Pour entamer cette nouvelle saison d’Instinct de Coupe, les Reporters se sont rendus à Genech pour suivre le déplacement du SRLD (D2). Le tout pour le compte du deuxième tour de la Coupe de France, tout en suivant ceux qui étaient sur le papier les outsiders. Les visiteurs ont impressionné et ont fait vivre un moment historique au club, qui aspire à regarder plus haut rapidement.
LE SRLD, UN CLUB FAMILIAL ET AMBITIEUX

Fondé en 1944, le Sports Réunis de Lomme Délivrance Football (SRLD) est à l’origine un club de cheminots. La Délivrance est un quartier lommois créé au XXe siècle pour les cheminots. Depuis, celui-ci est plutôt résidentiel. L’association a tout de même gardé cette identité, puisque sur leur écusson, on retrouve une locomotive de face. Quelques années plus tard, sa gestion passe à la mairie. Dans une ville qui compte quatre équipes de football pour 30 000 habitants, il a fallu se faire sa place. Dans cette optique, le SRLD et Monsieur Lelong, père de l’actuelle présidente, revendiquent une image de club de quartier familial. À la suite d’un mandat de 35 ans, c’est la fille de M.Lelong, Catherine Mestdag, qui a pris la suite de son père à la tête de la structure, il y a trois ans. Ayant suivi son père lors de son enfance et ayant joué elle-même pour le club, la transition s’est faite en douceur. Bien que, selon la FFF, seulement 6 % sont des présidentes de clubs, un chiffre néanmoins en forte augmentation d’année en année. Les présentations faites, plongée au sein du club et de ses adhérents.
Lomme Délivrance compte 550 licenciés, dont 90 % de Lommois. Un esprit familial y est cultivé, pour le plus grand plaisir de la présidente, qui se réjouit de savoir que les adhérents ressentent bien les valeurs qu’elle s’évertue à perpétuer. De plus, le SRLD s’engage dans de multiples démarches comme la prise en charge des enfants depuis 3 ans à travers une section de baby-foot. Aussi, le club développe une initiative de « foot en marchant ». L’équipe féminine est ce qui tient le plus à cœur à la dirigeante, elle qui y a joué dans ce même club. Venues encourager leurs homologues masculins, les filles terminaient un week-end de cohésion à Genech. Le recrutement d’un entraîneur ambitieux et de joueurs talentueux contribue à la formation d’un projet intéressant pour l’équipe première ainsi que les jeunes derrière.
En Coupe de France, le SRLD a connu son meilleur résultat dans les années 1990, avec un quatrième tour face à Saint-Omer, qui avaient pris le meilleur des Lommois. Performance qu’ils vont avoir l’occasion d’égaler ce dimanche contre Hinges (D3). En effet, depuis 2008, le SRLD n’a plus atteint le troisième tour de cette compétition.
LOMME EXULTE, GENECH REGRETTE

Après avoir éliminé Wambrechies (D2) au premier tour (2-1), l’enjeu était de taille et le staff a tout fait pour permettre à ses joueurs de relever le défi de la première qualification au troisième tour depuis 14 ans. Dès l’arrivée au club-house de Lomme, le coach, Chebdin Insi, a donné le ton avec une causerie d’une demi-heure, mêlant analyse de l’adversaire, stratégie à adopter et valeurs à respecter. Le diaporama, méticuleusement préparé, s’achevait sur la phrase « l’art de la philosophie ne vaut que s’il est appliqué sur le terrain ». Ce que les observateurs ont pu constater 1 h 30 plus tard, lors du coup d’envoi à Genech.
La première période a été légèrement dominée par les locaux, avec une belle occasion en fin de mi-temps bien sortie par le gardien lommois. Aucune des deux équipes n’a su mettre son jeu en place, avec beaucoup de déchet technique au milieu, compensé notamment par le bon travail défensif des milieux et des attaquants des Rouge et Blanc. Cette incapacité à briller a conduit à de la frustration, illustrée par les deux cartons jaunes adressés aux visiteurs, pour qui le seul danger provenait de l’avant-centre, Enzo Bedu.
À la pause, le discours fait par le coach n’a pas été accablant envers les joueurs, malgré le nombre important d’erreurs. C’est plutôt l’importance de l’aspect mental dans ce genre de confrontation qui a été évoqué et c’est peut-être ce qui a fait la différence par la suite.
Revenant des vestiaires avec de meilleures intentions, les Lommois ont su se procurer quelques occasions sans en concéder une seule, malgré la légère domination dans le jeu de Genech. C’est à la 70e minute, d’un centre de Bedu, que vient la délivrance. Elias Lehaire contrôle au point de penalty, crochète et trompe le gardien d’une frappe croisée qui offre la qualification à Lomme Délivrance.

La fin du match verra les Genechois tenter de revenir dans le match, sans parvenir à mettre le gardien en difficulté et s’exposant à quelques contres. Alors que, jusqu’à l’ouverture du score, ils semblaient légèrement au-dessus, ils craqueront en fin de match. À l’image des deux cartons rouges reçus à la 14e minute du temps additionnel, tandis que les visiteurs résistent aux nombreuses provocations des supporters. Ce match s’est donc soldé par une surprise sur le papier, puisqu’une équipe de District 2 a éliminé une équipe évoluant un niveau au-dessus. Ce résultat a entraîné des scènes de joie dans le vestiaire lommois après cette qualification historique pour le club de la banlieue lilloise.
LE PORTRAIT ATYPIQUE : CHEBDIN INSI, L’ARCHITECTE STRATÈGE

Pouvez-vous décrire votre parcours dans le football en tant que joueur et entraîneur ?
Chebdin Insi : En tant que joueur ? J’ai commencé très tôt, à l’âge de trois ans et demi. J’ai fait toute ma formation à la J.A. Armentières jusqu’à mes quinze ans, puis j’ai déménagé sur Lomme, donc j’ai dû changer de club. Pendant 6 mois, je me suis entraîné à l’IRIS Lambersart, avant de signer la saison suivante à Lomme Délivrance, où je jouais déjà en équipe première à 16 ans. (…) Puis je suis arrivé au FC Lambersart où je me suis installé durant cinq ans et où j’ai eu la chance de réussir 3 montées, jusqu’en Régional 2. Profitant là-bas d’un contrat avenir, je me suis formé en tant qu’éducateur. J’ai ensuite passé mon CFF à Lille Fives, puis mon BMF et mon BEF à Lambersart. Aujourd’hui, je suis venu à Lomme dans un nouveau projet en tant qu’éducateur, ce pour quoi j’ai décidé de mettre fin à ma carrière de joueur.
En tant qu’entraîneur, pourquoi avoir choisi de rejoindre Lomme Délivrance ? Quel est le projet que vous menez ici ?
C.I : Tout d’abord, je suis attaché au club, car, même sans y avoir beaucoup joué, c’est sur son terrain que je passais mes mercredis après-midi à jouer au foot. J’ai pris plaisir pendant plusieurs années à aider l’école de foot du club, notamment grâce à un éducateur nommé Pierrot. Plus tard, même en étant dans d’autres clubs, je continuais à aider le SRLD régulièrement. À un moment donné, j’ai voulu me former et le club n’était pas en capacité de financer mes diplômes. J’ai donc commencé ma carrière d’éducateur ailleurs. Après avoir acquis de l’expérience à Fives puis à Lambersart, j’ai reçu un appel de la présidente de Lomme Délivrance, me proposant de présenter un projet pour le club. J’ai présenté un projet sur trois ans, avec pour objectif d’amener une nouvelle dynamique au club parce qu’il était en très grosse difficulté. En 3 ans, nous avons plus que doublé le nombre de licenciés. Nous sortons d’une saison invaincus en D3 et entamons la saison en D2 avec beaucoup d’espoir.
Avez-vous des inspirations parmi les coachs les plus connus ?
C.I : Je suis un grand fan de Pep Guardiola, comme beaucoup d’éducateurs je pense. J’aime aussi la folie de Marcelo Bielsa. J’apprécie beaucoup Monsieur Gourcuff et je suis le travail de Jean-Marc Furlan à Auxerre. Je pense qu’il n’y a pas une vérité universelle dans le foot, c’est la raison pour laquelle je m’inspire un peu de tout le monde. Je reste persuadé qu’une équipe qui manipule le ballon a plus de chances de progresser qu’une équipe qui subit le ballon, c’est là ma philosophie.
Crédits photos : Emile Pawlik et SRLD Football
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