La France a souvent su former de grands champions du 110 m haies comme Pascal Martinot-Lagarde ou Dimitri Bascou, mais la relève se prépare déjà côté tricolore. En effet, Paul Chabauty va peut-être suivre leurs traces et a même été récemment médaillé de bronze aux championnats d’Europe junior. Entretien.
Son portrait
Nom : Chabauty
Prénom : Paul
Âge : 19 ans
Région : Pays de la Loire
Club : Entente des Mauges
Classement national : 2e du bilan FFA sur 110 m haies (2019)
Coach : Richard Cursaz
Titre(s) : 1 (champion de France du saut à la perche en salle cadets, 2018)
Meilleure performance : 110 m haies (99 cm) en 13’60
Si tu devais te décrire en trois mots…
Paul Chabauty : Déterminé, amical et respectueux.
Pourquoi as-tu commencé l’athlétisme et à quel âge ?
Paul : J’ai commencé l’athlétisme en rentrant en sixième, j’avais 11/12 ans. Je m’y suis inscrit parce qu’en primaire il y avait des cross et je me débrouillais vraiment bien, de plus ma tante entraîne les petits dans un club d’athlétisme donc mes parents m’ont dit « si tu veux tu peux essayer l’athlétisme là-bas ». J’ai commencé la perche deux ans après et ça me plaisait, plus tard on m’a dit que les haies allait bien avec et que si je voulais en faire on avait un bon entraîneur dans le club. J’ai poursuivi avec les deux disciplines jusqu’à devoir faire un choix l’année dernière entre les deux pour arrêter la perche.
Le choix s’est fait naturellement car j’ai fait mes deux premières sélections en équipe de France sur les haies et j’étais aussi sélectionné à la perche, mais j’avais plus de chances de faire un résultat sur les haies donc c’est ça qui m’a encouragé. Inconsciemment je me suis plus tourné vers les haies et je me suis un petit peu moins investi sur la perche, à ce niveau ça influe sur les performances, sur le moral etc. C’est comme ça que j’ai choisi les haies.
Quel est le moment qui t’a le plus marqué depuis que tu fais de l’athlétisme ?
Paul : J’en ai trois en fait, le premier était en cadets 2 quand je deviens champion de France en salle de la perche car je fais le podium avec mes deux potes d’entraînement, nous étions tous les trois dans le même lycée et on s’entraînait ensemble donc c’était vraiment un bon moment. Ensuite il y a la médaille de bronze aux championnats d’Europe cet été (à Boras), et puis aussi cet été avec le lycée quand nous sommes devenus doubles champions de France chez les filles et chez les garçons en scolaire.

Peux-tu nous faire un bilan de ton année 2019 qui vient de s’achever avec les bons et les mauvais moments ?
Paul : Ça s’est fait en 2 phases, les bons moments ont eu lieu durant la saison estivale et les mauvais lors de la saison hivernale. L’hiver dernier (NDLR : 2018-2019), j’avais beaucoup de mal car je sortais des cadets et je me suis dit qu’en junior ce serait aussi « simple » et en fait, pas du tout ! Ça m’a remis en question tout l’hiver car je n’ai pas eu les résultats espérés, j’ai terminé cinquième aux France en salle mais ce n’est pas ce que je voulais. Finalement, ça m’a remis dedans pour l’été où j’ai bien réussi avec la médaille aux championnats d’Europe junior, ça a récompensé tous mes efforts et c’était exceptionnel.
Quels seront tes objectifs pour 2020 ?
Paul : Le premier gros championnat ce sera les France cet hiver, même si c’est pas mon fort parce que le 60 m haies c’est particulier par rapport au 110 m et moi je suis un peu moins bon en salle. Après cet été il y aura le meeting de sélection pour les championnats du monde junior. Une finale aux mondiaux ce serait vraiment le top que je puisse faire cette année.

“Le choix s’est fait naturellement”
Paul Chabauty, hurdleur sur 110 m haies
Comment combines-tu sport et études ?
Paul : Je suis en fac de sciences à Nantes, j’ai la chance de ne pas avoir des semaines à 35 heures de cours, de plus là où je m’entraîne il n’y a que 5 minutes de trajet entre la fac et le stade. En général j’ai cours en journée et après c’est entraînement à 16 ou 17 h. Sur la période d’octobre à décembre, j’avais 6 entraînements par semaine du lundi au samedi et là avec les périodes de compétitions qui arrivent, ce ne sera plus que 4 à 5 fois.
Avec ton regard intérieur de l’équipe de France jeune, peux-tu nous dire s’il y a un ou une athlète qui t’impressionne et à qui tu prédis un grand avenir ?
Paul : Je n’ai pas forcément d’athlète en tête, je pense que même si quelqu’un n’est pas en équipe de France aujourd’hui, tant que tu n’es pas en catégorie senior tu n’es pas assuré d’un grand avenir. Une personne qui fait 20e aux Europe ou même 3e aux France, tous peuvent prétendre à faire de grandes carrières. Il y a des athlètes qui peuvent être extrêmement forts en catégorie jeune mais ça peut être préjudiciable pour la suite car du coup on va mettre trop de pression sur ces athlètes-là.

Le 110 m haies est une discipline dans laquelle la France est bien représentée au haut niveau avec Pascal Martinot Lagarde, Dimitri Bascou ou encore Wilhem Belocian. Pourquoi à ton avis cette discipline nous réussit si bien ?
Paul : Je pense qu’il y a une culture des haies, ça fait quand même très longtemps qu’il y a de très bons hurdlers français. Il y en a des bons donc de bons entraîneurs et de bonnes structures, c’est un peu comme un cercle vertueux j’ai envie de dire. Les haies fonctionnent donc tu as envie d’en faire car tu vois un Pascal Martinot Lagarde qui obtient des médailles aux championnats du monde, ils t’inspirent. Donc il y a plus de jeunes qui en font, plus de concurrence et de niveau et donc d’athlètes qui font de belles choses, ça entretient les bons résultats.
As-tu une idole ou un/une athlète que tu admires et de qui tu t’inspires ?
Paul : Je n’ai pas forcément une seule idole mais je regarde beaucoup les autres courir que ce soit les stars françaises ou mondiales mais j’aime bien regarder tout le monde, même les athlètes de mon groupe d’entraînement. Il y a même ceux contre qui je cours, j’essaye de m’inspirer un peu de tout le monde car tout le monde a du bon à donner, que tu aies un niveau départemental ou international.
Là en ce moment au niveau français ce serait plus Martinot-Lagarde car c’est le meilleur en France avec Belocian aussi qui est assez jeune, c’est lui qui a les records de ma catégorie pour le moment. Ensuite au niveau international je dirais Grant Holloway (USA), il est jeune et a déjà fait de grandes choses (champion du monde), tu peux essayer de t’inspirer de choses comme ça. Ce ne sont pas des idoles mais des sources d’inspiration et de motivation.
Quel est ton rêve ultime dans ton sport ?
Paul : Je pense comme beaucoup d’athlètes être champion olympique, un record du monde aussi car c’est le rêve de tous ceux qui font de l’athlétisme en général. Vivre de l’athlétisme serait un objectif et pas un rêve, car un rêve c’est presque irréalisable.
Crédits photos : Manu Chapelle et Luc Challet