Accueil » Instinct de Coupe #6 : au bonheur de l’US Pays de Cassel

Dimanche 20 novembre 2022. Cette date, les joueurs de l’US Pays de Cassel ne sont pas prêts de l’oublier. Ils jouaient leur huitième tour de Coupe de France, aux portes de l’entrée en lice des ogres de Ligue 1. La délocalisation de la rencontre à Hazebrouck n’a pas eu d’impact sur la performance des locaux. En éliminant la JA Drancy, une équipe de National 3, les Flandriens réalisent l’exploit pour une région et pour tout un peuple.

L’US PAYS DE CASSEL ARRACHE L’EXPLOIT

Nicolas Bruneel & Kévin Rudent US Pays de Cassel
Nicolas Bruneel (à droite) après son but à la 22e minute, accompagné de Kévin Rudent (à gauche) – Photo : Emile Pawlik

Après sept tours de Coupe de France, desquels l’Union Sportive Pays de Cassel est sortie gagnante, le pensionnaire de Régional 1 allait désormais se confronter à la Jeanne d’Arc de Drancy. Évoluant une division au-dessus (National 3), l’équipe de région parisienne a tout d’un adversaire coriace à affronter. Le match se déroule sur la pelouse d’Hazebrouck, devant une tribune homologuée, mais surtout pleine à craquer pour soutenir les Jaune et Noir. Mais ce n’est pas tout. Les Irréductibles Casselois, de l’autre côté du terrain, donnent de la voix, accompagnés par les musiciens de la fanfare. Dès le coup d’envoi, les Casselois vont regarder droit dans les yeux les joueurs de la JA Drancy. En effet, la première incursion est casseloise. Le centre de Dimitri Santrain est facilement dégagé par la défense drancéenne. Les débuts en fanfare du Pays de Cassel captivent l’ensemble du public.

Le premier quart d’heure de jeu tourne à l’avantage des locaux qui ne s’arrêtent pas là. Dans le couloir droit flandrien, Kiba Sané se charge de semer la pagaille. L’ailier parvient à entrer dans la surface balle au pied et distille un centre à mi-hauteur dans les 5 m 50. Nicolas Bruneel, qui rôde entre les défenseurs axiaux drancéens, catapulte de la tête le ballon dans les filets (21’, 1-0). L’US Pays de Cassel frappe un grand coup et prend les commandes de la rencontre.
Les minutes suivant l’égalisation tournent à l’avantage de Drancy. Les joueurs de Philippe Lemaître obtiennent gain de cause en égalisant par l’intermédiaire de Sayon Keita. Le capitaine de l’équipe se retrouve seul face au gardien Romain Samson et n’a plus qu’à conclure. Le tout, à la suite du débordement de son coéquipier Abdramane Sanogo, dans le dos du défenseur Kévin Rudent (35’, 1-1). Finalement, la première période s’achève, au plus grand bonheur des Casselois, acculés dans leur surface de réparation face aux assauts des Drancéens. Heureusement pour les locaux, Romain Samson est présent pour garder sa cage et maintenir le score de parité.

Séance tirs au but US Pays de Cassel
Romain Samson, gardien héroïque casselois lors de la séance de tirs au but – Photo : Emile Pawlik

Dès l’entame du second acte, Pays de Cassel remet la pression sur les visiteurs, comme en début de rencontre. En effet, malgré leur manque de réalisme (61’, 68’, 74’), les joueurs de Samuel Goethals font mieux que tenir tête à leurs adversaires, puisqu’ils dominent une grande partie de la deuxième période. Pendant ce temps-là, la Marseillaise est jouée par la fanfare, suivie par les supporters présents autour du terrain. Ces derniers assistent à un final plutôt décousu. Les deux équipes jettent leurs dernières forces dans la bataille et en fin de compte, achèvent le temps réglementaire sur le score d’un but partout. “On est vraiment bien rentré dans la rencontre et on a réussi à rester dans le match jusqu’au bout”, analyse le Casselois Kiba Sané après-coup.
C’est donc les tirs aux buts qui donneront le nom du qualifié pour les 32es de finale de la compétition. Au cours de la séance, les Drancéens loupent deux fois le cadre. Finalement, Romain Samson écœure les Franciliens en repoussant le dernier penalty tiré. Le petit club flandrien obtient ainsi son ticket pour la suite de la compétition. “La qualification est incroyable. Il y avait toute la Flandre derrière nous. Alors forcément, je suis content pour les gars et le staff”, célèbre l’entraîneur casselois après le match. La journée prend fin sur une scène magique. Les supporters du club entourent leurs “géants” sur la pelouse et immortalisent ce moment historique pour l’US Pays de Cassel en communiant tous ensemble.

L’UNION FAIT LA FORCE

Fanfare supporters US Pays de Cassel
Les jeunes de Pays de Cassel ont participé à une parade avant la rencontre – Photo : Emile Pawlik

Le tirage des 32es de finale a eu lieu ce lundi à la Beaujoire. Sur la route nantaise, Gabriel Bogaert, directeur sportif du club, évoque la genèse de ce jeune projet. Cette fusion qui, en quatre ans d’existence, a inscrit le nom de petites communes sur la carte. Un club familial humain, plus petit budget de Régional 1, dans lequel il fait bon vivre.
L’Union Sportive du Pays de Cassel est née en 2018, dans une volonté de se renforcer. Alors à Arnèke (R2), Bogaert remarque qu’il faut fusionner pour “pouvoir espérer rivaliser avec les grosses écuries”. Celui-ci est arrivé dans le football quand le club végétait en D2. En une dizaine d’années, l’US Arnèke atteint alors le Régional 2. Il réunit trois clubs de la région de Cassel qui rassemblent un peu moins de 7000 habitants. Après une année d’âpres négociations avec les clubs de Bavinchove-Cassel, Noordpeene-Zuytpeene et d’Hardifort, la fusion est réalisée. L’Union Sportive Pays de Cassel est née. Une réussite pour le directeur sportif du club, pour qui cette fusion était nécessaire. Sans celle-ci, ils auraient commencé à “mourir à petits feux”, explique-t-il.
Partant de Régional 2, division d’Arnèke, club le plus haut en termes de division, l’US Pays de Cassel atteint rapidement l’échelon supérieur. Les Casselois obtiennent leur montée en R1 à l’issue de la saison 2019/2020.

Un club amateur, ce n’est pas seulement son équipe fanion, c’est aussi la formation et les équipes de jeunes. Les dirigeants l’ont bien compris et ont ciblé ce secteur. Le club compte un peu plus de 300 licenciés et une trentaine de bénévoles. Aucune équipe de jeunes n’évolue au niveau ligue, ce qui est un objectif pour les années à venir. Qualifiée “d’accélérateur de particules” par le Casselois, cette qualification, ainsi que l’aide financière qui va avec, vont permettre d’avancer dans ce sens. Tout d’abord en attirant les jeunes de la région vers le projet et ensuite pour amener du renfort aux bénévoles, qui font déjà preuve de beaucoup d’investissement.
Autour de ce magnifique parcours en Coupe, un collectif de fans s’est par ailleurs formé et a pris ses quartiers au café À la Porte de Bergues. Gabriel Bogaert espère que les Irréductibles Casselois seront au rendez-vous pour les pousser tous les week-ends en championnat. Mais le rendez-vous de 2023 pour les Flandriens sera bien ce 32e de finale contre Reims Sainte-Anne (N3) ou Wasquehal (N2). La commission de la FFF statuera prochainement sur ce cas. L’US Pays de Cassel est une formation qui réussit à attirer de beaux noms comme Nicolas Bruneel, ancien pensionnaire de Ligue 2, ou encore Sam Goethals, entraîneur à fort potentiel. “Quand on recrute des gens, on recrute des hommes et un état d’esprit”, précise Gabriel Bogaert.

SAMUEL GOETHALS, ÉTAPE PAR ÉTAPE

Sam Goethals entraîneur US Pays de Cassel
Samuel Goethals en discussion avec son banc pendant la rencontre – Photo : Emile Pawlik

Arrivé au début de la saison, Samuel Goethals dit Sam, entraîne avec succès l’US Pays de Cassel, et ce, après de nombreuses expériences à l’étranger. L’entraîneur de 32 ans raconte. 

Comment es-tu venu au foot et comment as-tu commencé à entraîner ?

Samuel Goethals : J’ai démarré le foot au sein de la JA Armentières. Pendant une vingtaine d’années, j’y ai joué en tant que défenseur central jusqu’en 2012. En parallèle, j’ai commencé à devenir éducateur. À l’âge de 24 ans, je suis parti à l’Olympique Marcquois. Je jouais en équipe première avec pas mal de réussite. On a gravi les échelons de R3 à R1. À 28 ans, Fred Advice (NDLR : actuel coach de l’OMF) m’a dit qu’il voulait modifier le fonctionnement du pôle séniors et rajeunir la réserve, puisqu’on avait de la qualité dans les catégories jeunes. J’avais du mal à concilier mon poste d’éducateur de jeunes, de joueur et ma vie familiale.
C’est compliqué parce que j’ai deux garçons. De ce fait, il a fallu faire des choix et je me suis lancé dans le projet réserve en 2017. En 2018, on monte en R3 et on monte en R2 dans la foulée. À ce moment, j’ai une proposition d’un club de D2 amateur belge, le KSK Renaix, ce qui équivaut au niveau National 2/National 3. En termes de niveau de jeu, il y a forcément quelques différences entre la France et la Belgique. Cela a été une très bonne expérience. J’ai commencé en tant qu’adjoint puis j’ai rapidement récupéré l’équipe première. J’ai fait deux ans à la tête de l’équipe. Malheureusement, le Covid a eu raison des investisseurs au sein du club et le club a dû fusionner avec un autre en mai 2021. Il est donc reparti dans des divisions plus basses. 
Je me suis retrouvé sans club parce que tout cela s’est fait sur le tard. Malgré tout, j’ai été sollicité par l’Union Saint Gilloise pour travailler à la formation et pouvoir prendre les U18. C’était un beau projet. Je travaillais en relation avec Sébastien Pocognoli, ancien international belge, qui sortait d’une grande carrière, notamment en Premier League. Cela a été une année très enrichissante, mais les contraintes, notamment au niveau de l’organisation étaient trop fortes. Je vivais à 1 h 30 du centre d’entraînement, je ne me voyais pas continuer dans ces conditions. C’est à ce moment que j’ai été contacté par le club du Pays de Cassel.

Tu as connu un beau parcours en Coupe de France avec l’Olympique Marcquois en tant que joueur en 2014. (éliminé par l’AJ Auxerre en 32es, après avoir battu le RC Lens au 7e tour). Est-ce que la qualification vécue dimanche dernier se démarque comme le plus beau moment de ta carrière ?

S.G : C’est difficile de ranger par ordre d’émotions. Forcément, c’était un moment vraiment important. Je ne risque pas de l’oublier dans mon parcours. Ce sont des moments qui sont marquants pour toutes les personnes qui se sont impliquées dans le projet. Je suis très content d’être arrivé à Cassel, le club est ambitieux. J’en profite d’ailleurs pour remercier toutes les personnes qui m’accompagnent au sein du staff de l’équipe première. On a rarement l’occasion de le souligner. On a un staff assez fourni avec mes adjoints Sofiane Izeghouine, Didier Mairot, ainsi que Teddy Baclet, qui est également notre analyste vidéo. Je pense aussi à Thomas Leignel, notre entraîneur des gardiens et Jean-Baptiste Bertrand, notre kiné. C’est grâce à ces personnes que l’on est là et je les remercie. 

Quel style de jeu prônes-tu ? 

S.G : Oui, j’ai forcément une sensibilité, comme tous les coachs. On essaye d’avoir un modèle de jeu qui tourne autour du plaisir et du ballon. Il ne faut pas se tromper, le projet doit permettre de gagner des matchs et c’est un outil pour parvenir à ça. On essaye d’être protagonistes, d’entreprendre, d’avoir du contrôle grâce au fait de pouvoir avoir le ballon. C’est un jeu de possession et de position.

À Hazebrouck, Nathan Bigué & Emile Pawlik

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