qu’Hamilton s’accrochent tous deux. Côte à côte à l’entrée du premier “S”, les pontons se touchent et les débris volent. “Aucune place pour l’incident de course là”, déclare Hamilton à la radio. Verstappen sera jugé coupable et écopera d’une pénalité de cinq secondes.
Un peu plus loin dans ce septième tour, cette fois dans le secteur 2, c’est au tour de Norris et Leclerc, les deux amis d’enfance, de s’affairer à quelques galipettes. Ces deux-là ne s’étaient pas lâchés depuis le début de la course. Le pilote Britannique plonge trop loin au virage 8 et envoie la Ferrari dans le mur. La McLaren abandonnera au tour 52, alors que Leclerc, passé aux stands directement après l’incident, remontera à la quatrième place.
D’ALPINE À REDBULL : DU “DRAMA” EN VEUX-TU EN VOILÀ

Alpine est la première à pimenter les débats. Dès la course sprint. Les deux coéquipiers s’accrochent à deux reprises. Jugé fautif sur la deuxième touchette, Fernando Alonso, tout de même énervé, lâchera : “J’ai juste envie d’aller à Abu Dhabi et de tester la voiture verte, c’est ça mon principal objectif maintenant.” Malgré deux ans de ce qui semblait être une collaboration idyllique entre Ocon et lui, le divorce est déjà consommé.
À Milton Keynes, il y a un roi qui s’appelle Max Verstappen. Tout est fait pour le couronner. Champion du monde au Japon, il n’a plus rien à gagner. Mis à part des courses pour les livres d’histoires. Or, son teammate joue, lui, la deuxième place au championnat pilotes. Même si ce classement n’est pas le plus important, cela semble évident que le Néerlandais devrait faire son maximum pour l’aider. Lors de la course sprint, il ne laisse pas passer Perez une première fois. Un point de perdu.
Le Néerlandais est condamné à remonter le dimanche. En fin de course, son équipe lui demande d’échanger les positions avec Checo. Il refuse, agacé : “Ne me demandez pas cela. Est-ce que c’est clair ?” Deux nouveaux points de perdus. Quand l’ingénieur de Perez l’informe, celui-ci rétorque qu’il (Verstappen) “montre qui il est vraiment.” Bien que le clan Red Bull tente de rassurer, les tensions sont là.
Heureusement, dans cette lutte pour la seconde place, Charles Leclerc est également délaissé. Malgré des demandes incessantes du Monégasque, l’équipe refuse d’échanger les places en toute fin de Grand Prix. Agacé, Leclerc fait transparaître une certaine animosité envers son écurie. Que ce soit à Maranello ou à Milton Keynes, la cohabitation sera rude la saison prochaine. Les comères n’ont qu’à bien se tenir.
LE POINT FRENCHIES

Le week-end était prometteur pour Alpine et Esteban Ocon. Qualifié sixième vendredi soir, il se permettait même un plein de confiance samedi matin, avant la qualification sprint, en prenant la tête de la seconde séance d’essais libres. Seulement, samedi soir, changement radical d’ambiance au sein de l’hospitalité française. En bataille dès le premier tour du sprint, Ocon et Alonso, parti septième, bataillent. Roue contre roue au virage 4, l’Espagnol doit céder. Puis, dans la grande ligne droite en montée reliant le dernier virage au premier, les deux monoplaces s’accrochent. Alonso vient effriter son aileron avant à l’arrière de la monoplace d’Ocon. “J’ai perdu mon aileron grâce à notre ami”, ironise-t-il à la radio. Seulement, difficile de blâmer Ocon, à l’intérieur, ne bougeant pas sa monoplace.
Le bilan est salé : 17 et 18es à l’issue de la qualification sprint avec, en prime, des déclarations virulentes d’Alonso. Dès le dimanche, la remontée est enclenchée. Alonso finit cinquième et Ocon septième. Dommage que le sprint ait plombé un week-end où les Alpine ont été performantes.
“J’étais content de mon départ, j’ai pu me hisser à la neuvième place. Seulement avec les médiums on a commencé à souffrir et à la fin nous étions trop lents et plus du tout compétitifs. Dans le cockpit j’ai tout donné et malgré quelques bonnes batailles, nous n’avons pas été assez rapides pour le Top 10”, explique Pierre Gasly. Les mots du pilote AlphaTauri à la fin du GP reflètent un nouveau week-end compliqué pour lui et l’équipe de Faenza. Douzième au départ de la course sprint, il la finit en dixième position, avant de franchir le drapeau à damiers du Grand Prix en 14e position.
Les regards sont à présent tournés vers Abu Dhabi. Dernière valse de cette saison 2022 de Formule 1, il devrait également s’agir de la dernière danse de Ricciardo, en attente de mieux, ainsi que de Sebastian Vettel, qui sera désormais retraité, le drapeau à damiers une fois franchi.
Crédits photos : The San DIego Union-Tribune, Motorsport, Auto Hebdo, CNN, Telegraph, F1 Porn
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