Dans sa volonté de ne pas neutraliser à nouveau le sport entièrement, le ministère des Sports à décider de permettre aux sportifs de haut-niveau et professionnels, vivant de leur activité, de poursuivre les entraînements et les compétitions pendant ce second confinement. Une de nos ambassadrices peut profiter de cette dérogation en la personne de Lucie Wargnier, 21 ans et 593e mondiale. Ses premiers pas au tennis, son confinement printanier et beaucoup d’autres sujets sont abordés avec elle.
Quels débuts ?

Parfois, l’adhésion à une activité sportive résulte d’une décision des parents, due à un facteur bien spécifique. Concernant notre ambassadrice, il s’agissait là de canaliser son énergie, le tennis a été plébiscité pour cela. Dès son premier contact avec la balle à l’âge de 4 ans, elle tombe amoureuse de ce sport un dimanche après-midi de juillet. Très rapidement surclassée, elle est repérée notamment à la ligue où elle a pu s’entraîner tous les mercredis et même bénéficier d’aménagements scolaires dès le CP, où elle quittait les cours 30 minutes plus tôt. Son premier match fut à 7 ans et demi, puis tout s’est accéléré lorsque la ligue l’a emmenée en tournois pour plusieurs semaines, ce qui fut un réel succès.
À partir de 12 ans, elle quitte le domicile familial pour aller s’entraîner au prestigieux Pôle France de Poitiers où elle est restée 2 ans, de 2011 à 2013. La séparation avec les parents fut difficile mais sa force de caractère prit le pas sur les événements. Après cette expérience, elle s’est entraînée 1 an à l’INSEP puis 4 ans au Centre National d’Entraînement à Paris. Ne négligeant pas l’aspect scolaire, elle obtient un bac Littéraire avec mention. Dans sa carrière, elle a pu disputer les 4 grands chelems juniors, une expérience unique et révélatrice d’un potentiel monstre à exploiter. Cependant, le pire arrive pour elle en 2015.
Le 10 novembre, Lucie se blesse gravement et est victime d’une rupture totale du ligament antérieur droit du genou, autrement dit les croisés. S’ensuit une opération, de la rééducation et les pertes de son grand-père, de son chien et de son préparateur mental. Cette période lui permet de relativiser, en plus des attentats du 13 novembre qui font de nombreuses victimes dont certaines seront avec notre ambassadrice dans un processus de rééducation. Elle a surmonté toutes ces difficultés accompagnée de sa famille pour remporter début 2020 son premier tournoi ITF au Caire en Egypte. Depuis 1 an, elle est entraînée par Pierre Bouteyre du côté de Saint-Raphaël, dans sa structure privée.
Et le confinement ?

L’annonce subite d’un confinement prend de court énormément de personnes. En effet, Lucie était engagée sur le tournoi ITF d’Amiens et restait invaincue en étant qualifiée pour les ¼ de finale en simple et les demies en double. La suite de la compétition est annulée, notre ambassadrice est contrainte de rentrer chez elle pour se confiner et décide de retrouver sa famille. Très rapidement, elle fait le choix de ne pas s’arrêter de jouer et de continuer à s’entraîner, ayant la chance de disposer d’un court de tennis et d’un grand espace pour effectuer son physique.
Son instinct l’incite à poursuivre ses entraînements pour ne pas perdre le niveau, malgré le fait qu’il n’y avait aucun tournoi pour confirmer les progrès. Qui dit confinement dit aussi gain de temps, l’occasion pour Lucie de découvrir des domaines qu’elle n’avait pas forcément le temps de travailler ou explorer pendant ses tournois, à savoir la méditation et la nutrition. Cette période lui permet de retrouver sa famille pendant un certain temps, ce qui, pour la petite anecdote, ne lui était plus arrivé depuis son départ au Pôle France de Poitiers en 2011.
À quoi va ressembler la suite ?

Le déconfinement fut un ouf de soulagement pour Lucie qui, privée de tennis, avait perdu sa source d’adrénaline. Malheureusement, les voyages à l’étranger n’ont pas été permis instantanément et surtout, une pénurie de tournois ITF se faisait ressentir à l’international. De ce fait, la Fédération Française de Tennis et les clubs ont mis en place pour tout l’été un circuit de compétitions de type CNGT (circuit national des grands tournois) qui rassemblent en règle générale beaucoup de français numérotés et de jeunes pépites.
Lucie a décidé de disputer trois de ces tournois et a connu une des plus belles périodes de sa carrière sans aucun doute, puisqu’elle a été sacrée sur deux d’entre eux, respectivement à Reims et Granville. À la clé, un prize money intéressant en cette période difficile pour les joueuses et de la confiance engrangée, puisqu’elle a enchaîné pas moins de 8 victoires de suite. Au retour partiel du circuit international, notre ambassadrice s’est lancée dans l’aventure en disputant deux ITF, le premier situé en Italie et le second en France. Sa tournée internationale débute dans la douleur puisqu’elle est éliminée d’entrée à Cordenons, en simple comme en double. Elle tentera de se rattraper la semaine suivante sur un 3e tournoi à Trieste, même résultat individuel. Pour retrouver confiance, elle clôture son voyage en terre française, à Saint-Palais-sur-Mer. Le résultat fut beaucoup plus concluant avec certes un second tour en simple, mais surtout un titre en double, associée à Yasmine Mansouri. Il s’agit là de son premier titre ITF en paire, de quoi augurer de belles promesses pour la suite au vu de son jeune âge.
Après une expérience intéressante à Cherbourg, sur un tournoi plus renommé, l’annonce du confinement suit quelques jours plus tard et chamboule à nouveau le calendrier de Lucie. Néanmoins, elle dispose d’une dérogation qui l’autorise à continuer de s’entraîner malgré tout, sachant qu’elle est considérée comme étant joueuse professionnelle. Dans l’attente de tournois et d’une situation sanitaire meilleure, elle continue de persévérer pour revenir encore meilleure, nous lui souhaitons bon courage !
Crédits photos : Flickr/Dorimages, Lucie Wargnier et Pavel Clauzard