Accueil » Goodbye Cyril, welcome Alpine

Alors que l’heure des bilans post-saison et des prédictions comme des incertitudes sur 2021 ont sonné, c’est un grand changement que va connaître Renault et son exécutif. Une équipe qui change de nom et de nombreux noms évoqués en l’espace de quelques jours, que se passe-t-il chez la seule écurie française du plateau qui a présenté sa livrée intermédiaire des essais hivernaux ce jeudi matin.

Le départ de Cyril Abiteboul

« Now you need a motor and an engine », « Esteban this is not the place », « that’s a fucking podium Daniel, thank you ». Autant de phrases devenues connues et qui résument bien le passage de Cyril Abiteboul chez Renault. Un passage qui, comme beaucoup d’autres, pourrait être qualifié de « roller coaster » (montagnes russes en français). Au sortir de l’École Nationale Supérieure d’électrochimie et d’électrométallurgie de Grenoble, en 2001, Cyril était déjà dans le giron Renault. Après avoir occupé différents postes comme directeur du développement ou encore directeur général-adjoint, c’est pourtant chez Caterham qu’il poste ses valises. Pour deux ans, de 2012 à 2014, il sera à la direction de l’écurie jusqu’au changement de propriétaire. Dès le mois de septembre 2014, il signe chez Renault F1 Team en tant que directeur général. Il se voit alors confier la stratégie globale de l’entreprise et du pilotage, mais doit également gérer la mission de motoriste qu’occupe l’équipe française. Deux ans plus tard, il devient directeur général de l’écurie de F1, désormais sur le pit wall.
Pour cette saison 2016, il s’agit également du retour de Renault en tant que constructeur. Kevin Magnussen et Jolyon Palmer en sont les pilotes. La saison est difficile et les entrées dans les points se comptent sur le bout des doigts. Renault termine donc 9e avec 8 petits points. Les deux saisons suivantes sont plus fructueuses et l’écurie remonte la pente en se classant successivement sixième et quatrième, grâce aux services de Niko Hulkenberg, Jolyon Palmer et Carlos Sainz. Alors que Cyril Abiteboul affiche l’ambition de l’écurie d’aller concurrencer les tops teams comme Red Bull, la saison 2019 est un coup d’arrêt. L’équipe est dépassée par McLaren et chute d’une place au classement constructeur. Quant à la saison 2020 qui vient de s’achever, des regrets peuvent également être ressentis. Il y avait la place, cette saison, pour monter sur le podium du championnat des écuries. La faute à un grand nombre d’abandons et à des soucis techniques en début de saison, le French Team n’a pas réussi à tirer son épingle du jeu contre McLaren et Racing Point. Renault termine cinquième avec 181 points, le double de 2019.

Durant ces 5 saisons-là, Cyril Abiteboul en a vu de toutes les couleurs, à commencer par le rôle de motoriste que tient Renault. Face à Red Bull, les tensions ont été nombreuses et bien visibles dans Drive To Survive, surtout en 2018. Un Max Verstappen qui peste à la radio face aux nombreux abandons dus au moteur Renault et un Christian Horner qui attaque publiquement l’écurie en critiquant son travail, ont mené à une rupture du contrat. Dans cette bataille-là, Abiteboul gagne tout de même Daniel Ricciardo. « Now you need a engine and a driver » lancera-t-il devant les caméras de Netflix à Horner, laissant planer un malaise complet durant la conférence de presse qui suit.
Il y a eu des hauts, comme les nombreux podiums connus en 2020, et des bas, comme la saison 2019 où tout le monde attendait une écurie Renault bien plus compétitive. Lui qui voulait amener l’équipe au top ne retenait à la fin de la saison à Abu Dhabi, que le « nombre de points qui les séparait de Mercedes ». On ne pourra pas enlever à Cyril sa passion, ni son dévouement pour l’équipe, salué par tous au cours de la semaine et qui, selon Rossi, « permet de se tourner vers l’avenir ». Reste à savoir, outre son futur emploi, si Cyril Abiteboul va tout de même se faire tatouer comme il l’avait promis, dans le cas où Daniel Ricciardo obtient un podium.

Rossi et le projet Alpine

Durant toute la semaine, rien ne prédisait un tel changement chez Renault. La rumeur courait que Cyril Abiteboul n’occuperait plus le même poste en 2021. Pour cause, tout le monde le voyait occuper un rôle beaucoup plus haut placé chez Alpine. Cette rumeur semblait cohérente au vu de l’officialisation du départ de Brivio de l’écurie Suzuki en MotoGP, pressenti comme le favori à son poste. C’est lui qui avait mené le projet MotoGP de la firme et a été l’artisan principal de leur titre en 2020, le premier depuis 20 ans. Il n’en est rien, Abiteboul part pour de bon et son successeur sera Laurent Rossi. Âgé de 45 ans, il est diplômé de nombreuses écoles et était, avant sa nomination, directeur de la stratégie et du développement de la firme Alpine qu’il avait connu dès 2000 et est revenu « à la maison » après avoir occupé un poste important chez Google. La différence entre les deux hommes ? L’expérience du terrain, l’un se limitant aux paddocks et à ses irrésistibles bruits de moteurs, l’autre étant plus habitué aux bureaux. Mais dans une écurie Renault en pleine réorganisation, tous les profils sont bons à prendre, surtout lorsqu’un fin connaisseur en matière de stratégie peut amener un plus à l’équipe.
Que se cache-t-il derrière le projet Alpine ? La marque française est en quête d’émancipation, le point en est indiscutable. Après s’être lancée en F1, elle compte aussi faire bonne figure en endurance et sortir un modèle hybride de citadine. Beaucoup de projets, beaucoup d’ambitions donc. En F1, le but est « d’amener ses valeurs dans le paddock de Formule 1 : élégance, ingéniosité et audace » selon Luca de Meo, le patron du groupe Renault. Dans les faits, il s’agit de « la quête des podiums », de « préparer l’échéance de 2022 » alors que l’équipe est dans « un moment clé de sa trajectoire ».

Pour résumer en quelques mots ce que représentera Alpine F1, elle s’inscrit dans un projet qui regroupe toutes les filières sportives de Renault sous une même entité et prend place dans son plan nommé « Renaulution » qui contient trois plans cruciaux : résurrection, rénovation et révolution. Pour essayer de réussir dans la cour des grands, Alpine pourra s’appuyer sur Fernando Alonso, double champion du monde et sans baquet depuis 2 ans, dû à un choix personnel. Il retrouve l’écurie qui lui a offert ses heures de gloire pour la troisième fois et devrait contribuer au projet de par son expérience. Avec lui, Esteban Ocon, quelque peu plombé en début de saison par des problèmes techniques. Lui qui est arrivé troisième au GP de Sakhir se disait « libéré » du poids que représente le premier podium, il a démontré de belles choses qu’il faudra confirmer en 2021.

Quant à cette année, le calendrier a déjà connu des changements et promet d’être riche en diversité et en spectacle, le rendez-vous est donné à Bahreïn.

Crédits photos : Les Echos, Auto Hebdo, Grand Prix 247, F1 Only et L’Argus

Solal Pestana – 16 janvier

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