Depuis le 3e tour de la Coupe de France, les Reporters Incrédules se rendent sur les terrains de Coupe de France, afin de suivre les aventures d’un club. Le dimanche 28 novembre, nous étions au Stade de la Licorne à Amiens pour assister au huitième tour où le RC Salouël-Saleux, pensionnaire de Départementale 2, affrontait Wasquehal, quant à eux en National 3. Jamais un club de district n’avait atteint ce stade de la Coupe de France. Même si la tâche s’annonçait ardue sur le papier, les Salouasiens avaient à cœur de montrer la plus belle image d’eux-mêmes face aux pensionnaires de N3. La coupe a l’habitude de mettre en lumière ces petits clubs, pas forcément par le résultat, mais plus sur la ferveur au bord et sur le terrain. Retrouvez leur magnifique histoire…
La genèse salouasienne

Le premier président a été Paul Pinget. Il a participé à la création du club en 1972 avec MM. Hebert, Lion et Lourselle. Les résultats ont été en dent de scie, mais principalement dans le haut du district. L’équipe a remporté par deux fois le Challenge Galland (coupe départementale) en 1979 et en 1981. Pendant 6 ans, le RC Salouël a été le meilleur club de jeunes de la Somme de 2007 à 2013. Le logo a évolué en fonction des années et plus récemment encore, puisque Salouël a fusionné avec les voisins de Saleux. Depuis 10 ans, cette équipe a oscillé entre la 2e division et la 1e division de District. Salouël est un club formateur important par lequel beaucoup de jeunes passent. En attestent les U18 qui ont remporté la Coupe de la Somme en finale contre l’Amiens SC. Autre exemple avec les U15 qui ont déjà gagné par deux fois la coupe du District de la Somme. Au total, Salouël compte plus de 300 licenciés.
Des Rouges valeureux, mais logiquement défaits

Peu avant le match, les présidents ont pu s’exprimer face aux supporters pour les motiver et leur rappeler ce que la Coupe de France signifie. Ils leur ont demandé de se respecter et de fêter le football, comme l’esprit de la coupe l’impose. Le président de Wasquehal, Eric Decoudun, a remercié Salouël pour tout ce qu’ils ont pu faire pour le football amateur français.
Après l’entrée des joueurs sur la pelouse, qui s’est faite dans une ambiance de feu, le match a débuté et l’ensemble des observateurs a pu constater que la tâche allait être compliquée pour les joueurs de district. Wasquehal, équipe qui joue les premiers rôles dans sa poule de N3, a fait parler toute sa maîtrise technique face à leurs adversaires qui ont bien encaissé les assauts.
Les Salouasiens ont joué principalement en contre, portés par leur numéro 10, Adrien de Sousa. Cependant, sur l’ensemble de la première période, le RC Salouël Saleux n’a pas beaucoup eu le ballon. Ils ont néanmoins été très solidaires et ont bien résisté en produisant les efforts nécessaires. Ces efforts ont été de trop pour les joueurs de district qui ont craqué par deux fois juste avant la mi-temps. Le premier but est venu d’un corner à la 43ᵉ minute, bien coupé par Aurélien Goret. Issam Rezig, le buteur de Wasquehal, l’homme fort de cette rencontre, a permis d’inscrire le deuxième but après une très bonne action dans la surface. Il ne parvient pas à finir son action individuelle. Le ballon est alors repris par Corentin Halucha qui s’offre la deuxième réalisation de la rencontre. Salouël prend à ce moment un gros coup sur la tête avant de rentrer aux vestiaires, duquel ils ne parviendront pas à se relever.

La deuxième mi-temps a offert le même spectacle qu’en première, avec un Issam Rezig toujours aussi fort. Il est à l’origine du dernier but du match : après un festival de dribbles dans la surface et un cafouillage, Sacha Hamache pousse le ballon au fond des filets. Malgré tout, Salouël a pu bénéficier d’un temps fort en fin de match, mais les pensionnaires de National 3 ont pu bien fermer le jeu pour ne laisser aucune chance au Petit Poucet de ce 8ᵉ tour, de revenir au score.
Les objectifs de la saison pour les Salouasiens ont toujours été clairs selon Monsieur Dos Santos, président du RC Salouël-Saleux : « L’objectif est de monter en division 1 pour les 50 ans du club. Les coupes étaient un peu la cerise sur le gâteau. On a été encensé et pris par les journalistes, maintenant il faut retourner à la réalité. Il faut se recentrer sur l’objectif premier qui est la montée en D1. Même si la motivation n’est pas la même, là est l’objectif ».
Cette élimination en Coupe de France n’a en rien entaché l’après-match. En effet, dès le coup de sifflet final, une belle communion entre les joueurs de Salouël et leurs supporters a eu lieu pour célébrer ce parcours historiquen au cœur d’un stade emblématique. De plus, comme la tradition le veut, les joueurs de Wasquehal ont gratifié leurs adversaires du jour d’une belle haie d’honneur. Esprit Coupe de France ! Le Petit Poucet de ce huitième tour a perdu 3 à 0 face à Wasquehal, mais il a définitivement gagné le cœur de ses supporters !
Le portrait atypique : Louis Semence, du centre de formation au football plaisir

Louis Semence, latéral droit au RC Salouël Saleux, possède un parcours hors du commun. Passé par le centre de formation de l’AJ Auxerre, il a arrêté le football pendant plusieurs années avant de reprendre à Salouël. Il nous raconte son histoire et cette fabuleuse expérience de la Coupe de France.
Par où es-tu passé et peux-tu nous raconter ton parcours ?
Louis Semence : Je suis originaire de Bourgogne et plus précisément d’Auxerre. J’ai été formé au centre de formation de l’AJ Auxerre et j’ai fait toutes mes classes de jeunes là-bas : U13, U14 fédéraux, U17 nationaux et U18 nationaux. J’ai également fait quelques apparitions avec la réserve. Je suis ensuite parti à l’Amiens SC pendant 5 ans en réserve de CFA 2 (aujourd’hui National 2). Ils ne me conservent pas à la suite de ces années. Je pars donc à Roye-Noyon qui est également un club de la région d’Amiens et qui était en CFA 2. Après cette saison, j’arrête complètement le football pendant 2 ans.
Qu’est-ce qui a fait que tu as changé de vision sur le monde professionnel ?
L.S : Ce sont les mentalités de ce monde professionnel qui m’avaient dégoûté du football, notamment à l’Amiens SC et l’AJ Auxerre. Cela étant, je n’étais pas dégoûté au point de ne plus vouloir entendre parler du foot. Sinon, mon retour à Salouël ne se serait pas fait.
Comment es-tu arrivé à Salouël ?
L.S : J’ai fait un break et avec des connaissances, ma reprise a été source de discussions. Elle a alors eu lieu à Salouël. Je ne regrette absolument pas ma reprise, c’est un parcours très original. On a une superbe équipe de copains et l’épopée en coupe se fait d’autant plus ressentir dans le vestiaire. Le terrain ne m’avait pas forcément manqué, je suis un mordu de foot, je regarde tous les matchs. Cependant, le jeu ne m’avait pas manqué. Mais le fait de reprendre dans un petit club m’a intéressé.
Que représente pour toi cette épopée en coupe ?
L.S : C’est ma plus belle épopée. Avant, j’étais en réserve, donc la plupart du temps c’étaient les professionnels qui avaient de tels parcours. Je n’y avais pas accès, à part à Roye-Noyon, mais je pense que nous n’avons pas eu accès au 4e tour. C’est exceptionnel ce que nous avons fait. Lorsque j’avais gagné la Coupe Gambardella avec Auxerre, c’était au Stade de France. J’avais ainsi par le passé foulé de très bons terrains. Néanmoins, avoir autant de supporters derrière nous, c’était du total régal. On avait un peu de mal à jongler entre la coupe et le championnat, mais ce parcours soude une équipe et c’est superbe pour le club financièrement et sportivement. Toute la ville, le club, le président et les supporters sont super contents.
Crédits photos : Audrey Louette