L’écurie Williams est la première à passer au crible de notre mini-série d’articles « Écuries de paddock » où vous découvrirez toutes les équipes engagées au championnat 2020 de Formule 1. Avec leurs histoires, leurs ultimes résultats et les attentes futures, chaque équipe vous sera présentée de la même manière. Williams, cette équipe multi-titrée ayant sombré ces dernières années, reste un des grands noms de la Formule 1 et du sport automobile. Malgré ses 9 titres constructeurs, ses 114 victoires et ses 128 pôles positions, l’écurie avec un passé tout de même brillant va mal et ne connaît plus la victoire depuis le grand prix d’Espagne du 13 mai 2012, remporté par Maldonado. Focus.
La naissance et les débuts de l’écurie
En 1966, Frank Williams fonde Frank Williams Racing Car Ltd. Le passionné qui a toujours rêvé de diriger une équipe a jusqu’ici préparé et engagé les châssis Brabham en Formule 2 et 3. C’est en 1969 que Williams se voit en Formule 1 et après bon nombre de résultats médiocres, devient constructeur et suit sa nouvelle stratégie visant à devenir une écurie à part entière. En 1973, Williams est pour la première fois engagé au championnat du monde de Formule 1, cette saison se clôturera par une dixième place au classement général tout comme l’année suivante. Devant les résultats insatisfaisants à répétition, Frank Williams signe un accord avec le milliardaire Walter Wolf qui, en échange d’investissements dans l’équipe, a une main mise sur l’écurie alors nommée Wolf-Williams.
Un an plus tard, l’homme d’affaires pousse Williams vers la sortie et l’équipe devient Walter Wolf Racing en 1977. Le passionné ne se laisse pas abattre et fonde une nouvelle écurie avec l’aide et la participation de Patrick Head, ingénieur automobile. Williams Grand-Prix Engineering perdure et est aujourd’hui connu comme Williams F1 Team. C’est cette équipe qui marquera la F1 de son empreinte avec ses hauts et ses bas. Après une saison 1977 en tant que non-engagé, c’est en 1978 que la « vraie » équipe Williams débute en Formule 1 et est de nouveau constructeur. Après avoir terminé neuvième au classement général, l’année 1979 en plus d’être bien plus meilleure annonce une révolution.
Un peu d’histoire
Dès 1979, Williams termine second et rêve d’un titre. Un an plus tard, Alan Jones, qui pilote pour l’écurie remporte le titre mondial, ce qui contribue à offrir le titre constructeur à son équipe. En 1981, Williams récidive. L’écurie se verra reléguée quatrième en 1982 et 1983. Un nouveau moteur arrive, celui de Honda est utilisé dès 1984. Deux ans plus tard, l’équipe revient sur la première place du championnat constructeur. Seulement, elle est affectée par l’accident qu’a eu son directeur d’écurie Frank Williams, le paralysant à vie. Le passionné surmonte la difficulté et continue de diriger l’écurie. Piquet lui rend hommage en devenant champion du monde l’année suivante, néanmoins Honda s’en va et le brésilien avec, mécontent de son statut de numéro 2. En 1989, Renault équipe la monoplace ce qui va payer avec une seconde place au classement, la bataille avec McLaren s’intensifie.
Une domination s’étend aux alentours de 1994, quatre pilotes de marque seront alignés : Ayrton Senna qui remplace Alain Prost parti en retraite, Damon Hill, David Coulthard et Nigel Mansell. Les deux premiers GP sont compliqués et alors que tout semble aller mieux à Imola, Senna, en tête du grand prix, se tue après un accident. Les autres pilotes permettent à l’équipe de devenir championne du monde. Après une seconde place en 1995, l’écurie est de nouveau sacrée en 1996 et 1997. C’est le neuvième et dernier titre constructeur de Williams à ce jour.
En 1998, l’équipe n’est pas au rendez-vous, son moteur semble être en retard par rapport aux autres équipes. Il s’agit d’une saison sans victoire pour Williams qui ne peut faire mieux qu’une troisième place au classement général. Suite à cela, Jacques Villeneuve part de l’équipe. Nous sommes en 2004 et Williams tente quelque chose d’audacieux : un aileron avant jamais vu et peu concluant. Malgré un bon début de saison, la monoplace n’est pas performante et l’écurie achève la saison 2004 à la quatrième place. Williams achève son année 2009 à la huitième place malgré un bon début de saison aidé par la nouvelle réglementation. Preuve de la mauvaise situation de l’équipe, Frank Williams vend des parts de l’écurie à une société d’investissement dirigé par Toto Wolff. Rosberg, qui a marqué tous les points pour l’équipe s’en va chez Mercedes et Nakajima part également.
Pour la saison 2013, Claire Williams devient la directrice générale de l’écurie, tout en gardant une main mise sur l’aspect commercial. Depuis son entrée en fonction, elle doit essuyer les critiques qui prônent une mauvaise gestion de l’écurie. En 2016, Massa annonce sa retraite et quitte l’équipe, il sera remplacé par Lance Stroll dont le père Lawrence investit dans l’écurie pour 2017. Le départ de Bottas pour Mercedes contraint l’équipe à faire sortir Massa de sa retraite. Cette saison-là voit aussi Williams terminer cinquième. Un an plus tard, en 2018, l’écurie touche le fond. Sirotkin et Stroll n’inscrivent que 7 points : l’écurie termine dixième et dernière du championnat.
Quel bilan en 2019 ?
Dès le début de l’année 2019, durant les essais hivernaux, les fans de Formule 1 et l’équipe elle-même dont Claire Williams, savaient que la saison allait être longue et difficile. Une voiture livrée trop tard contraignant l’équipe à ne pas courir durant les premiers jours d’essais hivernaux sur le circuit de Barcelona-Catalunya en Espagne, était la preuve que Williams allait, et était déjà en difficulté. La voiture, elle, présentait des résultats en piste différents de ceux en soufflerie, faussant ainsi une partie de la préparation et de la mise au point en usine. Les pilotes que sont George Russell et Robert Kubica ont, de ce fait, eu du pain sur la planche. En plus de cela, Lance Stroll s’en est allé pour les voitures roses de chez Force India. Qui dit départ de Lance Stroll dit départ également du père, Lawrence Stroll, qui investissait dans l’écurie où son fils pilotait.
Pour le duel et la confrontation des deux pilotes, Russell semble être le grand gagnant, chose confirmée par son baquet de nouveau retenu pour 2020. Bien qu’il ait terminé vingtième et dernier au classement général et que Kubica ait fini 19e avec 1 point, il a battu son coéquipier lors des 21 séances de qualifications. Russell a également écrasé son coéquipier en termes de résultats puisqu’il a fini 17 fois devant ce dernier qui n’a pu terminer devant l’anglais que 4 fois. Du côté des abandons, l’équipe a très longtemps été la seule à ne pas avoir abandonné en course avant que ses pilotes se retirent 2 fois chacun. C’est donc un bilan de la saison 2019 bien triste pour Williams qui a terminé dernière au classement constructeur avec seulement un point. En terminant une unique fois dixième, l’écurie ne connaîtra pas de coup d’étincelle à l’image du podium de Lance Stroll à Bakou en 2017.
Quid de l’avenir ?
Quel avenir pour l’écurie Williams en Formule 1 ? Leurs performances aux essais hivernaux avec la Williams F43 montre une meilleure voiture, eux qui avaient manqué les premiers jours d’essais en 2019 se sont améliorés. La monoplace arbore quelques modifications : un nouveau design et un aileron avant un peu différent des autres équipes pour favoriser les appuis avants entre autre. Pour 2020, Williams pourrait donc récolter plus de points que les dernières saisons passées. Son duo de pilote sera composée de George Russell qui entame sa seconde année en Formule 1 et au sein de l’écurie, et de Nicholas Latifi. Après quatre saisons passées en Formule 2 et de nombreuses victoires, ce dernier viendra offrir ses services notamment du point de vue financier à l’équipe. Deux pilotes qui affichent leurs motivations, deux pilotes qui ont la lourde tâche de redresser l’écurie.
Si l’on regarde plus loin, du côté de la saison 2021, l’écurie Williams pourrait être l’une des grandes gagnantes de la réforme annoncée. Aidée par le plafond financier et certaines pièces standardisées pour toutes les équipes, l’écurie se verrait favorisée. Néanmoins, malgré les circonstances favorables à de meilleurs résultats, l’équipe va mal. En quête d’investisseurs, l’écurie a été mise en vente et manque cruellement de ressources financières. Certaines rumeurs s’accordent même à dire que Nicholas Latifi aurait investi de l’argent provenant de sa fortune personnelle pour tenter de combler le manque économique. Si l’avenir de l’écurie est trouble, celui de son pilote numéro 1 également. George Russell, et ce n’est pas un secret, est suivi de très près par Mercedes qui l’a d’ailleurs fait conduire aux essais d’après-saison à Abu-Dhabi et s’est réjoui de ses performances. Il pourrait bien rejoindre une équipe de plus haute voltige lors des prochaines années.
L’avenir de Williams est donc incertain. L’écurie va-t-elle rester dans la catégorie reine du sport automobile ? Nul ne peut le prédire. Mais une chose est sûre : personne ne pourra enlever l’histoire, les titres et la passion de Franck Williams et de sa fille pour l’équipe et au service de cette dernière.
Crédits photos : Evening Standard, Daily Mail, Sport’s House, Mark Thompson/Getty, Radio Canada et Motorsport