Accueil » En attendant…Alexander Broquet

L’interruption brusque de tous les championnats de football professionnels mais aussi amateurs a sonné comme un véritable coup de massue que ce soit pour les clubs ou les joueurs. Les jeunes qui cherchent à atteindre le niveau national ont été particulièrement impactés, notre interview du jour moins que d’autres au vu de son parcours. En effet, Alexander Broquet sait où il jouera l’an prochain et a connu de belles expériences, focus sur lui.

Portrait

Nom : Broquet

Prénom : Alexander

Âge : 19 ans

Région : Bretagne

Débuts au football : 9 ans

Équipe actuelle : US Saint-Malo (National 2)

Équipe préférée : Tottenham Hotspur

Statistiques 2019-2020 : 6 matchs disputés/0 but/0 passe décisive

Spécialité : Tacles

Pour compléter cette petite biographie, place à l’entretien avec Alexander qui revient notamment sur sa signature à Saint-Malo, ses débuts au football ou encore son expérience en centre de formation à Amiens

Si tu devais te décrire en 3 adjectifs…

Alexander Broquet : Je dirai perfectionniste, combatif et curieux.

Quelle est la plus belle émotion que tu as vécu sur un terrain et pourquoi celle-ci et pas une autre ?

A.B : Je retiens mes deux finales d’Île-de-France, qui est sans doute le plus haut niveau en France, à 14 et 15 ans avec l’US Villejuif. Même si l’on a perdu les deux fois, c’est vrai que cela reste mes plus belles émotions, je retiens tout le parcours pour y arriver où l’on passe à chaque fois les demies par les tirs au but. C’est la magie de la coupe qui nous fait vivre toutes les émotions en un rien de temps. Même si en tant que compétiteur j’étais frustré sur le coup, surtout que c’était ma dernière compétition avec cette équipe, on relativise par la suite en ne gardant que les meilleurs souvenirs.

Comment as-tu vécu cette période de confinement et par quels moyens t’es-tu entretenu ?

A.B : Je l’ai bien vécu, en passant beaucoup de temps avec ma famille et mes proches. Après il y a un côté frustrant vu que le football est un sport collectif, donc il n’est pas toujours aisé de se motiver à s’entraîner individuellement. J’ai quand même de la chance d’avoir un jardin, ce qui m’a permis de travailler ma technique. Je faisais aussi des petits footings d’une heure avec mon attestation. Mais j’ai aussi profité de cette période pour améliorer mon physique à travers d’autres choses que je n’avais pas forcément le temps de travailler auparavant, comme le renforcement, une attention particulière sur mon alimentation et mon hydratation, le sommeil…. L’objectif était surtout ne pas trop perdre physiquement.

2 (Samy Lounes)

Tu viens de signer à l’US Saint-Malo pour la saison prochaine, équipe qui évolue en National 2. Concrètement, qu’est-ce qui t’a motivé à te rendre là-bas ?

A.B : Déjà avec Poissy, nous avons eu la chance d’être dans le groupe de Saint-Malo cette saison. Lorsque l’on s’est rendu là-bas en train (NDLR : 9 novembre 2019, victoire 4-1 des malouins), j’ai pu observer un club très structuré pour une telle division. Le club n’est qu’en National 2 mais les installations sont presque dignes d’un club professionnel. De plus, j’ai été contacté par le nouvel entraîneur (Fabien Pujo, 46 ans, passé aussi par Lormont, Bergerac et Aurillac) qui a notamment fait monter Toulon en National et c’est vrai qu’on a tout de suite eu un très bon feeling. J’ai surtout senti un vrai projet d’avenir avec la montée en National 1 qui est très clairement évoquée à court terme. Il ne souhaite pas se reposer sur des individualités mais que les joueurs fonctionnent comme une famille, le collectif prime sur les individualités. Concernant mon poste, j’étais également en accord avec sa philosophie de jeu puisqu’il demande aux latéraux de monter pour apporter le surnombre en attaque. Ça a tout d’un très beau projet pour moi. Je ne connaissais pas la Bretagne mais ça a aussi l’air d’être une très belle région et je ne ressentais pas une attention particulière de Poissy de me retenir non plus. Tous ces ingrédients m’ont poussé à ne pas laisser passer cette chance et à tenter cette belle aventure.

Quel bilan tires-tu de ta saison avec Poissy et arrives-tu à en retirer du positif ?

A.B : J’essaye justement de ne retenir que le positif. C’était une saison un peu compliquée surtout au début, j’arrivais des U19 Nationaux de Poissy après le centre de formation où le jeu est un peu formaté. Les seniors, c’est un autre monde et pas les mêmes exigences, j’ai mis du temps à m’habituer. Mais je pense que je méritais de jouer. Du fait des résultats de l’équipe et d’autres circonstances, je n’ai eu ma chance qu’au mois de décembre contre Chartres (alors leader, match nul, 2-2) contre qui je fais une grosse performance. Après, le coach me repère et j’enchaîne contre Saint-Brieuc, alors meilleure attaque du championnat que l’on arrive à neutraliser (0-0). Mon meilleur match intervient lors d’une confrontation contre la réserve de Lorient au cours de laquelle j’ai eu l’étoile. Ce qui est très frustrant, c’est que mon objectif de départ était une dizaine de matchs comme titulaire et sans le coronavirus, je pense que j’aurais pu y arriver. Mon ascension a été crescendo et la suspension du championnat est intervenue au moment où je commençais vraiment à montrer mes plus belles dispositions. Finalement, je n’ai disputé que 4 matchs comme titulaire mais c’était une belle expérience. Je pense avoir montré que j’avais le niveau N2 et je remercie le coach pour tous ses précieux conseils notamment défensifs où j’ai le plus besoin d’apprendre. Offensivement, j’ai moins de soucis et la présence d’Habib Beye dans le staff aura aussi été un atout non-négligeable. Désormais, une nouvelle aventure s’offre à moi, qui peut s’apparenter à un pari pour le club comme pour moi !

À quel poste évolues-tu et quelles sont les caractéristiques nécessaires à cet endroit ?

A.B : J’évolue au poste de latéral gauche. C’est un poste dont on ne parle pas souvent mais qui est pour autant très difficile car il demande une certaine intelligence du jeu, notamment au niveau du placement. La fonction première du latéral est bien évidemment de défendre mais je me considère comme un latéral moderne, c’est-à-dire qui défend bien mais qui peut aussi apporter des solutions en attaque par dédoublement et avec sa qualité des centres. On peut observer aujourd’hui que les meilleurs latéraux au monde possèdent ces qualités. Pour apporter le surnombre, une bonne connexion au sein de l’équipe est primordiale. Le meilleur exemple du latéral moderne est sans doute le jeune canadien Alphonso Davies au Bayern : le jeu huilé du Bayern a permis de mettre en avant ses qualités individuelles. C’est en U15 seulement que j’ai commencé à évoluer à ce poste. Auparavant, je tenais un rôle plus offensif en tant qu’attaquant voir milieu gauche. Personnellement, je me considère meilleur au sein d’une défense à 3 en qualité de piston. Je suis proche d’un défenseur latéral gauche, un peu comme Marcos Alonso à Chelsea pour les connaisseurs.

3 (Le Réseau Foot)

“Tenter cette belle aventure”

Il y a plus d’un an, tu as eu l’occasion d’être au centre de formation de l’Amiens SC. Que retiendras-tu de cette expérience unique en son genre ?

A.B : Je suis quelqu’un qui aime ne retenir que du positif de toutes ses expériences. Être en centre de formation était un rêve depuis tout petit car c’est la voie royale pour devenir professionnel, même s’il existe des parcours plus atypiques. C’était une superbe expérience où s’entraîner tous les jours en gardant un cursus scolaire était une première pour moi. Je serai amiénois toute ma vie et j’ai été fier de porter ces couleurs, mais je regrette et retiendrai toujours la manière dont ça s’est terminé. Pour moi, je n’ai pas été conservé non pas pour des raisons sportives mais plus politiques. J’utilise ce qui m’est arrivé comme une force aujourd’hui, je me suis fait des amis et c’est ça que je retiendrais. On est en internat, on ne voit pas notre famille, c’est beaucoup de sacrifices et un monde à part mais tu sais les risques que tu prends en partant. Dans tous les cas, être séparé de ta famille si jeune te donne un supplément de maturité, tu grandis forcément plus vite en passant par un centre de formation.

À quel âge as-tu débuté le football et qu’est-ce qui t’a motivé à vouloir devenir professionnel ?

A.B : Je suis presque né avec un ballon dans les pieds. Cependant, l’aventure en club n’a débuté pour moi qu’à 9 ans, dans le club de ma ville à Saint-Maur. C’est un animateur de mon école qui m’a poussé à franchir ce pas. Jusqu’à l’âge de 6 ans, je faisais du tennis. Par la suite, j’ai concilié pendant 2 ans les deux puis il a fallu faire un choix et j’ai gardé le foot qui me plaisait le plus. En U13 pour passer un cap, je suis allé à l’US Villejuif qui jouait au plus haut niveau régional. C’est ce qui m’a permis de rejoindre le centre de formation d’Amiens par la suite.

Le mental est un facteur très important dans la performance sportive. Selon toi, a-t-il un réel impact dans le football et dans le cadre d’une rencontre ?

A.B : Bien sûr, l’impact du mental est énorme, je dirai responsable à 90 % de la performance sportive. Quand j’étais en centre de formation, j’ai vu un article où un joueur disait que les pieds sont tes outils et c’est la tête qui va faire marcher ces outils. Pour moi, le football, ce sont des prises de décision, une intelligence de jeu, des choix. C’est aussi un esprit car si tu es faible mentalement, tu ne réussiras pas dans le football. Mais je pense que cela s’applique dans beaucoup de sports comme dans le tennis que j’ai pratiqué. C’est pour cela que je ne regrette pas du tout mon passage à Amiens car on m’a fait comprendre l’importance du mental. C’est là-bas que j’ai le plus progressé dans ce domaine. J’étais jeune, je quittais ma famille pour la première fois, c’était dur mais on m’a appris. Il ne faut jamais baisser les bras, lorsque tu rates un geste, ne pas tergiverser et tout de suite passer à autre chose.

4 (Amiens SC Football)

On sait que le monde professionnel est très difficile à atteindre, penses-tu être « dans les temps de passage » pour y arriver et qu’est-ce qui te laisse le penser ?

A.B : Pour moi je suis pile dans les temps, ni en avance ni en retard. Je pense notamment à mes coéquipiers d’Amiens : ils ont pour la plupart joué en U19 National cette année alors que moi, même si je n’ai pas été conservé, j’ai déjà goûté au milieu des seniors. Je suis dans le grand bain et le fossé est énorme entre les catégories jeunes et seniors. J’ai fait mes premiers matchs en National 2, je connais déjà les exigences de ce milieu et je pense avoir le niveau pour cette division. En plus, un très beau projet s’ouvre à moi à Saint-Malo, un club ambitieux qui compte d’ailleurs dans ses rangs de nombreux joueurs passés par le milieu professionnel comme Gaël Danic.
Maintenant, mon objectif est de réaliser une saison pleine en senior pour confirmer les promesses que j’ai pu laisser entrevoir lors de mes quelques apparitions la saison passée. Très peu de gens deviennent professionnels avant d’être majeur, tout le monde n’est pas au sommet de son art au même âge. Il faut être patient, signer un premier contrat professionnel à 21 ou 22 ans me conviendrait parfaitement. J’ai en tête l’exemple de Danilson da Cruz qui m’a entraîné quand j’étais petit, il était capitaine lors de la remontée de Reims en Ligue 1 (2017-2018) et lui a dû signer son premier contrat professionnel à presque 30 ans. Donc il ne faut pas se focaliser sur l’âge, il faut profiter de l’instant présent en donnant tout. Des joueurs de National 2 de 19 ans, ça ne court pas les rues non plus. C’est l’ambition qui fait avancer dans la vie, j’en ai et je veux voir plus haut donc je fais mes matchs avec sérieux et on verra bien de quoi l’avenir sera fait.

Quel est ton rêve le plus cher ?

A.B : J’aimerai jouer pour le club de cœur de mon grand-père, Tottenham Hotspur ou même en Premier League en général. J’ai des origines anglaises par ma mère, j’ai beaucoup d’amis là-bas et ça serait pour moi une grande fierté d’y jouer. Ayant la double nationalité, j’ai donc le choix pour une éventuelle sélection internationale qui serait mon autre plus grand rêve. Il y a bien sûr la chance qui permet cette réussite comme une multitude d’autres facteurs, mais un jour pourquoi pas.

As-tu un petit rituel avant de rentrer sur le terrain ?

A.B : Je pense à mon grand-père décédé, c’est ma bonne étoile, il n’a pas eu la chance de me voir évoluer à ce niveau et je me bats sur le terrain pour qu’il soit fier de moi ainsi que ma famille. Je pense à lui, qu’il fasse en sorte que tout se passe bien pendant le match. Je n’ai pas un rituel extraordinaire minutieusement préparé avant chaque rencontre. Après il est sûr que si je fais un bonne prestation avec un certain caleçon, il est fort probable que je remette le même la journée d’après ! (rires) Il peut m’arriver d’être superstitieux mais je mets toujours deux chaussettes identiques.

Crédits photos : Footboks, Samy Lounes, Le Réseau Foot et Amiens SC Football

 

Pavel Clauzard&Mathias de Vernejoul – 18 juin

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