Accueil » Écuries de paddock (2/10) : Renault, étendard de la France

L’écurie Renault F1 Team est la seule écurie française depuis quelques années mais aussi l’une des équipes les plus iconiques de la Formule 1. Basée à Enstone au Royaume-Uni et en France du côté de Viry-Châtillon, elle détient le statut de motoriste et a connu plusieurs périodes d’absence en F1. Avec Alain Prost comme directeur non exécutif et Cyril Abiteboul comme directeur, l’équipe se bat aujourd’hui en milieu de grille. Focus sur une écurie à part entière qui compte, à l’orée de la saison 2020, 383 courses disputées, 1596 points engrangés, 35 victoires, 100 podiums, 51 pôles positions ainsi que 2 titres constructeurs et pilotes.

La naissance et les débuts de l’écurie

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En octobre 1898, Louis Renault, grand passionné d’automobile et de mécanique et aidé de ses deux frères, crée la Société Renault Frères. Si la filière sportive de Renault est présente dans le sport automobile depuis 1899, il faut patienter jusqu’en 1977 pour voir une monoplace rouler en Formule 1. Déjà, il s’agissait d’un modèle jaune conduit à l’époque par Jean-Pierre Jabouille. Pour cette saison, du fait de leur arrivée en cours d’année, l’écurie ne sera pas classée. Cependant, la monoplace est révolutionnaire pour l’époque du fait de son turbo. Encore faut-il savoir le gérer, ce qui n’a pas été le cas lors des premiers grands prix.
En 1978, Jabouille reste l’unique pilote de l’écurie. La voiture va s’améliorer et son turbo aussi, ce qui permet à Renault de récolter ses premiers points et de se classer 12e. L’année suivante, l’équipe française prend le départ des grands prix avec deux voitures : l’une conduite par Jean-Pierre Jabouille et l’autre par René Arnoux. Une excellente saison qui verra Jabouille remporter quelque temps après sa première pôle position le GP de France, sur ses terres et sur les terres de l’écurie. Bonus pour Renault, les deux monoplaces sont parties en première ligne, preuve de l’évolution de leur voiture. À partir de ce moment-là, l’écurie domine certaines équipes, la plupart s’équipent désormais d’un moteur turbocompressé. Renault finit la saison 1979 à la sixième place du classement constructeur.

Un peu d’histoire

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En 1980, Renault termine quatrième avec 38 points engrangés, Arnoux remporte des grands prix tandis que Jabouille est plombé par les problèmes techniques. La saison suivante, Alain Prost remplace Jabouille et contribue à classer l’équipe troisième au classement. Pour 1982, chacun de ces pilotes s’impose sur 2 courses, il s’agira alors d’une petite désillusion car l’écurie et les fans se pensaient capables de remporter les titres constructeurs et pilotes. Seulement, les problèmes techniques de fin de saison en ont décidé autrement et contraignent Renault à se contenter de la troisième place. De l’amélioration est à constater en 1983. Bien qu’Arnoux s’en est allé chez Ferrari après des tensions avec son coéquipier et soit remplacé par Cheever, Prost gagne en piste et manque de peu le titre mondial. Comme son écurie, il termine second. Après de nouvelles tensions, le futur quadruple champion du monde quitte Renault.
Pour 1984, les pilotes sont donc Tambay et Warwick. L’écurie aux monoplaces jaunes terminera cinquième et continue sur cette pente descendante en 1985 où elle se classe septième avec seulement 16 points. Des suites de cette saison, Renault quitte la F1 du moins partiellement puisque la firme française reste motoriste.

Renault rachète Benetton qui conserve son appellation mais attend un peu pour s’engager en F1. Flavio Briatore, personnage charismatique, devient alors directeur d’écurie. L’écurie prend part au championnat en 2001 et ce n’est qu’une saison plus tard, en 2002, que l’équipe est renommée Renault. Malgré une fin de saison plombée par les soucis techniques, Renault atteint son objectif qui est de terminer la saison quatrième. Leur duo de pilotes Trulli – Button change quelque peu pour 2003 avec l’entrée en scène d’un pilote clé pour Renault, celui qui lui apportera ses deux titres constructeurs : Fernando Alonso. En 2003, l’équipe termine quatrième et compte 88 points. Avec des pôles positions et des podiums, Alonso réalise des coups d’éclats dès sa première saison jusqu’à offrir à Renault, en Hongrie, sa première victoire depuis 20 ans. Trulli, quant à lui, est un peu plus en difficulté. Pour 2004, il amène le plus de points dont une victoire à Monaco. Alonso commet de multiples fautes en qualifications qui le pénalisent en course mais réalise tout de même une saison correcte. Alors que Trulli semble être au fond du trou, Briatore le remplace par Villeneuve en fin de saison, Renault arrache la troisième place. L’année suivante, Fisichella arrive et contribue au titre de championne de l’équipe. Aidé par la nouvelle réglementation, Alonso enchaîne les bons résultats et est sacré lui aussi champion du monde.
En 2006, rebelote. Malgré un duel acharné avec Ferrari et son pilote Schumacher, Renault et Alonso conservent les titres pilote et constructeur. L’année suivante est moins bonne, Alonso est parti et remplacé par Kovalainen. Il s’agit d’une saison difficile pour la French Team qui doit, la majorité du temps, se contenter de 4e places. Du fait de ses résultats médiocres, elle se classera troisième avec 51 points. Alonso est de retour pour l’année 2008 et Piquet Junior, fils de la légende brésilienne, conduit à ses côtés. Avec un début de saison difficile, un Nelson Piquet Junior en souffrance et le scandale du grand prix de Singapour 2008, l’écurie ne peut faire mieux qu’une quatrième place au classement, sauvée in-extremis par une excellente fin de saison.

Pour 2009, la réglementation a de nouveau changé et n’arrange pas pour autant l’équipe française, c’est une saison difficile puisque l’équipe termine huitième. Seulement, elle va tout de même faire parler d’elle. Viré en cours de saison et remplacé par Grosjean, Piquet révèle pour se venger que Briatore lui a demandé de se crasher au GP de Singapour 2008 pour offrir, du fait de la sortie de la Safety Car, la victoire à Alonso. Énorme polémique : Briatore est renvoyé et des sponsors de marque se retirent. Pour 2010, Alonso s’en va chez Ferrari et un nouveau duo de pilotes voit le jour : Kubica, qui fera de multiples podiums et Petrov, qui connaîtra une saison moins brillante. La voiture s’améliore et est innovante ce qui permet à l’équipe de terminer cinquième avec 163 points.
Pour, 2011, Renault connait le même classement que la saison passée. Après un accident en rallye de Kubica qui l’empêchera de remonter dans une monoplace pour quelque temps, Heidfeld pilote mais sera remplacé par Bruno Senna. Il s’agit d’une saison mitigée au terme de laquelle l’équipe est rachetée et renommée Lotus F1 Team, Renault restera motoriste jusqu’à son retour en 2016. Ainsi, l’écurie revient grâce au rachat de Lotus, ses pilotes sont Kevin Magnussen et Jolyon Palmer alors que Cyril Abiteboul entre au poste de directeur général. Renault marque très peu de points (8) et termine neuvième, une bien meilleure saison se profile pour 2017. Malgré une fin d’année quelque peu gâchée par les abandons, l’équipe se classe sixième. Pour le GP des États-Unis, Sainz remplace Palmer. La saison suivante, Renault confirme la lancée sur laquelle elle semblait être en terminant quatrième avec 122 points.

Quel bilan en 2019 ?

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En 2019, Renault n’arrive pas à rester sur sa lancée qui voyait l’écurie progresser d’année en année et qui visait à se rapprocher un peu plus du Top 3 pour creuser sérieusement l’écart avec McLaren. C’est bel et bien l’inverse qui se produit : une cinquième place et 91 points ne permettent pas aux monoplaces jaunes de contenir McLaren et encore moins de se rapprocher de Red Bull. Pour la saison passée, les pilotes étaient d’une part Nico Hulkenberg qui connaissait sa troisième saison avec Renault et toujours en quête d’un podium qui semble lui tendre les bras en Allemagne avant que l’allemand ne se crashe et de l’autre côté. Sans oublier l’iconique Daniel Ricciardo, fraîchement débarqué de Red Bull, une décision qu’il assume et qu’il justifie par l’intérêt qu’il porte au projet de la franchise qui veut connaitre de nouveau les podiums de F1.
Les deux pilotes sont en concurrence mais comme pressenti, Ricciardo, en qui Renault place tous ses espoirs, prend le dessus en démarrant 14 fois sur 21 devant son coéquipier sur la grille. Aussi, il se classe à 12 reprises devant Hulkenberg en inscrivant 54 points contre 37 et en atteignant à trois reprises de plus la Q3. Côté abandons, Ricciardo est aussi devant en comptant 4 abandons pour l’australien contre 2 pour l’allemand. Déjà lors du premier grand prix en Australie, le pilote perd son aileron avant même le premier virage ce qui le contraindra à abandonner par la suite. Le ton est donc donné dès la première course : la saison risque d’être compliquée. De plus, Red Bull ainsi que son pilote phare Verstappen, mécontents des performances du moteur Renault en 2018, préfèrent opter pour les services de Honda. Malgré une erreur de parcours pour certains et une saison décevante pour d’autres, les deux pilotes gardent espoir et gardent également le sourire.

Quid de l’avenir ?

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Pour la saison 2020, Nico Hulkenberg n’est pas retenu chez Renault et disparaît des radars de la Formule 1, il est remplacé par le français Esteban Ocon. Depuis 2009 avec Romain Grosjean, l’écurie française n’avait plus connu de pilote de la même nationalité, ce sera donc chose faite en 2020. Le retour d’Ocon, qui avait été poussé vers la sortie avec l’arrivée du père et du fils Stroll chez Force India et le choix de l’équipe de garder Perez pour des raisons financières, sera surveillé et suscite déjà de nombreuses attentes. Ricciardo, lui, poursuit avec Renault en 2020 et s’en ira pour les monoplaces oranges de McLaren à la fin de la saison, il restera donc une place de libre chez l’écurie française en 2021. Si l’on parle de Vettel, de Bottas ou encore d’Alonso qui est en contacts avancés avec Abiteboul, il se pourrait bien qu’un jeune pilote issu de la Renault Academy occupe le baquet. Justement pour 2021, l’équipe devra se méfier de la réforme des règles. Si Williams n’a rien à craindre du fait que les nouvelles ne peuvent lui apporter que du meilleur, Renault pourrait être gagnante mais aussi perdante. Gagnante car elle pourrait s’approcher un peu plus du Top 3 mais perdante car la bataille sera de plus en plus rude en milieu de peloton.
En attendant 2021, Renault compte faire mieux que la saison précédente et récupérer la quatrième place en 2020. Pour cela, elle pourra compter sur le soutien financier de DP World, un sponsor de marque, et d’une nouvelle monoplace qui, malgré un design similaire à celui de 2019, comprend un nez plus fin et semble avoir plus d’appuis aérodynamiques : point sur lequel pêchait l’écurie en 2019.

De ce fait, Renault a connu plusieurs périodes en Formule 1. Comme toutes les écuries, l’équipe française a eu des hauts et des bas. Avec deux titres constructeurs, elle reste une entité incontournable de la Formule 1 passée, présente et pourquoi pas future.

Crédits photos : F1i – Auto Moto, Auto 123, F1 News, LalaSport et Next-Gen Auto

 

Solal Pestana – 13 juin

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