Accueil » En Bret’selle #3 avec le CC Étupes, des leçons à tirer

Après deux étapes de montagne où les protagonistes du classement général ont pu s’expliquer sur les sommets bas-rhinois jeudi, puis à la Super Planche des Belles Filles vendredi. Les coureurs du Tour Alsace se sont présentés au départ de la centrale hydroélectrique de Kembs pour une étape très accidentée. Le profil du jour est « mal plat », soit montée et descente toute la journée, jusqu’à l’arrivée dans les rues d’Altkirch.

LE CC ÉTUPES, C’EST QUOI ?

Le Club cycliste Étupes, plus couramment appelé le « CC Étupes », est un club de division Nationale 1 originaire de la ville d’Étupes, près de Montbéliard, dans le Doubs. Il a été fondé en 1974 par le regretté Robert Orioli, qui a donné ses lettres de noblesse au club erbaton en remportant sept fois la Coupe de France des clubs de la FFC (1996, 1997, 1998, 1999, 2003, 2004 et 2019). L’équipe amateur est connue pour être l’une des meilleures dans la formation de jeunes talents. Des coureurs mondialement reconnus comme Thibaut Pinot (Groupama-FDJ), Adam Yates (Ineos Grenadiers), Warren Barguil (Arkea-Samsic) ou encore Guillaume Martin (Cofidis) ont porté les couleurs du Club cycliste Étupes. En 2021, deux membres du « Foxgang » ont signé un contrat professionnel, en premier lieu Axel Zingle, 3e du Championnat de France sur route en 2022 avec la formation Cofidis. Le second n’est autre que Yaël Joalland, qui s’est illustré vendredi sur les pentes de la Super Planche des Belles Filles au sein de la formation continentale UC Nantes Atlantique.
En 2019, le CC Étupes a entamé un partenariat en tant qu’équipe de formation et de détection de jeunes talents, notamment des profils de grimpeurs, pour la formation belge de la Wanty-Groupe Gobert. Ce partenariat s’est achevé fin 2021, le CC Étupes ayant brisé ses liens avec l’équipe World Team et étant redevenue une équipe de réserve, capable de fournir des jeunes talents à n’importe quelle formation. Étupes a aussi créé en 2020 une équipe junior qui devrait fournir de jeunes pousses à former ensuite dans l’équipe première.

LE CC ÉTUPES EN DIFFICULTÉ, MAIS QUI PEUT COMPTER SUR LECLAINCHE

Au départ de l’étape, Melvin Rullière, ancien coureur cycliste qui a notamment évolué dans l’équipe professionnelle Véranclassic-Ekoï en 2015, est l’un des plus jeunes directeurs sportifs de ce Tour Alsace (32 ans). Reconnu pour sa science de la course, il a déjà en tête un scénario de course bien défini. Son équipe doit être concentrée sur un objectif : être dans l’échappée. Rullière estime à 80 % les chances de réussite de l’échappée sur cette étape accidentée. La consigne est simple pour les Erbatons, il faut prendre la course vers l’avant et ne pas manquer le bon coup. Sur ce type d’étape et avec une arrivée en bosse, le « Foxgang » possède quelques beaux profils. L’un des deux Irlandais, Dillon Corkery, pourrait bien avoir sa chance sur ce type d’étape, mais le coureur n’est pas dans sa meilleure forme actuellement. Le CC Étupes possède une autre carte à jouer avec Gwen Leclainche, 3e de Liège-Bastogne-Liège Espoirs en début de saison.
Après seulement quelques kilomètres de course, les ennuis commencent déjà pour le CC Étupes. Théo Thomas, l’Alsacien qui évolue à domicile, se fait déjà distancer par le peloton. Panne de jambes ou manque d’envie pour l’un des grands espoirs français de cyclocross qui ne tardera pas à jeter l’éponge, anticipant sa coupure de quelques jours avant la saison de cyclocross. Puisqu’une déception n’arrive jamais seule, aucun maillot noir et orange du CC Étupes ne réussit à se glisser dans l’échappée, objectif du jour manqué. Le CC Étupes est une nouvelle fois demandé à l’arrière du peloton, cette fois-ci pour un problème sur le guidon d’une des cartes du jour, Dillon Corkery. C’est une occasion parfaite pour tester, sous haute tension, la connexion entre le DS, Melvin Rullière et son mécanicien, Aurélien Perry, ancien coureur d’Étupes.

Quelques kilomètres plus tard, Corkery demande sa voiture : l’Irlandais n’en peut plus, il n’est pas en forme. Son directeur sportif lui demande de s’arrêter lorsqu’il croisera à nouveau le camion des assistants et prendra quelques jours pour couper un peu. L’Irlandais, récemment arrivé dans l’équipe, est dépité et s’excuse de devoir quitter prématurément la course. Corkery, en bon camarade, distribuera des bidons à ses coéquipiers sur le bord de la route. C’est le deuxième abandon pour le CC Étupes. Dans la côte de Ferrette, Simon Baran est lâché du peloton, mais va finir l’étape dans les temps.

Dans la voiture du DS, on sait déjà que la victoire se joue devant, mais Gwen Leclainche peut encore espérer obtenir un « Top 10 du peloton ». Sans surprise, c’est bien l’échappée qui se joue la gagne. Derrière, Gwen Leclainche, qui sera stagiaire dès le 1er août au sein de l’équipe Go Sport Roubaix-Lille métropole, vient obtenir une très honorable 7e place dans le sprint du peloton, ce qui le positionne à la 16e place de l’étape du jour. Melvin Rullière analyse avec lucidité le résultat du jour. « On ne peut pas se satisfaire de ça, c’est le minimum syndical. Pour beaucoup, la fatigue commence à se faire ressentir, le Tour est à un très haut niveau. On a loupé l’échappée, si on n’y est pas, c’est parce qu’on n’avait pas les jambes pour y être », évoque-t-il. La dernière étape de ce Tour Alsace s’achèvera à Berrwiller avec une arrivée promise au sprinteur. Après avoir perdu Dillon Corkery, le sprinteur irlandais, Melvin Rullière ne se fait pas trop d’illusions. « Ce sera forcément compliqué de jouer avec les meilleurs, mais on ne va pas se démobiliser, on va continuer d’essayer d’aller dans l’échappée, car on n’a pas réussi pour le moment. On a bien entamé le Tour, j’espère qu’on le finira bien », confie Melvin. Les Erbatons pourraient donc réserver quelques belles surprises pour clôturer en beauté le chapitre 2022 de ce Tour Alsace.

LE DÉBRIEF DE L’ÉTAPE

Cette 4e journée du Tour Alsace présageait quelques surprises au départ de Kembs. La Lotto-Soudal Development allait-elle prendre en main la course pour tenter de renverser le maillot jaune, ou alors une échappée au long cours pouvait-elle aller au bout ? Les premiers kilomètres ont permis d’y voir plus clair de nombreuses attaques qui n’ont pas eu un réel impact. Il faudra attendre 33 km pour voir un petit groupe s’extirper du peloton et prendre de l’avance, ils sont au nombre de dix. Parmi eux, Stéphane Rossetto (St Michel Auber 93), qui est le mieux classé de tous ces hommes en pointant 16e au général à 3’04”. L’entente est efficace pour l’échappée qui parvient à prendre du champ, et ce, malgré des contres avortés en tête de peloton. La formation de Finlay Pickering contrôle l’écart en plaçant les équipiers du maillot jaune britannique à l’avant, de quoi maintenir l’écart à 1’55”. Dans les ascensions de Ferrette et du Blochmont, le peloton perd beaucoup d’unités, mais l’échappée également, puisque Timon Rüegg, le sociétaire du Cross Team Legendre, n’est plus devant.

L’étape se décante lorsqu’un contre parvient à s’extirper du groupe Maillot jaune, avec entre autres Axel Mariault (Team U Nantes Atlantique) et Thomas Gloag (Trinity Racing). Les hommes en chasse-patate tentent de rejoindre la tête de course, mais l’écart tourne autour de 55 secondes et semble fixe. De son côté, le peloton fait rideau et laisse l’avance de l’échappée considérablement augmenter, atteignant les 3 minutes. Pour autant, du côté du contre, l’écart chute à 1’15” à 25 km de l’arrivée, compromettant les chances de ces coureurs de revenir sur la tête de course. Malgré l’arrivée d’Hagens Berman à l’avant du peloton pour rouler, la Conti Groupama-FDJ est esseulée face à l’échappée, qui, au fil des kilomètres, voit ses chances de succès grandir. Devant, Stéphane Rossetto tente d’y aller en rouleur, mais ses compagnons d’infortune sont sur le qui-vive. De fait, le coureur de St-Michel Auber 93 prend les choses en main et emmène son coéquipier Nicolas Debeaumarché, afin qu’il dispute le sprint en petit comité. Après avoir lancé les hostilités tôt, il se fait reprendre dans les derniers mètres et sur le fil par Arthur Kluckers, le Luxembourgeois de Leopard Pro Cycling.
À 22 ans et à l’aube d’un contrat de stagiaire pro avec UAE Emirates, il s’offre une très belle victoire après une échappée décisive et qui a bien failli également voir Stéphane Rossetto prendre le maillot de leader à Finlay Pickering. « Mon objectif était d’aller dans l’échappée, je n’y croyais pas trop au début vu l’écart (NDLR : 30”), mais ça a roulé très fort devant et quand ça s’est dessiné, j’ai voulu garder le plus de forces possibles », confie le Luxembourgeois, très content de cette performance. Il s’agit de sa deuxième victoire en Classe 2 après la 5e étape de la Flèche du Sud, chez lui au Luxembourg. Arthur Kluckers avait conservé de l’énergie sur un sprint atypique. « Je connaissais l’arrivée et je savais que la dernière ligne droite était longue, gagner comme ça à la fin, c’est vraiment top. J’aime les arrivées difficiles, j’ai fait de mon mieux sur le sprint, malgré qu’il ait été lancé tôt », avoue-t-il. Son prochain objectif n’est autre que le Tour de l’Avenir, « une étape, pourquoi pas le général » selon ses propres mots. La cinquième étape du Tour Alsace ne devrait pas lui convenir, d’où sa projection sur d’autres objectifs.

Le profil de l’étape 5 :

Crédits photos : Arnaud Fischer et Emile Pawlik

Arnaud Fischer & Pavel Clauzard – 1 août

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :