Comme vous le savez, les Jeux Olympiques d’Hiver de Pyeongchang ont animé notre site internet pendant 2 semaines et deux mois après, on refait un petit flash back avec la présentation d’un médaillé à l’honneur aujourd’hui, il s’agit d’Adrien Backscheider ! A 25 ans, il est le successeur d’une génération en ski de fond, découvrez-le ici !
Portrait
Nom : Backscheider
Prénom : Adrien
Âge : 25 ans
Région/Club : Grand Est/Gérardmer
Débuts au ski : 12 ans
Classement mondial : 44ème (en distance)
Podiums : 2 (toujours en équipe)
Titre(s) : 6 (principaux, dont 3 fois Champion de France)
Plus grosse performance : Médaille de bronze olympique à Pyeongchang en relais
Pour approfondir votre connaissance d’Adrien, voici son interview qui retrace son olympiade, ses attentes et ses espérances pour l’avenir
Contexte : Adrien est devenu papa donc comme annoncé ici d’un petit Emile, en parallèle de cela sa saison est terminée avec une 12ème place sur le 50 kilomètres d’Oslo en égalant la meilleure performance de sa carrière en Coupe du Monde, ajoutez à cela un titre de Champion de France de fond !
Bonjour Adrien, merci d’avoir accepté notre demande
Si tu devais te décrire en 3 mots…
Adrien : Calme, généreux et persévérant.
Quelle est la plus belle émotion que tu as vécu et pourquoi ? Quels souvenirs en gardes-tu ?
Adrien : Quand j’étais aux Championnats du Monde -23 ans, je venais d’apprendre que j’allais aux Jeux et quelques jours après j’étais sacré mondial dans cette catégorie. Quand on a de grosses émotions, c’est indescriptible et on veut le revivre le plus vite possible, et donc ça remotive pour retourner travailler à l’entraînement.
Quel bilan tires-tu de tes Jeux Olympiques de Pyeongchang ? Dans l’ensemble, es-tu plutôt satisfait et pourquoi ?
Adrien : Je suis content parce que j’ai eu deux années difficiles et j’ai réussi à revenir pour ça, j’ai atteint mes meilleures performances aux Jeux et j’ai eu la chance d’être dans cette équipe, pas le cas pour tout le monde. J’ai tout mis en œuvre pour que ça marche et j’aurais pas pu faire mieux, donc c’est un très bon bilan.
Pour la deuxième fois après Sotchi, le relais dont tu fais partie va chercher la médaille de bronze brillamment. Qu’as-tu ressenti lors de cette course et sur le plan sportif, est-ce la meilleure performance de ta carrière ?
Adrien : Sur le plan sportif pas forcément parce que j’avais pas du super matériel mais j’ai tenu la baraque, toujours envie d’être encore mieux mais c’était pas le cas. Je prend sur l’individuel c’était mieux, mes collègues avaient fait du super travail donc j’ai été chanceux.
Dans 4 ans les Jeux se dérouleront à Pékin, est-ce que dans un coin de ta tête tu y penses déjà ? Qu’est-ce que t’a apportée l’expérience en Corée du Sud ?
Adrien : On sait depuis longtemps et on se dit que ce sont les Jeux de la nouvelle génération avec tous les Duvillard ou Gaillard qui ne seront plus là, donc ce sera vraiment la place pour les nouveaux donc c’est ciblé. Au niveau expérience, Sotchi m’a peut-être plus apporté car j’ai pu profiter de tout le système, tout était du bonus et j’ai couru une course, quand on est athlètes on est chouchoutés. Il y aura encore du froid à gérer mais ce n’est pas en altitude donc c’est surtout la gestion des courses d’un jour qui nous réussissent bien, mais aussi beaucoup de contraintes temporaires et de procédures et je commence à connaître, ça fait partie du truc et on doit le retenir.
“J’ai réussi à revenir pour ça”
En cette fin de saison, quel est ton programme et quels sont tes objectifs ? Penses-tu pouvoir être plus « exigeant » avec toi même du fait de tes récents résultats ?
Adrien : J’ai encore de belles courses à faire surtout le 50km d’Oslo, course traditionnelle et très populaire avec beaucoup de ferveur, elle fait partie de l’histoire du ski de fond et peut bien me correspondre donc j’y crois. Après c’est vrai que ça va bien, faire encore mieux qu’aux Jeux est l’objectif et avec ma médaille j’ai montré que j’avais le statut pour être dans l’équipe, c’est super motivant pour la suite. Je connais des potes qui ont eu une année difficile et qui n’ont pas été sélectionnés, donc c’est sûr que je suis dans une meilleure posture surtout que je suis énormément sollicité c’est encourageant. Je finis à bloc et je vais être papa alors donc ça va enchaîner !
Racontes-nous un peu le programme d’entraînement que tu suis dans une semaine. Es-tu suffisamment aidé pour t’entraîner et progresser dans les meilleures conditions ?
Adrien : L’entraînement c’est pas compliqué, c’est surtout beaucoup de temps à partir du mois de Mai (11 mois sur 12), avec jusqu’en Octobre toute la partie préparation et début Novembre les compétitions. Dans une semaine, c’est 6 jours sur 7 et deux fois par journée et 3 semaines sur 4, on a entre 22 et 25 heures d’entraînement, et la quatrième c’est que 10-12h, plus on va vers les courses et plus c’est intense. On a de supers résultats dans le ski de fond en général, on a Lucas Chanavat 3ème mondial au classement du sprint et Maurice Manificat 1er en distance pour l’instant, ça montre que ce qu’on fait est très abouti et que ça nous permet d’aller au haut niveau. Il y a toujours moyen de faire mieux, et on cherche tous les ans une solution même si on peut pas révolutionner un travail qui marche mais collectivement et individuellement, on sait qu’on peut apporter de petites touches, mais ça se joue surtout dans l’engagement dans les courses et l’investissement à l’entraînement.
Comment expliquerais-tu le manque de médiatisation de ton sport le ski de fond ? Est-ce que les Jeux sont la « vitrine idéale » pour remettre en avant la discipline ?
Adrien : Moi je pense que l’on ne souffre pas de sous-médiatisation, on a même plutôt de la chance par rapport à d’autres sports : j’ai des copains en kayak ou en vtt qui ont un niveau similaire au mien voir mieux et qui sont presque pas médiatisés ! De notre côté, on passe chaque hiver à la télévision donc ça permet de se faire suivre par les gens, ça reste des chaînes payantes mais on est suivis et on peut le faire, les Jeux sont une grande vitrine mais on met notre touche pour faire progresser la visibilité de notre sport. Je pense qu’on est sur la bonne voie, quand on regarde les commentaires, les personnes critiquent beaucoup de choses comme les sélections ou les tactiques, c’est positif car les gens s’intéressent et connaissent notre discipline, j’en vois de plus en plus et la médiatisation monte.
Quel est ton rêve absolu ?
Adrien : Bien sûr j’en ai un, mon rêve de toujours c’est de former une belle famille, qu’on soit tous heureux et être en bonne santé pour réaliser nos objectifs. Il y a beaucoup de courses qui me font rêver, les médailles forcément et des courses mythiques comme Oslo, je sais que je suis sur la bonne voie et que je vais encore vivre de belles émotions sur les courses où je rêve secrètement.
Comment vois-tu la suite d’ici les 5 prochaines années ?
Adrien : Déjà je vais avoir une famille, j’étais en perte de vitesse mais cet événement me stimule pour m’épanouir dans le ski et me donne de l’énergie pour faire de grandes choses, ça va être un moteur d’exigence et de persévérance. Dans tous les cas, ce sera année par année pour voir comment ça se passe, mais je sens que j’ai encore des choses à faire et que je vais continuer au haut niveau car je suis amoureux de mon sport. J’ai envie de continuer sur de longues distances et des courses populaires et pourquoi pas être éducateur ou entraîneur après.
Merci Adrien d’avoir pu nous répondre et de ta gentillesse. A très bientôt !
Crédits photos : Adrien Backscheider, Cocktail FM, Nordic Magazine et Tout le Ski
Les Reporters Incrédules – 20 Avril