Accueil » ÉCURIES de paddock (6/10) : Haas F1 Team, un rêve américain bien particulier

« Rollercoasters » soit montagnes russes en français, voilà comment Günther Steiner, le directeur de l’écurie Haas, définit le quotidien de l’écurie américaine en Formule 1. Une expression bien significative pour une équipe qui a du mal, beaucoup de mal, depuis deux ans. Focus sur une formation aussi complexe que surprenante qui n’a pas débuté 2020 de la plus belle des manières et qui compte à ce jour 83 courses disputées pour un total de 197 points marqués.

La naissance et les débuts de l’écurie

Le 20 mars 2016, pour le grand prix d’Australie, premier d’une saison qui verra Nico Rosberg sacré champion du monde, une nouvelle écurie fait son apparition sur la grille de départ. Il s’agit de l’écurie américaine Haas F1 Team dont le propriétaire, Gene Haas, est déjà présent en Nascar. Alors que tout était prêt en avril 2014, la décision est prise du côté américain de reporter l’entrée de l’écurie dans la catégorie reine du sport automobile. Après avoir racheté les locaux de Marussia F1 Team à Banbury en Angleterre, Günther Steiner, ancien directeur technique de Jaguar Racing et de Red Bull, est nommé directeur principal.
Côté pilotes, le français Romain Grosjean et le mexicain Esteban Gutiérrez sont titularisés dans une monoplace dotée d’un moteur Ferrari V6 turbo. La première saison de l’écurie commence sur les chapeaux de roues avec de très bons résultats, situation rare pour une toute nouvelle équipe. Grosjean fait très bonne impression en terminant sixième en Australie et cinquième à Bahreïn. La suite de la saison est beaucoup moins réussie, notamment à cause de problèmes aux freins récurrents. Sans l’aide d’Esteban Gutiérrez qui ne marque aucun point cette saison-là, Haas ne peut faire mieux qu’une huitième place au classement constructeur pour un total de 29 points… 100 % Grosjean.

Un peu d’histoire

La saison 2017 voit arriver Kevin Magnussen en provenance de Renault pour remplacer Esteban Gutiérrez. Le premier grand prix de la saison se solde par un double abandon pour problèmes techniques après la meilleure qualification de l’histoire de l’écurie. Les GP s’enchaînent et l’écurie marque des points aux alentours des huitièmes places, parfois plus, parfois moins. Avec 47 points, elle termine huitième et est l’auteure d’une bonne saison pour sa seconde année en Formule 1.
En 2018, l’écurie connaît le meilleur classement de son histoire : cinquième avec 93 points. Comme l’année précédente, le premier grand prix se termine par un double abandon pour un problème d’écrous de roues mal vissées après l’arrêt aux stands des deux monoplaces. Si Magnussen marque l’essentiel des points pour l’équipe, et ce très tôt dans la saison, Grosjean a beaucoup plus de mal et voit sa confiance entamée dès le GP d’Azerbaïdjan avec son crash inattendu derrière la voiture de sécurité. En voulant faire chauffer ses pneus, il part dans le décor alors qu’il était en très bonne position. Ce fût une saison bien difficile pour le français qui manquait de confiance et de résultats. La deuxième partie de saison voit les pilotes rentrer plus de fois dans les points pour ainsi apporter de précieux points à l’écurie.

Quel bilan en 2019 ?

En ce début de saison 2019, la malédiction continue en Australie. Un nouvel abandon pour Romain Grosjean ne fait pas partir l’écurie du bon pied. Pourtant, le potentiel est révélé au grand jour avec une voiture très rapide qui permet à Magnussen de terminer sixième. Sur le reste de la saison, Haas peine à marquer des points et doit se battre en fond de grille. La voiture n’est pas très performante et connaît de nombreux problèmes techniques à tel point que Romain Grosjean s’est plaint d’un déficit de 60 km/h en ligne droite durant le grand prix d’Autriche. Si toutes les autres écuries améliorent leurs monoplaces au fil de la saison, l’équipe n’y arrive pas et doit même revenir à la configuration de la monoplace utilisée en Australie pour le GP de Grande-Bretagne, course qui verra les deux pilotes s’accrocher mutuellement et abandonner.
De ce fait, une forte rivalité entre pilotes n’a pas aidé l’équipe : entre accrochages, radios qui chauffent et mécontentements, la saison de Günther Steiner n’a pas aidé de tout repos. Des deux athlètes, c’est Kevin Magnussen qui a été le plus performant. Il a battu 13 fois sur 21 son coéquipier en qualification et a marqué 20 points contre 8 pour Romain Grosjean. Ils ont tout les deux accédé 9 fois à la Q3 mais Magnussen n’a abandonné que 2 fois en course contre 7 fois pour Grosjean.
Si la saison a été compliquée, elle l’a été sur tous les plans. Le 25 octobre 2018, l’équipe américaine annonce un partenariat de taille avec la marque de boisson Rich Energy en vue de l’année 2019. Quelque temps après, la marque est traînée en justice pour plagiat et résilie le sponsoring en plein milieu de la saison. Pour cause, « les mauvaises performances de l’écurie américaine » seraient la cause de la résiliation du contrat. Ce fût donc une saison difficile et bien triste pour Haas. Avec un total de 28 points en 21 courses, l’équipe termine neuvième au championnat constructeur, son pire classement depuis sa création.

Quid de l’avenir ?

À l’heure où la crise sanitaire a fait du mal à bien des équipes, l’avenir de Haas en Formule 1 reste incertain. Les haut-gradés de l’écurie n’ont pas caché la possibilité de la voir disparaître des radars de la F1 si les résultats ne sont pas à venir en 2020. Aux dernières nouvelles, Günther Steiner aurait assuré le maintien de l’écurie dans la catégorie reine du sport automobile la saison prochaine… Affaire à suivre. Pour 2020, la monoplace abandonne les couleurs noir et or connues sous l’ère Rich Energy pour revenir aux sources avec une voiture blanche et rouge. Côté technique, Haas devait résoudre ses soucis d’aérodynamisme ainsi que la tenue de route de l’arrière de la voiture. L’aileron avant, moins imposant que sur la livrée de 2019, offre plus d’appuis aérodynamiques et devrait faire gagner un peu de vitesse de pointe à la voiture. À noter également, une cheminée triangulaire et non plus ovale et une ressemblance parfois frappante avec certains composants de la monoplace Ferrari.
Le début de saison n’en est pas pour autant réussi. Le premier grand prix se solde par un nouvel double abandon. L’équipe souffre en qualifications et ne réussit pas à dépasser la Q1. Dans ce domaine-là, elle se voit dépassée par Williams qui assure souvent une de ses deux voitures en Q2. Haas ne marquera pas de points jusqu’au GP de Hongrie où, grâce à une stratégie payante et visionnaire, les deux monoplaces s’arrêtent après le tour de formation pour chausser des pneus qui s’adapteront parfaitement à la piste humide en voie d’assèchement. N’ayant pas à s’arrêter aux stands en même temps que toutes les autres écuries, les Haas courent au devant de la grille. Rattrapées petit à petit par de plus rapides voitures, Grosjean franchit la ligne seizième et Magnussen marque un point en terminant dixième.

Ainsi, les fameuses « rollercoasters » énoncées par Günther Steiner sont vérifiées, le summum ayant été atteint lors de la saison 2019. Avec une courte pause pour les pilotes, rendez-vous ce dimanche pour tenter d’observer un changement au sein de l’écurie américaine au circuit de Spa-Francorchamps et son fameux raidillon, en Belgique. Week-end de course qui sera marqué par le macabre anniversaire de la mort d’Anthoine Hubert, victime d’un tragique accident en Formule 2 l’an passé.

Crédits photos : RDS, Auto Hebdo, Le Point, Planet F1 et F1 Only

Solal Pestana – 29 août

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