Accueil » En attendant…Rémy Boissier

Souvent, la Ligue 2 est sous-estimée en termes de qualité de jeu et de formations de jeunes talents footballistiques. Néanmoins, de nombreuses pépites sont dénichées dans ce championnat notamment l’un d’entre eux qui s’appelle Rémy Boissier. Milieu de terrain au sein d’une formation ruthénoise, son début de saison est tonitruant, à l’image de son équipe, nous vous donnons l’opportunité d’apprendre à le connaître

Portrait

Nom : Boissier
Prénom : Rémy
Âge : 26 ans
Région : Occitanie
Poste : Milieu de terrain
Pied fort : Droit
Équipe actuelle : Rodez Aveyron Football
Statistiques 2020-2021 (au 30/09) : 6 titularisations en Ligue 2 / 2 buts

En agrément de ce mini portrait, voici l’interview de Rémy qui nous parle de son parcours dans le football, de son équipe de Rodez ou encore de sa personnalité

Si tu devais te décrire en 3 mots…

Rémy Boissier : Je suis quelqu’un de simple, qui ne se prend pas la tête. Je suis persévérant pour atteindre mes objectifs dans ma vie professionnelle comme personnelle. Enfin, je suis loyal, quand je donne ma parole à mon club ou à mes amis, je ne la trahis jamais.

À quel âge as-tu commencé le football et quand as-tu réalisé que tu pouvais devenir footballeur professionnel ?

R.B : J’ai commencé le football très jeune dans un petit village à côté de Montauban. À l’âge de 16 ans, j’ai rejoint Rodez pour évoluer en U17 National. J’ai ensuite évolué avec la réserve puis de fil en aiguille, fini par intégrer l’équipe une. D’ailleurs, la progression de Rodez a été linéaire comme la mienne : nous sommes passés de la CFA (NDLR : aujourd’hui National 2) au National, avant de monter en Ligue 2 il y a 2 ans.
Je n’oublie pas d’où je viens. Lorsque j’ai commencé le football dans mon village, je ne pensais même pas devenir professionnel. Ce n’est qu’en arrivant en U17 National que j’ai pris conscience de cette possibilité. Je pouvais combiner sport et études grâce à un partenariat avec mon lycée. On affrontait des équipes à la formation réputée comme Nantes, Montpellier ou Toulouse. Je sentais désormais que c’était réalisable et j’ai dès lors tout fait pour y arriver même si ça n’a pas toujours été facile.

Tu évolues au poste de milieu de terrain. Te prédestinais-tu à évoluer à ce poste pendant ta jeunesse ou as-tu déjà évolué à un autre poste ?

R.B : Dans le club de mes débuts, j’ai évolué comme défenseur central et même comme attaquant. Je voulais absolument passer milieu de terrain et je « saoulais » un peu mes entraîneurs avec ça. Ils me disaient que c’était un poste difficile où il fallait produire énormément d’efforts. Finalement, j’ai testé ce poste dans mon équipe en U15 honneur avant de l’occuper en permanence. En arrivant à Rodez aussi mais lorsque j’ai intégré l’équipe une, j’ai d’abord joué comme latéral droit pour faire mes preuves. Au début, je craignais que cette polyvalence m’empêche de me spécialiser à un seul poste. Aujourd’hui, avec du recul, je la vois plus comme un atout car elle me permet de mieux comprendre les postes adverses en plus de dépanner mon équipe selon les besoins.

Quel est ton plus beau souvenir de carrière et pourquoi celui-ci et pas un autre ?

R.B : C’est sans aucune hésitation la montée en Ligue 2 avec Le Mans en 2019. Lors des barrages contre le Gazélec Ajaccio, on fait un bon match aller devant notre public mais on s’incline quand même 2 buts à 1. Au retour, remontés à bloc, on arrive à s’imposer 2-0 en terre corse en arrachant le but de la qualification dans les tous derniers instants (NDLR : une magnifique retournée du rentrant Soro au bout du temps additionnel). Ce but intervient juste après un penalty raté par le Gazélec qui aurait pu enterrer nos derniers espoirs. En plus de ce scénario dingue, c’est aussi un bon souvenir personnel puisque je marque les deux premiers buts. Je n’oublierai jamais l’accueil que nous avons eu en rentrant au Mans. C’était exceptionnel. On a d’ailleurs eu un soutien inconditionnel toute la saison malgré de nombreux moments difficiles. J’allais découvrir la Ligue 2 pour la première fois donc il y a forcément une saveur particulière après ce match.

Quels sont tes loisirs en-dehors du football et as-tu déjà des idées pour ton après-carrière ?

R.B : J’aime les petits plaisirs simples de la vie. Comme tout footballeur, je suis adepte de la Playstation (rires). J’aime surtout passer du temps avec mes amis, ceux du football comme les autres. Les côtoyer me permet vraiment de garder un équilibre entre mon métier et ma vie personnelle. En ce qui concerne l’avenir, j’ai la chance d’avoir une copine qui me permet de vivre pleinement ma passion. J’ai quelques idées mais je souhaite vraiment me concentrer sur le football pour le moment. Je ne remercierai jamais assez mon entourage de me soutenir quotidiennement dans ce projet.

Quel type de joueur es-tu sur le terrain et dans quels domaines penses-tu encore progresser ?

R.B : Comme je l’ai dit tout à l’heure, le fait d’avoir évolué à plusieurs postes bien distincts pendant ma jeunesse fait de moi un joueur polyvalent. Contrairement à certains joueurs qui ont pu compter sur leur physique ou une pointe de vitesse hors-norme pour réussir dans le milieu, je n’ai pas d’atout particulier pour briller. Je n’ai ni gros points forts, ni gros points faibles. Je dois ma réussite à un gros mental. Les étapes pour jouer au niveau professionnel ont été longues mais je n’ai jamais abandonné.

“Je n’oublie pas d’où je viens”

Tu arrives à un âge charnière de ta carrière. Si tu es déjà bien implanté dans le monde professionnel, aurais-tu un objectif précis en tête à plus ou moins court terme ?

R.B : Sur le plan collectif, je souhaite me maintenir le plus tôt possible avec Rodez. Sur le plan individuel, je n’ai pas d’objectifs particuliers dans le sens où je ne me fixe aucune limite. Je profite de chaque moment, jouer en Ligue 2 avec le club que j’aime est déjà un aboutissement pour moi au vu de mon parcours. Dans ce milieu, tout peut arriver très vite, dans un sens comme dans l’autre, il faut savoir saisir les opportunités dès qu’elles arrivent. Je sais que je m’entraîne dur et c’est le plus important pour moi. Je prends les choses comme elles viennent sans brûler les étapes et je verrais bien où l’avenir me mènera. Si je reste en Ligue 2 jusqu’à la fin de ma carrière, ce sera déjà très bien. Après, bien sûr, comme tout compétiteur, si j’ai l’occasion de jouer plus haut, je ne m’en priverai pas.

Rodez réalise un début de saison plutôt convaincant. Après une saison en Ligue 2 réussie, quelles sont vos ambitions pour cette nouvelle saison ?

R.B : Rodez est un club qui a souffert par le passé. Il ne faut pas oublier d’où l’on vient, nous ne sommes en Ligue 2 que depuis l’année dernière. Nous voulons vraiment pérenniser le club au niveau professionnel. Il doit donc d’abord rester dans l’élite et progresser dans une multitude de domaines comme la formation ou les infrastructures avant de voir plus haut. Nous ne voulons pas reproduire les erreurs des autres. J’ai l’exemple d’un club voisin en tête, Luzenac, qu’on a vu monter et encore monter mais sans se structurer. Les résultats sur le terrain étaient plus que probants mais le club n’a pas pu suivre et la fin s’est avérée tragique. Il est vrai que notre début de saison est assez satisfaisant, donc on espère se maintenir au plus vite avant de viser plus haut.

Tu es toi-même issu de la région. Ressens-tu une forme de complicité particulière avec les autres joueurs et les supporters ?

R.B : Ici, le coach et tout le staff en général insistent sur un état d’esprit ruthénois. Nous avons des valeurs, il faut mouiller le maillot. Ici, l’investissement prime sur le talent. Nous avons pleins d’atouts dans la région. Elle est calme mais en même temps la mer comme la montagne ne sont pas très loin. Je pense que pleins de joueurs s’y retrouvent. Nous sommes comme une communauté : pour être accepté, il faut prouver mais une fois que les gens t’ont adopté, ils ne te lâcheront pas. Le lien est très fort. D’ailleurs, nos matchs le prouvent. Nous ne sommes pas les plus techniques individuellement mais ensemble on peut tout faire.

As-tu un modèle auquel ton tempérament peut s’identifier, que ce soit dans le football ou ailleurs ?

R.B : J’essaye vraiment d’être moi-même donc je n’ai pas de modèle particulier dans la vie de tous les jours. Après, je m’inspire quand même de certains joueurs pour mon poste. J’aime beaucoup le style de jeu de Marco Verratti et non sa mentalité. Toni Kroos est aussi une source d’inspiration pour moi, à la fois pour le joueur qu’il est et sa mentalité calme sur le terrain.

Au vu de ton expérience, quels conseils pourrais-tu donner aux plus jeunes pour réussir dans le football ?

R.B : Tout n’a pas toujours été rose pour moi. Quand j’étais jeune, plusieurs clubs professionnels m’ont appelé. Pour intégrer un centre de formation, j’ai passé avec brio tous les tests successifs jusqu’au dernier où j’ai finalement été refusé. Cela a été difficile à accepter sur le coup mais cela m’a forgé un mental et rendu encore plus fort.
Je conseille donc aux jeunes de travailler, d’être rigoureux dans leurs efforts. Il faut persévérer et ne pas laisser tomber à la moindre difficulté. Il peut se passer plein de choses par la suite, c’est ce qui fait la beauté du football. Il est également primordial d’écouter ses entraîneurs et de bien s’entourer, notamment dans le cercle familial. Mais il ne faut surtout pas que les jeunes oublient la notion de plaisir lorsqu’ils jouent. Pour résumer, si tu es travailleur, heureux et respectueux sur et en-dehors du terrain, tu as les clés en main pour réussir même si un tas d’autres facteurs extérieurs rentrent également en compte.

Pour finir, aurais-tu une anecdote à nous raconter ?

R.B : Lorsque j’étais au Mans, je partageais ma chambre avec Stéphane Diarra (qui vient de signer à Lorient). Nous sommes arrivés en même temps au club donc on a très vite sympathisé. Pendant les mises au vert, c’est-à-dire les veilles de match, on se chambrait en se tapant gentiment bien-sûr. Je me suis régalé pendant cette période ! Depuis que je suis revenu à Rodez, je pense avoir certains coéquipiers que je pourrais charrier de la même manière mais c’est compliqué en cette période de Covid.

Crédits photos : Rodez Aveyron Football et Damien Grandet / AllezRodez.com

Mathias de Vernejoul – 8 octobre

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