Accueil » En attendant…Enzo Paleni

Le Tour de France approche à grands pas d’ici la fin août, il semble si facile d’y participer pour certains coureurs et pourtant, le chemin est parfois très long avant d’avoir cette chance. Tout commence dans les catégories jeunes, le projet prend forme à partir du junior qui révèle souvent des futures stars, tel est le destin auquel aspire Enzo Paleni notre interview du jour. Découvrez le coureur de la Van Rysel – AG2R la Mondiale U19.

Portrait

Nom : Paleni

Prénom : Enzo

Age : 18 ans

Région : Hauts de France

Débuts au cyclisme : 2017

Victoire(s) : 10

Podium(s) : Environ 15

Équipe actuelle : Beauvais Team Cycliste Junior et Van Rysel – AG2R la Mondiale U19

Spécialité : Polyvalent

Pour compléter cette petite biographie, place à l’interview d’Enzo où il nous parle entre autre de cette période difficile, de son équipe ou encore de ses ambitions à l’avenir

Si tu devais te décrire en 3 mots…

Enzo Paleni : Humble, impassible et méticuleux.

Quelle a été ta plus belle victoire jusqu’ici et en quoi est-elle évocatrice à tes yeux ?

E.P : Je pense que cela reste quand même ma victoire au classement général du Trophée Madiot en 2018. Cette victoire me satisfait pleinement car c’est une des plus grandes épreuves chez les cadets en France. Ce n’était que ma deuxième saison dans le cyclisme et quand j’ai vu les résultats des cadets 2 passés sur cette course et qui sont par la suite devenus junior 1, beaucoup étaient devenus de sacrés clients. J’ai dit à mon père que je voulais gagner cette course et c’est depuis devenue une course référence pour moi.

Le coronavirus a stoppé toutes les compétitions et aussi les entraînements en extérieur avec le confinement. Comment as-tu vécu cette période ?

E.P : J’ai profité de cette période pour progresser dans les domaines que je n’ai pas le temps de travailler en saison normale. Je ne vais pas non plus dire que j’étais content de ce confinement mais ça m’a permis de découvrir de nouvelles choses. J’ai par exemple effectué beaucoup de renforcement musculaire ce qui est important car je pense qu’un bon cycliste, c’est avant tout un bon athlète. On avait moins d’heures d’entraînement donc ça a aussi été l’occasion de se reposer un peu en faisant des activités de loisirs comme le jardinage ou la cuisine.

2 (Ronan Houssin)

Es-tu un adepte du home trainer ou plutôt attaché aux sorties dans la nature et pourquoi ?

E.P : Je suis plutôt de ceux qui n’aiment pas le home trainer mais je le fais quand même quand il le faut. Par rapport à mes objectifs, je suis obligé de l’utiliser parfois. Avec le confinement, je ne peux pas nier que c’était un bon moyen de garder les sorties même à distance, néanmoins c’est sûr que j’aurais pris beaucoup plus de plaisir en allant rouler sur la route. Après, je n’ai pas un superbe home trainer non plus donc c’est peut-être ce qui explique que je ne prends pas vraiment de plaisir contrairement à d’autres. Il y a l’application de Zwift qui permet de se dépasser en faisant la course avec les autres et où il y a plusieurs données techniques comme les capteurs de puissance, bien utiles pour travailler. Mais au bout de deux semaines, j’ai été vite lassé donc le confinement a été assez long pour moi ! (rires) C’est aussi pour cela que j’ai fait du renforcement musculaire mais je n’avais qu’une seule hâte, retrouver le goût des sorties en pleine nature.

Actuellement, la reprise des compétitions se dessine mais pas de nouvelles pour les juniors. Appréhendes-tu cette fin de saison ou es-tu plutôt confiant ?

E.P : Je suis plutôt confiant, je pense avoir fait ce qu’il fallait pour rester en forme. J’ai augmenté mes charges d’entraînement progressivement. Je pense qu’il ne faut pas trop se mettre la pression pour avoir des résultats non plus car c’est comme ça qu’on risque de ne pas y arriver. Le mieux est d’arriver la tête libre et de prendre plaisir tout en s’amusant. Si on sait qu’on s’est bien entraîné, il n’y a pas de raisons pour que le travail ne paye pas derrière. On devrait normalement courir début août en Belgique dans une course où l’on était la seule équipe française engagée l’année dernière. On n’est pas complètement sûr de l’effectif non plus mais si j’y participe, je serais à 100 % de mes moyens. Je m’y prépare pour en tout cas même si je ne suis pas sûr d’y être.

En plus d’être licencié au Beauvais Team Cycliste Junior, tu es également membre de la Van Rysel AG2R la Mondiale U19. Qu’est-ce qui t’a plu dans ce projet et que représente-t-il pour toi ?

E.P : Ce projet est énorme. L’année dernière, j’ai été un des juniors qui a le plus couru du fait que j’étais isolé à Beauvais, où j’étais le seul coureur junior de l’équipe. Cela me laissait donc le temps car j’avais peu de courses à honorer. La Van Rysel – AG2R la Mondiale U19 me permet de passer environ trois semaines à l’étranger plus les courses à étapes, soit minimum trois jours. C’est donc beaucoup d’expérience à acquérir et un réel avantage car que ce soit en junior 2 ou même plus tard en espoir, entre un coureur qui a beaucoup couru à l’étranger et un autre qui n’a fait que des courses nationales, ce n’est pas la même histoire pour la suite… J’ai eu l’occasion de courir avec de grands coureurs, ça ne peut qu’être bénéfique pour l’avenir. L’année dernière, j’ai couru avec Marco Brenner (NDLR : notamment 3e aux championnats du monde juniors de contre-la-montre en 2019) qui va passer professionnel dans l’équipe Sunweb l’an prochain et qui intègre le World Tour. On pourrait être un peu dégoûté d’une réussite aussi précoce. Mais ce n’est pas mon cas, je suis admirateur de telles performances qui me motivent à travailler encore plus dur pour y arriver aussi un jour, même si l’on n’a pas le même talent.

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« Je serais à 100 % de mes moyens »

Quel plus t’apporte concrètement cette équipe dans tes entraînements et ta progression ?

E.P : En plus des expériences à l’international, on a aussi un entraîneur au sein de l’équipe qui a fait les études pour, du matériel à disposition, des stages, c’est vraiment une chance. Le suivi de l’entraîneur (Alexandre Pacot) et la présence des capteurs de puissances qui nous donnent des zones à respecter que l’entraîneur peut vérifier sont un véritable plus. L’aspect relationnel est vraiment important. Pour réussir, je dirais qu’il est préférable d’avoir un entraîneur avec qui tu t’entends vraiment bien plutôt qu’une personne uniquement centrée sur l’aspect sportif, aussi bonne soit-elle. Un tel entraîneur sait toujours trouver les bons mots quand ça va moins bien et te remettre en confiance pour les prochaines échéances.

Avec quels objectifs aimerais-tu terminer cette année si spéciale ?

E.P : Ce serait de faire mes courses sans se prendre la tête comme je l’ai dit tout à l’heure. Mais un titre de champion de France serait une belle récompense et aurait une saveur particulière pour ma dernière année en junior. Après, j’aimerais participer au championnat d’Europe et du Monde avec l’équipe de France et avoir le meilleur résultat possible. C’est encore compliqué de se projeter réellement pour la suite mais si le championnat de France devait avoir lieu, j’aimerais y faire quelque chose.

À quel âge et dans quelles conditions as-tu débuté le cyclisme et comment en es-tu arrivé à avoir un tel projet sportif ?

E.P : J’ai commencé le cyclisme en cadet 1 en classe de troisième. J’ai commencé à la suite de problèmes de genou qui m’ont contraint d’arrêter le hockey sur glace que je pratiquais jusque-là. J’ai vécu à Valloire en Savoie jusqu’à l’âge de 13/14 ans, je voyais passer le Tour de France et ça me faisait rêver mais je pensais ce rêve inaccessible car il n’y avait pas de clubs cyclistes dans ma commune. Il fallait passer de l’autre côté de la vallée vers Chambéry pour en trouver et cela faisait loin. À Valloire, je participais à de nombreux sports car étant en station, j’ai toujours été un compétiteur quel que soit le sport. Par exemple, j’ai fait du snowboard à bon niveau participant à plusieurs championnats de France. Après, j’ai fait du hockey sur glace en sport études avant le vélo. J’avais donc de bonnes bases sportives. Quand on est jeune et qu’on fait du sport, le rêve est de devenir professionnel un jour. C’est sûr que cette multitude de sports pratiqués aura un atout non-négligeable pour mes succès cyclistes d’aujourd’hui. Mais si j’avais les capacités physiques, j’ai aussi dû apprendre à progresser tactiquement ce qu’il n’est pas aisé à faire !

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En 2021, tu seras Espoir 1 puisqu’il s’agissait cette année de ta dernière année junior. As-tu des pistes pour l’an prochain et es-tu inquiet à ce sujet ?

E.P : L’an prochain, j’aimerais intégrer le Chambéry Cyclisme formation qui serait une suite logique de mon projet puisque j’ai intégré l’équipe junior dans le but de continuer en espoirs. Je n’ai pas non plus de certitudes car on ne nous a pas encore donné les confirmations de notre place, je n’ai pas encore d’idées mais je ne suis pas inquiet du tout. Même si je ne suis pas sélectionné à Chambéry qui est ma priorité, je pense pouvoir trouver une autre opportunité. Je suis ouvert à tout et pourquoi pas à une première expérience à l’étranger. Dans tous les cas, je serai fixé avant août ce qui devrait me laisser le temps de préparer les prochaines courses.

Quel est ton rêve ?

E.P : Pour tout jeune cycliste, je pense que le rêve suprême est de remporter un jour le Tour de France. Mais remporter un titre de champion du monde professionnel serait pour moi davantage gratifiant car le maillot arc-en-ciel que l’on porte permet de se distinguer des autres coureurs, il me fascine.

Si tu avais un conseil à donner à un cadet qui va devenir junior, quel serait-il ?

E.P : Il faut se faire plaisir sans se prendre la tête même si les objectifs sont forcément différents selon le niveau des coureurs. Les erreurs que j’ai pu faire en cadet étaient majoritairement sur l’aspect tactique : attaquer tout le temps sans doser mes efforts. J’ai voulu le refaire en junior mais ça ne marche plus. La complexité est de s’adapter, de ne pas vouloir à tout prix brûler les étapes tout en ne se faisant pas décrocher non plus.

Crédits photos : Gus Sev Photographe et Ronan Houssin Photos

 

Pavel Clauzard – 2 juillet

(1 commentaire)

  1. le discourt est sérieux et bien structuré il faut maintenant aller au bout Bravo au ptit gars de saint paul et BONNE ROUTE

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