Les Reporters continuent d’explorer les jeunes pépites féminines de l’athlétisme français et nous passons de la marche à la course. En effet, Claire Palou incarne certainement l’avenir du 3000 m steeple et du 1500 m à seulement 18 ans, ne tardez plus à la découvrir. Entretien.
Son portrait
Nom : Palou
Prénom : Claire
Âge : 18 ans
Région : Auvergne Rhône Alpes
Club : Entente athlétique Romanaise et Péagoise (EARP)
Classement national : 1e sur 3000 steeple en junior et 5e sur 1500 m en junior
Coach : Adrien Taouji
Titre(s) : 2 (double championne national sur 2000 m steeple en 2017 et 2018)
Meilleures performances : 3 000 m steeple : 10’12’’31 ; 1 500 m : 4’28’’03
Peux-tu te décrire en trois mots ?
Claire Palou : Polyvalente car je me débrouille bien du 800 m au 3000 m steeple, déterminée et enthousiaste.
Quelle est la compétition qui t’as le plus marqué depuis que tu fais de l’athlétisme et pourquoi celle-ci ?
C.P : Mon meilleur souvenir reste les championnats d’Europe junior à Boras en Suède car je ne m’attendais vraiment pas à monter sur un podium. Je suis arrivée avec le sixième temps en final donc ça a été une grosse surprise, en plus à 300 m de l’arrivée j’étais encore quatrième ou cinquième. C’était vraiment un soulagement et une grosse surprise de finir deuxième.
Quel bilan dresses-tu de ta saison hivernale écourtée par le coronavirus ?
C.P : Je suis assez satisfaite de ma saison hivernale car elle a bien débuté en me qualifiant pour les championnats d’Europe de cross, ça a été vraiment une grande satisfaction d’y aller à Lisbonne. Par contre il y a une grande déception pour les championnats de France de cross (annulés pour cause de coronavirus), j’affichais une grosse forme depuis que j’ai intégré l’INSEP et que je m’entraîne avec Adrien Taouji, Maëva Danois et Emma Oudiou. J’ai énormément progressé donc j’étais vraiment déçue parce que j’aurais aimé faire un podium voire un titre pour ma dernière année junior. Maintenant vu l’ampleur de la situation, je me dis que c’était la meilleure chose à faire de les annuler mais sur le coup c’était un peu difficile à digérer.

Comment gères-tu tes entraînements en cette période de confinement ?
C.P : Je suis partie avant le confinement avec mon entraîneur, Emma Oudiou et François Chiron qui est un partenaire d’entraînement et un étudiant à l’INSEP qui fait de la recherche. Nous sommes partis tous les quatre à Font-Romeu, arrivée le mardi avant midi quand le confinement a débuté. On s’est beaucoup penché sur la question, est-ce qu’on part ou est-ce qu’on ne part pas ? À la base on devait partir en Afrique du Sud en stage pendant cette période-là mais ça n’a pas été possible du tout de partir à l’étranger. On a quand même pris le risque de partir en « stage », c’est un peu particulier et compliqué mais ce qui est pas mal c’est qu’on est quand même en altitude à 1600 m à peu près.
Nous nous situons à Matemale juste à côté de Font-Romeu et même si on ne peut pas s’entrainer comme on voudrait, on fait toujours des globules et on s’entraîne à l’intérieur. On fait du home trainer, du renforcement musculaire et le tout nous permet d’être avec notre coach, sinon nous aurions été séparés et ça aurait été un peu plus tendu pour la préparation. Le matin, on va courir généralement assez tôt et on y va individuellement, on se suit avec une distance entre nous et on reste dans le périmètre indiqué mais c’est vraiment compliqué.
La motivation est-elle toujours présente malgré les annulations et les incertitudes qui planent sur la saison estivale et quels seront tes objectifs pendant celle-ci ?
C.P : C’est vrai que c’était compliqué déjà avec l’annulation des France de cross. Après on nous annonce que toutes les compétitions en avril et mai vont être annulées et la suite de la saison est compromise donc la motivation a vraiment diminué ces derniers temps. Cependant, j’arrive toujours à avoir le sourire en partant à l’entraînement car de toute façon c’est que du plaisir d’aller courir. Ce qui m’aide là, c’est d’être avec mon coach et mon groupe d’entraînement, ça me motive vraiment plus d’être en groupe car toute seule ça aurait été compliqué.
On essaye de se maintenir des objectifs en tête, apparemment il y a les championnats du monde junior qui étaient censés être en juillet au Kenya et qui vont surement être reportés en octobre donc on se projette un peu comme ça. Aussi, il y aura peut-être des championnats de France qui vont être maintenus, c’est comme ça qu’on se maintient un peu dans cette dynamique mais c’est vrai que surtout après l’annulation des France de cross la motivation n’était plus présente.

“C’était un peu difficile à digérer”
Claire Palou, athlète sur 3000 m steeple et 1500 m
Que fais-tu comme études et comment combines-tu sport et études ?
C.P : Je suis à Sciences Po à Paris en cursus aménagé pour les sportifs. C’est vraiment bien aménagé, on a des propositions de cours dans la semaine et c’est nous qui décidons d’y aller ou pas en fonction de notre entraînement. Nous n’avons pas d’obligations, c’est très souple et c’est pareil pour les devoirs à rendre, c’est nous qui décidons quand on les rend. C’est super souple parfois même un peu trop car ça incite à travailler peu mais pour le sport c’est génial.
As-tu un sportif ou une sportive que tu admires particulièrement et auquel tu t’identifies et pourquoi ?
C.P : Mon idole ce serait Emma Coburn qui a été championne du monde. Je l’adore car elle est intouchable et monstrueuse. Je ne sais pas comment je pourrais m’identifier avec elle mais c’est vrai que déjà sur les réseaux sociaux elle partage beaucoup de ses vidéos d’entraînements et j’adore l’endroit où elle s’entraine. Cela se situe à Boulder dans le Colorado et j’ai très envie d’aller m’entrainer là-bas aux États-Unis.

Quel est ton avis sur les nouvelles gammes de chaussures qui apparaissent équipées de lames en carbone et qui permettent des performances toujours meilleures ?
C.P : Justement j’en parlais hier avec mon coach et mon groupe, on regardait la vidéo de Vincent Luis (NDLR : triathlète français champion du monde) où il teste le rebond de ses chaussures qui ont des lames en carbone. On a essayé de faire pareil pour voir si nos chaussures rebondissaient ou pas et en fait c’est vraiment fou, on voit la différence et je pense que ces chaussures là il faut dire que ça change les choses. Ce n’est pas juste une chaussure comme les autres, les nôtres ne rebondissent pas du tout. Même Vincent Luis assume et le dit, il a construit son record grâce à ça.
Maintenant qu’elles sont sur le marché on ne peut pas faire grand-chose mais je trouve que ça apporte certaines inégalités. Il faudrait que les marques se mettent au même niveau entre elles, en plus ces chaussures coûtent très cher et tout le monde ne peut pas se permettre de les acheter. Même pour les personnes qui sont sponsorisées par Adidas ou Asics et par rapport à ceux qui sont sponsorisés par Nike, ça créé des inégalités.
S’il y a un endroit où tu aimerais le plus courir un jour dans le monde, lequel serait-ce ?
C.P : Là où j’aimerais courir dans ma vie c’est aux États-Unis et comme je te disais dans le Colorado à Boulder, là où toutes les meilleures demis fondeuses américaines s’entraînent. De plus avec l’altitude c’est parfait, j’aimerais aller m’entraîner là-bas un jour même si ce n’est pas à cet endroit précis aux USA. J’aimerais beaucoup y aller pour faire des compétitions ou un stage.
Quel est ton rêve en tant qu’athlète ?
C.P : En objectif qui serait réalisable et donc qui ne serait pas un rêve, ce serait de participer à une finale de championnats du monde ou de JO, tout dépendra de comment ma carrière se profile. Après, le rêve ce serait d’aller chercher l’or olympique mais ça reste le rêve de tout athlète.
Crédits photos : Le Sport Dauphinois, Le Dauphiné Libéré, EARP Romans et Emilie Renaud