Alors que l’équipe continentale de la Groupama-FDJ s’aligne sur ses premières courses avec les classiques d’ouverture en Belgique, Joseph Berlin-Semon, l’un des entraîneurs de l’équipe, s’est confié sur la genèse, les objectifs et le mode de fonctionnement de cette structure. Immersion au sein d’un projet de formation ambitieux qui s’inscrit peu à peu comme une voie royale pour intégrer des formations World Tour, sans griller les étapes.
UNE STRUCTURE POUR FAIRE GRANDIR LA FORMATION EN FRANCE

La Conti de la Groupama-FDJ se distingue comme l’équipe réserve de la formation World Tour Groupama-FDJ, qui compte Thibaut Pinot ou encore Arnaud Démare dans ses rangs. Elle recrute des coureurs du rang espoir afin de les aider à évoluer. Depuis 2019 et l’arrivée de Groupama en tant que sponsor principal aux côtés de la Française des Jeux (FDJ), la compagnie d’assurances a amené un budget supplémentaire ainsi qu’une dynamique de formation. L’objectif étant de former des coureurs, dans le but qu’ils intègrent le World Tour.
Le service course de la Conti se trouve à Besançon et est tout fraîchement sorti de terre pour offrir un véritable lieu de vie pour les coureurs. La stratégie de recrutement est de plus en plus axée vers des coureurs étrangers. Il est donc important que ceux-ci bénéficient d’un cadre de vie et d’infrastructures fournies par l’équipe pour pouvoir se faire à leur nouvel environnement de travail et de vie en général. Ils bénéficient de la présence de 3 entraîneurs, ont leur propre service course et un pôle performance commun à celui de la « grande équipe ».
Pour recruter les coureurs, deux méthodes sont utilisées : le scoutisme et les datas. Le scoutisme est plutôt géré par les entraîneurs qui se déplacent sur les courses pour aller à la rencontre des coureurs, discuter avec eux et se renseigner sur leur cadre de vie, pour déterminer la compatibilité avec un tel projet. Les datas, c’est-à-dire les données de performance des coureurs, sont également analysées au peigne fin par l’équipe d’entraînement, pour déterminer le niveau du coureur et sa marge de progression.
En plus de l’équipe continentale, la Groupama-FDJ investit les rangs juniors en proposant à de jeunes talents un suivi matériel, un entraîneur si besoin et surtout l’accès aux stages pour s’améliorer. C’est un suivi plutôt qu’une équipe, ce projet se fait avec les clubs et les six coureurs de ce suivi ne seront pas amenés à courir ensemble pendant leurs années juniors. L’objectif de ce programme est, à la fois pour la structure et les coureurs, d’intégrer la Conti Groupama-FDJ puis, à terme, la formation World Tour.
L’équipe dirigée par Marc Madiot crée ainsi un véritable écosystème de formation dans le cyclisme français pour briller sur les épreuves les plus prestigieuses.
ACCÉDER AU WORLD TOUR PROGRESSIVEMENT : FORMER ET ACCOMPAGNER LES ESPOIRS

Le projet de la Conti s’inscrit dans des stratégies à long terme de développement de talents et de formation à « faire le métier », comme évoqué dans le jargon cycliste. En effet, l’objectif de l’équipe française est de former plutôt que d’investir sur des grands leaders pour gagner des courses de suite. La solidité et l’investissement des partenaires sont ajustés à ce plan de développement. Cette logique est dans l’ADN de l’équipe, puisque le suivi junior a remplacé le programme Fondation FDJ, qui avait vu comme premier jeune suivi, au début des années 2000, un certain Jérémy Roy, coureur emblématique de l’équipe bleu-blanc-rouge et jeune retraité depuis 2018.
Pendant que les étrangers vont généralement mettre leurs études entre parenthèses afin de mettre toutes les chances de leur côté, les coureurs français suivent, eux, toujours un cursus scolaire pour anticiper un potentiel échec et surtout « l’après carrière ». À cet effet, les coureurs bénéficient de différentes formations avec pour objectif de « passer par l’apprentissage pour apprendre le métier ». L’équipe dispense des cours de nutrition, de « médical », de communication, de marketing et de performance, ainsi que des cours de langue en anglais pour les Français et l’inverse pour les coureurs étrangers. L’encadrement insiste fortement sur la définition d’un double projet (sportif et études) puis règle les modalités de sa mise en place.

Sur le plan sportif, les coureurs de l’équipe managée par Jens Blatter découvrent de belles courses du calendrier international, que ce soit au niveau de la Conti ou même avec la World Tour. Chaque coureur compte par an en moyenne 3 à 4 jours de course minimum au plus haut niveau. Il est possible de faire passer des coureurs d’une formation à une autre depuis deux ans et les nouvelles réglementations de l’UCI sur les équipes continentales. À ce jour, seules Jumbo-Visma, DSM ainsi qu’Israël Startup Nation peuvent faire comme l’équipe française, cela représente donc un certain avantage.
Ces échanges se font de la Conti vers la World Tour, mais aussi dans le sens inverse, à l’image de Sébastien Reichenbach sur le Tour d’Alsace. Le grimpeur suisse était venu apporter son expertise ainsi que son expérience en tant que « capitaine de route » pour guider ses jeunes coéquipiers. À savoir que les mécaniciens de la Conti montent aussi quelques jours en World Tour pour se former à la pression et la rigueur un ton au-dessus exigés par le circuit le plus élevé du cyclisme international.
Cette saison, l’équipe continentale s’alignera sur des épreuves prestigieuses afin de satisfaire les différents profils de coureurs composant cet effectif ambitieux.
UN RECRUTEMENT INTELLIGENT POUR DE BEAUX RÉSULTATS À LA CLÉ

L’année dernière, l’effectif de la Conti a fait parler de lui, malgré le contexte sanitaire très compliqué. L’équipe a su se montrer en allant remporter de belles courses et en étant la meilleure équipe de développement de 2021. Des coureurs comme Reuben Thompson, qui a signé un contrat de deux ans au sein de la World Tour à partir de la saison prochaine, ou encore Laurence Pithie, récent champion de Nouvelle-Zélande Espoirs et vainqueur du Baltic Chain Tour 2021, ont permis de faire briller les couleurs tricolores de leur maillot. Cette année, l’équipe s’est renforcée avec un recrutement de coureurs aux profils variés et polyvalents.
Courte présentation de certains d’entre eux. Tout d’abord, Eddy le Huitouze est un coureur qui sort du programme junior. Il a de très bons résultats sur la piste et fait preuve d’excellentes qualités de rouleur. Ensuite, son compère issu lui aussi des juniors, Lenny Martinez, est le fils de l’ex-champion olympique de VTT, Miguel Martinez. Sur les championnats d’Europe juniors, il avait empoché une médaille de bronze. Il pourra faire parler tous ses talents de grimpeur sur des classiques montagneuses.
Romain Grégoire est certainement le plus gros coup de ce mercato chez les juniors. Le bisontin, ancien sociétaire de la formation AG2R Citroën La Mondiale U19, a rejoint les rangs de la Conti et va avoir pour objectif de continuer à progresser, pour l’un des meilleurs juniors mondiaux de l’année 2021. Il a remporté le championnat d’Europe puis pris la deuxième place sur les championnats du monde. Il est par ailleurs récemment devenu champion de France de cyclo-cross, à l’instar de son coéquipier faisant partie du partenariat junior, Louka Lesueur. Cela valide la volonté de l’équipe de Marc Madiot de revenir sur ces épreuves si chères aux coureurs, progressivement.

Du côté des recrues à l’étranger, on retrouve Sam Watson, le britannique âgé de 20 ans est considéré comme polyvalent et va plutôt vite au sprint. Son compatriote, Finlay Pickering, est polyvalent, mais va surtout pouvoir faire parler ses qualités de très bon rouleur. Il a été l’auteur d’une performance mémorable en allant chercher la huitième place des championnats du monde de contre-la-montre juniors, malgré une chute.
Enfin, Jensen Plowright vient du pays des kangourous et des koalas. L’australien de 21 ans va vite au sprint et a déjà pu signer un beau résultat sur ses championnats nationaux espoirs (11ᵉ place). Il sera le sprinteur de l’équipe avec le déjà très expérimenté, Paul Penhoët. Paul Penhoët a, d’ailleurs, déjà fait ses classes avec la formation World Tour sur le Tour d’Oman en signant trois top 10.
L’ensemble de cet effectif plein de talent et d’envie aura à cœur de découvrir de belles courses au niveau international (classiques, courses montagneuses, courses par étapes) avec toujours comme seul objectif la formation et l’apprentissage du haut niveau et du métier de cycliste pour concrétiser leur rêve : intégrer le circuit World Tour.
Crédits photos : Nicolas Götz / Equipe Groupama-FDJ