Accueil » En attendant… Jason Tesson

Chaque été, les amateurs de la petite reine se retrouvent devant la télévision et sur les bords des routes pour l’habituelle série du mois de juillet : le Tour de France. Le grand public connaît les noms des grandes stars françaises du cyclisme telles que Julian Alaphilippe, Romain Bardet ou encore Thibaut Pinot. Mais le cyclisme français voit aussi émerger de jeunes coureurs certes méconnus du grand public, mais promis à un avenir radieux.

Jason Tesson fait partie de ces coureurs qui ne sont pas encore connus de tous. Le sprinteur de la formation Saint Michel-Auber-93 disputait l’an dernier sa toute première saison au sein du peloton professionnel, à l’âge de 23 ans. Après un début de saison 2021 plutôt timide, Jason Tesson a brillé lors de la deuxième partie de la saison en remportant deux étapes, la première lors du Tour de Poitou-Charentes, la deuxième lors de la course À travers les Hauts-de-France, dont il remportera également le classement général. Découvrez ce coureur qui sera à suivre de près cette saison.

Peux-tu te présenter en quelques mots pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?

Jason Tesson : Bonjour à tous, je m’appelle Tesson Jason, je suis originaire du Maine-et-Loire dans l’Ouest de la France. J’ai eu 24 ans il y a peu et j’entame ma deuxième saison en tant que cycliste professionnel au sein de l’équipe Saint Michel-Auber 93.

Comment t’es venue cette passion pour le cyclisme et l’envie d’en faire ton métier ?

J.T : Mon grand-père était président d’un club de vélo, mes sœurs étant jeunes cyclistes dans ce club, mes parents m’ont mis sur le vélo dès le plus jeune âge, du haut de mes 3 ans et demi.

Quelles sont pour toi les valeurs les plus importantes dans la vie et sur un vélo ?

J.T : Pour moi, dans la vie comme sur le vélo, j’apporte énormément d’intérêt sur le respect, l’honnêteté et la loyauté de ceux qui m’entourent et qui me veulent du bien.

Tu as décidé de rempiler pour une année supplémentaire avec Saint Michel-Auber 93 alors que de nombreux observateurs t’imaginaient signer dans une équipe continentale pro. Comment expliques-tu cette décision ?

J.T : Tout simplement car je me sens très bien dans l’équipe, je peux avoir le rôle que j’ai toujours voulu, qu’on me donne ma chance sur la chose que je sais faire le mieux : le sprint. Puis avec Stéphane Javalet, le manager, il y a une entière confiance entre nous. Mes coéquipiers sont de vrais copains, il y a une superbe ambiance et on avance tous vers un but commun.

Tu viens de terminer ta première saison dans le peloton professionnel, quelles étaient les grandes différences avec le monde amateur ?

J.T : Clairement, la vitesse ! Il y a aussi la longueur des courses, mais le plus impressionnant, ça reste la vitesse à laquelle on roule sur des moments clés. Avant les sprints par exemple, ce n’est pas le même vélo qu’en amateur.

À quoi ressemble la journée d’entraînement type d’un cycliste professionnel ?

J.T : Pour moi, après un petit déjeuner copieux, je pars rouler en moyenne de 2 à 6 heures maximum selon le programme de mon entraîneur. Ensuite, je prends une collation, puis gainage et étirements sur deux à trois jours par semaine. Ça reste basique, mais c’est très important d’avoir un train de vie régulier et sain pour « marcher » dans le sport.

“On avance tous vers un but commun”

Tu as parlé de petits déjeuners copieux avant de partir t’entraîner. Comment s’organise la nutrition d’un coureur cycliste de haut niveau ?

J.T : Ça dépend vraiment du profil. Moi, je sais que je ne mangerais pas la même quantité et les mêmes aliments qu’un grimpeur par exemple. Je vais être plus axé sur la protéine et les glucides, mais sinon dans l’ensemble je mange ce que j’aime, ce que je veux… C’est très équilibré. Tous les jours des légumes, des féculents, de la viande blanche, du poisson, ça reste très basique. C’est surtout le matin qui est un peu spécial pour moi. J’aime bien manger des avocats, bananes, jambon, un peu de fromage pour avoir du salé le matin. Je ne suis pas trop sucré de base. Sinon, dans la journée ça va dépendre des entraînements, ça demeure assez basique, mais très varié par contre. Même au niveau des huiles, des noix par exemple, des amandes. On utilise beaucoup d’huile d’olive, huile de noix, huile de raisin, etc. Il y a plein de choses qu’on met dans l’alimentation.

Que se passe-t-il dans la tête d’un sprinteur dans les derniers kilomètres d’une course ?

J.T : Il ne se passe pas grand-chose, seulement de l’adrénaline et de la concentration pour ne pas faire d’erreurs sur le placement et les efforts que l’on produit.

Selon toi, quelles sont les particularités des sprinteurs par rapport aux autres types de coureurs ?

J.T : Il ne faut pas avoir peur de tomber, de frotter et être entier avec le matériel, faire confiance aux mécaniciens et en leur travail. Une fois qu’on a l’envie de se battre, et d’aller gagner, il faut faire attention à être le plus serein possible. Être sprinter, c’est l’envie de gagner, tout en prenant des risques et aimer la vitesse.

Tu as remporté deux étapes ainsi que le général d’À travers les Hauts-de-France, es-tu satisfait de ta saison en tant que néo-pro ?

J.T : Oui, ma deuxième partie de saison a été plus que satisfaisante, j’ai tout d’abord commencé par rentrer dans le top 5 sur une classe 1, puis gagné au Poitou-Charentes devant un des plus grands sprinteur du monde (NDLR : Elia Viviani). Je pense avoir confirmé sur les Hauts-de-France avec l’équipe, j’ai le sentiment qu’on a prouvé qu’on pouvait faire de belles choses.

Quels éléments as-tu particulièrement travaillés cet hiver pour t’améliorer par rapport à la saison dernière ?

J.T : J’ai augmenté mes charges au niveau de la musculation pour prendre un peu de haut du corps, mais sinon je suis resté sur la même préparation que l’an dernier.

Pour conclure, que dirais-tu à un jeune cycliste qui rêve de devenir coureur professionnel et peut-être sprinteur comme toi ?

J.T : Ce que je dirais à un jeune qui veut devenir professionnel, c’est de ne rien lâcher ! Ce n’est pas parce qu’en cadet junior il n’a pas de résultats qu’il ne peut pas passer professionnel et inversement, ce n’est pas parce qu’il va marcher vraiment fort dans les petites catégories qu’il va passer professionnel. C’est assurément laisser le temps au temps, avancer avec l’âge, laisser cette marge de progression selon les catégories et voilà, ne pas se brûler les ailes ainsi que les étapes. Apprendre le métier au fur et à mesure de ces catégories, toujours se faire plaisir parce qu’il faut prendre du plaisir, avoir envie de s’entrainer sinon, ce n’est pas le métier qui correspond à la personne. Il ne faut pas avoir honte de tout donner et de ne pas passer professionnel, on est vraiment peu à pouvoir le faire et il y a aussi une partie de chance, avoir les bons contacts au bon moment, avoir les résultats au bon moment aussi et puis, avoir la place qu’il faut chez les professionnels, car il y a beaucoup de monde pour peu de places. Moi, j’ai la chance de pouvoir vivre de ma passion et c’est pour ça que j’aime bien en parler avec les jeunes même si je ne suis pas vieux.
Avec les jeunes de l’école de vélo ou les jeunes juniors, j’aime bien partager mon début d’expérience et ce n’est pas parce que je suis professionnel que je vais faire 10-15 ans de carrière, ça peut s’arrêter dès l’année prochaine, dans 3 ans, dans 7 ans, je ne sais pas. C’est pour ça qu’il faut profiter un maximum même si on n’est pas passé professionnel, on vit quand même de belles choses et le sport dans son ensemble, c’est l’éducation de la vie et c’est vraiment important de garder la motivation dans le sport.

Crédits photos : Fab Stanislas & Sophie Deliquaire

Arnaud Fischer – 13 mars

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