Accueil » En Bret’selle #4 avec Lotto-Soudal Development Team, une semaine de course réussie

Pour cette dernière journée du Tour Alsace, les coureurs avaient rendez-vous avec une étape plate réservée aux grosses cuisses du peloton. Pour eux qui ont pris leur mal en patience dans les montagnes, l’arrivée en faux-plat montant de Berrwiller s’apparente au Saint Graal. L’équipe belge de formation Lotto-Soudal a une belle carte à jouer avec Gianluca Pollefliet. Tout a failli se passer comme prévu, immersion.

LOTTO-SOUDAL DEVELOPMENT TEAM, C’EST QUOI ?

Lennert Van Eetvelt repartira sauf surprise avec le maillot vert du meilleur sprinteur

L’équipe réserve de la World Team prend ses racines il y a 15 ans en 2007 et forme au plus haut niveau les meilleurs espoirs belges principalement. Elle avait le statut d’équipe continentale pendant un an, puis est repassée au niveau club national. L’équipe est dirigée par Kurt Van de Wouwer. Elle partage le service course de la WorldTeam à Herentals, dans les environs d’Anvers. Depuis 2007, elle a formé les meilleurs talents belges, à l’image du regretté Bjorg Lambrecht, de Florian Vermeersch, deuxième de Paris-Roubaix en 2020, ou encore le sprinteur wallon Arnaud de Lie, qui avait lui-même brillé sur les routes du Tour Alsace l’année dernière en remportant deux étapes.
La Lotto-Soudal Development Team obtiendra de nouveau son statut de formation continentale en 2023. Cela est rendu possible par l’arrivée du sponsor belge Dstny qui apportera un budget supplémentaire nécessaire au fonctionnement de ce type d’équipes. À l’image des formations Jumbo-Visma, DSM ou encore Groupama-FDJ, Lotto-Soudal, qui deviendra Lotto Dstny, possédera, elle aussi, son équipe réserve. Cela offre de nombreux avantages comme le fait de faire passer le staff d’une équipe à l’autre et surtout faire découvrir le haut niveau aux jeunes coureurs de l’équipe réserve. Sur le Tour Alsace, l’attraction est un coureur qui découvrira le World Tour l’année prochaine, qui n’est autre que Lennert Van Eetvelt. Le talentueux coureur belge de 21 ans a brillé sur les routes du Baby Giro, mais aussi du Tour Alsace en prenant la deuxième place du classement général. Il se rendra sur les routes du Tour de l’Avenir avec pour objectif de réaliser un bon résultat au général après être rentré s’entraîner chez lui en Belgique, avant le grand départ le 18 août.

Longtemps calme, la course s'est débridée rapidement avec un tempo accéléré, auquel Lotto n'a pas pris part

Lorsque les coureurs évoquent leur place dans l’équipe, ils se sentent à l’évidence très à l’aise, à l’image du prometteur sprinteur Gianluca Pollefliet, pour qui c’est la première année dans la formation au maillot rouge et blanc. « Ils me donnent un très bon programme pour courir sur des courses UCI et aussi des plus petites courses. C’est super d’être dans l’équipe, les autres m’ont beaucoup aidé sur les étapes qui se sont jouées au sprint », raconte-t-il avec enthousiasme. Le leader de l’équipe belge, Van Eetvelt, corrobore les propos de son coéquipier avec plaisir : « j’aime vraiment beaucoup ici, j’en profite de plus en plus chaque année et on a un super groupe ». De toute évidence, il fait bon vivre dans cet environnement. En se promenant à proximité de l’imposant paddock belge, il est aisé de remarquer que tout est fait pour mettre les coureurs dans les meilleures conditions. Des membres de leurs familles sont présents même à près de 600 km de leur domicile et mettent la main à la pâte en aidant au ravitaillement toute la journée le long du parcours. En ce dimanche, il faisait particulièrement chaud avec des températures qui avoisinaient les 33 degrés, le ravitaillement devait donc suivre pour alimenter les coureurs.

UN TOUR ALSACE RÉUSSI POUR LES JEUNES BELGES

Avec leurs vélos Ridley, les hommes de la Lotto Soudal se préparent pour l'étape

Tous les jours, la Lotto-Soudal a été présente à l’avant sur les routes alsaciennes. En décidant de suivre cette équipe, on ne prenait pas trop de risques, et pour cause. Victoire au contre-la-montre par demi-équipes le premier jour et maillot jaune, une deuxième place le deuxième jour, ou encore la veille, un coureur présent dans l’échappée qui s’est disputée la gagne à Altkirch. Enfin, au départ de l’autodrome de Mulhouse, Lennert Van Eetvelt est porteur du maillot vert et trône à la deuxième place du classement général.
Pour cette dernière journée décisive, les objectifs sont nombreux. Selon les dires du directeur sportif, Wesley Van Speybroeck. Ils sont au nombre de trois : remporter le maillot vert, protéger la deuxième place de Lennert (Van Eetvelt) et jouer l’étape avec Gianluca (Pollefliet). Il y avait donc du pain sur la planche pour les Belges entre Mulhouse et Berrwiller, avec le même final que l’année dernière, où De Lie s’était imposé. Pour la petite anecdote, le directeur sportif a montré à ses coureurs la vidéo du sprint de l’année dernière pour avoir une idée du placement. Il a quand même signalé que De Lie était placé trop loin, mais qu’il était tellement fort que ç’avait suffi à battre tout le monde. En tous les cas, Pollefliet était à bonne école. Pendant l’étape, rien à signaler, si ce n’est un changement de vélo pour le maillot vert, sans incidence. Les Lotto laissent les autres équipes contrôler l’échappée de quatre coureurs, partis après une première heure parcourue à vive allure. C’est à dix kilomètres de l’arrivée que l’ange gardien passe-partout, Ramses De Bruyne, a pris le manche pour remonter ses leaders du jour dans une bonne position pour éviter tout incident et surtout pour être dans les meilleures dispositions afin de jouer le sprint. À 3 kilomètres de l’arrivée, le champion d’Europe juniors du contre-la-montre, Alec Segaert, se décide à attaquer en costaud.« C’était bon pour nous, car il a mis le peloton en file indienne », analyse le sprinteur de l’équipe.

Musique et bonne ambiance sont au programme près du camion de la formation belge, tout avec professionnalisme

Le sprint s’est bien déroulé pour le coureur de la Lotto qui a longtemps cru pouvoir franchir la ligne en premier, tout comme Wesley qui y a longtemps cru en suivant l’arrivée en vidéo sur un téléphone portable. « Ramses m’a bien amené jusqu’aux 800 derniers mètres. À 300 m de la ligne, je suis arrivé la tête dans le vent et je ne pouvais pas attendre plus au risque de se faire enfermer, donc j’ai lancé mon sprint, mais la ligne était 50 m trop loin. », raconte le coureur de 20 ans. Celui qui a beaucoup souffert sur les trois étapes de montagne tire un bilan positif de ce Tour Alsace : « j’étais venu pour la première et dernière étape. Je rentre avec la première et la deuxième place, donc je ne peux pas me plaindre. J’ai souffert trois jours dans la montagne, mais je me suis battu et j’ai continué d’y croire ». Son directeur sportif est également content de la performance globale de ses coureurs. « Nous avons gagné la première étape, deux fois 2ᵉ, deuxième au classement général et le maillot vert. Je trouve que c’est une très bonne semaine. C’est une équipe jeune, ils ont appris beaucoup de choses cette semaine, c’est bien », conclut-il.
Comme le veut la tradition, sur la longue route du retour vers la Flandre, l’ensemble de l’équipe s’arrête dans une célèbre chaîne de fastfood pour célébrer la fin de la course par étapes. Tout le monde n’accepte pas de déguster un bon hamburger, certains coureurs voulant continuer à « faire le métier ». L’initiative ne manquera tout de même pas de ravir les plus gourmands d’entre eux, aussi bien les coureurs que le staff !

LE DÉBRIEF DE L’ÉTAPE

Dans un sprint disputé, c'est Sam Watson qui a mis tout le monde d'accord à Berrwiller

La cinquième et dernière étape du Tour Alsace se déroule sur un parcours tracé dans l’agglomération mulhousienne. Le départ est donné depuis l’autodrome du Musée National de l’Automobile de Mulhouse. Les coureurs auront 158,7 km à parcourir pour rejoindre l’arrivée finale à Berrwiller.
L’étape du jour, avec son profil sans grandes difficultés semble promise aux sprinteurs, mais de nombreux coureurs bataillent pour prendre l’échappée du jour et, pourquoi pas, déjouer le train des sprinteurs. Après 40 kilomètres de course à une allure élevée, quatre hommes arrivent à se détacher du peloton. L’échappée du jour est alors composée de Lukas Rüegg (Team Vorarlberg), Carson Miles (Premier Tech U23 Cycling Project), Louis Richard (Team U Nantes Atlantique) et Brieuc Rolland, coureur de la formation Vendée U, que vous avez pu découvrir en immersion lors de la deuxième étape. Le quatuor de tête compte au maximum deux minutes trente secondes sur un peloton qui contrôle l’écart avec l’échappée. À 40 km de l’arrivée, le quatuor compte encore une avance de deux minutes sur le peloton. On se demande alors si cette dernière peut aller au bout. Néanmoins, le rouleau compresseur des équipes de sprinteur se met en marche et l’écart va fondre irrémédiablement à mesure qu’on s’approche de l’arrivée. À 5 kilomètres du terme, les derniers téméraires du jour sont repris. C’est alors un peloton groupé qui se dirige vers un sprint massif dans les rues de Berrwiller.

Après sa victoire à la Super Planche, Finlay Pickering a bien conservé son maillot de leader du Tour Alsace

Au sprint, c’est le surpuissant coureur de la Conti Groupama-FDJ, Samuel Watson, qui lève les bras et remporte cette dernière étape du Tour Alsace. « Je suis vraiment heureux, car quand tu fais n’importe quelle course avec une équipe aussi forte derrière toi, tu ressens beaucoup de pression. Je suis vraiment très heureux de finir avec une victoire », confie-t-il à l’arrivée de cette dernière étape. L’Anglais de la Conti s’impose devant Gianluca Pollefliet (Lotto-Soudal DT) et Luke Lamperti (Trinity Racing) qui complète le podium. Le meilleur français du jour, Emilien Jeannière (Vendée U), termine à la sixième place au sprint, un résultat qui le satisfait. « Je n’ai pas de regrets, la victoire était trop compliquée pour moi aujourd’hui, mais je pense qu’il y avait moyen de faire deux-trois places de mieux en étant mieux placé », admet-il en interview.
La Groupama-FDJ Conti réalise un excellent Tour Alsace avec une deuxième victoire d’étape après celle de Finlay Pickering, à la Super Planche des Belles Filles, le vendredi. Une victoire qui lui aura permis de bâtir sa victoire au classement général de ce Tour Alsace et d’ajouter son nom à la lignée des coureurs ayant remporté cette épreuve. « C’était une course à la maison pour l’équipe, je pense que c’était un gros objectif du directeur sportif de gagner la course. De très bons coureurs britanniques l’ont remportée avant moi, gagner une course comme celle-là, pourra, je l’espère, me placer parmi les meilleurs coureurs britanniques », confie l’Anglais de 19 ans. Finlay Pickering remporte l’épreuve devant Lennart Van Eetvelt (Lotto-Soudal DT) et Roland Thalmann (Team Voralrlberg). Le meilleur français du classement général n’est autre que Stéphane Rossetto, sixième. « Je pense que c’est une bonne performance quand on voit le niveau des gars devant, ce seront des futurs grands coureurs, je pense que je n’ai pas à rougir d’une sixième place », affirme-t-il. Une nouvelle page du Tour Alsace vient de se terminer, mais tout le monde a déjà en tête la 20e édition du Tour Alsace, qui s’annonce au moins aussi spectaculaire.

Crédits photos : Pavel Clauzard, Arnaud Fischer et Émile Pawlik

Emile Pawlik & Arnaud Fischer

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