Depuis le grand prix de Monaco en 1966 à cette saison 2020, l’écurie britannique McLaren n’a jamais disparu des tableaux de bord de la Formule 1. Derrière Ferrari, elle est aujourd’hui la seconde écurie la plus ancienne du plateau. Avec son lot de pilotes de légende, l’équipe est de celles qui ont fait évoluer le sport mécanique ces dernières décennies. Elle compte aujourd’hui 871 courses disputées, 5353,5 points marqués, 8 titres constructeurs, 12 titres pilotes, 182 victoires, 188 podiums et 155 pôles positions. Ce huitième numéro d’Écuries de Paddock sera consacré à cette équipe témoin du passé, du présent et sûrement du futur de la Formule 1.
La naissance et les débuts de l’écurie

McLaren Racing est la branche sportive du groupe automobile McLaren. La section sportive ayant été fondée en 1963, elle ne s’engage en Formule 1 que 3 ans plus tard, en 1966. À sa tête comme initiateur du projet mais aussi pilote des premiers instants, Bruce McLaren a été l’un des acteurs décisifs de l’histoire de l’écurie. Pilote chez Cooper en Formule 2 puis en Formule 1, il suivra l’exemple de son ancien coéquipier Brabham et ira créer sa propre écurie. Avant de s’engager en tant que constructeur en F1 pour la saison 1966, McLaren a utilisé une série d’engins Cooper pour prendre part à différentes épreuves sur courte distance, mais aussi pour des épreuves d’endurance notamment aux États-Unis.
Les deux premières saisons ne sont pas très fructueuses. Avec Bruce comme seul pilote et une voiture sans réelle puissance motrice, les résultats tardent à arriver. C’est à partir de 1968, avec le renfort du champion du monde Denny Hulme, que McLaren va commencer à devenir une écurie compétitive. Première victoire pour Bruce en Belgique qui sera suivie de deux autres de Hulme permettent aux pilotes de se battre pour le titre mondial. La saison suivante est gâchée par une monoplace inexploitable du fait de ses quatre roues motrices. Par la suite, Hulme se brûle les mains à Indianapolis puis McLaren se tue en Angleterre, un véritable drame. Il faut attendre 1974 pour voir l’équipe être sacrée championne du monde. Après avoir terminé les deux dernières saisons au troisième rang, l’écurie remporte le championnat constructeur et voit son pilote brésilien Emerson Fittipaldi en faire de même, quant au championnat des pilotes.
Un peu d’histoire

McLaren finira dans le top 3 les trois saisons suivantes avant de chuter dans le classement. En 1980, Ron Dennis prend la tête de l’écurie et recrute John Barnard, ingénieur qui conçoit la première monoplace à matériaux composites offrant plus de légèreté. Les saisons ne sont pas très bonnes jusqu’en 1982 avec l’arrivée de Niki Lauda, sorti de sa retraite. Associé à John Watson, il contribue à faire monter l’écurie au second rang du classement constructeur. En 1984, c’est au tour d’Alain Prost de rejoindre l’écurie. Fraîchement licencié de Renault, il va rafler la mise avec Lauda et offrir en 1984 et 1985 les titres constructeurs à McLaren. L’autrichien sera champion du monde dans un premier temps, de seulement 0,5 point sur le français, quand Prost le sera en 1985.
Pour les deux ans à suivre, la légende française sera associée à Keke Rosberg puis à Stefan Johansson. Le résultat est le même pour l’équipe qui finit seconde au classement constructeur et peut même offrir un la couronne mondiale à Prost en 1986. S’ensuivent 4 ans de titres mondiaux. Tout d’abord avec le duo de pilotes légendaires Senna-Prost en 1988 et 1989. McLaren écrase la concurrence et remporte 15 des 16 courses que compte le championnat en 1988. Cette même saison, Senna s’adjuge le championnat pilote. L’année suivante, Prost sera champion du monde mais quelque chose de prévisible a bel et bien changé depuis 1988. La relation entre les deux sportifs est au plus bas. Tout commence avec la rupture par Senna du « pacte de non-agression » à Imola. La presse envenime la situation et le summum est atteint au Japon avec la collision des deux coéquipiers. Le double-titre est évident mais ne peut empêcher le départ de Prost chez Ferrari, remplacé par Berger.
McLaren et Senna sont de nouveau champions du monde en 1990 et 1991. Concernant les deux saisons suivantes, Williams est trop fort et l’équipe termine deuxième. De 1993 à 2001, le très précieux pilote finlandais Mika Häkkinen va offrir ses services à l’écurie. Les saisons sont difficiles jusqu’à l’arrivée de l’espoir écossais David Coulthard en 1996. McLaren et Häkkinen seront sacrés en 1998 mais l’écurie ne parviendra pas à rééditer l’exploit en 1999 pour cause de problèmes mécaniques. Son pilote, lui, réalisera le doublé. L’équipe sera seconde du classement général jusqu’en 2002 et l’arrivée de l’autre finlandais Kimi Räikkönen pour remplacer Häkkinen, toujours épaulé de Coulthard. Jusqu’en 2007 et l’arrivée d’Hamilton et d’Alonso, McLaren enchaîne les mauvaises monoplaces et n’offre la possibilité à Räikkönen de se battre pour la couronne mondiale seulement en 2003.
Pour 2007, Alonso, champion du monde en titre et Hamilton, champion du monde de GP2, sont recrutés. L’équipe sera exclue pour avoir espionné Ferrari et verra sa saison plombée par des erreurs et par le fâcheux épisode des qualifications de Budapest. La saison suivante, Kovalainen prend la place d’Alonso et Hamilton est sacré champion du monde. L’équipe, elle, termine seconde. McLaren restera dans le top 3 des écuries jusqu’en 2012 et le retour d’Hamilton chez Mercedes. Ce transfert, aussi bien pour le pilote que pour l’écurie, sera très difficile du fait des liens forts entre eux. Ces dernières années, malgré les renforts expérimentés que sont Button et Alonso, McLaren n’a pas réussi à retrouver sa splendeur et a enchaîné les saisons difficiles et décevantes.
Quel bilan en 2019 ?

Pour cette saison 2019, deux nouveaux pilotes sont aux commandes des monoplaces orangées. Aussi bien sur qu’en dehors de la piste, les deux sportifs feront preuve d’une très grande complicité. D’un côté, Carlos Sainz, ménagé par Renault pour faire place à Ricciardo, qui trouve un baquet inespéré et assez tard auprès de McLaren. De l’autre côté, le rookie Lando Norris, fraîchement débarqué du championnat de Formule 2 où il a terminé la saison 2018 second. Sous les ordres de Zack Brown, les deux pilotes vont être les auteurs d’une très belle année qui se soldera par la 4e place de l’écurie au classement général. Dans la quête et l’obtention de cette quatrième position, McLaren revenait de loin après les mauvais souvenirs et déceptions connus avec Alonso et Honda.
Une livrée arborant un nouveau design se révélera être une voiture très compétitive en milieu de peloton, éloignant ainsi toute rivalité notamment concernant Renault, motoriste de l’écurie anglaise. Après un début de saison difficile où Carlos Sainz se trouve être malchanceux, les points arrivent sérieusement et avec régularité à partir du grand prix d’Azerbaïdjan. Durant la suite de la saison 2019, Sainz terminera la plus grande partie des courses aux alentours de la cinquième et sixième places, quand Norris sera un peu plus loin, aux alentours des huitièmes et neuvièmes positions. Cette saison fructueuse sera même récompensée par un podium obtenu au Brésil. Parti dernier sur la grille, Carlos Sainz finira troisième après une pénalité obtenue par Hamilton. Norris recevra au terme de la saison le titre de meilleur rookie.
Quid de l’avenir ?

Pour la saison 2020, le même duo de pilotes est reconduit. Avec une monoplace aux éternelles couleurs bleu et orange, celle-ci présente un aileron avant quelque peu différent et moins imposant. Les suspensions avant ont été rehaussées pour laisser passer un flux d’air plus important. Quant à la cheminée au-dessus du casque des pilotes, cette dernière est aussi plus poussée pour quelques apports aérodynamiques. Il s’agit de la dernière saison de McLaren avec un moteur Renault. À partir de 2021 jusqu’à l’horizon 2024, Mercedes sera motoriste de l’équipe anglaise. Cette saison 2020 a commencé sur les chapeaux de roues avec le podium de Norris à l’issu du premier grand prix. Dès les premiers essais libres en Autriche, les McLaren ont été performantes. Les deux pilotes ont continué à marquer de bons points et offrent même un total de 30 points à Monza. Avec la seconde place de Sainz, après des derniers tours de folie avec Gasly, et la quatrième place de Norris, il s’agit du meilleur résultat de McLaren en 2020.
Cette année et à l’inverse de la saison passée, c’est bien Lando Norris qui prend le dessus sur son coéquipier espagnol. Avant le week-end portugais qui se profile, le britannique est sixième du classement pilotes avec 65 points alors que Sainz pointe à la onzième place avec 14 unités de moins. Avec les contre-performances de la Scuderia Ferrari, il ne s’agit plus de savoir qui va terminer 4e mais de savoir qui va finir troisième du classement constructeur. La quête pour la dernière marche du podium est bien relevée en 2020 et offre bien plus d’intérêt que la bataille à l’avant, surdominée par les flèches d’argent. Avant ce nouveau week-end de course, Racing Point est troisième avec 120 points, McLaren quatrième avec 116 points et Renault se retrouve cinquième avec un total de 114 points. La fin de saison s’annonce trépignante du côté des constructeurs. À l’horizon 2021, en plus d’un nouveau moteur, il y a du changement côté pilotes. Sainz s’en va chez Ferrari et laisse sa place à Ricciardo. Norris, lui, est conservé.
McLaren est une écurie chargée d’histoire et qui a incontestablement repris du poil de la bête ces dernières saisons. Rendez-vous ce week-end à Portimao pour voir si l’équipe britannique arrivera à reprendre la troisième place du classement à Racing Point.
Crédits photos : The Race, Pinterest, Msports, Autoweek et Marca