Alors qu’un nouveau confinement est entré en vigueur hier soir, le football a eu quelques mois de répits après un printemps 2020 compliqué notamment au niveau amateur. De ce fait, la Coupe de France a eu l’occasion de se disputer jusqu’au 5e tour, stade que le club que nous vous présentons aujourd’hui a réussi à franchir. L’US Lesquin est à une marche d’atteindre la phase nationale de la prestigieuse coupe nationale. Famille, formation, convivialité, asseyez-vous et profitez de ce cocktail savoureux du Nord.
La genèse lesquinoise

En 2021, le club fêtera officiellement ses 100 ans. En effet, son statut officiel a été enregistré en 1921 même si la création symbolique a eu lieu l’année précédente sous la houlette de Léon Godefroy et Adolphe Papeghin. Les deux fondateurs sont accompagnés d’un groupe d’amis, avec lequel ils se réunissent dans l’estaminet du père de Léon Godefroy. Différents bars de Lesquin tiendront lieu de club-house avant que le siège ne soit implanté dans la rue d’Iéna jusqu’à aujourd’hui. Les débuts sont compliqués, d’abord parce que les joueurs doivent se contenter des champs des cultivateurs en guise de terrain. Mais surtout, le Patro Club Lesquinois l’oblige à partager l’effectif de la ville à partir de 1928. La concurrence handicape les deux équipes qui choisissent de fusionner, gardant le nom de l’US Lesquin. Par ailleurs, le club obtient l’actuel terrain de la rue d’Iéna. Cependant, son utilisation est de courte durée, puisqu’il sert de poste stratégique de défense aux allemands durant la Seconde Guerre mondiale.
À la fin de l’occupation, Lesquin peut enfin retrouver son stade et profiter de l’union pour jouer les premiers rôles dans les compétitions régionales. Une réussite qui n’est pas étrangère à Paul Lamotte, entraîneur de l’équipe pendant 20 ans à partir de 1946. Fort de la réussite de sa seule équipe seniors, le club lance de nouvelles catégories à partir du début des années 1950. Les jeunes puis les féminines viendront progressivement garnir les 25 équipes et 560 licenciés du club. Entretenir des collectifs de tous âges est primordial pour l’actuel président Bruno Denglos, qui assure que « le club vit grâce aux enfants et non l’équipe première. » Il est fier de nous annoncer que la moitié des joueurs de l’équipe première sont de purs Lesquinois. Le président insiste sur le rôle crucial des formateurs, dont le meilleur exemple est Claude Baert, qui entraîna plusieurs générations de jeunes dans les années 60. « On a décidé à une époque de n’alimenter nos équipes seniors qu’avec des jeunes du sérail, par manque d’argent » explique Bruno Denglos. Un choix d’abord motivé par des raisons économiques, mais qui incarne désormais l’ADN de l’US Lesquin.
Le club est reconnu dans la région pour la formation qu’il délivre. Quelques joueurs passés par Lesquin évoluent au niveau professionnel. Le plus connu d’entre eux est sûrement Anthony Knockaert, qui a évolué dans de grands clubs anglais comme Leicester, Brighton, Fulham et Nottingham Forest. Sans oublier Abdellah Zoubir au Qarabag Agdam, le capitaine d’Ostende qu’est Kevin Vandendriessche, Xavier Mercier à Louvain ou encore l’ajaccien Bevik Moussiti Oko.
Des ambitions à nourrir

Malgré un contexte difficile, l’équipe lesquinoise parvient à réaliser un bon début de saison que ce soit en championnat ou en coupe. Côté saison régulière, l’US Lesquin est dans la première moitié de tableau de sa poule de Régionale 1 avec 7 points au compteur en 3 matchs. Au total, deux succès respectivement face à Béthune Stade (2-1) et Hazebrouck (0-1) sans oublier un match nul contre Saint-André (1-1). Comme l’explique Jérôme Scache, le coach de cette équipe, ils ont pour objectif de « jouer chaque rencontre à fond. » Lesquin détient également une très belle statistique dans sa besace. En effet, sur l’année civile 2020, les lesquinois sont invaincus en comptant le championnat et les coupes. Cette magnifique série s’enclenche le 24 novembre 2019 contre Roye-Noyon (1-1). « Cela montre un réel esprit d’équipe avec une volonté d’attaquer et de défendre ensemble. Ce n’est pas quelque chose qui nous anime mais quelque chose qui nous rend fier, désormais nous haïssons la défaite » explique Maxime Gruwe, le capitaine.
En termes d’enjeux sanitaires, le président Bruno Denglos met toutes les chances de son côté pour réussir et respecte scrupuleusement les directives de la Préfecture à ce sujet. « Le football reste une passion, notre santé ne peut pas être remise en question, cela doit rester du plaisir » affirme le président. Ce qui pourrait s’avérer difficile pour les hommes de Jérôme Scache, c’est le cumul championnat / coupe. Malgré tout, Antoine Accary est confiant. « On a l’ambition de tout jouer à fond, même si physiquement cela peut pêcher, je pense que l’on commence à avoir le coffre. » Une chose est certaine, la grinta est bien présente chez les joueurs et leur fait réaliser de beaux exploits.
US Lesquin : futur petit poucet ?

Cette campagne 2020-2021 de Coupe de France est d’ores et déjà historique pour l’US Lesquin. Pour la première fois depuis 2012, le club atteint le 6e tour de la compétition. Cette année-là, leur chemin s’était achevé au 7e tour en s’inclinant contre Les Mureaux (R1). Une très belle performance, mais qui n’égale pas celle de 2008-2009, avec une défaite au 8e tour contre Boulogne-sur-Mer, qui évoluait à l’époque en Ligue 2. Cette année, le parcours jusqu’au sixième tour a été semé d’embûches. Les 2e et 3e tours ont été passés dans la douleur, au terme de séances de tirs au but face à Bergues (D1) puis Lambersart (R2). Le quatrième tour s’est soldé par une victoire 3-2 sur le terrain de Bondues (R2). Toute cette épopée amène les lesquinois à ce dimanche 18 octobre et la réception de Grand Calais Pascal. Évoluant en R1, Lesquin part favori face à son adversaire de R2, mais il faut se méfier.
« Sur le terrain, les divisions n’existent plus » précise Antoine Accary, attaquant de l’US Lesquin. Cela se confirme avec une première mi-temps dominée par les visiteurs. « Ça a été une première mi-temps très compliquée, collectivement on n’était pas en place, on a été littéralement coupés en deux » affirme le capitaine Maxime Gruwe. Ces difficultés n’étaient pas seulement dues à la tactique, mais également à un manque d’agressivité dans les duels. « A la mi-temps, on s’est dit les choses clairement », le capitaine a martelé à ses joueurs de garder « calme » et « confiance. » Ce sont certainement ces deux vertus qui ont permis aux lesquinois de prendre le dessus sur leur adversaire. L’ouverture du score a poussé la tension à son paroxysme. Les calaisiens n’auront pas su garder leur sang-froid, comme en témoignent les deux cartons rouges, l’un pour un tacle assassin d’un défenseur et l’autre pour la réponse virulente du coach au chambrage des tribunes.
La fin du match a aussi été marquée par la baisse de régime des visiteurs, émoussés physiquement. Ce qui ne fut pas le cas des futurs vainqueurs, galvanisés par l’enjeu et les supporters. La libération est venue dans le temps additionnel par un enchaînement technique de haut niveau du numéro 11, Antoine Accary, clôturant ainsi un très gros match de l’attaquant avec deux passes décisives pour Kevin Maleon et Quentin Savelon. Place désormais au 6e tour qui verra l’US Lesquin se déplacer sur la pelouse de l’US Biache, autre club de Régionale 2. L’ambitieux homme du match rêve d’accueillir une formation professionnelle au stade Jean-Pierre Papin : « ce serait en tant que joueurs un grand moment que nous garderons en tête. » Il ajoute qu’il sent son équipe capable de « réaliser un match de guerriers, de rivaliser avec n’importe quelle équipe. » Néanmoins, tout est de nouveau à l’arrêt et il faudra attendre encore un peu avant d’assister à de beaux moments de football.
Crédits photos : Gaël Henanff, Pavel Clauzard et Copains d’Avant