Accueil » Instinct de coupe n°1 : Ronchin, un doyen serein

Après une saison de football amateur perturbée par le contexte sanitaire, le retour progressif de la Coupe de France a signé ces dernières semaines un certain renouveau. Après Wasquehal et Lesquin la saison passée, c’est à Ronchin, au sud de Lille, qu’Instinct de Coupe fait étape pour débuter cette nouvelle saison. Déjà centenaire, l’US Ronchin est l’un de ces clubs qui confèrent au football amateur cette atmosphère et cette convivialité qui font tout son charme. Et quoi de mieux que la Coupe de France pour mettre en lumière la belle histoire et les ambitions de cette véritable institution de la vie associative et sportive locale ?

La genèse ronchinoise

C’est en 1902 que commence la longue histoire de l’US Ronchin. À l’époque, le football, tout juste importé d’Angleterre, n’en est qu’à ses balbutiements dans l’hexagone. Si de premiers clubs émergent en Normandie et aux alentours de Paris depuis les années 1890, la création d’un championnat national, qui interviendra en 1932, n’est encore qu’une très lointaine hypothèse. À ses débuts, la petite équipe de patronage de Ronchin parcourt les terrains de la région lilloise pour y affronter d’autres jeunes formations établies entre autres à Lesquin et à Thumesnil. Le club poursuit par la suite son chemin dans les divisions départementales du Nord et crée ses premières équipes de jeunes qui s’entraînent alors sur les pelouses disséminées aux quatre coins de la commune. En 1957, Marceau Somerlinck, ancien joueur du LOSC, s’assoit sur le banc ronchinois pour une saison en échange « d’un demi et d’un cornet de frites ». En 1968, l’inauguration du stade Léo Lagrange permet au club de passer un cap. L’USR ne cesse alors de grandir et profite notamment de l’expérience de Tony Gianquinto, l’enfant de Ronchin lui aussi passé par Lille, qui entraîne l’équipe première pendant quelques saisons.
Au tournant des années 2000, Ronchin affirme son statut de club formateur. Grâce à l’engouement que permet le titre mondial de l’équipe de France, le club atteint en 1998 le pic historique de plus de 400 licenciés, avant d’être récompensé en 2001 par plusieurs prix liés aux réussites de son école de football. Pour l’USR, doyen du district des Flandres, une histoire si riche est une force. Comme le rappelle le vice-président Michaël Marlaire, « le football à Ronchin est une longue tradition ». C’est donc fort logiquement que la nouvelle direction, établie depuis janvier 2020, continue à entretenir la flamme de ce club familial qui fêtera en 2022 ses 120 ans d’existence.

La Coupe, vitrine des valeurs d’un grand formateur

En ce dimanche de Coupe, tous les locaux qui s’attroupent le long des mains courantes sont unanimes : Ronchin, c’est le partage des valeurs du sport. La devise du club, que Michaël Marlaire nous énonce comme une évidence, est éloquente : « donner pour recevoir ». Ce partage est d’abord intergénérationnel. Le club place la formation au cœur de son projet et souhaite élargir ses horizons en attirant de nouveaux publics. Outre les nombreuses équipes de jeunes, une section « baby-foot » et plusieurs équipes féminines ont vu le jour ces dernières années. Pour l’ensemble des bénévoles qui organisent au quotidien la vie du club, la transmission des valeurs fondamentales du football que sont l’esprit d’équipe ou encore la fraternité, est un objectif essentiel. Ponctuellement, de jeunes Ronchinois prennent part aux détections organisées par les poids lourds du football local, une grande fierté pour le club. L’USR a également noué il y a quelques saisons un partenariat avec le LOSC qui, fort des récentes réussites des Dogues, permet au club de développer ses équipes de jeunes. Cet aspect est mis en avant par Michaël Marlaire : « On baigne dans cet esprit de football avec les deux clubs de la région qui sont au très haut niveau ». Mais Ronchin, c’est aussi une équipe première ambitieuse, une locomotive qui porte haut les couleurs locales. Actuellement en D2 seniors, l’équipe travaille pour retrouver la R3 d’ici à trois saisons.
Pour cet exercice 2021/2022, le championnat est donc l’objectif principal et les hommes de Grégory Detailleur ont bien débuté leur saison en s’imposant 2 buts à 0 sur les terres de l’AS Radinghem début septembre. Quant à la Coupe de France, l’US Ronchin n’avait plus atteint ce troisième tour depuis une dizaine d’années, et même s’il s’agissait cette fois d’un objectif secondaire, l’entraîneur sort satisfait d’un tel parcours. « La Coupe de France, tu te prends au jeu, tu veux aller le plus loin possible ! ». Cette fois, le club n’atteindra pas le quatrième, ni le cinquième tour de la compétition qui constitue jusqu’alors le meilleur parcours de son histoire. Qu’importe, les valeurs familiales qui font vivre l’USR l’emportent ici sur les réussites sportives. Roland Cloetense, qui suit le club depuis l’inauguration de son stade, en est un exemple idéal. « Je fais des réparations, je m’occupe encore des petits, je fais encore des fois l’arbitre de touche, quand je ne dois pas courir trop vite ». Ronchinois de longue date, il est l’un de ceux qui incarnent le plus l’identité séculaire de ce club niché entre les briques rouges des pavillons de la banlieue lilloise.

Un Ronchin à deux visages qui sort avec des regrets

Au lendemain d’un derby du Nord plus qu’agité sur et en dehors de la pelouse de Bollaert-Delelis, il régnait en ce dimanche après-midi comme un air de revanche au stade Léo Lagrange de Ronchin. Dans le cadre du troisième tour de Coupe de France, le club local, partenaire et voisin du LOSC, recevait l’AS Noyelles-sous-Lens. Difficile dans ce contexte de ne pas faire le parallèle avec la rencontre qui vit s’opposer les historiques rivaux pour le compte de la sixième journée de Ligue 1. C’est pourtant bien au coup d’envoi d’un match amateur que Ronchinois et Noyellois, venus en nombre pour l’occasion, ont assisté à 15 heures. Une division d’écart séparait ces deux équipes, avant que la magie de la coupe ne vienne balayer les certitudes des uns et des autres.
Car si l’US Ronchin, engagé en D2 cette saison, ne part pas en position de favori, c’est bien le club lillois qui, dès les prémices du match, met à contribution la défense adverse en provoquant un corner dès la première minute. La réponse noyelloise ne saurait se faire attendre et à peine deux minutes plus tard, la situation se répète, cette fois-ci de l’autre côté du terrain. Dès l’entame, tous les ingrédients de la soupe Coupe de France semblent réunis. Contacts et duels musclés se succèdent sous les yeux d’un public bruyant à souhait, le tout saupoudré de ce savant mélange d’adrénaline et de pression que procure la menace de l’élimination directe. Mais en première mi-temps, l’US Ronchin semble n’avoir que trop peu goûté à la mixture. Dominés techniquement, physiquement et dans l’occupation du terrain, parfois maladroits dans leur volonté d’imposer leur agressivité, les Ronchinois se recroquevillent peu à peu dans sa moitié de terrain sous les coups de boutoir noyellois.

Dépassés à plusieurs reprises sur les ailes, les joueurs de Gregory Détailleur voient les occasions se multiplier sur leur but (6e, 12e, 22e). C’est finalement à la 24e minute, après quelques minutes de flottement suite à une échauffourée déclenchée par une vilaine faute de Rabah Bouramoula (17e), que la défense rompt. Au bout d’une triple occasion, c’est le latéral droit des bleus de l’ASN qui vient conclure à l’entrée de la surface d’un plat du pied enveloppé. Fébrile et impuissant, Ronchin continue même à subir durant la fin de la première période, sans encaisser de but supplémentaire, mais sans rassurer pour autant. À la mi-temps, le capitaine Rachid El Barkaoui avouait volontiers que son équipe « déjouait » et « ne jouait pas son football ».
Au retour des vestiaires, et comme s’il fallait insuffler une énergie nouvelle, trompette et djembé sont de sortie dans la tribune. Coïncidence qu’exploite naïvement le journaliste ou véritable apport psychologique, toujours est-il que le réveil des locaux est immédiat dès l’entame du second acte. Plus juste, plus propre dans toutes les actions entreprises, Ronchin inverse largement le cours de la partie. Par des récupérations rapides du ballon et des mouvements collectifs très peu aperçus jusqu’alors, le milieu de terrain ronchinois installe son jeu. Sous l’impulsion de ses maîtres à jouer Rabah Bouramoula et Fayçal Nini, très présents en deuxième mi-temps tant à l’initiative des mouvements qu’à la conclusion, les locaux retrouvent de la fluidité dans leur jeu. Et c’est finalement sur un corner, frappé de la droite par le second, que le numéro onze permet à Ronchin d’égaliser d’une tête puissante aux 5 mètres. Une juste récompense pour celui qui aurait pu, dû offrir à ses partenaires à minima une séance de tir aux buts. Mais si Ronchin a dominé de la tête et des orteils la deuxième période, il n’a pas su valider cette supériorité par la suite. Deux face-à-face auraient dû lui permettre de capitaliser sur son succès, mais ni Tsafack, ni Cera, entré en jeu, n’ont su concrétiser leur opportunité respective. Ronchin ne pourra que trop regretter ces occasions gâchées.

Un nuage de sang et d’or s’est alors subitement mis à planer dans le ciel lillois, diffusant non pas un crachin familier, mais une poignée de mauvaises ondes. Probablement les mêmes qui ont hanté José Fonte quelques heures auparavant. C’est cette fois le défenseur central de Ronchin qui en a été victime. Sur un ballon récupéré haut par les joueurs de l’ASN, et alors qu’un joueur ronchinois est encore au sol à la suite de l’action précédente (faute ou pas faute, le doute est permis), Christophe Offret se retrouve à devoir gérer un long ballon plutôt anodin. Très (trop) tranquille, il adresse le ballon contrôlé en retrait à son gardien, malheureusement sorti à sa rencontre. Entre match nul sécurisé par une intervention défensive maîtrisée et élimination brutale sur une passe mal ajustée offerte à l’attaquant adverse, il n’y a qu’un pas. Offret l’a franchi, malgré lui. Score final : 1-2. Un dénouement cruel pour les locaux qui ne verront pas le quatrième tour, malgré un parcours admirable, le meilleur du club depuis longtemps. Ce week-end-là, il faisait bon d’être Lensois…

Crédits photos : Hugo Marsault et Mathis Beautrais, Copains d’avant et US Ronchin

Mathis Beautrais & Hugo Marsault – 6 octobre

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