L’attente aura été longue. Depuis 1996 et ce grand prix pluvieux de Monaco qui avait vu triompher Olivier Panis, aucun français n’avait remporté une course en Formule 1. 24 ans plus tard, Pierre Gasly met fin à l’impatience de tout un pays en faisant retentir la Marseillaise depuis la plus haute marche du podium. Au-delà du sacre du jeune pilote, c’était un GP complètement fou qui a eu lieu dimanche dernier sur le mythique circuit de Monza. Si vous avez manqué cette journée historique, pas de panique, on vous la fait revivre avec le lot d’émotions qu’elle comportait.
Le film de la course

Qui aurait pu prévoir une course aussi mouvementée au démarrage et après les 2 secondes d’avance d’Hamilton après le premier tour ? Personne. La réponse est nulle et claire… Personne. La grille de départ, après des qualifications tendues comme en 2019, possède un air de déjà vu, une habitude renouvelée. Hamilton est en pôle position, Bottas derrière, Sainz réalise la bonne opération en partant troisième suivi de Perez. Verstappen est cinquième, Ricciardo septième, Gasly dixième et Ocon douzième. Derrière, Leclerc, Grosjean et Vettel partent respectivement treizième, seizième et dix-septième. Outre le nouveau départ complètement raté de Bottas, tout est calme jusqu’au sixième tour où la Ferrari de Vettel tire tout droit dans le premier virage. Il s’agit d’une panne de freins pour le quadruple champion du monde qui abandonne et qui aurait bien pu perdre la vie si l’incident s’était produit à un autre endroit du circuit.
13 tours plus tard, Magnussen abandonne à l’entrée des stands. Gasly rentre et chausse de nouveaux pneus afin de gagner des places lors de la sortie d’une éventuelle Safety Car. Le pilote avait vu juste et la voiture de sécurité est déployée. Seuls Hamilton et Giovinazzi rentrent aux stands. Seul problème, la Haas de Magnussen est juste à l’entrée des stands, la pit lane est donc fermée. Les deux pilotes n’en ont pas reçu l’information et n’ont pas fait attention à la signalétique sur les côtés de la piste… Résultat : les commissaires de course leur attribueront la plus lourde sanction possible en Formule 1 soit une pénalité de stop and go de 10 secondes. Ils devront ainsi s’immobiliser dix secondes dans la voie des stands pour perdre finalement une quarantaine de secondes.
La Safety Car s’efface, tout le monde rentre aux stands et la course reprend pour très peu de temps. En effet, Leclerc sort de la piste au niveau de la parabolique et heurte violemment le mur de pneumatiques. Le drapeau rouge est agité, synonyme de rentrée aux stands pour toutes les voitures. Après une longue attente, la course peut reprendre avec un nouveau et deuxième départ sur la grille alors qu’il reste 24 tours à parcourir. Excellent départ de Gasly, second après le premier virage, qui voit Hamilton, un tour plus tard, rentrer aux stands pour réaliser sa pénalité de stop and go. Le français est donc premier à une vingtaine de tours l’arrivée. Au même moment Max Verstappen abandonne.
« Accélère ! Accélère ! Oui, il va aller la chercher ! Ne lâche pas ! »

Gasly fait toujours course en tête pendant que Sainz ne cesse de se rapprocher jusqu’à entrer dans la zone de DRS à quelques tours de roues de l’arrivée. Il faut tenir dans ces derniers instants et ne pas se laisser submerger par le pilote espagnol qui grossit dans les rétroviseurs. Dernier tour, Gasly garde l’avantage du fait de ses sorties de virage soignées et opère même « le coup du dragon » ; changement de direction empêchant la voiture de derrière de prendre l’aspiration. La parabolique, dernier obstacle avant la ligne d’arrivée, est franchie avec brio. La ligne d’arrivée à l’horizon, le stress redescend. La joie et l’émotion prennent le dessus, Pierre Gasly rentre dans la légende. Talonné à l’arrivée de 4 centièmes par Sainz, la troisième place sera pour Stroll.
Un grand prix inscrit dans le marbre mais aussi une revanche sur le passé pour le français. Il évoquait les 18 derniers mois hauts en couleur qu’il avait vécu, à commencer par sa signature chez Red Bull, son limogeage et son départ chez AlphaTauri, la mort de son meilleur ami Anthoine Hubert, son podium au Brésil et maintenant sa victoire en Formule 1. Une première également pour cette toute nouvelle écurie, anciennement Toro Rosso, qui ici même à Monza, avait vu Sebastian Vettel lui offrir sa première victoire en 2008.
Pierre Gasly a démontré qu’il est un pilote de qualité. Outre une stratégie extraordinairement bien menée par lui et son équipe, son pilotage n’a connu aucune faille. Félicité par tous les grands noms de la Formule 1, il rejoint Prost, Arnoux, Laffite, Pironi, Trintignant, Depailler, Jabouille, Tambay, Cevert, Beltoise, Alesi et Panis au palmarès des français ayant gagné un grand prix de Formule 1. Mais cette victoire n’est pas sans poser la question de l’avenir du pilote. Il mérite mieux, tout le monde le pense même Hamilton qui lui destine un « Top Team ». Néanmoins, la filière Red Bull lui est-elle si profitable ? L’écurie mère n’a pas su voir le pilote qu’il était en le limogeant et, comble de l’histoire, c’est au sein de l’équipe sœur qu’il marque le plus de points. Affaire à suivre concernant le futur du français.
Sainz et McLaren au top, Ferrari en flop, Renault dans l’entre-deux

Ce fût un très bon week-end pour l’écurie McLaren. Avec un pilote sur le podium et l’autre quatrième, l’équipe marque de très bons points et conforte sa place de 3e. L’écurie a fait bonne figure dès les essais libres où Norris termine troisième des essais libres 2 et 3 quand Sainz arrive second samedi matin. De très bonnes qualifications voient l’espagnol terminer troisième et le britannique sixième. Même si l’écurie a été gênée dans sa stratégie par la voiture de sécurité, les pilotes ont très bien géré la situation notamment Sainz qui a été l’auteur d’une très belle remontée pour arracher son deuxième podium en Formule 1.
Une situation qui contraste forcément avec la perdition de la Scuderia Ferrari. Le désastre continue pour l’équipe italienne qui connait son second grand prix consécutif sans rentrer dans les points. À domicile, les pilotes, pourtant chargés d’envie de bien faire, n’ont pas réussi à changer la donne et à remonter la pente sur laquelle sont engagées leurs deux monoplaces. Si Leclerc avait signé la pôle position et gagné à Monza l’an dernier, lui et Vettel ont connu des qualifications difficiles et tendues au vu du trafic et de l’attitude des pilotes. Deux mauvaises qualifications et deux abandons… Tout simplement un week-end noir pour Ferrari qui connaît son pire GP à domicile. Ce fût également une fin de semaine chargée en annonces. Après que la famille Williams se retire de l’écurie pour laisser place à des investisseurs, Renault a annoncé devenir Alpine en 2021.
Entre déception et satisfaction, le bilan a été mitigé pour l’écurie française. D’un côté, l’équipe avait obtenu son meilleur résultat sur ce tracé l’an dernier et était très attendue pour ce week-end de course notamment après les 4e et 5e places prometteuses en Belgique. D’un autre côté, sixième et huitième restent de bonnes positions au vu du début de saison où Renault avait du mal à aligner ses deux pilotes dans les points. En prime, Ocon s’est fait tristement remarquer via la radio en fin de grand prix. En annonçant que le GP était un désastre, il a dû être rappelé à l’ordre par Cyril Abiteboul.
Le Mugello comme prochaine étape

En cette fin de semaine, le petit monde de la Formule 1 pose ses valises au Mugello, au nord-est de Florence pour le GP de Toscane. C’est la première fois qu’une course de F1 va se tenir sur ce circuit qui a l’habitude d’être sollicité pour les essais de Ferrari et les courses de Moto GP. Avec près de 14 virages et 5,245 km, le tracé est rapide avec un nombre restreint de virages dont aucun n’est réellement serré. Le Mugello peut présenter des similitudes avec le circuit de Spa-Francorchamps du fait de ses nombreuses lignes droites, de ses courbes faisant office de virage, et d’un phénomène d’aspiration certain. Le Mugello devrait ainsi nuire à Ferrari et pourrait faire les affaires de Renault.
Si Jabouille et Depailler ont gagné ici même en Formule 2, c’est la Formule 3 qui va connaître sa finale ce week-end. Qui de Piastri ou de Sargeant, séparés de 8 points, va remporter le championnat de F3 ? Pourchaire, lui, devra consolider sa place de troisième au classement général. Après de nouvelles très bonnes performances, dont une pôle position retirée pour conduite trop lente dans son tour de repos et deux podiums à Monza, le jeune pilote d’ART Grand Prix va devoir assurer pour finir sa première saison dans la catégorie en beauté.
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