D’ici quelques jours, le tournoi junior de l’Open d’Australie va être lancé et de nombreux français y seront pour tenter de soulever le trophée. Parmi eux, un bel outsider qu’est Timo Legout, actuel 27e mondial junior qui jouera sa carte à fond et que nous vous présentons pour l’occasion en interview !
Portrait
Nom : Legout
Prénom : Timo
Age : 17 ans
Région : Île de France
Débuts au tennis : 5 ans
Classement : 27e junior
Coach : François-Xavier Paulin et Stéphane Sarda
Titre(s) : 0 (à noter plusieurs finales de Grade 1 et 2)
Meilleure performance : Victoire sur Martin Damm (USA, ITF 4) à Traralgon (AUS)
Pour compléter ce petit portrait, voici son interview où il nous parle de ses ambitions pour cette année, de son expérience à Roland-Garros junior ou encore de ses débuts au tennis
Si tu devais te décrire en 3 mots…
Timo : Je dirais passionné surtout dans le tennis, persévérance car j’aime bien toujours garder espoir à n’importe quel moment. En troisième mot, je déteste perdre que ce soit dans un jeu au Monopoly ou quelque chose du genre, il ne faut pas que je perde.
Quel a été ton plus beau match jusqu’ici et en quoi est-il spécial à tes yeux ?
Timo : C’était à Beaulieu-sur-Mer contre Gimeno-Valero, spécial parce que j’ai gagné 5 et 6 et que c’était très long. Il y a eu des circonstances avec interruption pour cause de pluie également, je pense que c’était vraiment mon meilleur match de l’année en terme de niveau de jeu contre un très bon joueur. Parfois dans les matchs les plus importants, ton plus gros adversaire c’est toi-même, il faut arriver à se contrôler surtout contre les bons joueurs. Ça ne dépend que de toi pour contrôler les émotions car l’adversaire te contrôle.
Comment as-tu débuté le tennis et qu’est-ce qui t’a motivé à poursuivre dans cette voie ?
Timo : Ce sont mes parents qui m’ont inscrit au tennis quand j’avais 4 ou 5 ans car mon père était joueur de tennis de table donc il m’a inscrit dans un sport de raquette. Ça m’a vite plu et j’ai tout de suite commencé à regarder tous les matchs à la télé, au début j’aimais vraiment les matchs et je m’amusais bien en compétition. À partir de 9 ans ou 10 ans, je me suis entraîné encore plus et aujourd’hui c’est resté. Ce qui m’a motivé, c’est le fait que j’ai été un peu inspiré par mon père et surtout dans le tennis car ce qui rend le tennis particulier, c’est que tu es vraiment tout seul sur le court. Cela dépend vraiment de toi, tu ne peux pas te trouver d’excuses puisque ce n’est pas un sport collectif et c’est ça qui me plaît.
L’année dernière, tu as disputé Roland Garros Junior dans le tableau final en tombant sur la tête de série 1. Malgré la défaite, qu’as-tu retenu de cette expérience en grand chelem ?
Timo : J’étais hyper content de jouer sur un court à Roland car il y avait un peu de monde et le court 14 est le plus important pour les juniors donc c’était vraiment cool. Je ne vais pas dire que je n’ai pas eu de chance au tirage parce que pour un premier grand chelem, je n’avais rien à perdre contrairement à si j’avais eu un joueur moins fort que moi et où j’aurais eu la pression. J’ai tout de suite vu quel était le meilleur niveau de jeu mondial de mon âge et ce qu’il fallait que je fasse pour l’atteindre. En terme de niveau de jeu pur ce n’est pas loin, il n’y a rien d’exceptionnel où tu te dis que tu ne peux vraiment pas jouer mais dans la régularité du niveau et l’intensité qu’il met, là tu vois qu’il y a un écart.
Ton ascension pour rentrer dans le top 100 ITF Junior a été fulgurante, qu’est-ce qui justifierait cet élan de bons résultats selon toi ?
Timo : Ce qui est bizarre c’est que j’ai fait une année où j’ai stagné et où je n’étais pas au niveau sur les grades 4, puis d’un coup j’ai pu jouer des grades 2 ou 1. Déclic ? Je ne pense pas car par exemple dans la saison, j’ai perdu un match contre Llamas un espagnol au Maroc en mars et j’ai fait un bon match. J’avais eu pleins d’occasions pour l’emporter et j’ai perdu le match, à la fin je me suis dit que j’étais proche de ce niveau et qu’il fallait que je concrétise ces occasions. Après ça c’est bien passé puisque j’ai gagné au Cap d’Ail où j’ai battu deux bons joueurs, deux matchs serrés où j’ai vraiment bien joué les points importants et ça m’a donné confiance. Ensuite j’ai eu de bons résultats jusqu’à Roland, du coup déclic en niveau du jeu je dirais non mais plutôt dans ma façon de jouer.
“J’ai été un peu inspiré par mon père”
En 2020, quels vont être tes objectifs aussi bien sur le circuit junior que senior ?
Timo : Je vais mixer un peu des deux, jouer les plus gros en junior soit les 4 grands chelems et varier un peu entre l’Open d’Australie et Roland-Garros. Je vais sûrement jouer beaucoup de futures et peut-être un ou deux juniors avec Milan et Beaulieu mais je ne sais pas encore. Le but est d’essayer de grimper au classement pro tout en gardant un bon classement junior pour être sûr de rester dans les grands chelems. En grand chelem je n’ai pas encore passé de tours donc la première étape serait de passer un tour, à la tournée à l’Orange Ball j’ai vu le niveau qu’il fallait avoir et je pense que pour l’instant, la première étape serait d’aller en quarts. Après ce stade-là tout se jouera sur des détails, mais déjà les ¼ de finale ce serait vraiment bien.
Raconte-nous une semaine type pour toi. As-tu encore des études à côté et si oui, est-ce difficile de les combiner avec le tennis ?
Timo : J’ai eu un BAC S l’année dernière, c’est cool parce que cette année je ne fais que jouer et je n’ai rien à côté. J’ai eu mon BAC l’année dernière donc cette année et l’an prochain je ne ferais que du tennis. Comme journée type d’entraînement, je m’entraîne 6 jours sur 7 donc tous les jours sauf le dimanche, je m’entraîne 2 h – 2 h 30 le matin c’est variable. Après je mange, je me fais une 1 h 30 – 2 h de tennis et ensuite deux heures de physique. Ça fait 5 heures et demie voir 6 heures par jour du lundi au vendredi, et le samedi je ne m’entraîne que le matin où je vais faire des services, j’ai environ 30 h par semaine.
À quel joueur du circuit mondial pourrait-on t’associer et as-tu des points communs avec lui ?
Timo : Je dirais Diego Schwartzman car c’est un petit gabarit comme moi (NDLR : 1 m 78 ou 79) et j’essaie de m’inspirer de lui. Je trouve qu’être dans le top 15 avec sa taille c’est exceptionnel, je tente de prendre le jeu avec son coup droit et un solide revers tout en ayant un gros jeu de jambes.
Si tu avais un rêve, quel serait-il ?
Timo : Plus être numéro 1 mondial que remporter un grand chelem, je préférerais ça plutôt que d’en gagner un plutôt que de rester en dehors du top 5 ou 10. C’est surprenant parce qu’on entend souvent les gens dire « remporter un grand chelem… » mais sur le circuit masculin, si tu es numéro 1 c’est obligé que tu aie gagné au moins un grand chelem. Cette place représente toute la saison et tous les efforts que tu fais donc je trouve que c’est plus représentatif d’être numéro 1 que de gagner un grand chelem. Et une médaille olympique aussi, le tennis aux JO n’est pas assez mis en avant selon moi surtout que Paris 2024 arrive donc si je pouvais y décrocher quelque chose…déjà y jouer serait un objectif !
Quelle est ta destination idéale pour les vacances d’été et pourquoi ?
Timo : C’est la Corse car j’y vais tout le temps depuis que je suis tout petit, on va dans un club de vacances où je vois tous mes potes que je ne peux pas voir dans l’année avec les compétitions et les entraînements. C’est le moment de l’année où on sort complètement du tennis et où on en parle pas tout en faisant d’autres activités. On peut vraiment profiter de nos amis, ça ne me dérange pas vraiment de ne pas les voir dans l’année parce que c’est ce que j’ai envie de faire au quotidien de jouer au tennis. C’est une semaine ou deux par an où on décompresse du tennis et où on pense à autre chose, c’est du côté de Porto-Vecchio.
Merci Timo pour ta disponibilité et ta gentillesse, bon courage pour Melbourne !
Crédits photos : Tennis IDF et Richard Van Loon