Accueil » En Bret’selle #2 avec la Conti Groupama-FDJ, journée parfaite dans la Haute-Saône

Le Tour Alsace poursuit son aventure dans les Vosges saônoises avec une étape usante qui s’est achevée en apothéose en haut de la Super Planche des Belles Filles. Il s’agissait d’une journée décisive pour le classement général. La Conti Groupama-FDJ, réserve de l’équipe World Tour, a connu une magnifique journée avec, à la clé, une victoire d’étape et le maillot Carrés jaune de leader. Immersion.

LA CONTI GROUPAMA-FDJ, C’EST QUOI ?

Les Reporters Incrédules vous présentaient cette formation si particulière en France dans un article dédié en mars 2022. En 2019, lors de l’arrivée de Groupama en tant que sponsor principal, la compagnie d’assurances a amené une nouvelle dynamique de formation au sein de la structure dirigée d’une main de maître par Marc Madiot. C’est cette année-là que la Conti naît et commence à former des coureurs avec pour objectif de les faire signer dans l’équipe World Tour de la structure Groupama-FDJ. Reuben Thompson et Paul Penhoët en sont des exemples très actuels, puisque lorsque le premier sera dans la World Tour dès 2023, le deuxième sera lui affilié à la « grande équipe » dès le 1er août 2022.
Jérôme Gannat, le directeur sportif sur le Tour Alsace, est présent depuis la création de ce nouveau projet installé à Besançon. L’ancien cycliste amateur possède un palmarès fourni et « était l’homme le plus heureux du monde dans ces années », malgré le fait qu’il n’ait pas eu les aptitudes supplémentaires nécessaires pour passer dans les rangs professionnels. Il a ensuite été directeur sportif pendant 15 ans au CC Étupes. Il se démarque donc comme une haute figure de la formation française puisqu’entre 2004 et 2019, il a vu passer de très beaux noms qui brillent aujourd’hui au plus haut niveau comme Warren Barguil, Guillaume Martin, Adam Yates ou encore Thibaut Pinot.

Ce fonctionnement en équipes réserves est très avantageux pour tout le monde, que ce soit le staff ou les coureurs. Reuben Thompson et Lenny Martinez, autre grimpeur très prometteur de la Conti, ont pu participer au Tour des Alpes en avril avec à la clé de l’expérience engrangée. Le staff, lui aussi, profite de ces échanges avec, par exemple, Gaspard le mécanicien qui, pour sa première année au sein de la Conti, ira faire une journée de course à la Classique Hambourg aux côtés d’Arnaud Démare et de tout son train. Stefano, l’assistant, est présent sur le Tour Alsace, mais a également fait le Giro d’Italia avec les excellents résultats d’Arnaud Démare que l’on connaît. De l’aveu de Jérôme Gannat, la Conti Groupama-FDJ est « un collectif qui tourne bien, on voit que tout le monde est en capacité d’assumer le leadership à un moment ou à un autre ».L’étape de vendredi en a été une belle preuve.

LA CONSÉCRATION AU SOMMET DE LA SUPER PLANCHE POUR PICKERING

Le départ de Vesoul était spécial pour Romain Grégoire qui avait sa famille présente au départ du chef-lieu de la Haute-Saône. Le Bisontin s’est d’ailleurs senti poussé des ailes et a faussé compagnie au peloton en compagnie de cinq coureurs. Dans la voiture, on s’étonne de la présence d’un coureur placé au général qui va considérablement amenuiser les chances de succès de l’échappée. Grégoire était en reprise et jeudi, il n’a pas eu une bonne journée de vélo donc il s’est porté à l’avance « pour soulager l’équipe »« C’était déjà mieux qu’hier, mais ce n’étaient pas encore de très très grandes sensations », confie-t-il avec lucidité. Finalement, les fuyards sont repris avant même le pied de la montée finale.

Dans le peloton restent alors Sam Watson, Reuben Thompson et Finlay Pickering. Le premier a réalisé un gros travail au pied pour accélérer le rythme pour ses leaders jusqu’à 6 km du sommet. Mission accomplie. Ensuite, c’était au tour de Reuben Thompson de placer une accélération pour déstabiliser le leader, Roland Thalmann, et ainsi préparer le terrain pour ce qui aurait pu s’apparenter à du « harcèlement » de la part des coureurs de la Conti. Finalement, le harcèlement aura été de courte durée puisqu’à 3 kilomètres avant l’arrivée, le jeune grimpeur britannique, Finlay Pickering, creuse un bel écart avec le groupe, suffisant pour tenir jusqu’à la ligne et la terrible arrivée en haut de la Super Planche des Belles Filles. « Je me sentais bien. J’ai réussi à créer un grand écart sur la partie goudronnée. Après la partie gravel, c’était une autre histoire, je me suis accroché jusqu’à la ligne. Quand je suis arrivé sur la dernière rampe, j’ai regardé derrière moi et j’ai vu que j’étais seul et je me suis dit oui, peut-être que je peux le faire ! Je n’aurais pas pu le faire sans tous les gars qui ont fait un boulot magnifique. C’était juste une journée parfaite », raconte-t-il non sans joie.

Du côté de Jérôme Gannat, il y a le sentiment du travail bien fait. L’équipe avait reconnu l’étape et étudié le final qui, selon eux, n’était pas favorable à un homme seul. Selon le directeur sportif doubiste, « c’est l’instinct du coureur qui a parlé ». En plus de l’instinct, Pickering a les aptitudes, en ayant notamment été champion de Grande-Bretagne du contre-la-montre chez les juniors en 2021. « Cela l’a aidé à gérer son effort parce qu’il connaissait la planche, il l’avait reconnu vendredi dernier », continue son directeur sportif, heureux. En remportant l’étape reine du Tour Alsace, Pickering devient par la même occasion le 10e coureur de la Conti à s’imposer. Cela valide le potentiel de tous ces coureurs qui travaillent bien ensemble et construisent une belle cohésion puisqu’ils sont tous ensemble à Besançon à l’année. La célébration en forme de « bras d’honneur » de Pickering est expliquée par le coureur lui-même et le pourquoi de sa rage au moment de franchir la ligne.« J’ai beaucoup souffert des blessures et des maladies cette année et j’avais le dossard 13, donc ça représentait beaucoup pour moi. Ma célébration était juste dirigée envers les blessures et les difficultés personnelles que j’ai eu à endurer cette année ».

OBJECTIF CLASSEMENT GÉNÉRAL

Désormais, tous les regards sont tournés vers ce week-end et des étapes a priori plus simples dans leur profil, mais non moins tendues avec des routes casse-pattes et de nombreux changements de direction. Lorsque les objectifs du week-end sont évoqués, Gannat et ses coureurs parlent tous d’une même voix, à l’image de Reuben Thompson. « L’objectif est maintenant de protéger Finlay et de ramener le maillot », avoue le Néo-ZélandaisJérôme Gannat précise : « D’abord le général, après pourquoi pas les étapes pour Sam Watson qui a déjà brillé l’année dernière sur ces arrivées ». Durant l’étape, les coureurs sont habitués par Jérôme à courir groupés à l’avant afin de les préparer aux courses World Tour. En effet, les Bleu-Blanc-Rouge couraient en troisième rideau derrière le Team Vorarlberg et Trinity Racing. « C’est aussi une manière de renvoyer une belle image de l’équipe et d’éviter tous les dangers liés à un mauvais placement dans le peloton », détaille le directeur sportif.
En tous les cas, la Conti Groupama-FDJ poursuit sa belle saison et espère ramener ce beau maillot à Besançon. Pour cela, il faudra résister aux nombreux assauts d’autres formations puisque Pickering ne possède qu’une poignée de secondes sur Lennert Van Eetvelt et Roland Thalmann, qui semblent être les derniers en lice pour la victoire finale.

LE DÉBRIEF DE L’ÉTAPE

À Vesoul, lieu de départ de la troisième étape du Tour Alsace, chacun a en tête l’étape du jour. Son terrible final peut permettre de reprendre du temps ou d’asseoir sa domination, après une étape montagneuse qui a fait de nombreux dégâts et permis d’y voir plus clair au classement général. Contrairement à la veille, l’échappée du jour ne va pas tarder à se former, à peine plus de 20 kilomètres. Parmi les six fuyards du jour, on retrouve deux Français, en la personne de Romain Grégoire (Conti Groupama-FDJ) et de Benjamin Marais (Vendée U). L’écart avec le peloton ne dépasse jamais plus de 3 minutes 30 et pour cause, on retrouve dans l’échappée Marcus Sander Hansen (Uno-X Dare Development Team), pointé à seulement 2 minutes et 1 seconde du leader du classement général. Derrière, c’est l’équipe du leader qui contrôle pour garder son maillot Carrés jaune. Membre de l’échappée, Timon Rüegg (Cross Team Legendre) passe en tête des trois premiers cols répertoriés. Dans le col de la Chevestraye, avant-dernière ascension du jour, Sander Hansen accélère. Il est suivi un temps par Romain Grégoire avant de lâcher, les autres membres de l’échappée étant également dans l’impossibilité de réagir et finissant peu à peu avalés par le peloton. Après un dernier raid en solitaire, le téméraire Hansen est repris avant même le début de la montée finale.
C’est parti pour la Super Planche. En tête de peloton, ce sont les coureurs de la Conti Groupama-FDJ qui impriment le rythme. C’est le 5e du classement général, Finlay Pickering, qui, après quelques attaques dont une de son coéquipier, Reuben Thompson, réussit à fausser compagnie au groupe de tête. Il augmente son avance, à hauteur d’une vingtaine de secondes, sur le groupe des poursuivants. Pickering ne reverra jamais le groupe en chasse et lève les bras au sommet de la déjà mythique Super Planche des Belles Filles. Derrière lui, Jordan Jegat attaque, mais ne pourra pas faire mieux qu’une deuxième place, à 19 secondes du vainqueur.

Ce résultat satisfait Axel Clot-Courant, directeur sportif du Team U Nantes Atlantique. « Ça récompense Jordan, parce que c’est vrai que c’est un coureur qui s’investit beaucoup, qui progresse vraiment cette année, c’est le travail qui paye », confie-t-il. Le vainqueur du jour, Finlay Pickering, endosse le maillot Carrés jaune de leader du classement général avec une avance de 14 secondes sur Lennart Van Eetvelt, troisième de l’étape du jour, ainsi que 27 secondes sur Roland Thalmann, ancien leader du général. Les autres sont relégués à plus d’une minute du Britannique. Cependant, le général est loin d’être joué avec ce samedi une avant-dernière étape au parcours très accidenté, composé de trois sprints bonification sur les 170,9 kilomètres séparant Kembs et Altkirch. Le maillot jaune pourrait bien se jouer à coup de secondes.

Le profil de l’étape 4 entre Kembs et Altkirch :

Crédits photos : Pavel Clauzard, Emile Pawlik et Arnaud Fischer

Emile Pawlik & Arnaud Fischer

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